mardi 7 décembre 2021

Son fils Justine Lévy ( Roman France )


 

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                                                  Son fils

            Antonin Artaud a vécu malade mais créatif, sa vie durant. Né à Marseille en 1896, de Antonin-Roi Artaud, capitaine au long cours, trop souvent absent écrit Euphrasie Nalpas sa mère née à Smyrne, sous la plume de Justine Lévy qui, pour des raisons personnelles, voir ses précédents ouvrages, s'est fortement attachée à cette mère, étouffante certes, mais qui ne lâche pas son enfant alors qu'il sombre dans un monde parallèle. 1920 Antonin quitte Marseille pour Paris. Son père l'accompagne, pas sa mère. Et c'est le début du journal d'Euphrasie, journal fictif, inventé par Justine Lévy. Et des mots, des phrases et des sentiments ravageurs courent le long des pages. Tombé à quatre ans sur la tête il souffre de terribles maux de tête, suite d'une méningite peut-être. Euphrasie avoue " Il est mon préféré " mais aussi il était si petit, avait de si beaux yeux bleus, et enfin elle qui fut mère de neuf enfants n'a pu en sauver que trois. Arrivé au bachot Antonin refuse de se présenter à l'examen. Peu importe déjà il écrit, est publié dans quelques revues et a déjà quelques contacts à Paris. Il joue au théâtre pour Dullin, Et Euphrasie nous décrit tout, Euphrasie qui a quitté Marseille, prend une chambre mansardée rue Guynemer pour veiller sur son petit. Elle écrit dans son <journal " il est le plus grand poète ", mais lucide elle voit la dégradation, les bizarreries de celui qu'elle nomme Nanaqui. Antoine-Roi est mort, " Et moi, se rend-il compte que je suis seule désormais et qu'il me fait une réputation ? Elle ne me quitte plus la colère. " Puis après ses débordements, il fait la manche du côté de Caulaincourt, Justine Lévy qui tout au long du livre n'apparaît pas et on croit vrai ce journal écrit d'après de très nombreux documents, lettres, Nanaqui est récupéré par sa mère, " Je lui ai coupé les cheveux. " Un fait noté en passant. Antonin a quatre ans lorsqu'il assiste à la mort de sa petite soeur, étranglée par une bonne. Longtemps il demandera des nouvelles du bébé. Antonin voyage avec son amie, au Mexique, expérimente des drogues, champignons toxiques, revenu il repart en Irlande. Après un différend grave, et c'est peu dire il faut lire le passage, Antonin Artaud entre dans un asile. Il restera, à Ville Evrard et à Rodez neuf ans et subira cinquante huit électrochocs. Euphrasie ne l'abandonne pas, lui apporte des paniers de victuailles, toujours diserte dans ce journal écrit avec une force et une férocité à l'égard des amis, certains docteurs, Lacan, des surréalistes. Breton, Eluard, Nin sa compagne un temps, " Antonin m'a chassée aujourd'hui encore : - Vous n'êtes pas ma mère, Madame, Euphrasie est ma fille et je n'ai d'autre mère que la Vierge Marie. "Antonin passe par des périodes religieuses, à Rodez, messe tous les matins, communion trois fois par semaine. Puis changement d'humeur et il invective tout. Antonin implore ses amis qui viennent le voir, car il n'est pas oublié, d'obtenir la suppression des électrochocs, mais Euphrasie ne se résout pas, étrange amour maternel : " Cette nuit c'est mon mal de tête qui m'a réveillée, en sursaut, ou plutôt le sien, celui de Nanaqui, passé de lui à moi............ Mon Nanaqui ne guérira pas. Il dit qu'il souffre......... qu'un cyclone magnétique va s'étendre sur Paris. " Ceci en 1939. L'histoire est contée d'une année l'autre depuis 1920. Chapitres et paragraphes courts, 1945 " Antonin n'en finit pas de rameuter ( de manipuler ) ses amis, qui maintenant s'appellent < le comité des Amis d'Antonin Artaud >. Il en parle comme de ses " âmes choisies ". Il y a là Raymond Quenau, Roger Blin, Jean-Louis Barault, Marthe Robert, un certain Adorno, Jacques Prévert, Jean Paulhan, Picasso..... Et à tous il se plaint de son internement et exige qu'on l'aide à sortir de Rodez...... Ca gronde à Saint-Germain-des-Prés..... Je sais qu'on m'incrimine........ " Puis 1948 et le faux-vrai Journal d'Euphrasie s'achève. Plus vrai qu'écrit par la véritable mère d'Antonin Artaud, des mots qui déchirent, un phrasé brûlant. Livre réussi. A lire aussi Artaud. Bonne lecture.
MB

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