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Dimanche après-midi
S'enlaçaient les domaines voûtés d'une aurore grise dans un pays
gris, sans passions, timide.
S'enlaçaient les cieux implacables, les mers interdites, les terres
stériles,
S'enlaçaient les galops inlassables de chevaux maigres, les rues
où les voitures ne passaient plus, les chiens et les chats mourants,
S'auréolaient de pâleur charmante les femmes, les enfants et les
malades aux sens limpides,
S'auréolaient les apparences, les jours sans fin, jours sans lumière,
les nuits absurdes,
S'auréolait l'espoir d'une neige définitive, marquant au front la
haine,
S'épaississaient les astres, s'amincissaient les lèvres, s'élargissaient les pinterest.fr
Se courbaient les sommets accessibles, s'adoucissaient les plus fades
tourments, se plaisait la nature à ne jouer qu'un rôle,
Se répondaient les muets, s'écoutaient les sourds, se regardaient les
aveugles
Dans ces domaines confondus où même les larmes n'avaient plus que
des miroirs boueux, dans ce pays éternel qui mêlait les pays futurs,
dans ce pays où le soleil allait secouer ses cendres.
Eluard
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