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17 août 1662
Jour du Seigneur
Levé de bonne heure car c'est le dernier dimanche de prêche des presbytériens, à moins qu'ils ne lisent les nouvelles Prières publiques et ne répudient le Covenant, de sorte que j'avais envie d'entendre le sermon d'adieu du Dr Bates, où je me suis rendu à pied, m'arrêtant d'abord chez mon frère, et j'apprends qu'il a été absent une semaine en compagnie du Dr Pepys, personne ne sait où, moi non plus, sauf par hasard qu'il était parti, ce qui me tracasse.. Je ne fis donc que me présenter à sa porte, mais sans le demander. J'allai chez Madame Turner pour savoir si elle allait à l'église et lui dire que je dînerai avec elle. Puis à pied à St Dunstan où, comme il n'était pas encore 7 heures, les portes n'étaient pas ouvertes.. J'allai donc me promener une heure dans le jardin du Temple en relisant mes voeux. Ce m'est un grand contentement de voir comme je suis un autre homme, en tous points meilleur, depuis que je les ai faits. Que le Dieu du ciel me fasse persévérer et m'en rende reconnaissant !
A 8 j'entrai par une porte de derrière, au milieu d'une foule, l'église était à moitié pleine avant qu'aucune porte fut ouverte au public. C'est la première fois que cela m'arrive depuis bien des années, depuis que j'allais à l'église avec mes parents. J'entrai dans la tribune, à côté de la chaire, et j'entendis très bien. Son texte était " Maintenant le Dieu de paix ", le dernier chapitre des Hébreux verset 20. Très bon sermon avec très peu d'allusions aux événements contemporains. Outre le sermon je pris grand plaisir à regarder une dame élégante que j'ai souvent vue se promener dans le jardin de Gray's Inn. Et j'eus la chance de la rencontrer juste à la porte, comme elle sortait, et c'est une bien jolie, sémillante personne, et je crois que c'est elle que ma femme et moi avons vue il y a quelques semaines à la barrière du Temple et dont nous avons quelquefois parlé. Puis chez Madame Turner et dînai avec elle. Elle avait entendu le Dr Herring faire ses adieux, bien qu'à se servir autant qu'il l'a fait des Prières publiques, il a perdu l'estime des deux partis.
Après le dîner retournai à Dunstan. L'église était tout à fait bondée à mon arrivée, à une heure exactement. Je montai à nouveau dans la tribune, mais j'étais debout dans la foule et je suai excessivement tout ce temps-là. Il a repris son texte et ce n'est qu'à la conclusion qu'il nous parla ainsi: "
Je pense bien que vous êtes nombreux à attendre de moi quelques réflexions qui aient trait à l'actualité, puisque c'est la dernière fois qu'il me sera permis de paraître ici. Vous savez que ce n'est pas mon habitude de rien dire d'étranger à mon texte et à mon propos. Mais je dirai pourtant ceci, que ce n'est pas mon opinion, mon parti ou mon humeur qui m'empêchent de me plier à ce qu'on exige de nous, mais quelque chose qui, après beaucoup de prières, de discussions et d'études, n'est pas élucidé et m'oblige à agir ainsi. C'est pourquoi, si c'est mon malheur de n'avoir pas reçu une illumination qui m'ordonnerait d'agir autrement, je ne vois pas pourquoi les hommes ne me le pardonneraient pas en ce monde, et j'ai bonne confiance que Dieu me le pardonnera dans l'autre. " Et c'est ainsi qu'il conclut.
Le pasteur Herring lut un psaume et des chapitres avant le sermon. L'un était le chapitre des Actes où se trouve l'histoire d'Ananias et de Saphira. Et quand il eut terminé il dit : "
C'est exactement le cas de l'Angleterre d'aujourd'hui. Dieu nous ordonne de ne pas prêcher, et si nous prêchons nous irons en prison et subirons d'autres peines. Tout ce que je puis dire c'est que je demande pour nous vos prières et celles de tous les bons chrétiens. " C'est là tout le commentaire qu'il fit de ce chapitre, ces mots même et pas un de plus.
Je fus très content de la façon dont le Dr Bates introduisit l'oraison dominicale après sa propre prière, à savoir : " En ces termes exhaustifs se résument tous nos désirs imparfaits - Notre Père etc ".Le culte terminé et comme il pleuvait je pris une voiture de louage et je rentrai tout en sueur et craignant d'attraper froid.
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A mon cabinet. Mr Moore vint et nous nous promenâmes jusqu'à ce qu'il fît tout à fait noir. puis j'écrivis une lettre à milord du Sceau privé de la part de milord, demandant que Mr Moore fût assermenté comme représentant direct de milord, puisqu'il refusait de l'assermenter comme représentant concurremment avec moi. De sorte que je suis maintenant dégagé de cette charge et le profit est devenu si petit que je ne suis pas mécontent de m'en tirer aussi bien.
Lui parti j'allai lire dans mon cabinet de travail, puis mangeai un peu de pain et de fromage,
et au lit.
On me dit que la plupart des pasteurs presbytériens ont fait leurs adieux aujourd'hui. Et la Cité en est fort mécontente. Je prie Dieu de nous garder en paix et de rendre les évêques attentifs à les remplacer par de bons pasteurs, ou alors tout volera en éclats, car de mauvais ne seront pas acceptés par la Cité.
18 août
Levé de très bonne heure, montai voir comment mes travaux avancent. Je suis très content. Vers 7 heures, à cheval, allai à Bow. Arrivé là me rendis à la Tête du Roi et pris un déjeuner d'oeufs en attendant Mr Deane, de Woolwich. Puis nous allâmes à cheval dans la forêt de Waltham. Nous vîmes beaucoup d'arbres appartenant au roi qu'on était en train d'équarrir, et il me montra tout l'art du demi-carré qui trompe le roi lorsqu'il achète le bois. Ce que j'aurai grand plaisir à redresser. Après avoir passé un grand moment dans la forêt nous nous rendîmes à Ilford, et là, pendant qu'on préparait le dîner, nous nous exerçâmes à cuber les tables et autres objets, et je finis par très bien comprendre comment on mesure le bois de charpente et les planches. Puis après le dîner arrive Mr Cooper que j'avais envoyé chercher, notre représentant dans la forêt. Il me rend compte de la situation et me dit qu'on est peu empressé dans le pays à venir avec ses charrettes. Au bout d'un moment arrive Mr Marshall qui fournit au roi de nombreuses charrettes pour son bois, et ils restèrent boire avec moi. Sir William Batten passa dans sa voiture, revenant de Cochester où il était allé voir son gendre Leming qui est en train d'y mourir. Mais j'ai fait semblant de rien et l'ai laissé passer. Au bout d'un moment remontai à cheval et allai à Barking. Je vis l'endroit où l'on embarque ce bois pour Woolwich, et Deane et moi sommes rentrés. Nous nous quittâmes à Bow et j'arrivait juste avant une grosse averse, grâce à Dieu.
Dean me paraît un homme assez capable et capable de servir le roi, mais je crois, plutôt par jalousie des autres officiers de l'arsenal ( dont il dit grand mal ) que par vrai dévouement, plus grand que celui d'autres, au service. Il essaie d'avoir l'air modeste, mais il fait valoir son travail et son talent, et il rivalise avec d'autres, en particulier les Pett. Mais je ne dis rien car je veux entendre tout ce qu'il dira.
Dans la soirée je trompai le temps au bureau, en essayant de me réciter les règles du cubage apprises aujourd'hui. Puis au lit, fort satisfait de la tâche accomplie ce jour.
19 août
Levé de bonne heure pour voir comment avancent mes travaux. Puis visite de Mr Creed. Nous nous promenâmes au jardin une heure ou deux, jusqu'à 8 heures, à parler de nos comptes et des affaires d'Etat. Il me dit, entre autres, que milord m'a mis, avec lui et de nombreux nobles et d'autres, dans une commission pour Tanger. Si c'est le cas, ce n'est pas seulement un grand honneur, mais ce peut être aussi d'un grand profit. Et j'en suis très heureux.
Puis au bureau pour la réunion. Mr Coventry nous raconta le duel entre Mr Jermyn, neveu de milord St Albans, et le colonel Giles Rawlins. Ce dernier est tué, le premier, croit-on, mortellement blessé. Ils se sont battus contre le capitaine Thomas Howard, frère de milord Carlisle et un inconnu, qui, dit-on, portaient une armure qui rendait toute blessure mortelle impossible, de sorte qu'une des épées glissa contre jusqu'à la garde. Ils avaient des chevaux tout prêts et se sont enfuis. Mais le plus étrange c'est que Howard envoya une provocation, mais la rencontre ne put avoir lieu, il en envoya alors une seconde. Ils se sont rencontrés hier dans le vieux mail de St James, sans vouloir jamais dire à Jermyn la cause de la querelle. Personne ne la connaît. La Cour est fort soucieuse de ce combat, et je me réjouis, espérant que cela donne lieu à quelques bonnes lois contre le duel.
Après notre réunion,, promenade avec sir George Carteret, dans le jardin. Il me dit que sir William Batten s'était plaint à lui de ce que certains d'entre nous lui veulent du mal. Mais il ne s'en soucie pas. Il lui est plutôt hostile. Il fait profession de m'aimer beaucoup et me dit avoir parlé de moi à milord le chancelier...... J'en suis très heureux, et je ne doute pas que les choses iront de mieux en mieux pour moi.
Dînai seul à la maison, puis à mon bureau où je travaillai jusque tard le soir. Et à la maison, mangeai un morceau, et au lit.
mikerendell.com 20 août
Levé de bonne heure, et au bureau. Puis allai voir milord Sandwich, au lit quand j'arrive mais me fait entrer. Il me dit, entre autres, qu'il m'a mis dans la commission sur l'affaire de Tanger avec beaucoup de grands personnages, ce qui est un grand honneur et peut-être sera à mon avantage. Au bout d'un moment arrive Mr Coventry, lui aussi nommé dans la commission. Apprenant que j'y suis aussi, il se dit très heureux et que je suis l'âme de notre bureau et bien d'autres éloges, dépassant la mesure. Et que si autrefois il me respectait à cause de lui, il me respecte mieux à cause de moi.....
Ainsi, de toutes parts, par la faveur de Dieu, je me vois homme de grand avenir. Puis arrive milord Peterborough avec qui nous causâmes un grand moment. Il repart demain pour Tanger. Je constate qu'il n'y a guère encore d'espoir de paix avec Guyland, ce qui est très préoccupant pour Tanger. Et j'ai entendu dire bien des choses que je ne comprends pas, et dont je ne peux donc me souvenir.
Milord Sandwich et milord Peterborough se rendant à chez l'avocat général pour la rédaction de cette commission, j'allai au palais de Westminster avec Mr Moore. Et là, rencontrant Mr Townshend, il voulut absolument m'emmener dans Fleet Street voir
" un certain " Mr Barwell, sellier attitré du roi, et là, avec plusieurs personnes de la Garde-Robe, nous dînâmes. On nous servit un pâté de chevreuil et d'autres bons mets simples et élégants. La maîtresse de maison est une jolie femme aux bonnes manières, elle a de belles mains. Sa servante est une jolie brune. Mais je vois que ma nature revient à son ancienne pratique de boire du vin et de m'absenter de mon travail. Et pourtant, j'en remercie Dieu, je n'en éprouvais pas grand contentement et restai mal à l'aise. Après le dîner je me hâtai de rentrer au bureau, par le fleuve, et travaillai jusque tard le soir. Dans la soirée Mr Hayward vint me consulter sur l'affaire de la Caisse, et j'ai maintenant envie de passer à l'action, bien que je sache que cela contrariera sir William Batten, qui est l'un des buts, Dieu me pardonne, que je poursuis.
Puis rentrai et mangeai un morceau et au lit.
21 août
Levé de bonne heure et au bureau. Réunion toute la matinée. A midi, bien que je fusse invité chez mon oncle Fenner pour dîner d'un quartier de chevreuil que je lui envoyai hier, je n'y suis pas allé, ai préféré aller chez Mr Rawlinson où mon oncle Wight, ma tante et quelques couples parmi leurs voisins étaient attablés autour d'un très bon pâté de venaison. Alors que nous étions à table, arriva une très jolie jeune femme, seulement ses mains n'étaient pas blanches ni belles. Ce qui me fit grand plaisir. J'appris que c'était la soeur de Mrs Anne Wight. Nous formions une compagnie agréable et on nous servit un dîner fort élégant. Après, on causa, moi avec ma tante et cette jeune femme sur leur séjour à Epsom, d'où elles sont arrivées aujourd'hui. Puis retour au bureau où je travaillai jusqu'à plus de 9 heures. Et rentrai et au lit. Bien que je n'ai pas pris de vin aujourd'hui, avec quelle facilité ai-je été tout naturellement poussé à inviter ma tante et cette jeune femme, car c'est à cause d'elle que je l'ai invitée, à m'accompagner à Greenwich visiter les bateaux de plaisance. Mais ma tante refusa, ce dont maintenant je suis fort heureux.
22 août 1662
Vers 3 heures, ce matin, je fus réveillé par le bruit de la pluie. La plus violente averse que j'aie entendue de ma vie. Et la chatte était enfermée dans la chambre et poussait de grands miaulements, et sautait sur le lit, ce qui m'empêcha de dormir un grand moment. Puis je m'endormis et me levai vers 5 heures et allai à mon bureau. Vers 8 heures me rendis à Deptford, et accompagné de Mr Davies examinai la plupart de ses approvisionnements. Et alors, dans le grand magasin, pendant que le capitaine Badiley parlait avec nous, quelqu'un, par inadvertance, laissa tomber, d'en haut, par une trappe, un rouleau de câble, et ce fut un vrai miracle qu'il ne rompît pas le cou du capitaine Bailey, tant il passa près de lui.
Je procédai à mon inspection et à mes demandes de renseignements sur les approvisionnements avec un très vif plaisir et, ayant terminé, je rentrai en canot et dînai. Et après je fis appeler quelques-uns de mes ouvriers et les réprimandai, ce qui, je l'espère, hâtera mes travaux.
Puis, par le fleuve, au palais de Westminster. On me dit, là, que le vieux Mr Hales est mort, récemment, tout d'un coup, en une heure. Rencontrai Will Bowyer qui m'a promis une place dans sa maison d'où voir le spectacle demain. Puis chez milord d'où j'envoyai chercher Mr Creed. Nous nous promenâmes, parlant affaires, puis allai à son logis, chez Clerke le confiseur. Là il me donna une petite collation. J'aurais voulu le prier de me donner un perroquet pour ma femme, mais il m'a donné le moyen d'en avoir un plus beau par Steventon, de Portsmouth. Il m'a confié un plan de Tanger pour copie. Ce qui m'a fait bien plaisir. Puis rentrai par le fleuve et allai à mon bureau, où je suis resté tard, et rentrai et au lit.
23 août
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Levé de bonne heure pour m'occuper des travaux de ma maison, voir ce qui est fait et en projeter d'autres, puis à mon bureau. Réunion jusqu'à midi. Ensuite promenade avec Mr Creed, un grand moment au jardin. Il me dit ce qu'il pensait de la si grande autorité sur les finances de sir George Carteret, et qu'il faut la lui ôter. En vérité c'est bien lui le fléau de toutes nos affaires. Il me fit aussi remarquer les efforts de sir William Batten à s'occuper de son travail, c'est un peu vrai mais il n'en sortira rien.Je l'ai aussi pressé d'obtenir du Duc un ordre pour notre enquête sur la Caisse de Chatam. Puis nous nous séparâmes et Mr Creed venu comme convenu,nous sortîmes ensemble et avons dîné à une table d'hôte de Lombard Street, mais sans trouver de canot. Je proposai 8 shillings pour qu'un canot restât à ma disposition cet après-midi, mais ils refusèrent, car c'est le jour d'arrivée de la reine de Hampton Court à Londres. Nous avons donc tranquillement marché jusqu'à Whitehall où nous entrâmes dans le jardin, traversant le logis de milord, puis au jeu de boules et jusqu'en haut du nouveau pavillon d'été au bord de la Tamise, l'endroit le plus agréable qu'on pût trouver. Tout le spectacle était le grand nombre de canots et de barques, et deux tableaux vivants, l'un représentant un roi et l'autre une reine avec ses filles d'honneur très joliment assises à ses pieds. On me dit que la reine est la fille de sir Richard Ford. Bientôt arrivèrent le roi et la reine dans un bateau sous un dais, avec 10 000 barques et canots, je crois, car ils empêchaient de voir l'eau ou le roi et la reine. Ils débarquèrent au pont de Whitehall et les grands canons de l'autre rive tirèrent.
Mais ce qui m'a fait le plus grand plaisir c'est que milady Castlemaine était en face de nous. Je me suis rassasié de la regarder. Son mari et elle au même endroit, marchant sans se porter attention l'un à l'autre, cela me parut étrange, seulement en arrivant, il ôta son chapeau et elle le salua fort poliment. Mais ensuite ils ne se prêtèrent nulle attention. Mais de temps en temps, l'un ou l'autre prenait leur enfant que la nourrice prenait dans ses bras et le balançait. Encore une chose, il arriva qu'un échafaudage, qui était au-dessous, s'écroula et nous craignîmes qu'il n'y eût des blessés, mais il n'y en eut pas . Mais elle, seule de toutes les grandes dames descendit en courant au milieu du vulgaire pour voir s'il y avait des blessés et s'occuper d'un enfant qui s'était fait un peu mal. Ce qui me sembla vraiment noble.
Arriva bientôt quelqu'un portant bottes et éperons avec qui elle parla longtemps. Et au bout d'un moment, comme elle était en cheveux elle mit son chapeau à lui, un chapeau ordinaire, pour se protéger du vent. Je pensai que cela lui seyait admirablement, comme tout lui sied.
Le spectacle terminé je partis, non que je fus lassé de la regarder et j'allai au logis de milord où mon frère Tom et le Dr Tom Pepys voulaient me parler. Je me promenai avec eux dans le jardin et me fâchai fort contre eux de ce qu'ils avaient quitté Londres sans que j'en susse rien. Mais ils me dirent que c'était pour aller voir une dame que Tom pourrait épouser, que Mr Creed avait trouvée. Elle a 500 livres est de bonne éducation. Elle s'appelle Hobbell et habite près de Banbury. Elle exige un douaire de 40 livres par an. Elle plaît à Tom et a été fort bien reçu. Cooke s'est montré très obligeant dans cette affaire. Elle est sous la tutelle de Mr Young père de la Garde-Robe.
Au bout d'un moment arrive milord, de sorte que nous interrompons notre entretien et entrons avec lui. Après que je les eus renvoyés je m'entretins une demi-heure avec milord, sur les sujets de mécontentement actuels. Nous conclûmes qu'ils n'aboutiraient pas à un conflit, quoique les presbytériens en seraient bien aises. Mais il ne semble pas que la religion puisse de sitôt causer une nouvelle guerre.
Puis à ses affaires personnelles : il m'a demandé si à mon avis il ferait bien de continuer à acheter des terres en empruntant de l'argent pour les payer, ce qu'il est disposé à faire, car une occasion comme celle de Mr Buggins pour Stukeley ne se trouve pas tous les jours, et Brampton lui est maintenant totalement octroyé par le roi, je veux dire sa reversion après la mort de la reine. Et en attendant il achète à sir Peter Ball le droit que celui-ci possède à présent.
Puis nous parlâmes des affaires de la marine, et il conclut, comme moi, qu'il est inutile de s'imposer de nouveaux voyages à l'étranger qui sont coûteux, à moins qu'une guerre n'éclate, et qu'en laissant sa famille à la campagne un certain temps il pourra amasser de l'argent.
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Il est heureux de l'amitié de Mr Coventry et je l'ai encouragé. Mais, comme Mr Coventry, il peste fort contre la façon dont se font nos paiements et déplore que le trésorier dispose de tout pouvoir pour faire ce qu'il veut. Mais je crois qu'il ne s'en mêlera pas personnellement.
Il m'a dit aussi que dans la commission de Tanger Mr Coventry lui avait conseillé que Mr Povey, qui veut en être le trésorier, ne fît pas lui-même partie de la commission, C'est en effet une excellente règle que dans aucun service le trésorier ne fasse partie de la commission. Et je lui souhaitai le bonsoir là-dessus. Et avec grande difficulté, en effet à 9 heures du soir les rues étaient bondées de monde qui revenait dans la Cité, car toutes les rives du fleuve étaient remplies de gens de retour après avoir vu passer le roi, ce qui tenait du prodige. J'arrivai à la cour du palais où je pris un canot pour l'ancien Cygne, et rentrai à pied à la maison, et au lit, très fatigué.
24 août
Jour du Seigneur, M
Dormi jusqu'à 7 heures aujourd'hui, ce qui ne m'est pas arrivé depuis très longtemps. Levé et allai à mon bureau jusqu'à l'heure de l'office, à noter mes observations d'hier. Tout seul à l'église, je trouvai Will Griffith et Thomas Hewett installés sur le banc juste derrière le nôtre et où se mettent nos servantes. Mais quand j'arrivai ils sortirent. Certaines gens sont si effrontées qu'elles outrepassent leurs droits. Nous avons eu un sermon languissant et ennuyeux. Rentrai dîner à la maison et visite de mon frère Tom. Nous nous promenâmes tout seuls dans le jardin, à parler de son récent voyage et de sa maîtresse. D'après ce qu'il me dit j'en augure bien. Après son départ je retournai à l'église. Mr Milles dans son prêche a dénigré la confession auriculaire, mais la valoriser par les mauvais arguments qu'il utilisait contre elle et en conseillant aux gens de venir le trouver pour lui confesser leurs péchés, autant que possible quand ils auraient un poids sur la conscience. Sermon qui m'a contrarié. Puis rentrai et après une heure seul dans mon bureau à examiner les cartes et les globes, je fus à pied chez mon oncle Wight. La vérité c'est que j'espérais voir, pour faire sa connaissance, cette jolie femme venue avec eux dîner l'autre jour chez Mr Rawlison, mais elle est repartie. Je suis resté souper et il y avait beaucoup de monde, le Dr Burnet, Mr Cole l'avocat, Mr Rawlison et Mr Sutton frère de mes tantes et que je ne connaissais pas encore. J'appris qu'il y avait eu un tapage dans une église de Friday Street. Un grand nombre de jeunes gens rassemblés et criant "
bouillie " dans l'église de façon répétée et séditieuse, et ils ont, me dit-on, emporté le Livre des prières publiques, et quelques-uns l'ont déchiré. C'est un événement qui me paraît lourd de menaces. Je prie Dieu de les écarter. Et après souper rentrai et au lit.
25 août
Levé de bonne heure et allai au milieu de mes ouvriers au moment où ils arrivaient. Je leur assignai leur place, chacun à son travail. Bien que cela eut commencé par de la colère, je fus content de voir ensuite les choses bien mises en place. Puis je les quittai et allai à Woolwich par le fleuve, m'arrêtant en chemin à Ham Creed, où je n'ai jamais été. Trouvai deux des navires du roi mouillés, sans âme qui vive à bord, ce qui me tracassa, tout étant volé qui pouvait l'être. Je restai et vis fabriquer un câble de 14 pouces.
Puis chez Mr Falconer mangeai un morceau de viande rôtie pris sur la broche. Puis à l'arsenal où, entre autres, je fis l'appel du personnel et agis de telle façon que je vois bien qu'on commence à m'estimer et que je saurais me rendre maître de toutes ces questions, ce dont Dieu soit loué. Puis chez Mr Pett où je mangeai quelques fruits et bus. Puis repris le canot et fus à Deptford, m'arrêtant uniquement pour l'affaire de ma maison et rentrai et trouvai, comme convenu, Mr Coventry et Mr Waith, Nous nous rendîmes chez sir William Batten et nous convînmes d'une façon de répondre à la lettre de milord trésorier. J'apprends alors que Mr Coventry a reçu une lettre du Duc lui demandant de s'enquérir de l'affaire de la Caisse, ce dont je me réjouis. Je rentrai ensuite et montai au milieu de mes ouvriers. Je vois qu'ils ont fait du bon travail aujourd'hui, puis à mon bureau jusque tard à régler plusieurs affaires, et à la maison et au lit, l'esprit, Dieu soit loué, plein de mes affaires, mais très tranquille.
26 août
Levé de bonne heure, et au milieu de mes travaux et de mes ouvriers eus grand plaisir à les voir travailler gaiement, et nombreux, ce qui, je le vois, fait bien avancer les choses. Puis au bureau, réunion toute la matinée. A midi dînai avec sir William Batten, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps, mais sa femme absente j'étais mieux disposé. Nous allâmes ensuite à Deptford par le fleuve où nous avons trouvé sir George Carteret et milady en train de dîner, de sorte que nous prîmes place à table pour un second dîner de chevreuil. Puis à la paierie jusqu'à 10 heures du soir, payé la solde de l'équipage du
Martin et du
Kinsale, petits navires mais qui posent problème pour le paiement
Et c'est dans le noir que nous revînmes par le fleuve jusqu'à la douane où nous prîmes une lanterne pour éclairer notre route jusqu'à la maison, avec Mr Morris le tonnelier, il nous avait rejoint à Deptford pour examiner des tonneaux du roi que nous devons rendre.
Puis au lit.
27 août
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Levé et au milieu de mes ouvriers. Les travaux avancent très bien. Puis à mon bureau toute la matinée, et dînai à nouveau avec sir William Batten, sa femme étant toujours à la campagne. Il a raconté, entre autres histoires, celle du maire de Bristol qui lisait, en tenant à l'envers, le livre, et celle du barbier qui ne savait pas lire et jeta une lettre dans le caniveau quand quelqu'un s'approcha lui demanda de lire l'adresse, il répondit :
" Croyez-vous que je suis là pour lire les lettres ? " De nouveau au milieu de mes ouvriers, passant le temps fort agréablement tout l'après-midi. Puis au bureau, travaillai jusqu'à 9 heures du soir passées. Puis rentrai et au lit. Cet après-midi visite de Mrs Hunt, je lui ai donné un melon musqué. Aujourd'hui j'ai vendu mon fût de Xéres à sir William Batten et je suis content d'avoir cet argent plutôt que du vin.
Après avoir écrit ceci dans mon bureau, ce que je fais régulièrement depuis quelque temps, depuis que ma femme est à la campagne, je rentrai chez moi et comme Will était à Deptford toute la journée avec d'autres commis à faire des comptes, je ne le pensais par rentré, mais j'étais inquiet car il était tard. Mais en arrivant je le trouvai prenant ses aises dans son cabinet, ce qui me contraria furieusement, parce .qu'il pensa si peu à moi et me laissa tout seul au bureau à l'attendre. Aussi je le frappai et le réprimandai jusqu'à minuit. Je lui dis nettement que je n'entendais pas être servi de cette façon et que je suis décidé à chercher un jeune domestique que je puisse former à mon idée. Et c'est en
effet ce que je veux faire, car je vois bien que depuis qu'il est chez moi il a pris un goût de liberté auquel il ne renoncera pas. M'étant ainsi soulagé, je fus au lit.
28 août 1662
Je remarque que Will qu'il me fallait appeler deux ou trois fois le matin, est maintenant capable de s'éveiller et de se lever tout seul, et j'avais beau être fâché, j'en fus content. Je me levai donc et fus au milieu de mes ouvriers, en robe de chambre, sans pourpoint, une ou deux heures ou davantage, jusqu'à ce que j'aie eu peur d'attraper une fièvre. Puis au bureau, réunion toute la matinée. A midi dînai, avec Mr Coventry, chez sir William Batten ( trois jours d'affilée ! ) et l'après-midi à nouveau réunion, ce que nous voulons faire deux après-midi par semaine, outre notre autre réunion.
Dans la soirée je fus vois comment marchent mes travaux, puis à mon bureau, ai écrit par la poste et m'occupai d'autres affaires. Rentrai et au lit tard.
29 août
Levé de bonne heure et ai été au milieu de mes ouvriers la plus grande partie de la matinée, ne passant qu'un instant au bureau. Dînai seul chez moi et retournai auprès de mes ouvriers, m'apercevant que ma présence fait que l'ouvrage avance à mon idée et avec plus de célérité. Et Dieu merci j'en suis fort satisfait.
Le soir, mes ouvriers partis, je fus à mon bureau et j'ai, entre autres ce soir, commencé à examiner les comptes d'un commissaire de la Marine, avec Mr Lewis, et l'affaire des substances. Il y a là une grande diversité mais je vois que je finirai par m'y entendre et que je pourrai être utile ici aussi. Puis, fatigué, ayant froid et aussi un peu peur d'attraper une fièvre, je rentrai me coucher.
30 août
De bonne heure au milieu de mes ouvriers, puis au bureau et réunion jusqu'à midi. Nous apprîmes que sir William Penn serait à Londres ce soir, arrivant d'Irlande, ce qui m'étonne fort, étant donné qu'il l'avait si peu annoncé. J'en étais fort ennuyé, ne sachant où me loger et moins encore que faire de toutes mes affaires qui sont chez lui. Mais enfin j'ai décidé de les laisser jusqu'à lundi et j'ai chargé Griffith de me trouver un logement le plus près possible. C'est à quelques pas de la porte de derrière, qui donne sur la colline de la Tour, une chambre où couche John Davis, un de nos commis, mais il logera ailleurs. Puis au bureau tout l'après-midi et la soirée, jusqu'à 10 heures, attendant son arrivée. Comme il n'arrivait pas je fus là-bas où je me trouvai fort bien, ce logement me satisfait. Mon commis, Will, après m'avoir mis au lit, est allé dormir à la maison, et ma servante Jane a couché près de mes affaires chez sir William Penn.
31 août 1662
Jour du Seigneur
Eveillé de bonne heure, mais étant dans une maison inconnue ne me suis levé qu'à près de 7 heures. Relus mes serments et réfléchis à des affaires jusqu'à l'arrivée de Will venu m'habiller. Ma toilette faite je fus à mon bureau et de là à l'église. Après le sermon rentrai et dînai seul. On m'annonce que sir William Penn est arrivé, mais je n'ai rien voulu faire jusqu'après le dîner, je lui fis alors dire que j'irai lui rendre mes devoirs, mais il est allé se coucher. Puis à mon bureau où je fis mes comptes du mois. Je trouve que je possède en argent environ 686 livres 19 shillings 2 pence et demi, ce dont Dieu soit loué.
Et en vérité c'est de toute mes forces qu'il me faut louer le Dieu tout puissant qui me bénit très manifestement dans les efforts que je fais pour m'acquitter des devoirs de ma charge, car maintenant je mets de l'argent de côté et mes dépenses sont très réduites.
* Ma femme est encore à la campagne. Ma maison est toute sale, mais mes travaux sont bien avancés et seront à la fin fort à mon goût.
Dans l'après-midi à l'office, et j'entendis un sermon simplet d'un inconnu sur les paroles de David
" Heureux celui qui ne marche point selon le conseil des méchants ", etc., et le meilleur de son sermon c'était comment par degrés, lorsqu'ils marchent, lorsqu'ils sont debout ou qu'ils sont assis, comment par étapes et par degrés les pécheurs progressent dans le mal.
Après le sermon chez mon frère Tom que je trouvai ayant pris aujourd'hui médecine. Je parlai avec lui de sa maîtresse de province et lus la lettre de Cooke, qui me satisfait pleinement et je favoriserai ouvertement cette affaire. Puis rentrai et fus chez Mr Rawlinson, soupai avec lui, et arrivèrent mon oncle Wight et ma tante. Nous avons parlé du mécontentement qui se répand chez les presbytériens et à cause d'eux. On en a emprisonné quelques-uns aujourd'hui et la milice bourgeoise surveille étroitement la Cité. On a saisi des lettres concernant une conjuration. Dieu nous préserve car tout cela ne présage rien que de très fâcheux. Puis rentrai. Après avoir été féliciter de son retour sir William Penn, qui n'était pas prêt, car il allait se coucher, je restai un petit moment avec lui, puis à mon logis et au lit.
*
cath.ch
à suivre......./
1er septembre 1662
Levé de bonne heure.........