dimanche 29 novembre 2020
Larmes secrètes Pirandello ( Nouvelles Italie )
samedi 28 novembre 2020
Le paresseux - Le fromage Saint-Amant ( Poème France )
he.wikipedia.org
Le Paresseux
Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers. twitter.com
Marc-Antoine de Saint-Amant - 1631 -
( 1594 - 1661 )
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Le Fromage maisoncario.fr
Assis sur le bord d'un chantier
Avec des gens de mon mestier,
C'est-à-dire avec une trouppe
Qui ne jure que par la couppe,
Je m'escrie, en laschant un rot :
Beny soit l'excellent Bilot !
Il nous a donné d'un fromage
A qui l'on doit bien rendre hommage.
Ô Dieu ! Quel manger précieux !
Quel goust rare et délicieux !
Qu'au prix de luy ma fantaisie
Incague la saincte ambroisie !
Ô doux cottignac de Baccus !
Fromage, que tu vaux d'escus !
Je veux que ta seule mémoire
Me provoque à jamais à boire.
A genoux, enfans debauchez,
Chers confidents de mes pecherz
Sus ! qu'à plein gosier on s'escrie :
Beny soit le terroir de Brie !
Beny soit son plaisant aspect !
Qu'on n'en parle qu'avec respect !
Que ses fertiles pasturages
Soient à jamais exempts d'orages !
Que Flore, avec ses beaux atours,
Exerçant mille amoureux tours focus-cuisine.com
Sur une immortelle verdure,
Malgré la barbare froidure
Au visage morne et glacé,
Y tienne à jamais enlacé
Entre ses bras plue blancs qu'albastre
Le gay Printemps, qui l'idolastre !
Que, comme autrefois Apollon
Délaisse torche et violon,
Et s'en vienne dans ces prairies,
Dans ces grandes plaines fleuries,
Garder, en guise de vacher,
Un troupeau qui nous est si cher,
Et dont la mamelle féconde
Fournit de laict à tout le monde.
Mais je veux l'encharger aussi
Qu'il en plus de soucy,
S'il faut qu'un jour il s'y remette,
Qu'il ne fit de celui d'Admette,
Lors que le patron des mattois
Portant cinq crocs au lieu de doits
Qui faisoient le saut de la carpe,
Joua sur ses boeufs de la harpe,
Et le laissa sous un ormeau
Fluster son soul d'un chalumeau,
Que jadis l'amoureux martyre
Fit entonner au grand satyre.
On dit que, quand il fut duppé
Il estait si fort occuppé
Dans une douce rêverie,
Qu'il n'en vit point la tromperie
Chose estrange ! à mon jugement,
De convaincre d'aveuglement
Celuy dont la vertu premiere
Ne consiste qu'en la lumiere !
Tout beau, Muse, tu vas trop haut,
Ce n'est pas là ce qu'il nous faut :
Je veux que ton stile se change
Pour achever cette louange.
Encore un coup donc, compagnons,
Du beau Denys les vrais mignons,
Sus ! Qu'à plein gosier on s'escrie :
Beny soit le terroir de Brie !
Pont-l'Evesque, arrière de nous !
Auvergne et Milan, cachez-vous !
C'est luy seulement qui merite
Qu'en or sa gloire soit escrite ; fr.123rf.com
Je dis en or avec raison,
Puis qu'il fera comparaison
De ce fromage que j'honore
A ce metal que l'homme adore :
Il est aussi jaune que luy ;
Toutefois, ce n'est pas d'ennuy,
Car si tost que le doigt le presse,
Il rit et se creve de gresse.
Ô ! combien sa propriete
Est necessaire à la santé !
Et qu'il a de vertus puissantes
Pour les personnes languissantes :
Rien n'est de si confortatif ;
C'est le meilleur preservatif
Qu'en ce temps malade et funeste
On puisse avoir contre la peste.
Mais cependant que je discours,
Ces goinfres-ci briffent tousjours,
Et voudroient qu'il me prist envie
De babiller toute ma vie.
Hola ! gourmands, attendez-moy !
Pensez-vous qu'un manger de roy
Se doive traiter de la sorte ?
Que vostre appetit vous emporte !
Chaque morceau vaut un ducat,
Voire six verre de muscat,
Et vos dents n'auront point de honte
D'en avoir fait si peu de conte. imagesdubeaudumonde.com
Bilot, qui m'en avois muny,
Hé ! pourquoi n'est-il infiny
Tout aussi bien en sa matiere
Qu'il l'estoit en sa forme entière ?
Pourquoy, tousjours s'apetissant,
De lune devient-il croissant ?
Et pourquoy si bas sous la nue,
S'eclipse-t-il à notre veue ?
Respons, toy qui fais le devin
Crois-tu qu'un manger si divin,
Vienne d'une vache ordinaire ?
Non, non, c'est chose imaginaire.
Quant à moy, je croy qu'il soit fait
De la quintessence du lait
Qu'on tira d'Yo transformée,
Qui fut d'un Dieu la bien-aymée.
Garçons, pour vous en assurer,
Je ne craindray pas d'en jurer,
Puisque sans contredit je trouve
Que sa vieillesse me le prouve.
Ô doux cotignac de Baccus !
Fromage, que tu vaux d'escus !
Je veux que ta seule mémoire
Me provoque à jamais à boire.
Marc-Antoine de Saint-Amant
vendredi 20 novembre 2020
Aux enfers Marcel Proust ( Nouvelles France )
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mercredi 11 novembre 2020
Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 134 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )
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1er Février
Lever tard, en voiture sur rendez-vous à St James afin de présenter mes devoirs au duc d'York et à milord Belasyse, me fit perdre tout espoir de tirer bénéfice du louage d'un navire pour transporter des hommes à Tanger. Mais sur ordre du Duc ce matin à la Bourse où je me vis à la fin confier une affaire, après de longs pourparlers par Mr Gifford et Mr Houblon, affaire qui pourrait me valoir les bénéfices que j'en espère..... après bien du mal et sans pouvoir manger un morceau avant 4 heures. Sur le chemin du retour me suis arrêté dans une gargote près de la barrière du Temple et là, avec Tom mon petit valet, avons mangé une poularde. Puis à la maison, à mon bureau, toujours fâché contre ma femme pour sa sottise d'hier. Puis avec mon valet à la taverne du Soleil, derrière la Bourse, comme convenu avec le marchand de drapeaux, Mr Young, nous retrouvâmes Mr Hill, Mr Andrews et Mr Houblon qui est ma foi homme de sérieux. Et ce fut là deux bons et beaux plats et une conversation plaisante. Après souper on chanta. Comme je suis resté jusqu'à minuit je me suis fait éclairer jusque chez moi par la ronde. Puis au lit toujours contrarié. Une fois couché mes gens me viennent dire qu'il y a une franche odeur de brûlé, mais point de fumée. Nous avons réveillé les gens de sir William Mennes et de sir William Batten, ainsi que Griffin et ceux de la maison de fous, mais on ne trouva rien qui eût pu en être la cause. Nous fûmes ainsi occupés jusqu'à plus de 3 heures du matin, puis l'odeur de brûlé se dissipa, me recouchai donc ainsi que mes gens, et me levai fort tard le lendemain matin.
2 février
Levé et à mon bureau jusqu'à midi, puis à la Bourse, ensuite au café où nous quatre, Gifford, Houblon, le capitaine du navire et moi relûmes et approuvâmes une charte-partie pour le transport de marchandises à Tanger, ce dont j'espère tirer quelque bénéfice. Retournai chez moi affligé de maux de tête dus à un manque de sommeil et à un surcroît de labeur. A mon bureau. Le soir est venu Povey, et sommes allés chez Mrs Bland à propos d'un service que je pourrais lui rendre, à savoir lui faciliter un passage à Tanger. J'ai entendu chez elle l'une de ses proches parentes chanter trois ou quatre bien jolis airs, et de belle manière. A la maison, puis souper. Jane, ma cuisinière et domestique, et sa maîtresse se sont fait leurs adieux, et Jane est partie ce jour. Quant à moi je suis vivement contrarié, mais j'ai résolu de ne plus chercher querelle. Après souper à mon bureau puis, au lit.
3 février
Levé et suis sorti à pied avec mon petit valet, que je n'ose à cause de ma femme qui l'encourage à la paresse, laisser à la maison. D'abord à Salisbury Court pour m'excuser de manquer le dîner chez Mrs Turner qui, je le vois bien, est contrariée de ce que je n'apporte point ma contribution au grand festin qui sera donné en l'honneur de la désignation de son mari comme lecteur, en lui procurant des victuailles à bon compte, mais peu me chaut. Elle était en train de se vêtir près de la cheminée dans sa chambre et profita de l'occasion pour me montrer sa jambe. Et c'est, ma foi, la plus belle que j'aie jamais vue et elle n'en est pas peu fière. Puis chez milord Belasyse et de là chez Mr Povey ainsi qu'à divers endroits dans ce quartier de la ville pour diverses affaires. Par ce beau temps de givre la marche fut plaisante. Revins à pied à la Bourse, prenant au passage mes livres à la reliure chez mon libraire. Il m'en a coûté pour réassortir à ma bibliothèque les reliures de plusieurs vieux ouvrages, à quoi s'ajoutent d'autres livres neufs mis sur la même facture 3 £, mais ce sera du plus bel effet. A la Bourse où j'apprends cette nouvelle fraichement arrivée de Deal, que le soir du jour où milord Sandwich s'embarquait de là-bas avec sa flotte, on repéra des bâtiments de guerre hollandais à l'abri des sables de Goodwin, qui, selon toute probabilité doivent être en vue de la flotte de milord, auquel cas ils devront faire feu. Puis chez mon oncle White où toute la famille était invitée à dîner, parmi laquelle la jolie Mrs Margaret, très jolie dame en vérité. Et bien que pour m'en tenir à mon voeu il m'en ait coûté 12 pence par baiser, le premier non compris, je me suis laissé aller à lui en prendre deux. Puis chez moi, et parmi les diverses lettres il s'en trouve une de Jane récemment renvoyée qui me dit que sa maîtresse refuse de lui payer son trimestre de gages, et ajoute que celle-ci fait passer deux ou trois heures dans le noir au petit valet à raconter des histoires, mais ne mentionne rien de plus, si ce n'est l'indélicatesse de ma femme à se rabaisser de la sorte. J'y remédierai mais je suis fâché que Jane ait fait écrire une lettre aussi longue ce qui rend la chose publiqueis en voiture pour rendre visite à milady Sandwich qui me fit connaître par le détail son opinion sur le mariage, si toutefois milord y consentait, de milady Jemima avec le fils aîné de sir George Carteret. Mais je crains qu'il n'ait encore aucune fortune foncière. Je vais m'informer et lui donnerai mon opinion. Puis Mrs Pickering, à la demande de milady, car notre entretien privé achevé nous étions passés dans une autre pièce, me narra la mascarade donnée l'autre jour devant le roi et la Cour, où six femmes, parmi lesquelles milady Castlemaine et la duchesse de Monmouth, et six hommes, le duc de Monmouth, lord Arran et " monsieur " Blanquefort, entre autres, masqués, vêtus de costumes fort riches et anciens, dansèrent avec une splendeur et une grâce admirables. Dieu nous accorde d'autres occasions de semblables réjouissances. Chez moi et après un moment à mon bureau, souper et, au lit.
4 février
5 février Jour du Seigneur Au lit le plus clair de la matinée, puis levé et descendis dans mon cabinet voir mes nouveaux livres. Quel plaisir pour les yeux que de pouvoir contempler ma bibliothèque tout entière, ou presque, d'une seule et même reliure ! Puis dîner et tout l'après-midi en compagnie de Will Hewer à mon bureau, à signer des papiers, tant mes affaires ont pris du retard ces derniers temps. Le soir, Mr Shipley me rend visite, arrivé de sa campagne, à laquelle il retourne demain. C'est à mon sens un homme de bien, généreux envers moi. Arrivent aussi Mr Andrews et Hill et nous chantons fort plaisamment. Eux partis, souper avec ma femme, puis prières et, au lit.
6 février
Levé et avec sir John Mennes et sir William Penn à St James, mais le Duc est sorti. Allai donc à Whitehall pour le trouver et je lui parlai. Puis à Westminster pour quelque affaire et enfin à la Bourse où j'eus aussi à faire. Repartis achever mon contrat pour le " Kingfisher " affrété pour Tanger et dont j'espère quelque avantage. Rentrai dîner puis rendis visite à sir William Batten de nouveau malade, plus encore qu'auparavant et m'est avis que c'est grave. A mon bureau où, entre autres, je passai quatre heures ou plus avec sir William Warren jusqu'à très tard à discourir de choses et d'autres, et pris la ferme résolution, en sa présence, de servir son intérêt, ainsi que le mien autant que faire se peut. M'est avis qu'il me sera précieux et qu'il saura se montrer reconnaissant. Chez moi, souper puis, au lit. Aujourd'hui il a fait le froid le plus terrible, au dire de tous, que l'Angleterre ait jamais connu. J'ai passé la journée à craindre d'avoir attrapé une fièvre pour avoir porté un habit qui n'a pas été aéré depuis longtemps, et je prie Dieu que cela ne me cause aucun mal.
7 février 1665
Levé et à mon bureau, travaillé toute la matinée, à la maison pour dîner, mangé de très bons beignets car c'est le mardi-gras. Tout l'après-midi et la soirée à mon bureau. Le soir rentré souper et, au lit. Sir William Batten malade depuis quatre ou cinq jours est aujourd'hui au plus mal, si bien qu'on commence à redouter sa mort. Quant à moi je ne puis décider s'il m'accommoderait de le voir mourir, car c'est un méchant homme, ou vivre, de peur qu'un autre bien pire ne le remplaçât.
8 février
Levé puis en voiture chez milord Peterborough où arrivèrent aussitôt milord Ashley et sir Thomas Ingram, ainsi que Povey pour ses comptes. Ce comptable est l'un des plus misérables que l'on ait jamais connus, et que je préfèrerais voir pendu plutôt que de traiter avec lui, si toutefois la question de mon billet à ordre de 117 £ était réglée. Comme il n'entend rien à ses propres comptes il n'y a personne dans son entourage qui puisse y entendre davantage. Restai tard jusqu'à ce que j'en fusse las, ayant à faire ailleurs. De là chez moi en voiture et après dîner, diverses affaires et à mon bureau fort tard, puis chez moi, souper et, au lit.
9 février
Levé et à mon bureau très occupé toute la matinée. A midi chez moi, dîner, puis retour à mon bureau où sir William Petty m'est venu dire, entre autres, que Mr Barlow est mort. Ce dont, Dieu m'est témoin, j'éprouve autant de chagrin qu'il est possible et que quiconque éprouverait pour un inconnu dont la mort lui vaut 100 livres par an et qui fut par ailleurs un véritable honnête homme. Mais, à la réflexion quand je viens à considérer la providence divine qui m'accorde ainsi inopinément, 100 £ de plus de revenus j'ai tout lieu de bénir le Seigneur et je le fais du fond du cœur. Chez moi tard et au lit.
Herodote.net
10 février
Levé et me rendis près de Saint-Paul pour voir les derniers de mes livres nouvellement reliés, entre autres, ma Cour du roi James et Grandeur et Décadence de la famille Stuart. Et me voici fort satisfait de mon cabinet, un ravissement pour les yeux. De là à Westminster, dans la voiture de Mr Grey, et j'apprends qu'hier le roi a rencontré les Chambres pour attribuer par vote extraordinaire un crédit s'élevant à 2 500 000 £. Après quelques affaires à la maison où Mr Moore dîna avec moi et compara nos estimations du capital et intérêt de la dette de milord Sandwich envers moi. Il s'avère qu'à présent, l'un et l'autre compris, la somme qui m'est due se monte à 257 £ et 7 shillings, et je remercie Dieu que ce ne soit pas davantage. Au bureau tout l'après-midi. Rentré souper tard, prières puis, au lit.
11 février
Levé et à mon bureau toute la matinée. A midi à la Bourse en voiture avec milord Brouncker. Travaillai beaucoup puis rentré dîner. A mon bureau tout l'après-midi, jusqu'à plus de minuit, fort occupé. Puis à la maison et, au lit.
12 février Jour du Seigneur Levé puis à l'église St Lawrence pour entendre le très savant docteur Wilkins, par pure curiosité, car je ne l'ai encore jamais entendu. Toutefois, il ne me plut guère, mais sur le banc où je m'étais par hasard assis se trouvait un gentilhomme qui chantait à merveille, et à son visage je me souvins qu'il était du collège Saint-Paul, mais ne retrouvai pas son nom. L'église m'enchanta aussi, elle est fort belle. Ensuite, rentré dîner et à mon bureau tout l'après-midi. Arriva Mr Hill mais sans Andrews et nous passâmes une bonne soirée à chanter, souper, bavarder. Ensuite prières et, au lit.
13 février
Levé puis à St James où nous fîmes nos affaires habituelles auprès du Duc. De là à Westminster et par eau, prenant au passage Mr Stapely le cordier à sa fabrique de cordes et à sa chaulerie, pour voir les chaufours, et j'appris d'excellentes choses. Au retour me rendis à bord de l'Experiment de sir William Petty. C'est un beau vaisseau, fort spacieux qui, je l'espère, ira loin. Puis accostai à une auberge hollandaise pour boire une bière de froment. Je rencontrai des Hollandais, on causa des fours à chaux et de la confection des câbles. Il faut voir avec quel mépris ils disent qu'il nous faut largement plus de mains qu'eux pour la moindre tâche et qu'ils terminent avec 20 hommes le câble que nous faisons avec 60; Rentré chez moi manger un morceau, puis à mon bureau très tard, puis souper et, au lit. Apparemment le capitaine Stoakes est mort à Portsmouth, enfin.
14 février 1665
* Saint-Valentin Ce matin très tôt arrive Dick Penn pour être le Valentin de ma femme, et qui s'approche de notre lit. Je le fais alors venir près de moi, croyant l'obliger ainsi à m'embrasser, mais il me devina et il n'y eût rien à faire. Il alla ensuite trouver sa Valentine. Quel garçon remarquable, robuste et plein d'esprit. Levé, ayant fort à faire mais, en ouvrant la porte j'aperçois la femme de Bagwell. Nous bavardons puis elle m'annonce effrontément qu'elle est venue assez tôt dans l'espoir d'être ma Valentine, et la voilà donc. Mais mon serment m'a gardé de perdre du temps avec elle. Sorti avec mon petit valet à Westminster pour régler deux ou trois affaires, retour à la Bourse où j'eus beaucoup à faire. Il semble que milord Sandwiche soit dans la baie de Aldeburgh avec sa flotte. Rentré dîner puis à mon bureau jusqu'à presque minuit. Rentré, souper puis, au lit.15 février
Levé et à mon bureau toute la matinée, fort occupé. A midi dîner avec Creed à Trinity House, fort bon, avec la bande de joyeux lurons. On raconta comment le Roi Oak s'était abîmé dans la bais de Bentam, sur les rochers des Sorlingues. Il y eut dans ce récit bien des détails extraordinaires, que je consignerai par écrit si je le peux. De là avec Creed à Gresham College où la semaine dernière Mr Povey avait proposé que j'en fusse membre, et j'y fus admis ce jour, après avoir signé un registre, donné la main à milord Braouncker et entendu quelques mots d'accueil. Mais c'est un rare plaisir que d'assister à leurs débats et de voir leurs expériences. Ils ont traité aujourd'hui de la nature du feu et de sa faculté de s'éteindre là où l'air est confiné, et de durer moins longtemps lorsque l'air est raréfié, ce qu'ils démontrèrent à l'aide d'une machine appropriée. Lorsque ce fut fait ils allèrent à la taverne de la Couronne, derrière la Bourse, et milord ainsi que la plupart se réunirent pour le souper de leur cercle, qui comprend sir Paul Neale, sir Robert Moray, le docteur Clarke, le docteur Whistler, le docteur Goddard et d'autres fort éminents. Il y avait surtout à l'assemblée Mr Boyle et puis particulièrement encore Mr Hooke, l'homme le plus brillant et celui qui montre le moins de signes d'excellence. Ce furent de remarquables conversations jusqu'à environ dix heures du soir. Puis chez moi et chez sir William Batten où j'apprends que sir Thomas Hervey entend déloger Mr Turner de chez lui et y venir habiter lui-même, ce qui sera très rude pour eux. Et, bien que je n'aime pas cet homme, je le plains à cause de sa famille. Chez moi, puis, au lit.
* bulliescenterblog.net à suivre.........
16 février 1665
Levé et
dimanche 8 novembre 2020
Pour seul refuge Vincent Ortis ( Roman Policier France )
amazon.fr
Pour seul refuge
Les montagnes du Montana en hiver ne sont pas accueillantes au citadin confortablement installé dans un modèle haut de gamme de voiture dotée de tous les luxes, sortie des usines dix ans plus tôt mais demeurée coûteuse. Son propriétaire Edward est juge et se rend à Missoula pour tenter d'innocenter son fils accusé d'utiliser et de vendre de la drogue, ce que dément Ben le jeune homme, et pourrait être démontré. Laura, divorcée d'Edward, se rend aussi à Missoula pour les mêmes raisons, mais dans une petite voiture. Mais surtout Ted, féroce manipulateur, sorcier quasiment dans ses haines et son adresse dans la préparation jusqu'au nombre de pas accomplis pour certains déplacements et autres. Ted est un policier, il a pris une année sabbatique sans solde. Il est très malheureux car sa femme Thelma est morte assassinée, par un jeune Indien, peut-être, et le jugement déplaît fortement à Ted. L'expérience que va vivre Edward sous la coupe de Ted dans une cabane très éloignée de toute habitation, auprès d'un Ted fracassant tout si un mot lui déplaît, mais si le confort est minime la pièce garde-manger est pleine et chaque matin ils mangent leurs cracottes. Durant les quelques jours que dure la captivité, Edward apprend peu à peu les raisons de son kidnapping. Il n'y a évidemment pas de connexion téléphonique, Marcher dans la masse neigeuse le juge ne peut non plus l'envisager. Mais peu à peu Ted délivre quelques bribes de ses vérités, tout en manipulant nerveusement des pièces de un dollar, et révèle sa décision de libérer son prisonnier, le moment, les conditions. Machiavélique. Au sein de montagnes glaciales, au risque de rencontres d'ours affamés. Et pendant ce temps à Missoula, Laura s'active. Libérer son fils, rechercher son ex-mari Edward, après la découverte de sa voiture sans aucun signe apparent de vol ou autre accident. La préparation minutieuse et le dénouement de l'histoire qui se passe tant entre les hauts sommets du Montana, et Missoula et d'autres agglomérations. Tous circulent beaucoup en voiture évidemment, mais le plaisir éprouvé par certains dans la conduite, comme Carter capitaine mal accepté de l'équipe de la ville, parti pour rouler douze heures, dans son auto confortable où il se sent mieux peut-être qu'au bureau. La vie du jeune Indien, les manipulations des jugements ou jugés, surprennent le lecteur qui ne quitte guère les personnages, l'atmosphère. Bonne lecture où l'on découvre différentes formes de mensonges et de manipulation.