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El Eden
A El Eden, petite ville au nord du Mexique, la vie était douce et chaleureuse. Jusqu'à l'arrivée des premiers gangs, demandes de rançons à des commerçants, épiciers, artisans et autres. Le non-paiement entraînait massacre et destruction. Certains parvinrent à quitter la ville et s'établirent ailleurs, notemment à Monterrey. A Monterrey où se retrouvent deux habitants d'El Eden, Dario et son ancien professeur de lettres, dix ans après le jour funeste où deux bandes rivales fortement armées, circulant dans des pickups, des camions aux vitres teintées dont les bennes portaient des mitrailleurs cagoulés. Dans la cantine, Dario commande des seaux remplis de glaçons et de six bouteilles de bière, plusieurs fois renouvellés au cours de cette nuit de souvenirs. Ce sont des verres frais de rhum qui raviveront la mémoire du professeur. La particularité du roman tient dans la faculté qu'a l'auteur à entrer dans le sujet qu'il va traiter, tous liés à cette nuit de massacres et à raconter, mot à mot, détails en pointillés, chaque sentiment, chaque rue, l'atmosphère, les odeurs. Et le lecteur reste enfoui dans l'histoire de Norma, jeune amoureuse de Dario, et si les scènes de tueries que se rapportent les deux consommateurs sont détaillées, acharnement à tuer tout ce qui bouge, même sur les chiens et les cadavres, les amours naissantes des deux jeunes étudiants, dans un parc, dans un cinéma entre autres sont aussi minutieusement décrites, ce qui donne des scènes assez crues. Mais pour débuter cette soirée on apprend que le jeune couple se pose d'abord chez Dario, où sa mère, sa grand'mère et sa soeur s'inquiètent de l'absence du jeune frère, Santiago, car, sans que l'on sache vraiment comment, l'arrivée des gangs est annoncée par des haut-parleurs sur des camions qui parcourent les rues : rentrez chez vous, ne bougez pas, fermez les volets, si vous regardez à l'extérieur vous serez exterminés. Et la coupure d'électricité intervient. La ville est obscure, la nuit est tombée, peu étoilée. La mère convainc Dario et Norma d'aller à la rencontre, la recherche de Santiago. Et ainsi les deux hommes partis de deux points différents de la ville raconteront leur désarroi, l'epreuve que fut cette nuit de tuerie. Des cadavres amoncelés dans des bennes, croiser des personnes connues, par exemple au cinéma, gisant dans la rue, des camions roulant sur des corps, les deux équipes de narcotraficants s'entretuant pour prendre le pouvoir dans la ville. " Le couloir se remplissait rapidement de fumée...... une vague odeur de viande rôtie a atteint mes narines...... un autre cadavre était en train de griller. " Des centaines de morts, de maisons brûlées, même deux écoles. Certains restés chez eux n'ont pas été épargnés. Plus tard " la plupart.... nous installer dans les grandes villes, à Nuevo, Reynosa ou Monterrey ou de l'autre côté de la frontière, au Texas ". Tuer ne suffisait pas, les têtes de cadavres : " Les assassins avaient tenu promesse, au pied du kiosque..... deux ou trois se regardaient .... semblant sourire... " Dans le café, l'histoire s'achève bientôt, racontée à la première personne, le professeur " ... Les clients étaient calmes, vaincus par l'alcool, par la nuit. Vaincus par la vie. " Très bon livre pour qui ne craint pas les scènes un peu dures, pas très long. L'auteur Eduardo Parra, a été primé par ailleurs, et a reçu le prix Antonin Artaud. Bonne lecture.
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