lundi 9 septembre 2019

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 100 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


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                                                                                                              16 août 1663
                                                                                               Jour du Seigneur    
            Lever et à l'office avec ma femme. Comme elle m'avait paru désireuse de se rendre à l'office je soupçonnai qu'elle allait retrouver Pembleton, mais il n'était pas là. Je jugeai donc ma jalousie sans fondement et notai les principaux points du sermon avec sérénité. A la maison pour dîner, fort agréablement, si ce n'est que ma femme ne put se retenir de se fâcher contre Miss Ashwell. Après le dîner derechef à l'office. Là, en parcourant l'assistance du regard je vis Pembleton debout dans l'allée non loin de nous, car il était arrivé trop tard pour trouver à s'asseoir.
            Seigneur, quelle suée cela m'a donnée ! Je ne crois pas que ma femme l'ait vu, ce qui me consola un peu. Cependant j'enrage de voir que je suis d'un tempérament si jaloux, et que je n'y peux rien. Mais, quoiqu'il fasse, je ne vois pas, puisque je vais réduire mon train de vie, quel mal il peut me faire, car ma femme n'aura plus désormais l'occasion de prendre des leçons avec lui.
            Celui qui prêchait était un jeune fat plein d'assurance. A la maison, et je passai un moment avec sir John Mennes chez Mrs Turner, à écouter son perroquet parler, rire et pleurer, ce qu'il fait de façon admirable. Emmenai ensuite ma femme voir sir William Penn, puis chez mon oncle Wight où nous surprîmes la famille en train de souper, et nous joignîmes à eux. Mon oncle me semble bien plus aimable que par le passé avec moi et, me dit mon père, avec lui aussi, ce qui me réjouit.
            Retour à la maison par une nuit extraordinairement noire mais, par bonheur, un veilleur passa et nous lui donnâmes de l'argent pour qu'il nous éclairât jusqu'à la maison. A peine avions-nous passé la porte qu'une grosse averse tomba qui nous aurait trempé jusqu'aux os.
            Puis prières et, au lit.


                                                                                                            17 août     

            Lever, puis ma femme et moi commençons à parler de Miss Ashwell et, bien contre mon gré, je suis obligé d'exprimer à Miss Ashwell le désir qu'elle nous quitte. Cependant, dans mon for intérieur je suis content car cela me soulagera d'une dépense. Elle doit donc repartir chez son père aujourd'hui.
            Je les laissai, elle et ma femme, se quereller et me rendis en voiture avec sir John Mennes et sir William Batten à St James où, comme d'habitude, me mis au service du Duc. Puis à Whitehall où rencontrai Mr Moore. Il me parle avec grande tristesse de milord qui a été débauché, appréhende-t-il, par cette femme de Chelsea, ce qui me tourmente. Je suis résolu à lui en parler si je peux trouver le moment favorable.                                                                                      aftouch-cuisine.com
            Puis à la maison où dînai seul avec ma femme. Arrive ensuite notre ancienne servante, Susan. Elle dit qu'elle cherchait un fichu oublié avant son départ. Au vu des nombreux détails, car il était clair pour moi que non seulement c'est Hannah notre cuisinière actuelle qui l'a, mais qu'elle le portait au cou à l'arrivée de Susan et qu'elle l'a prestement ôté quand l'autre est entrée. Je lui lançai une accusation qui porta si juste, car j'avais dans l'idée de la faire quitter la maison, qu'elle prit la mouche et nous dit qu'elle partirait ce soir même, si je voulais bien lui payer ses gages. Ce dont ma femme et moi étions contents, et j'allai lui chercher ses gages. Et quoique que je craigne qu'elle emporte des choses avec ses habits, même si ma femme a fouillé ses affaires, nous sommes contents de la voir s'en aller ainsi. Elle partit donc un quart d'heure plus tard, me laissant fort ébahi de ne plus avoir de servante à part Miss Ashwell que nous n'avons pas l'intention de garder, ni de petit valet, et comme ma femme et moi demeurâmes une heure, jusqu'à l'arrivée de mon frère, seuls à la maison, je devins fort mélancolique.
            Et donc, mon frère revenu, je sortis voir Mrs Holden à qui j'avais parlé il y a quelque temps d'une fille que je pourrais engager à la place du petit valet. Je fis de même avec Mrs Standing et aussi avec mon frère Tom........ Comme je me tenais avec lui à l'entrée de la venelle, Miss Ashwell passa. Je quittai Tom et l'accompagnai presque jusqu'à la maison, parlant de son départ. Il m'apparaît qu'elle veut bien s'en aller, et je l'assurai que ( quoique dans mon dos ma femme lui eût dit que c'était davantage mon souhait que le sien de la voir partir, ce qui était choquant ), voyant qu'elle et ma femme ne pouvaient s'entendre, je préférais, eût-elle été ma soeur, qu'elle s'en allât, que ce serait mieux pour nous et pour elle aussi. Ce dont elle convint volontiers. Elle ne veut rien me dire, si ce n'est qu'elle croit que ma femme voudrait avoir chez elle une servante moins susceptible qu'elle, à son avis, de me donner des informations. Je dois cependant oeuvrer pour qu'il n'en soit pas ainsi.
            Je la quittai près de la maison et nous convînmes de ne pas mentionner que je l'avais accompagnée, puis un peu plus tard, je rentrai à la maison, après elle.
            Je trouve la maisonnée triste et désemparée, ce qui me chagrine. Cependant souper, prières et au lit. Et alors que nous nous couchions, ma femme commença de lui parler, et lui demanda tout de go si elle avait ou non trouvé une place, et l'autre lui répondit qu'elle pouvait aller, si nous étions d'accord, chez quelqu'un de notre bureau. Nous acceptâmes. Là-dessus elle dit que non, elle voulait aller là où elle pourrait enseigner à des enfants, pour ainsi continuer à faire usage des choses qu'elle avait apprises, ce qu'elle ne fait pas ici, ni ne ferait chez ces gens, servant seulement de camériste.
            Je vois que cette fille est futée, mais tout à fait prête à cette sorte de place, et ferait une dame de compagnie accomplie au service de n'importe quelle dame du pays.
            Nous endormîmes ensuite, l'esprit apaisé. La nuit était froide.
            Mais jusqu'à ce que ma maison soit remise en ordre, je ne vois pas comment je peux m'intéresser à mon travail à mon bureau, ce qui m'afflige profondément. J'espère que tout sera réglé dans peu de temps, je l'espère pour le mieux.
            Aujourd'hui, chez Mrs Holden, j'ai vu que mon nouveau chapeau de castor bas de forme, comme c'est la mode, est prêt. On me l'apportera demain.


                                                                                                          18 août

            Lever et au bureau, réunion toute la matinée. A midi à la maison où mon père vint dîner. Susan était venue aider ma femme. Après dîner causer avec mon père des affaires à la campagne.
En bref, il m'apparaît qu'à son avis, il pourra peu à peu faire vivre la famille avec 50 livres par an, ce qui me réjouit. Après qu'il eut pris congé de ma femme et moi, sans jamais parler des différends qu'ils ont eus à la campagne. Je sortis et allai dans plusieurs endroits pour affaires, puis rentrai et, après souper, au lit.


                                                                                                                19 août
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Ma polonaise de foies de lapin            Levé de bonne heure, ma femme s'affaire dans la maison. Susan recommença à faire des siennes parce qu'elle avait bu, ce qui nous rappela ses anciens défauts, sa déraison et ses égarements que nous avions oubliés, de sorte que sa présence commença de fort m'inquiéter. Ce matin mes menuisiers sont venus parqueter de neuf mes planchers et ils ont commencé par la salle à manger.
            Je sortis et allai de nouveau voir ma viole qui est fort belle. Puis chez Mr Hollier qui me donna des pilules et une ordonnance de sa main me prescrivant de boire du vin avec ma bière. Sans cette ordonnance j'étais obligé, par mes résolutions personnelles, et je les ai strictement observées, de n'en point boire du tout pendant longtemps. Comme je bois de la petite bière sans manger je suis si fort incommodé par des vents que je ne sais que faire ou presque.
            Ensuite à Whitehall, rencontrai Mr Moore. Nous commençâmes à parler de la folie de milord à Chelsea, retournant par le fleuve à Londres et au grand café près de la Bourse, où nous passâmes un bon moment. J'apprends que milord est entièrement sous l'emprise de cette fille publique. Mr Moore ne m'encourage guère à m'en mêler, à en parler à milord, de crainte que cela ne lui fasse pas de bien, mais me cause du tort.
            Puis repris le chemin de la maison, pris congé de lui et rencontrai Tom Marsh que j'ai connu à Westminster et qui ne tarit pas sur la gloire tirée de son emploi ( il est secrétaire adjoint du secrétaire de la Chambre des Communes ) mais je le tiens pour un fat. Je lui payai une demi-pinte de vin, mais n'en bus point, puis m'en débarrassai, et à la maison. Je trouve ma femme rendue à demi folle par les lubies de Susan, de sorte qu'il lui faut la renvoyer en laissant la maison toute sale et la lessive trempée, et qu'elle demande à la mère Taylor de faire ce travail pour elle jusqu'à l'arrivée d'une autre servante.
            Voilà qu'arriva Will Howe. Lui et moi nous retirâmes dans mon cabinet pour parler de milord. Il me demande, par amour pour milord, de parler à milord des affaires dont nous nous sommes entretenus, qui le poussent si fort à la ruine. Je résolus donc de rassembler tout mon courage et de le faire, et advienne que pourra.
            Après son départ nous nous mîmes à table et mangeâmes une modeste collation de chez le traiteur, puis je me levai et allai voir mes menuisiers qui vont me faire de fort beaux parquets. Sur ces entrefaites arrive Pembleton, ce qui commença de me donner une suée, mais je lui fis fort mauvaise figure et me déclarai, dès qu'il ouvrit la bouche, opposé à de nouvelles leçons de danse, puis le saluai d'un " Dieu vous accompagne ! " Il prit congé de ma femme aussi vite, s'en alla n'ayant guère eu le temps, je crois, de recevoir de ma femme grande satisfaction ni invitation à revenir.
            A mon bureau jusqu'à la nuit tombée, puis à la maison et à la lueur de la bougie fis mes comptes pour milord et Mr Moore qui arriva sur ces entrefaites, resta un long moment à faire ses comptes et les miens, mais ne put achever car il n'avait pas ses papiers.
            Il soupa avec moi au milieu de toute la saleté et du désordre de ma maison, puis partit et nous nous mîmes au lit.
            Je m'entretins longuement avec lui de l'opportunité de parler à milord de son affaire, et je comprends d'après ce qu'il me dit que cela s'avèrerait probablement mauvais pour moi et inutile pour lui, je ne m'en occuperai donc point et laisserai la volonté de Dieu s'accomplir, tout au moins jusqu'à ce que milord parte à la campagne. Nous verrons ensuite s'il décide ou non de retourner à Chelsea, et nous arrangerons pour l'en empêcher si nous le pouvons.


                                                                                                             20 août 1663

            Levé de bonne heure et à mon bureau. J'ai commencé par me fâcher contre mon frère John et, dans la chaleur de mon emportement, l'ai traité d'âne et de benêt, ce que je regrette, et cela seulement parce qu'il avait laissé la clef de sa chambre, dont la serrure est à ressort, sur la porte à l'intérieur. Et réunion toute la matinée. A midi dînai à la maison où je trouvai une jeune fille qui a dit elle-même à ma femme qu'elle s'appelait Jinny. Je pense que c'est une bonne petite fille qui nous conviendra, une enfant à la charge de la paroisse de St Bride, de parents honnêtes et recommandée par le marguillier.
            Après le dîner m'en fus voir mes menuisiers poser mes parquets qui me plaisent fort, puis à mon bureau où réunion cet après-midi pour une affaire extraordinaire de subsistances.
            Dans la soirée arriva le commissaire Pett qui me querella sur la façon dont je m'étais conduit avec lui à Chatham. Mais il se calma après que j'eus protesté de mon amitié et de mes bonnes intentions.. Mais je crains qu'il ne fasse là-bas un aussi bon travail que ne le pourrait n'importe quel autre homme de son intelligence.
            Retour chez moi dans la soirée, ma viole ainsi que mon luth pourvu de cordes neuves furent apportés à la maison et j'aurais voulu en régler le prix à Mr Hunt, mais il ne vint pas les apporter en personne, contrairement à mon attente, et cela me fâcha, tant il est contre ma nature de devoir quoi que ce soit à quiconque.
             Ce soir la jeune fille que l'on m'avait amenée aujourd'hui en m'en disant tant de bien, après avoir été épouillée aujourd'hui par ma femme et vêtue de bons habits neufs, a échappé à la mère Taylor tandis que celle-ci lui montrait le chemin de la boulangerie, et nous n'en avons plus de nouvelles.
            Puis souper et, au lit.


                                                                                                             21 août
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Résultat de recherche d'images pour "petit cabinet meuble 18è"            Levé de bonne heure et m'en fus voir mes menuisiers, puis à mon bureau où les menuisiers posent des moulures dans mon petit cabinet.
            Puis sortis et à Whitehall par le fleuve où fis signer par sir George Carteret mes billets à ordre pour mes appointements du trimestre écoulé. Je rencontrai Mr Creed qui me conta comment milord Treviot a résisté à une nouvelle attaque de Guyland, à la tête de 10 000 hommes à Tanger, pour finalement, dit-on, après avoir conclu un traité de personne à personne, parvenir à une bonne entente et à la paix avec lui. Ensuite chez mon frère, lui dis le tour que cette fille qu'il m'a envoyée nous a joué, et lui commandai de recouvrer mes habits et de faire fouetter la fille.
            Rentrai à la maison, m'arrêtant en chemin dans d'autres endroits pour de menues affaires. Après avoir vérifié le travail de mes ouvriers, me rendis par le fleuve et par la route à Deptford où retrouvai sir William Batten, mais il était allé dîner chez Mr Waith, je l'y rejoignis, bonne chère et agréable conversation, et sa femme, je le pense, est une femme de bien. Nous parlâmes du capitaine Cocke et de la façon dont sa femme a perdu tout son beau linge. On affirme en outre qu'elle affirme posséder pour 3 000 livres de linge, ce qui nous fait tous rire...........
            Puis nous rendîmes à Greenwich........ écoutâmes de la musique........... et rentrai à la maison par le fleuve. Je trouvai là ma petite servante qui s'était enfuie ramenée par un bedeau de la paroisse de St Bride. Je lui ôtai ses vêtements et la renvoyai, et une autre arriva envoyée par Griffith, et qui, je pense, s'avèrera une bonne servante, elle s'appelle Susan.
            Souper après avoir ce soir payé 3 livres à Mr Hunt pour ma viole, outre la sculpture que j'ai payée aujourd'hui 10 shillings au sculpteur. A son avis, je peux dire sans me flatter que mon théorbe, ma viole et mon violon sont parmi les plus beaux d'Angleterre. Puis, au lit.


                                                                                                               22 août

                 Levé vers 4 heures pour partir avec sir William Batten et sir John Mennes à Woolwich, mais pas avant 6 ou 7 heures car ils n'étaient pas levés. Le but était d'examiner le nouveau quai en construction, afin de donner à celui qui le construit, Mr Rundells, davantage qu'il n'était convenu dans le contrat, mais cela ne me semble aucunement justifié....... car ce n'est pas mieux que ce qui était convenu.
            Nous mangeâmes et bûmes chez le vérificateur des rôles. Avant de nous embarquer à la porte de la Tour nous bûmes un gobelet d'eau-de-vie, ce que je fis par seul souci de ma santé, je crois que ce n'est pas interdit par mes résolutions, mais je ne le referai plus et espère ne pas retrouver semblable occasion. Après avoir déjeuner, Mr Castle et moi nous rendîmes à pied à Greenwich, et en chemin rencontrâmes des Égyptiennes qui voulurent absolument me dire la bonne aventure, et je permis à une d'elles de le faire. Elle me dit maintes choses communes, comme le font les autres, mais me recommanda de me méfier d'un John et d'un Thomas qui me voulaient du mal, et que quelqu'un d'ici une semaine viendrait me voir pour m'emprunter de l'argent, mais que je ne devais pas lui en prêter. Elle obtint 9 pence de moi, puis je les quittai.
            Retour à la maison par le fleuve. Je trouve mon petit cabinet achevé dans mon bureau, à ma convenance. Miss Ashwell est sortie voir son père, car ma femme lui a parlé rudement. Après le dîner à mon bureau où fis nettoyer mon petit cabinet, mis de l'ordre dans des papiers. Puis à la maison et, au lit.
            Aujourd'hui sir William Batten me dit que Mr Newborne ( surnommé " Lève-toi Tom Newborne ) est mort d'avoir mangé des concombres. J'ai entendu parler d'un cas semblable l'autre jour, le fils de sir Nicolas  Crisp, je crois.


                                                                                                                      23 août
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Lever et à l'office sans ma femme qui est toute sale, comme ma maison, Dieu me pardonne !
Je regardai autour de moi pour voir si Pembleton était présent, mais je ne le vis pas, ce qui ne me fit pas peu plaisir. Dîner à la maison et ensuite fis les cent pas dans ma maison avec ma femme à parler de nos affaires de famille, et j'espère après toutes mes inquiétudes et ma jalousie que nous continuerons à vivre heureux.
            Derechef à l'office, puis retour à la maison auprès de ma femme avec qui je lus Iter boreale, un poème écrit juste au moment du retour du roi, mais que je n'avais encore jamais lu, je le trouve fort bon mais pas autant qu'on l'a dit. Souper, ne retirai ni agrément ni conversation de Miss Ashwell, parce qu'elle néglige et se moque de faire quoique ce soit dans la maison à un moment où elle est si sale et si en désordre, mais préfère sortir se promener comme elle l'a fait tout l'après-midi, je ne sais où. Le souper terminé, prières et, au lit, après être allé, car j'avais reçu de Mr Coventry une lettre inattendue, chez sir William Penn pour m'entretenir avec lui de l'envoi de 500 soldats en Irlande. Je crains que les choses n'aillent pas bien là-bas.


                                                                                                                    24 août

            Lever très tôt et arrivent mes menuisiers. Me rendis chez Mr Moore, puis rentrai directement à la maison où rédigeai pour milord une présentation de ses comptes. Cela fait je le retrouvai chez milord Sandwich et passai un bon moment seul avec milord. Je vois qu'il me fait confiance et qu'il m'aime toujours autant. Il me parle de sa situation fort bonne maintenant. Je ne crains qu'une chose c'est qu'il ne vive au-dessus de ses moyens, car on m'a parlé ce matin des étranges faiblesses qu'il a pour cette catin de Chelsea, même en la présence de sa fille milady Jem et Mrs Ferrer qui l'ont remarqué.
            Il a reçu aujourd'hui ses gravures représentant le Tage et la cité de Lisbonne dont il a lui-même établi la topographie et qu'il a fait imprimer sur l'ordre du roi. Milord en est content mais il me semble qu'on aurait dû les faire plus belles en utilisant une autre méthode que l'eau-forte. Je l'incitai, en outre, à en faire tirer sur satin blanc, ce qu'il commanda aussitôt.
            Je présentai mes comptes à milord et lui rendis son vieux billet à ordre pour 500 livres, et en reçus un nouveau pour 700 livres. Je vais parfaire la différence en lui prêtant davantage d'argent, et j'en suis heureux.
            Milord aurait voulu me faire dîner avec lui, mais j'avais envie de rentrer à la maison voir mes ouvriers et pris donc fort civilement congé de lui.
            J'allai avec Mr Creek à St James, ne trouvai point Mr Coventry, me rendis à pied à la nouvelle Bourse où bus du petit-lait, puis en barque à la maison. Je trouvai mon petit cabinet dans mon bureau fort bien nettoyé et propre, exactement à ma convenance. Dîner à la maison puis à mon bureau pour épousseter mes livres et les remettre en ordre ainsi que mes papiers, et travaillai là tout l'après-midi, jusqu'à une heure avancée de la nuit. Puis dînai chez moi et ensuite dans mon petit cabinet travaillai., notai les détails des comptes d'aujourd'hui bien clairement dans mes livres, car ils sortent un peu de l'ordinaire. A une heure fort tardive je me mis tout seul au lit, tout le monde étant depuis longtemps parti se coucher.


                                                                                                                25 août
                                                                                                                     essentiam.fr/
Résultat de recherche d'images pour "livres anciens 18ème siècle"            Levé très tôt et déménageai le contenu de mon cabinet de travail dans la salle à manger, car on doit aujourd'hui poser un nouveau parquet. Puis les ouvriers étant arrivés et se mettant au travail, me rendis au bureau puis à Limehouse chez Phineas Pett pour une affaire de mâts. Retour au bureau, réunion....... et me rendis à la Bourse, parlai avec plusieurs personnes et finalement avec sir William Warren, et allai avec lui dans un café où restâmes deux heures à parler des affaires du bureau et de la filouterie de Mr Wood, dont je ne doute pas un instant............
            Retour à la maison à 2 heures où je vois que Miss Ashwell est partie. Ses gages se montaient à 50 shillings, mais ma femme, à cause d'une erreur de ma part, lui en a donné 20 de plus. Mais je suis content qu'elle soit partie et qu'elle ne me coûte plus rien.
             Après le dîner fus voir mes menuisiers que je ne quittai pas jusqu'à la nuit noire. Ils ont ce soir achevé tout leur ouvrage. Je leur ai payé 40 shillings pour leur six jours de travail, et je suis content qu'ils aient terminé et qu'ils soient partis, car ma femme et moi sommes las de leurs saletés.
            Ma femme devient maussade le soir, car elle est fatiguée et je suis un peu irrité de voir qu'elle ne se souvient pas des choses qui se trouvent dans la maison, comme elle le devrait et comme je le fais. Je sortis l'air un peu mécontent, et allai au bureau, et après un moment souper et, au lit.
            On dit que demain le roi et le Duc partent pour Bath.
            Ce midi, sur le chemin de la Bourse j'ai rencontré un homme de belle mine précédé par des trompettes dans Leadenhall Street, et l'on me dit qu'il est le clerc du marché de la Cité, et trois ou quatre hommes portaient chacun une flèche pesant une livre dans leurs mains. Il semble que ce lord-maire rétablisse une vieille coutume selon laquelle les trois premiers jours de la Saint-Barthélémy se tient, le premier jour une épreuve de lutte qui a eu lieu en présence du lord-maire et des échevins hier à Moorfields. Aujourd'hui chasse au fusil, et demain chasse à courre.......... Il semble que les gens de la foire protestent contre cela en disant que c'est une grande entrave au commerce.


                                                                                                          26 août 1663

            Lever et après avoir essayé de remettre ma maison en ordre, maintenant que les travaux de menuiserie sont achevés, j'allai en barque à Whitehall. La cour du palais est remplie de chariots et de chevaux, car le roi et la Cour partent aujourd'hui pour Bath. Me rendis à St James où je passai une heure ou plus, à parler fort agréablement de maintes choses avec Mr Coventry. Il est prêt à partir avec le Duc aujourd'hui. Je le quittai puis je retrouvai Mr Gauden et retournai avec lui à notre bureau............
            A la maison pour dîner avec Mr Moore. Après le repas je lui payai une somme ce qui nous rend parfaitement quittes, et je lui remis aussi de l'argent pour milord, de sorte que maintenant milord me doit exactement 700 livres pour lesquelles j'ai son billet.
            Après nous être longuement demandé s'il était bon qu'il me donnât un reçu pour cet argent, ce que, comme garantie, je crois nécessaire, alors qu'il est d'avis contraire, finalement, après nous être un peu échauffés, et quand je me montrai résolu à ne pas me séparer de mon argent sans cela, il m'en donna un.
            Je sortis avec lui et nous fîmes une agréable promenade jusqu'à Deptford où je réglai de nombreuses affaires. Au retour il rentra chez lui et moi aussi pour souper, fort content de voir ma maison commencer à reprendre son aspect habituel. J'espère, quand tout ceci sera terminé, ne plus vivre dans la saleté, avant fort longtemps, mais le résultat est fort beau et le sera davantage quand la couleur du parquet sera devenue la même.
            Puis au lit, fort las.
            Content de voir aujourd'hui le capitaine Hickes. Il m'apporta une liste de tous les officiers de l'arsenal de Deptford, dans laquelle lui, qui est un vieux Cavalier fidèle, me fait un rapport sur chacun d'entre eux, et ils sont à blâmer sur tous les points. Il relève beaucoup de leurs friponneries et me dit, comme Dieu soit loué ! je l'entends dire partout, que j'ai la réputation d'être un bon administrateur des affaires du roi et un homme de bien, ce pourquoi je remercie Dieu, et qu'il a fait cela à la demande expresse de Mr Coventry.


                                                                                                                  27 août

            Lever après avoir échangé avec ma femme maints propos agréables, et quelques-uns qui me fâchent, car je vois qu'elle est persuadée que tout ce que je fais est par calcul, et que le fait même de laisser la maison dans un tel état de saleté, et tout ce que je fais d'autre dans la maison, n'ont d'autre but que de lui fournir de quoi s'occuper pour l'empêcher de sortir et de se distraire. Cela, bien que je sois fâché qu'elle s'en soit aperçue, est fort exact pour une large part.
            A mon bureau, réunion, et à la maison où fis un bon dîner avec ma femme, puis montai et époussetai ma bibliothèque et fis nettoyer très soigneusement mon cabinet une troisième fois, de sorte qu'il est maintenant en excellent état.
            Allai ensuite voir de bonnes planches sur le fleuve avec sir William Batten, puis retour. Journée très froide avec un vent froid........ Suis fortement encouragé par tous ceux que je rencontre à la Bourse et partout ailleurs, ils me disent que l'on me tient pour un homme qui travaille bien, avec un entier dévouement au roi. Le Seigneur en soit loué, car je ne connais point d'honneur que je désire davantage !
            Retour chez moi pour souper et trouve ma maison redevenue fort propre de fond en comble, à ma grande satisfaction. Je trouve un " fecho " comme il l'appelle, de sucre fin et un coffret de fleur d'oranger arrivés de Lisbonne de la part de Mr Cocke, les fruits du service que je lui ai rendu l'année dernière, en quoi j'ai seulement agi en toute justice envers l'homme que je ne connaissais pas du tout. Il m'envoie ceci en me priant de ne pas en informer sir John Mennes. C'est de lui qu'il attendait le service que je lui ai rendu, mais ce ne pouvait être qu'en vain, et l'autre n'a rien fait, ni n'aurait rien fait, j'en suis sûr.......
            Après souper, au lit.


                                                                                                                     28 août

            De bonne heure au bureau. Il a fait froid toute la nuit, et ce matin on dit qu'il y a eu de fortes gelées à la campagne, ce qui est peu ordinaire, car nous n'avons presque pas eu d'été. Réunion qui se poursuivit aussi l'après-midi pour fixer les effectifs des vaisseaux, etc., jusqu'au soir. Après dans mon petit cabinet jusqu'à une heure avancée et, recru de fatigue d'avoir tant travaillé, à la maison souper et, au lit.


                                                                                                                         29 août

            Levé de bonne heure et mis en ordre certains papiers nécessaires pour me couvrir concernant l'apurement récent de mes comptes avec milord Sandwich, puis réunion au bureau toute la matinée. Dîner à la maison, puis sortis avec ma femme et en barque à Westminster. Je la laissai chez milord pour parler à Mrs Harper de la venue la semaine prochaine de sa parente comme servante de ma femme. Me rendis chez Jervas le barbier qui me rasa, et lui rendis une perruque qu'il m'avait apportée à ma demande l'autre jour pour me la montrer, car je caresse l'idée d'en porter une, quoique je n'en aie point encore grande envie, et que je n'y sois point encore résolu. Je remets donc cela à plus tard.
            Rejoignis ensuite ma femme et nous nous arrêtâmes aux deux Bourses pour acheter des bas pour elle et pour moi, et aussi à Leadenhall, où elle et moi, à la lueur des chandelles, achetâmes de la viande pour demain, car nous n'avons pas de servante pour le faire, et j'achetai moi-même, tandis que ma femme était dans une autre boutique, un cuisseau de boeuf, un beau, pour 6 pence, et ma femme me dit que j'en ai pour mon argent. Ensuite à pied à la maison, avec une femme qui portait nos achats, et fort agréable promenade de Whitehall à la maison. Puis à mon bureau, expédiai des affaires et à la maison, souper et, au lit.
            Nous nous arrêtâmes chez Tom en passant et vîmes là le nouvel étage qu'il construit et qui sera fort commode. Mais je suis très mécontent d'une lettre qu'il m'a envoyée hier soir pour m'emprunter encore 20 livres. Il ne me fait pourtant aucun rapport, comme je le lui demande depuis longtemps, sur l'état de ses affaires. Je suis aussi inquiet de voir que, contrairement à mon attente, mon frère John n'est pas le savant, l'étudiant sérieux que je croyais qu'il aurait été, mais a gaspillé son temps à flâner, de sorte que je dois, sans tarder, le renvoyer à Cambridge.


                                                                                                                              30 août                          franceculture.fr                                                                                                          Jour du Seigneur
Résultat de recherche d'images pour "livres anciens 18ème siècle"            Grasse matinée. Comme Will souffrait d'une rage de dents je restai à la maison et fis mes comptes. A ma grande satisfaction, ma fortune se monte à 750 livres, et je n'ai pas de dettes. La plus grosse somme que j'aie jamais possédée. Dînai seul avec ma femme car mon frères dînait chez mon oncle Whight, je crois. A l'office seul dans l'après-midi. Je vis Pembleton entrer et regarder dans ma direction, ce qui me donna une suée et, ne voyant pas ma femme, ressortit. Mais, Seigneur, comme j'avais peur que me voyant à l'église, il n'allât chez moi voir ma femme ! Je suis à ce point impuissant à me garder de la jalousie, et fus donc dévoré d'impatience pendant tout le sermon. A la maison trouve tout en ordre et aucun signe de la venue de quiconque, et donc, avec grand contentement, jouai et badinai avec ma femme. Puis à mon bureau, travaillai un peu sur mes papiers et retour chez moi auprès de ma femme pour parler, souper et, au lit.


                                                                                                                            31 août 1663

            Lever et à mon bureau toute la matinée. Sir William Batten et sir John Mennes payèrent aux équipages des vaisseaux qui viennent de rentrer des Indes orientales leurs indemnités  compensatoires et, avec l'aide du lieutenant de police de la Cité et de ses hommes ils se sont emparés de deux ou trois des meneurs de la compagnie de marins qui se sont mutinés l'autre jour et les ont envoyés en prison. Je rentrai à la maison pour dîner, puis ma femme partit avec mon frère pour voir une pièce et je retournai à mon bureau jusque tard à travailler, et à la maison souper et, au lit.
            Ce midi est arrivée Jane Gentleman pour servir ma femme en qualité de femme de chambre. Je souhaite qu'elle s'avère une bonne servante. La seule chose est qu'elle est dure d'oreille, ce qui pourrait être ennuyeux, mais nous ne le savons point encore, en outre elle n'entend pas toujours aussi mal.
            Ainsi s'achève ce mois. J'ai l'esprit bien en paix, et suis en bonne santé depuis que je bois à la maison un peu de vin avec ma bière, mais je ne bois de vin nulle part ailleurs. Ma maison est en bonne voie d'être de nouveau propre, car les menuisiers ont terminé. La seule chose est que nous sommes sans cuisinière et que Jane vient juste d'arriver chez nous.
            Le roi, la reine et la Cour sont à Bath. Milord Sandwich est à la campagne depuis peu et j'appréhende qu'il ne soit débauché par une catin dans la maison où il loge à Chelsea. Mon frère John est chez moi mais sans me donner grande satisfaction...............
            Je suis estimé au bureau et j'espère être en bonne voie d'économiser de l'argent à la maison.


                                                               à suivre...............
                                                                               
                                                                                                                  1er septembre 1663

            Levé de f................
     
            
           

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