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1er avril 1663
Levé de bonne heure et chez mon frère. Comme il est sorti je me rends dans le quartier du Temple voir mon cousin Roger Pepys et causer un peu. Il me dit qu'avec bien des difficultés le Parlement s'est mis d'accord pour écraser le papisme mais, dit-il, cela s'est fait avec tant de fiel et de passion et tant d'efforts pour réduire tous les non-conformistes au même état, qu'il craint que les choses ne s'améliorent pas autant qu'il le souhaiterait.
Retour chez mon frère, rencontré en chemin Mr Moore et causé avec lui de la possibilité qu'il me procurât quelque argent. Parvenu chez mon frère, celui-ci n'est pas rentré et mon père point encore levé. J'en fus très étonné, ne pensant pas mon père arrivé, quoique j'attendisse sa venue, car je pensais qu'il descendrait chez moi. Montai donc m'asseoir à son chevet et demeurai une heure ou deux à causer avec lui. Il me dit, entre autres, que ma mère est devenue si difficile qu'il lui est presque impossible de vivre à ses côtés, et qu'il ne le fait que pour Pall. Quant au reste, tout va aussi bien que nous pouvons l'espérer, étant donné les dures conditions que nous a faites mon oncle Thomas.
Je le laissai au lit car il était fort las, lui disant de venir chez moi ce soir ou demain, à son gré.
Puis à la maison en passant par la boutique du facteur de virginal, achetai une clef d'accordeur pour mon instrument et emmenai avec moi un de ses employés pour accorder le mien encore une fois. Appris de la sorte comment procéder moi-même à l'avenir.
Dîner, ma femme ayant paressé au lit toute la matinée, miss Ashwell dînâmes ensemble en bas. C'est une bien jolie fille et j'espère qu'elle nous donnera toute satisfaction, car elle est très humble et active, et ma cuisinière aussi apprête fort bien et fort proprement ma nourriture.
Ensuite à mon bureau jusqu'au soir, puis à la maison après une visite chez sir William Batten où se trouvaient sir John Mennes et sir William Penn. Leur dis que, par la lettre reçue ce matin, avoir appris que la pièce de bois commandée pour l'étrave du vaisseau en construction à Woolwich, et que nous attendions, chose honteuse pour nous, depuis longtemps, se révèle noueuse et impropre à cet usage. Seigneur ! ne voilà-t-il pas que sir John Mennes qui, tel un paltoquet insensé se met à sacrer et taper du pied, jurant que le commissaire Pett était toujours dans les mêmes dispositions qu'autrefois envers le roi, et que la cause de tout cela était sa jalousie envers son frère qui devait construire ce vaisseau, ajoutant tous les pires reproches imaginables. J'en ai honte pour lui, mais ne dis mot, ou presque. Mais, dans l'ensemble, il m'apparaît qu'il est toujours aussi sot et que sir William Batten le mène par le bout du nez avec les histoires qu'il lui raconte, à tort ou à raison. Ensuite, chagriné dans mon for intérieur de voir les choses se passer de façon si indigne de gentilshommes et de personnes raisonnables, je rentrai chez moi et, au lit.
2 avril
Levé de fort bonne heure et à mon bureau jusque vers midi, puis en fiacre au palais de Westminster, avec sir William Penn. Il se rendit à la Chambre et, pendant ce temps je me promenai dans la Grand-Salle avec Mr Pearse, le chirurgien. Je lui parlai de cette affaire de l'autre jour entre Holmes et moi et lui dis tout ce que j'en pensais, lui dis très ouvertement que je ne compte que sur mon application et ma diligence au travail pour me garantir contre l'orgueil de Holmes ou de qui que ce soit dans des affaires honnêtes, et beaucoup de choses allant dans ce sens. Je sais qu'il en fera bon usage. Mais il me recommanda, autant que faire se pourrait, de désobliger les capitaines de frégate.
Peu après la séance de la Chambre fut levée et retour à la maison avec sir William Penn, parlant tout le long du chemin de cette affaire. Je lui dis à dessein tout ce que je pensais et lui montrai qu'il faudrait un homme plus avisé que Holmes pour me causer le moindre tort quand j'accomplis mon devoir. J'en profitai pour lui rappeler les paroles prononcées par Holmes contre sir John Mennes, que c'était un coquin, un gredin, un lâche, et qu'il allait lui botter le derrière et lui tirer les oreilles, paroles dont il se souvenait parfaitement, et qu'il pourrait avoir l'occasion de se rappeler à l'avenir avec honte, pour avoir souffert qu'elles fussent prononcées en sa présence sans autre réponse que celle que je donnai à Holmes, et qui est la cause de toute cette querelle.
Mais j'en suis content, car il ne me déplaît pas, de temps en temps, de faire savoir à tout le monde que je ne me laisserai pas traiter comme un novice.
Sir William Penn en profita pour parler de la froideur de ma femme envers lui et sa fille, persuadé que c'est parce qu'il a pris Sarah comme servante il l'a renvoyée, ce dont je me réjouis.
Il me dit qu'aujourd'hui le roi a fait part aux membres de la Chambre de son accord complet avec eux au sujet des prêtres papistes, des jésuites, etc., ce qui cause beaucoup de joie, et dont je suis content. Puis à la maison où mon père nous rejoint et dîne avec nous. Et, comme je voulais me montrer de belle humeur devant lui, je fis tous les efforts que je pus pour l'être. Puis réunion au bureau tout l'après-midi, et le soir, tout mon travail terminé, je retrouvai ma femme et mon père pour souper, puis au lit, mon père dormant avec moi dans le lit de miss Ashwell, dans la chambre rouge.
3 avril
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Réveillé de bonne heure et causai une demi-heure avec mon père, puis au bureau. Vers 9 heures pris une barque à l'embarcadère du Vieux Cygne pour me rendre à Whitehall et à la chapelle pleine à craquer. Je ne pus parvenir jusqu'au banc et m'assis parmi les choristes. Le Dr Creighton, l'Ecossais, prêcha un sermon tout à fait admirable, excellent, érudit, honnête et fort grave, et cependant comique, sur la parole de la femme au sujet de la Vierge : " Bénis soient le sein qui t'a porté ( il s'agit du Christ ) et les mamelles qui t'ont allaité. " Et il répondit : " Non, béni soit plutôt celui qui entend la parole de Dieu et qui la garde. "
Il tempêta encore et encore contre Jean Calvin et son engeance, les presbytériens, et contre l'expression en usage aujourd'hui de " consciences scrupuleuses ". Il fulmina contre Hugh Peters, " cette exécrable canaille, ses prêches et ses appels aux jeunes filles de la Cité pour qu'elles lui apportassent leurs aiguilles et leurs dés. "
Puis en sortant de Whitehall je rencontrai le capitaine Grove. Il me remit une lettre de lui qui m'était adressée. Je reconnus au toucher qu'elle contenait de l'argent et je la pris, pensant, ce qui se révéla exact, qu'il s'agissait du profit que me valait le fait de lui avoir procuré la charge d'affréter des vaisseaux pour Tanger. Mais je ne l'ouvris pas avant d'être rentré à mon bureau. Et là, je brisai le cachet en évitant de regarder à l'intérieur avant que tout l'argent ne fût tombé, afin de pouvoir affirmer n'avoir pas vu d'argent dans le pli si, d'aventure, on venait à me questionner à ce sujet. Il y avait une pièce d'or et 4 livres en argent.
Puis dîner à la maison avec mon père et ma femme, ensuite à mon virginal, et je découvre que miss Ashwell dépasse mes espérances, car elle a de solides connaissances en musique et peut apprendre un morceau seule avec très peu d'efforts, ce qui me fait grand plaisir.
Retour par le fleuve à Whitehall et à la commission de Tanger où nous nous trouvons arrêtés par une grande difficulté : notre dotation n'est que de 70 000 livres par an et l'entretien de la garnison, selon l'estimation la plus basse, que l'on ait pu obtenir de lord Rutherford, coûtera 53 000. Les frais de construction du môle s'élèveront pour cette année à 13 000 livres auxquelles s'ajoutent 1 000 livres par an pour milord Peterborough à titre de pension, ainsi que les fortifications et les imprévus, ce qui nous met dans une situation difficile. Et donc, ne sachant trop que faire, nous levâmes la séance, et m'en fus voir milord Sandwich, que je trouve de belle humeur, jouant aux cartes.
Retour en fiacre à la maison et, après souper un peu à mon bureau, puis à la maison et, au lit.
J'apprends à la Cour que l'on appris d'Irlande la mauvaise nouvelle d'un soulèvement de catholiques, ce qui alarme fort la Cour.
J'apprends aussi dans la Cité comme un fait certain que l'Espagne a mis l'embargo sur tous nos vaisseaux à la suite de l'action de milord Windsor à Cuba, laquelle ne rime à rien ou à pas grand chose, si ce n'est qu'il voulait avoir accompli quelque chose avant de revenir.
En fin de soirée, j'ai envoyé des invitations à mon oncle Wight, à ma tante et à Mrs Turner pour les convier à dîner demain.
4 avril 1663
Levé de bonne heure et à mon bureau. Un peu plus tard à Lombard Street, comme prévu, pour rencontrer Mr Moore, mais les choses n'étant pas prêtes, je retournai au bureau, et réunion. Puis il me fit mander et j'allai le retrouver et signai là des documents par lesquels certaines terres hypothéquées par sir Robert Parkhurst à mon nom sont cédées à milord Sandwich. Ceci fait, à la maison pour dîner.
Arrivèrent bientôt Roger Pepys, Mrs Turner, sa fille, Joyce Norton et une jeune dame, une fille du colonel Cocke, mon oncle Wight, sa femme et Mrs Anne Wight, car c'est aujourd'hui que j'offre mon banquet, qui aurait dû avoir lieu il y a quelques jours, en commémoration de mon opération de la pierre. Que le Seigneur m'inspire la plus profonde des gratitudes !
De fort belle humeur avant, pendant et après le dîner, d'autant plus que mon repas était magnifique et apprêté à la perfection par notre servante.
Nous eûmes une fricassée de lapin et de poulet, un gigot de mouton bouilli, trois carpes, un grand plat de côtes d'agneau, un plat de pigeons rôtis, quatre homards, trois tourtes, un pâté de lamproie tout à fait extraordinaire, un plat d'anchois, plusieurs sortes de bon vin. Tout était vraiment excellent et me donna entière satisfaction.
Après le dîner nous rendîmes à Hyde Park, ma tante, Mrs Wight et moi dans une voiture, et toutes les autres dames dans celle de Mrs Turner. Roger était parti en hâte au Parlement pour s'occuper de cette affaire des papistes qui, semble-t-il, suscite un débat fort âpre entre les deux partis. Mon oncle et mon père restèrent tous deux à la maison. Le roi était au parc et dans un carrosse différent milady Castlemaine, et ils se saluaient à chaque tout.
Passâmes là une heure, puis reconduisîmes tous nos invités en passant, et nous rentrâmes chez nous pour trouver la maison aussi propre, de fond en comble, que si rien ne s'y était passé aujourd'hui, et pour cela nous donnâmes chacun 12 pence à la cuisinière.
Puis à mon bureau pour écrire des lettres, dont une à mon frère John à Brampton, dans laquelle je lui disais, espérant agir favorablement sur ma mère, combien mon père est mélancolique, et je lui demandais de tenter par tous les moyens d'obtenir de ma mère qu'elle vécût en bonne entente et en bonne intelligence avec lui ce que, j'en suis sûr, elle ne fait pas, et je crains qu'elle n'en soit à tout jamais incapable. Mais en lui faisant peur en suggérant qu'il pourrait ne jamais revenir, et en lui représentant combien précaire serait sa situation s'il venait à mourir, je crois parvenir à quelque chose
mandragore2.net Puis à la maison et, au lit.
5 avril
Jour du Seigneur
Levé et à mon cabinet à lire jusqu'à l'arrivée du barbier. Lu une partie des Conseils à son fils d'Osborne, dont je ne pourrai jamais me lasser d'admirer le bon sens et le style.
Une fois rasé, à l'office avec ma femme, miss Ashwell, etc. Il pleuvait, et à la maison pour dîner. Pendant que l'on préparait le repas à mon bureau pour relire mes résolutions, avec grande attention et fort utilement. Ensuite dîner que je trouve fort à mon goût.
Derechef à l'office où prêcha un jeune Écossais braillard et sans cervelle.
Ensuite à mon bureau, seul jusqu'à la nuit tombée à lire une partie de mon recueil d'anciens
Précédents de la Marine, puis à la maison et souper. Et, après une agréable conversation avec ma femme et miss Ashwell, prières et, au lit.
6 avril
Levé de très bonne heure et au bureau finis de lire le livre que je tiens de Mr Barlow, le journal des commissaires de la Marine qui prirent leurs fonctions en 1618 pour six ans. Livre rempli de remarques judicieuses et de précédents dont je me propose de tirer un bon recueil.
Peu après, et bien contre mon gré et que l'on m'eut fait mander deux fois, me rendis chez sir George Carteret pour apurer ses comptes sur lesquels avec sir John Mennes, sir William Batten et sir William Penn je passai toute la matinée et après dîner. Profondément fâché de voir faire une chose d'une telle importance avec une autant de légèreté et de désinvolture, que Dieu nous le pardonne ! et j'aimerais pouvoir y remédier. Je les quittai arguant de quelque prétexte, et rentrai à la maison. Puis en fiacre conduisis ma femme chez Mrs Clarke, la laissai là et me rendis à la commission de Tanger où j'ai la grande joie de trouver milord Sandwich. C'est la première fois que je le vois hors de chez lui depuis plusieurs mois. Un peu plus tard il prit congé car il doit ce soir, à ce qu'il paraît, se rendre à Kensington ou Chelsea où il a loué pour quelque temps un logement afin de prendre l'air.
Nous poursuivîmes sans lui, une fois nos affaires expédiées j'emmenai Mr Coventry dans la grande galerie et lui dis tout ce que je pensais de notre bureau, tout mon mécontentement de voir des choses d'aussi grande importance conduites avec autant de négligence, et de quelle piètre manière le contrôleur et le surintendant s'acquittent de leurs devoirs. Je dis tout ce que j'avais sur le coeur et il fit de même en racontant bien des choses. Il me dit qu'il est fort découragé de voir que, contrairement à ses espérances, les choses ne s'améliorent pas. Enfin, après une heure de conversation privée à nous livrer le fond de notre pensée, nous nous quittâmes fort contents. Et très satisfait d'avoir aussi libéré ma conscience, je passai chez le Dr Clarke chercher ma femme et retour à la maison en fiacre. Un moment à mon bureau pour mettre certaines choses en ordre, puis à la maison, souper et, au lit.
7 avril
Levé de fort bonne heure et m'emportai contre Will pour ne pas s'être davantage pressé de se lever après que je l'eus appelé. Puis toute la matinée à mon bureau. A midi à la Bourse et à dîner à la maison où j'apprends que ma femme a accompagné Miss Ashwell chez La Roche pour se faire arracher une dent qui, semble-t-il lui fait fort mal. Mais ma femme n'a pu la persuader de se la faire arracher après la première tentative, et elle n'a pas voulu qu'on y touchât. C'est ainsi qu'elles sont rentrées à la maison, sans que rien n'eût été fait, ce qui nous a bien divertis ma femme et moi.
Après dîner au bureau où sir John Mennes me prit à part pour se plaindre avec véhémence de ce que mon commis, Mr Hayter, a inscrit dans un des livres de bord un billet de solde pour le lui faire signer, sans examen, ce qui fait quasiment enrager le vieux sot, bien qu'après vérification il s'avère qu'il y avait pour cela la meilleure raison du monde. J'en suis fort irrité, mais c'est surtout de voir chaque jour quel prétentieux il fait, et de savoir que de si grandes responsabilités sont entre les mains d'un nigaud de cette espèce.
Réunion tout l'après-midi, restai tard à mon bureau car c'était le soir du courrier. Puis souper à la maison car mon père était revenu chez moi. Puis au lit, et après avoir un peu causé nous nous endormîmes.
8 avril 1663
Levé de bonne heure et à mon bureau puis vers 8 heures vers le quartier du Temple voir le commissaire Pett qui vient d'arriver en ville et causâmes des affaires de notre bureau qui vont fort mal à cause de la corruption et de la sottise de sir William Batten et de sir John Mennes.
Puis par le fleuve à la chapelle de Whitehall où prêchait le Dr Pearce, le fameux docteur qui a prononcé devant le roi ce sermon tant admiré contre les papistes.
Il avait pris pour sujet la tentation par le diable de notre Sauveur qui avait été transporté dans le désert par l'Esprit. Et son éloquence qui n'est pas supérieure à la plupart des hommes que j'ai entendus dans ma vie, est alliée à un très grand savoir.
Après le sermon je montai voir la cérémonie. L'évêque de Peterborough, genou à terre, rendit hommage au roi, tandis que sir Henry Bennet, secréétaire d'Etat, donnait lecture de sa nomination par le roi à l'évêché de Lincoln où il est transféré, il s'appelle le Dr Lane. Je vis aussi le duc de Monmouth portant l'ordre de la Jarretière, c'est la première fois que je vois cet insigne.
On me dit que l'université de Cambridge l'a reçu il y a peu avec tous les honneurs, une comédie à Trinity College et un banquet, et l'y a fait maître ès lettres. Tout cela, dit-on, a beaucoup plu au roi............ pinterest.fr
Rentrai en barque dîner à la maison, et ensuite avec mon père, ma femme et miss Ashwell en barque dans la direction de Woolwich. En chemin je me rappelai que nous avions laissé notre pauvre petit chien qui nous avait suivis dehors, sur la rive et Dieu seul savait s'il ne s'était pas perdu. Ce qui bouleversa non seulement ma femme mais, je l'avoue, moi aussi, d'avantage qu'il ne convenait. Nous rebroussâmes immédiatement chemin, je pris un autre bateau et allai avec mon père à Woolwich, tandis qu'elles refaisaient la route à la recherche du chien.
Je fis monter mon père à bord du bateau de plaisance du roi et descendîmes jusqu'à Woolwich puis à pied jusqu'à Greenwich. Au moment où je pénétrais dans le parc pour montrer à mon père les escaliers qui gravissent la colline, nous trouvons ma femme, sa dame de compagnie et le chien qui nous attendaient, ce qui nous rendit tous de belle humeur, puis repartîmes en bateau jusqu'à la taverne de la Demi-Etape, moi aux arsenaux du roi, puis je les rejoignis, mangeai et bus avec eux. Nous regardâmes un groupe de marins jouer aux quilles de curieuse façon, et retour à la maison en bateau. Allai un moment au bureau, puis à la maison, souper et au lit, après que miss Ashwelle eut joué un morceau pour mon père et moi sur son virginal.
9 avril
Levé de bonne heure et à mon bureau, peu après réunion pour terminer les comptes du trésorier. A midi dînai à la maison, fâché d'entendre me dire que notre servante Mary tente de corrompre notre cuisinière, elle dont j'étais si content ! Mais me voilà résolu à débarrasser ma maison de sa présence dès que possible.
Au bureau réunion tout l'après-midi jusqu'à 9 heures du soir, et une heure plus tard à la maison, souper et au lit. Mon père couche chez Tom ce soir, car il devait dîner avec mon oncle Fenner, ses fils et bien d'autres aujourd'hui à ses frais.
Au lit également contrarié en pensant que sir John Mennes a censuré Mr Hayter pour ce qu'il a fait l'autre jour, alors qu'il n'y avait pas chose plus innocente, mais le vieux nigaud est tout simplement jaloux, et sir William Batten a encore aggravé les choses.
10 avril
Levé de fort bonne heure et à mon bureau où travaillé d'arrache-pied seul toute la matinée. A midi à la Bourse, où j'apprends qu'après être resté dans l'expectative au sujet de l'Irlande et après une longue interruption du courrier on a reçu la bonne nouvelle que tout y est paisible, après que l'on eut tant parlé de désordres là-bas. Il y a cependant bien eu des troubles.
Quitté la Bourse avec sir John Cutler et Mr Graunt pour nous rendre à la taverne du Chêne Royal dans Lombard Street où se trouvait Broome, le poète, un homme gai et spirituel, je trouve, mais peut-être un peu trop imbu de lui-même. Là nous avons bu une sorte de vin françai le Ho Bryan, fort bon au goût très particulier et ne ressemble à rien de ce que je connais.
Retour à la maison pour dîner, puis par le fleuve à Whitehall. Ma femme s'en fut voir Mrs Ferrer, je me rendis à Whitehall et au parc où ne fis rien. Puis chez milord retrouvai ma femme et à pied à la nouvelle Bourse où je dépensai 10 shilligns pour des pendants d'oreilles et des gants de cuir teints de plusieurs couleurs, fort jolis et à la dernière mode. Retour en fiacre à la maison et à mon bureau jusqu'à une heure avancée, souper et au lit.
11 avril 1663
Levé de bonne heure et à mon bureau où de nouveau réunion toute la matinée, jusqu'à midi. A la maison pour dîner, mon père est là mais ne va pas très bien. Après le dîner arrive le capitaine Lambert du " Norwich ", revenu aujourd'hui même de Tanger, et que je suis heureux de voir. Le capitaine Wager l'accompagnait et ensuite arriva le capitaine Allin du " Resolution " pour me voir. Restèrent un bon moment, Ensuite à mon bureau un moment puis sortis dans la rue avec mon père et le laissai partir voir ma tante Wight et mon oncle, pensant coucher ce soir chez Tom ou chez mon cousin Scott où apparemment il a couché jusqu'à présent et où il est fort gentiment accueilli. Puis à la maison et à mon bureau jusqu'à fort tard, à faire les comptes du voyage de milord et il m'apparaît qu'il lui reste une dette de 1 200 livres. Puis à la maison, souper et au lit.
12 avril
Jour du Seigneur
Resté au lit jusqu'à 8 heures, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Lever et à l'office, où je découvre que l'on a agrandi notre banc en y ajoutant celui de derrière à cause du nombre de femmes. Il y en a davantage parmi les gens de sir John Mennes qu'auparavant.
A la maison pour dîner. J'avais l'intention de me rendre ensuite à Chelsea chez milord Sandwich. Ma femme voulut à toute force m'accompagner, dût-elle aller jusqu'à Whitehall à pied, ce qu'elle fit, et elle resta dans les appartements de milord tandis que Creed et moi allions faire un tour à Whitehall. Mais il me fut impossible de trouver un fiacre et je retournai donc près d'eux et restai à causer jusqu'au soir. Puis trouvâmes un fiacre et promenade dans les allées de Grey's Inn, quelques jolis visages. Puis à la maison et souper et un peu après 8 heures, au lit, chose qui ne m'est pas arrivée depuis Dieu sait quand.
Ce soir, sur le chemin du retour avons vu notre sergent de ville trapiner un jeune ivrogne jusqu'à notre nouveau pilori pour l'essayer, car il est tout neuf et fort beau.
13 avril
wamiz.com
Levé avant 5 heures et à mon bureau où travaillai d'arrache-pied jusque vers midi. Puis à la maison, mangeai un morceau et en sortant rencontrai Mr Mount, mon vieil ami. Le fis entrer et bûmes un verre de vin ou deux à sa santé, puis nous nous quittâmes faute de temps pour causer ensemble. Allai avec William Batten à la taverne de Steelyard où mangeâmes un homard ensemble et Wyne, le poissonnier du roi étant entré, nous passâmes une fort joyeuse demi-heure. Puis en barque à Whitehall et nous retrouvant au complet nous entrâmes chez le Duc et expédiâmes nos affaires. Puis nous sortîmes et à la commission de Tanger où nous entendîmes les Drs Walker et Wixeman, docteurs en droit civil faire un excellent discours contre l'établissement par nos soins d'un tribunal de commerce à Tanger.............
Un peu plus tard, le sujet étant clos, nous en vînmes à celui du départ de milord Rutherford. ce dernier est mécontent car c'est un Ecossais, et un Ecossais résolu à empocher chaque penny sur lequel il peut mettre la main par n'importe quel moyen, ce que la commission ne permettra pas. Il s'offusqua de quelque chose, se leva et sortit sans prendre congé du conseil, ce que tous prirent en mauvaise part, quoique nul ne dit mot, excepté le duc d'Albermarle qui déclara que nous devions régler les choses comme elles doivent l'être et que, s'il n'accepte pas ces conditions on en trouvera sûrement un autre qui s'y pliera....... Puis la séance fut levée, je rentrai à pied à la maison avec Creed jusqu'à la barrière du Temple et nous causâmes. Je m'arrêtai à la Garde-Robe sur le chemin de la maison, et échangeai quelques mots avec Mr Moore à la taverne de la Corne, mais je voulais voir Mr Townshend, parti aujourd'hui à la campagne, afin de lui demander de régler à Charles Pepys une partie des factures qui lui sont dues, quand il pourrait. Une visite pour rien.
Rentrai à pied à la maison où j'apprends que ma femme est sortie voir ma tante Wight. Elle revint peu après et souper, et au lit.
14 avril
Arrivé de bonne heure à mon bureau, fort occupé jusqu'à 8 heures. Puis avec sir William Batten, sir John Mennes, sir William Penn, descendîmes en barque jusqu'à Woolwich pour assister au lancement du " Royal James ", resté longtemps en réparation. A l'arsenal jusqu'à midi, puis chez Mr Falconer manger les poissons que nous avions nous-mêmes fait porter. Au moment où l'on allait les mettre sur la table on nous apprend que le roi et le Duc sont là. Tous sortirent pour se montrer, tandis que je demeurai à ma place, mangeai un ou deux petits plats tout seul et décidai de rentrai à la maison. Le temps que je finisse de dîner ils étaient de retour, leur sortie n'ayant guère eu d'effet
car le roi, je pense, ne leur a prêté que fort peu d'attention. Ils entamèrent donc leur dîner, je restai un peu avec eux avant de les quitter.
J'allai jusqu'à Greenwich à pied, étudiant en chemin ma règle à cuber le bois, qui est très bien. Ensuite à Deptford en bateau, traversai l'arsenal à pied jusqu'à Rotherhite et rentrai à la maison assez fatigué, puis à mon bureau. Ils m'y rejoignirent tous un peu plus tard, le lancement du vaisseau s'étant bien déroulé. Réunion jusqu'à 9 heures du soir, ensuite à la maison pour souper avec mon père, et au lit.
Sir George Carteret me dit ce soir qu'à ce qu'il lui semble, le Parlement va probablement faire un beau tapage avant d'accorder le moindre penny au roi. Il va tout remettre en question, et notamment les dépenses de la marine. Il passe au crible toutes les dépenses du roi et enquête sur la véracité de la rumeur selon laquelle les gens sont forcés de vendre les lettres de change de la Marine avec une perte de 15 %. Et enfin que les membres du Parlement sont de fort méchante et maussade humeur en ce moment, et qu'il est peu probable que cela s'améliore.
15 avril 1663
Levé de bonne heure et, après avoir causé avec mon père un moment, me rendis à mon bureau, puis descendis le fleuve avec Mayers, le fournisseur, pour voir le chargement en provenance de Norvège, puis visité l'entrepôt de sir William Warren, et à la maison pour dîner.
Après dîner montai avec ma femme et miss Ashwell jouer un peu du virginal. Puis descendis à Deptford par la route, à la recherche de deux ketchs pouvant rapidement prendre la mer, suite à une lettre que Mr Coventrry m'a envoyée. Cela fait m'en retournai à pied, lisant tout le long du chemin mon livre sur la méthode pour cuber le bois, et en l'appliquant à l'aide de ma nouvelle règle à coulisse que l'on m'a apportée chez moi, ce matin, avec beaucoup de plaisir.
Je repris une barque et me rendis au chantier de construction de Shish, mais comme il venait de partir à Deptford, je retournai à sa recherche, je le trouvai et j'allai choisir mes deux ketchs avec lui. Puis retour à la maison par le fleuve, il était tard, 8 heures du soir passées, le vent froid, et moi, un peu fatigué. A mon bureau, puis souper et au lit.
à suivre..........
16 avril 1663
Levé de bonne..............