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1er Octobre 1662
Levé, l'esprit à peu près en repos quant à mes comptes et autres affaires. Allai dans ma maison où je mis mes ouvriers à l'ouvrage, puis à Deptford pour la même chose, et retour, et tout l'après-midi avec mes ouvriers et ma femme à arranger une chambre pour que nous y dormions. Le soir examinai quelques papiers de Brampton pour l'audience. J'attends des nouvelles incessamment. Cela fait, avec ma femme au lit. La première fois que je couche ici depuis deux mois, ce qui me rend heureux, et la chambre telle qu'elle est maintenant me plaît tellement que ma seule crainte c'est de ne pas la conserver. Mais j'ai bon espoir, car je serais profondément contrarié de la perdre.
2 octobre
Levé et réunion au bureau jusqu'à midi. Puis dîner avec Mr Moore. Examinai ensuite mes papiers pour Brampton, tâche bien nécessaire, mais les choses étaient bien moins satisfaisantes que je l'eusse souhaité, je le crains. Mais les choses sont comme elles sont et non comme je le voudrais. Lui parti j'allai retrouver mes ouvriers. Le soir, en voiture, à Whitehall, pris Mr Moore et le déposai chez milord où je me rendis aussi. Apprenant qu'on donnait la comédie au Cockpit, et que milord Sandwich, arrivé à Londres hier soir, s'y trouvait, je m'y rendis. Et par chance je suivis trois ou quatre messieurs que l'on conduisit à une petite porte privée dans un mur, et me glissai ainsi dans un espace étroit et arrivai dans une des loges voisines de celle du roi et de la reine, sans pouvoir les voir, mais bon nombre de dames élégantes qui, pourtant ne sont pas aussi belles que je le croyais autrefois, si ce n'est qu'elles sont élégamment vêtues. Nous avons vu
Le Cardinal, tragédie que je ne connaissais pas et où il n'y a pas grand chose. Ceux qui étaient entrés avec moi étaient tous des Français et ne connaissaient pas l'anglais, mais, bon Dieu ! comme ils s'amusaient à questionner une jolie femme qui les accompagnait et qui parlait les deux langues et leur racontait ce que disaient les acteurs. De là chez milord où je fus reçu. Restai une demi-heure dans son cabinet à parler de certaines de mes affaires et des siennes. Puis au lit avec Mr Moore dans la chambre qui est au-dessus de celle de milord.
3 octobre
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Levé et sans prendre congé de milord sortis de bonne heure et rentrai à pied en m'arrêtant chez mon frère et dans l'enclos de Saint-Paul, mais n'achetai rien à cause de mon serment, quoique j'en eusse grande envie.
A mon bureau et avec mes ouvriers jusqu'à midi, puis dînai de harengs avec ma femme, les premiers que j'ai mangés cette année, puis de nouveau avec mes ouvriers. Au bout d'un moment arrive un homme du monde qui veut parler à ma femme. Je découvris que c'est quelqu'un qui a été fort poli avec elle lors de son retour de la campagne, je lui manifestai donc beaucoup de respect. Je l'ai trouvé fort intelligent et suis resté à parler avec lui un grand moment.
Lui parti retournai à mes ouvriers et dans la soirée arrive le capitaine Ferrer qui resta un grand moment et me raconta comment il avait été blessé à la main en se querellant avec un des valets de pied de milord. Il me raconta aussi l'impertinence et le mal qu'avait fait Ned Pickering à la campagne dans les rapports entre milord et presque tous ses domestiques par ses critiques. Ce qui me contrarie, car c'est une grande honte pour milord que cet homme soit toujours aux yeux de tous aussi intime avec lui. Il m'apporte une lettre de mon père qui fixe au 13 la date de l'audience à Brampton. Mais je m'aperçois qu'il a gardé cette lettre dans sa poche depuis trois jours, si bien que si l'audience avait lieu plus tôt j'aurais pu être lésé. C'est donc une grande sottise d'envoyer une lettre d'affaires pressée par l'intermédiaire d'un ami. Lui parti à mon bureau jusqu'à l'heure du coucher, car c'est maintenant mon habitude depuis le retour de ma femme, de passer trop de temps avec elle et mes ouvriers dans la journée et de faire mon travail de bureau le soir, ce qui ne devra pas être quand les travaux seront terminés. Tard ce soir on m'avise que Mr Dickons, le négociant, est mort soudainement cet après-midi, de ce que sa fille, ma
Morena, malade depuis longtemps est considérée comme perdue par les médecins. J'en suis fort triste pour tous deux.
Puis rentrai, et au lit.
4 octobre 1662
A mon bureau le matin ( ma femme me fait rester couché longtemps le matin ) et réunion jusqu'à midi. Dînai à la maison et après un petit moment passé avec mes ouvriers à mon bureau jusqu'à 9 heures du soir. J'examinai, entre autres, les circonstances de la perte du
Satisfaction qui a sombré l'autre jour sur la côte de Hollande par la négligence du pilote. Et puis j'écrivis une lettre à mon père, et à mon frère qui est à Banbury avec sa maîtresse, et signalé mon intention d'être à Brampton la semaine prochaine. Puis rentrai et au lit.
5 octobre
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Fait la grasse matinée à causer avec ma femme. Nous sommes querellés à propos de ma servante Sarah que ma femme voudrait chasser, alors que je la crois aussi bonne domestique qu'aucune autre que nous ayons eue. Mais il semble que ma femme en voudrait une qui sache bien coiffer. Nous avons fini par nous réconcilier.
Je fus à l'église. Aujourd'hui le pasteur a fait lire quelqu'un en surplis. J'imagine qu'il va lui aussi en porter par la suite, car il est aussi rusé qu'aucun de ses confrères. Dînai avec ma femme, puis recommençai à causer à l'étage principalement sur les leçons de danse qu'elle doit prendre en prévision de son séjour à la campagne l'année prochaine, ce à quoi je consens.
Puis à l'église pour un sermon ennuyeux, puis chez Tom pour voir comment vont les choses pendant qu'il est à la campagne, puis rentrai et dans la chambre de ma femme jusqu'à l'heure du coucher à causer. Puis à mon bureau à me préparer à me mettre au service chez le Duc demain matin, et rentrai et au lit.
6 octobre
Avec sir William Penn de bonne heure par le fleuve à St James où était Mr Coventry. Trouvant le Duc au lit et indisposé nous ne restâmes pas mais allâmes à Whitehall où nous prîmes un canot et nous rendîmes à Woolwich. En chemin Mr Coventry nous raconta qu'il y a peu, quand on s'enquit des intempéries de la maison du Duc Mr biggs, son intendant, fut trouvé fautif et chassé de son emploi. Puis nous commençâmes à lire un livre que je vis l'autre jour chez milord Sandwich, destiné au feu roi, élégamment relié, un traité sur le profit que les Hollandais tirent de nos pêcheries, mais, alors que j'en attendait beaucoup, je m'aperçois que c'est un livre fort sot, bien qu'il contienne quelques bonnes choses, il est si plein de répétitions qu'il nous lassa.
A Woolwich nous fîmes l'appel de l'arsenal puis allâmes dîner au Cerf. Puis à la corderie où je sais que je contrariai sir William Penn en me montrant si bien au courant, davantage je crois que lui, des questions de chanvre. Puis à Deptford pour certaines affaires et réveiller les officiers, puis à pied à Rotherhite, de là déposant sir William Penn à la Tour, à Whitehall avec Mr Coventry, puis au logis de milord Sandwich. Mais milord était absent, il était ce soir à un bal avec le roi et milady Castlemaine dans l'hôtel voisin. Mais, à mon grand regret, j'apprends que Mr Moore est tombé fort malade à la Garde-Robe cet après-midi, ce qui me tracasse fort, aussi bien pour lui que pour moi, à cause des questions juridiques dont il s'occupe pour mon compte et aussi celui de milord. Aussi je fus par le fleuve, bien qu'il fût tard, à la Garde-Robe. Je le trouve au lit fort abattu, avec une forte fièvre. Il ne me parut pas opportun de rester, je le quittai et rentrai à pied. Et là, fatigué, fus souper, puis le barbier. Quand il eut fini, à mon bureau pour écrire mon journal d'aujourd'hui, et à la maison, et au lit.
7 octobre 1662
Au bureau toute la matinée, dînai à la maison avec ma femme. Ensuite, avec elle en voiture voir Mr Moore toujours malade. Je pris ses livres de comptes et nous parlâmes des affaires de milord et des miennes et comme Mr Battersby était là ils prirent note de ce que je lui avais payé les 100 livres que je lui avais empruntées, ce qu'ils reconnurent et promirent de m'envoyer mon billet. Puis par le fleuve avec Will Howe à Westminster où je restai un petit moment dans la Grand-Salle ( les parents de ma femme étaient sortis de sorte qu'elle revint bientôt ), puis en voiture chez milord où je laissai de l'argent pour que le capitaine Ferrer m'achetât deux cravates, puis à la nouvelle Bourse où, tandis que ma femme faisait des emplettes, je me promenai avec le Dr Williams en parlant de mon procès, puis je l'emmenai chez mon frère où je lui offris un verre de vin et nous nous séparâmes. Rentrai en voiture avec ma femme. Sir John Mennes et sir William Batten étant revenus de faire la paie à Chatham, j'allai les voir par politesse. Et rentrai, et au lit.
8 octobre
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Levé de bonne heure et par le fleuve chez milord Sandwich. Restai un moment dans sa chambre. Il me dit, entre autres à ma très grande joie, quelle obligation j'avais à l'égard du duc d'York qui, hier, lui dit qu'il le remerciait d'avoir fait entrer une personne dans la Marine, voulant dire moi, et bien d'autres éloges. Ce qui est le plus grand réconfort et le plus grand encouragement que j'aie jamais eus, et tout cela grâce à la bonté et à la perspicacité de Mr Coventry. J'en ai été immensément
heureux.
Puis allai voir Mr Moore qui, je l'espère, va mieux, et à la maison dînai, tout l'après-midi occupé à mon bureau. Le soir retournai en voiture chez milord espérant lui parler, mais il est à Whithall avec le roi devant qui on présente ce soir le spectacle de marionnettes que j'ai vu cet été à Covent Garden. C'est là qu'on a apporté mon col de dentelle acheté et préparé par la femme du capitaine Ferrer, et je l'ai rapporté chez moi. Très distingué, il me coûte environ 3 livres, je lui ai donné 3 autres livres pour m'en acheter un autre. Je me vois obligé d'être bien mis, et c'est ce que je ferai pour ma lingerie, et le reste pourra être d'autant plus simple.
Je restai là à jouer quelques airs nouveaux à deux parties avec William Howe. Milord ne revenant pas je rentrai à pied mon petit laquais tenant une torche. Mangeai un peu et au lit, l'esprit tout occupé d'arranger mes affaires pour mon voyage de demain afin qu'il ne se fasse rien de fâcheux en mon absence.
Aujourd'hui sir William Penn m'a parlé de la part de sir John Mennes, pour me demander ma belle chambre et, à ma grande joie, c'est qu'il ne la réclame pas comme de droit, ce que je craignais fort. J'espère donc m'arranger avec lui pour cette chambre, car je n'y renoncerai pour rien au monde, même si je fais en sorte de lui donner une autre pièce en échange.
9 octobre
Levé de bonne heure pour travailler, pour me préparer à mon voyage. Mais d'abord au bureau en réunion jusqu'à midi. Je leur ai dit adieu pour une semaine, ayant la permission du Duc, obtenue pour moi par Mr Coventry, que j'ai remercié pour ce que j'ai appris hier du Duc à milord Sandwich à mon sujet. Et il déclare si ouvertement l'affection et l'estime qu'il a pour moi, que j'ai l'esprit autant en repos, en ce qui concerne ma situation au bureau, que je puis le désirer.
J'aurais dû aujourd'hui dîner chez sir William Penn d'un pâté de chevreuil avec mes collègues, mais je n'en trouvai pas le temps et envoyai chercher quelque chose à la maison. Entre une et deux heures je montai à cheval par la porte de derrière et, accompagné de mon commis Will, tous deux bien montés sur deux chevaux gris.
Nous arrivâmes à Ware avant la nuit et résolûmes de continuer jusqu'à Puckeridge, malgré le mauvais état de la route, et le soir tombé avant notre arrivée, grâce à un groupe de voyageurs qui était devant nous, entre autres qui descendit à la même auberge que moi, le Faucon, qui s'appelait Mr Brian avec qui je soupai. C'était un homme agréable et un homme de sciences.
Il me dit qu'on croit la reine enceinte, car les carrosses ont ordre de rouler très doucement dans les rues.
Après souper nous payâmes la note de concert, puis il gagna sa chambre et moi mon lit, me sentant très bien. Mais mes pieds très serrés dans les bottes de cuir dur neuves me faisaient grand mal. Will coucha dans un autre lit dans la même chambre que moi.
10 octobre
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Levé, et entre 8 et 9 à cheval. J'avais tant souffert hier de mes pieds tellement gonflés que je ne pus remettre mes bottes, ce qui me contraria très vivement. Je fus obligé de donner 4 shillings pour une paire de vieux souliers de l'hôte et allai à cheval en souliers jusqu'à Cambridge. Mais la route était si bonne qu'à part un peu de pluie j'arrivai sans encombre et descendis à l'Ours. Là, m'ayant aperçu dans la rue comme je passais dans la ville, mon cousin Angier vint me trouver. Il me fallut aller chez lui. Je trouvai le Dr Fairbrother, avec un bon dîner, une bourriche d'excellentes huîtres, une couple de homards et du vin. Mais surtout comme il me dit qu'il y a aujourd'hui assemblée générale pour l'élection de quelques officiers de l'Université, après le dîner il me trouve une robe, un bonnet et un chaperon et m'emmène aux écoles où Mr Pepper, précepteur de mon frère et aujourd'hui élu censeur, désigne un maître es arts pour me conduire dans l'hôtel du régent où je siégeai avec eux et votai en signant des papiers comme ceci : "
Ego Samuel Pepys Magistrum Bernardum Skeltum ", et, ce qui est plus étrange, mon ancien condisciple et ami, et qui un peu plus tard me salua et avec qui nous causâmes "
qui était l'autre taxatoribus de cette Académie des événements suivants dans le annum sequentem. " Je fis de même pour un certain Biggs comme autre taxateur et pour d'autres officiers comme le vice-censeur, Mr Covel, pour être l'adjoint de Mr Pepper et celui-là même qui m'avait fait entrer dans l'hôtel du régent.
La séance levée par le vice-chancelier, je revins très content chez mon cousin Angier, fort satisfait d'avoir accompli cette tâche. Ce que je désirais depuis longtemps et pour quoi je n'aurais jamais trouver un moment où cela fût si facile.
Puis à Trinity Hall où je restai un bon moment avec le Dr John Pepys qui me dit que son frère Roger a quitté la ville pour tenir une audience. Je fus donc forcé d'aller à Impington pour prendre conseil de mon vieil oncle et de son fils Claxton. Je soupai et parlai avec eux, mais pas de mes affaires jusqu'à ce qu'arrivât, après le souper, inopinément mon cousin Roger avec qui je m'entretins longuement. Il me donne de bons conseils mais me dit clairement que ce que j'ai de mieux à faire c'est de chercher un accommodement avec mon oncle Thomas, car nous n'avons pas le droit pour nous et ce serait folie de nous leurrer. Ce dont, bien que cela me tracassât grandement, je fus cependant satisfait, parce que c'était me dire ce sur quoi je pouvais me fonder. Et au lit.
11 octobre.
Levé de bonne heure et après un maigre petit déjeuner, et bien misérable, semblable à notre souper et qui ne peut me nourrir, à cause de la goutte au doigt de ma cousine Claxton et après que mon cousin Roger m'eut fait parcourir sa maison et ses vergers, je montai à cheval et allai à Hutington puis à Brampton où je trouvai mon père, mes deux frères et Mr Cooke, ma mère et ma soeur. Nous voilà donc tous réunis. Dieu sait quand cela se reproduira. Je parcours la maison et le jardin, et je trouve que les aménagement que mon père faits fort élégants, mais pas au point qu'il n'y ait lieu d'en faire davantage si jamais je viens vivre ici. Mais enfin c'est fort bien pour une campagne et qui en vaut bien une autre.
Puis dîner où il n'y avait rien qu'une misérable poitrine d'agneau, et mal rôtie, je fus fort mécontent, car il y avait là Mr Cooke que j'avais invité à venir avec mon frère et qu'il m'importait de voir bien traité. Je le dis à mes parents et fis bien améliorer les choses par la suite, tant que j'y fus, bien que je me réjouisse de les voir vivre de si frugale façon.
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Mais maintenant à mon affaire. Je vois que mon oncle Thomas est arrivé et qu'il tient des propos violents, et qu'il avertit nos locataires de ne pas nous verser de loyer, et annonce qu'il va faire annuler le testament, celui-ci étant conditionnel et soumis à ce que nous payions les dettes et les legs particuliers, ce que nous n'avons pas fait. Mais j'espère que nous nous en tirerons assez bien.
Je me mis à étudier les papiers et le déroulement de cette affaire en prévision de l'audience, jusqu'à la soirée. Puis allai à cheval à Hinchingbrooke, accompagné de Will, et je vis milady dans sa chambre. Mais comme il faisait nuit et que j'étais préoccupé par les affaires je ne restai guère. Je bus une chope de bière avec les domestiques et revins souper et me coucher. Je ne serai pas tranquille tant que je n'aurai pas parlé à Pigott, lui dont la terre est hypothéquée au bénéfice de mon oncle, mais sans que celui-ci en ait jamais pris possession, de sorte que je crains que ce soit l'héritier par filiation qui en prenne possession et qu'à nous cela soit impossible. Mais j'ai dessein de l'évincer en prétendant qu'il y a des billets à ordre aussi bien qu'une hypothèque pour la même somme, de sorte que comme exécuteur testamentaire c'est moi qui suis bénéficiaire de ces billets.
12 octobre 1662
Jour du Seigneur
Me suis fait beau avec la cravate du capitaine Ferrer, ne désirant pas mettre col neuf en dentelle, il est trop beau. Et quand le barbier en eût fini avec nous, je fus à l'église où j'ai vu la plus grande partie du beau monde de la paroisse, Mrs Handbury entre autres, une vraie dame, Mr Bernard et sa femme et le père de celle-ci, l'ancien milord de St John qui a maintenant l'air d'un homme très simple et grave. Mr Wells a prêché un assez bon sermon et on dit qu'il a à peu près recouvré la raison.
Puis dînai à la maison, promenade au jardin et de nouveau à l'église, et à la maison où plusieurs personnes sont venues pour affaires, entre autres Mr Pigott qui me donne de solides promesses de sa loyauté, ce dont je suis très content. Il me dit ce que projette mon oncle Thomas, c'est-à-dire être admis à la propriété comme nous, ce qu'il faut que j'évite de mon mieux.
Puis souper. Mais je suis si préoccupé que je suis d'un méchant commerce, et puis je n'aime pas leur boisson jusqu'à ce que j'envoie demander à la mère Stankes un peu de la sienne qui est très légère et fraîche, avec un léger goût d'absinthe que j'ai par la suite toujours aimé. Après le souper au lit songeant à ces affaires. Je fis monter chaque soir mon frère John pour converser pendant que je me déshabillais.
13 octobre
Allai à Hinchingbrooke où avec Mr Shipley j'ai visité tout le château. J'avoue que les aménagements me plaisent bien ainsi que l'escalier, mais on n'a rien fait pour rendre l'extérieur plus régulier et plus moderne, de sorte que je n'en suis pas content, mais je pense qu'en effet c'était une dépense excessive. Puis avec Shipley à Huntington à la Couronne où nous déjeunons de boeuf rôti froid. Puis il alla au marche de St Ives et moi voir sir Robert Bernard pour me faire conseiller, avec pour cela une lettre de milord Sandwich. Il me conseille avec beaucoup de bonté apparente et, à ma demande, me promet d'ajourner l'admission de mon oncle à la propriété s'il peut le faire avec justice. Dans l'ensemble il fait paraître mon affaire sous un meilleur jour que le fit mon cousin Roger, mais non pas tellement que nous ne soyons exposés à bien des tracas et qu'il ne vaille pas mieux arriver à une transaction, si faire se peut. Assez tranquillisé je revins à Brampton et passai la matinée à examiner des papiers et à préparer mes copies pour demain. Puis dîner, promenade avec mon père et d'autres affaires et arrivent mon oncle Thomas et son fils Thomas, parfaitement calmes comme nous le fûmes aussi et après un bref "
Comment va ? " et une chope de bière, ils repartirent. Au bout d'un moment mon père et moi fûmes chez Mr Phillips pour nous entretenir de ce qui se passera demain au tribunal et préparer différents papiers. Alors arrivèrent mon oncle Thomas et son fils, mais nous voyant je crois qu'ils furent déçus et repartirent vers la maison que Prior nous a achetée il y a peu. Ils firent leur entrée en signe de possession et signifièrent qu'on ne nous versât pas de loyer, comme ce que j'apprends maintenant, ils ont fait partout ailleurs. Je m'aperçois que tous ceux qui nous ont rencontrés aujourd'hui sont dans la crainte de voir leur titre de propriété pour ce qu'ils achètent ne soit plus valable, ce qui m'a aussi un peu tracassé. Je m'efforçai de les rassurer. Ils m'ont, entre autres, fait craindre que Barton n'ait jamais été lui-même admis à la propriété que mon oncle lui a achetée, mais j'espère qu'il n'en est rien.
Puis rentré et promenade mélancolique avec mon père jusqu'à Portholme, voyant les paysannes traire leurs vaches et avec quelle gaieté elles s'en reviennent toutes ensemble, en grande pompe avec leur lait et parfois précédées d'une fanfare.
Retour à la maison et souper. Arrive Pigott avec un billet à ordre faux que, d'accord avec nous, bien que rien ne soit plus juste en soi, il a fabriqué. Grâce à cela je vais revendiquer l'intérêt de l'argent de l'hypothèque. Ainsi, attendant avec beaucoup d'impatience et d'incertitude le résultat de l'audience de demain, j'allai au lit. Mais dormis à peine une demi-heure de toute la nuit, tant j'étais plein de craintes pour demain.
14 octobre
Levé, et résumai en un exposé clair tout ce que j'avais à dire pour notre défense, en cas de nécessité, car on me dit qu'il aura un avocat pour plaider sa cause. Vers neuf heures au tribunal de sa seigneurie. On fit l'appel du jury et, comme il y avait des absents, ils auraient voulu que mon père, par respect pour lui, fit partie de l'hommage. Mais il jugea convenable de refuser n'étant pas assez au courant des coutumes du manoir. Ayant prêté serment et reçu les instructions, ils se mirent à notre affaire et déclarèrent que l'héritier légitime était mon oncle Thomas. Mais sir Robert leur dit qu'il avait vu que le domaine était légué à mon père par le testament de mon oncle selon la coutume du manoir, ce qu'ils essaièrent de nier. Dirent d'abord que ce n'était pas la coutume du manoir, soulevèrent une objection à propos du demi-arpent de terre qui est donné à l'héritier légitime selon la coutume, ce qui me fit grand peur qu'il n'eût pas été en la possession de mon oncle au moment de sa mort, mais hypothéqué avec d'autres au profit de Thomas Trice, qui était présent et qui fut, avec mon accord admis à la maison de Taylor qui est hypothéquée à son bénéfice car elle ne vaut pas l'argent pour lequel elle est hypothéquée, et je m'aperçois que maintenant, bien qu'il se soit il y a peu vanté du contraire, maintenant il s'en rend compte et voudrait que nous la dégagions en argent, et il préférerait nous la restituer à nous plutôt qu'à l'héritier légitime. Ou alors qu'il faisait partie de la part de la mère Gorham, qu'elle tient à vie et qui, par conséquent, ne peut être, selon la coutume, donnée à l'héritier légitime. Mais Will Stankes me dit que nous pouvons être rassurés sur ce point.
Puis ils parlèrent de la terre de Pigott hypothéquée au bénéfice de mon oncle mais à laquelle il ne fut jamais admis, et maintenant comme héritiers ils voudraient être admis. Mais l'intendant, comme il me l'avait promis, trouva très aimablement et très promptement des raisons de renvoyer leur admission, ce qui, je le vois, les fait largement condamner. Et c'est maintenant, ou jamais, qu'ils prêteront l'oreille à une transaction et à un accord avec nous, lorsque nous nous rencontrerons à Londres. Là-dessus ils prirent congé, et après d'autres affaires on leva l'audience pour dîner. Mon père et moi rentrâmes très satisfaits. L'après-midi au tribunal nous commençâmes en réclamant une réintégration et la fin de la substitution, d'y faire entrer mes frères et de nous faire admettre mon père et moi en possession de toutes les terres. Lui sa vie durant, moi et mes héritiers par réversion. Nous cédâmes alors, après transaction, à Prior, Green et Shepheard les trois petites maisons avec leurs dépendances qu'ils nous ont achetées. Cela fait, congé pris, c'est avec la plus grande joie que je quittai le tribunal avec mon père. Et en un quart d'heure fus à cheval avec mon frère Tom, Cooke et Will, sans manger ni boire, dis adieu à mon père et à ma mère, à Pall à qui je donnai 10 shillings, mais ne lui marquai aucune marque de tendresse depuis mon arrivée, car je la trouve si désagréable que je ne puis l'aimer et c'est une si fieffée hypocrite qu'elle est capable de pleurer à volonté. à John, et nous partîmes, nous arrêtant en chemin pour prendre congé en deux mots de milady et des jeunes demoiselles. Par clair de lune en belle cavalcade jusqu'à Cambridge avec grand plaisir. Arrivée vers 9 heures, fort mal logés à l'Ours pleine de monde, ce qui me chagrina. Mais on nous donna à souper et j'avais l'esprit libre et allai me coucher. Will dans un autre lit dans ma chambre.
15 octobre 1662
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Bien que l'esprit libre de tout tracas, j'étais encore tout entier à mon voyage de retour, dans mon désir de savoir comment les choses allaient là-bas je ne dormis guère. M'éveillai très tôt et quand l'heure vint j'appelai Will et nous nous levâmes. Et la musique, avec une bandoura pour basse, me sonna la diane. Pendant qu'on s'occupait du petit déjeuner je sortis, rencontrai en chemin Mr George Montagu et sa femme que je saluai. Ils allaient prendre leur voiture à cette heure matinale pour continuer leur voyage, car ils avaient la chambre au-dessous de la mienne, et je montrai la chapelle de King's College à Mr Cooke et la bibliothèque du collège de St John. A l'auberge je rencontrai le Dr Fairbrother amené par mon frère Tom, un excellent homme. Il nous raconta que la salle où nous nous trouvions était celle où Cromwell et les officiers, ses complices, commencèrent à projeter et réaliser leurs méfaits dans ces comtés.
Après un bon repas où seules les huîtres étaient mauvaises, nous montâmes à cheval. Je portais les bottes que j'avais empruntées et transportées avec moi depuis Impington, les miennes devant être renvoyées de Cambridge à Londres. Prîmes congé et commençâmes notre voyage, vers 9 heures. Après environ 10 milles nous nous égarâmes en prenant la route de Royston, ce qui me fâcha énormément, d'autant plus que le cheval de mon frère qui boitait hier va plus mal aujourd'hui et n'a pas pu avancer à notre pas. Nous retrouvâmes la route à grand-peine, ayant aussi perdu un valet qui avait perdu son maître que nous retrouvâmes, apparemment un ecclésiastique. Le cheval de Tom était hors d'état de nous suivre, je lui dis ainsi qu'à Mr Cooke de prendre leur temps. Will et moi arrivâmes à Ware vers 3 heures de l'après-midi, toutes les routes étaient mauvaises. Je liai connaissance avec l'ecclésiastique, en mangeant et buvant, mais je ne sais pas son nom. Après une heure, cet homme voulut repartir avec nous pour profiter de notre compagnie. Nous reprîmes nos chevaux à 4 heures et alla avec moi presque jusqu'à Theobalds, s'arrêtant là pour la nuit. Mais voyant nos chevaux dispos et la nuit assez claire, nous réussîmes peu à peu à gagner Londres, tous les deux fourbus. Une fois nos chevaux remis à leurs maîtres nous rentrâmes à pied. Rien, depuis mon départ, ne s'était produit qui me mécontentât, ce qui me fait un tel plaisir que je dois louer Dieu pour mon voyage, qui a été un plein succès du début à la fin. Je vois bien que c'est la récompense de mon application à la tâche en tout point exemplaire. Je n'ai pas pris le plus petit divertissement depuis mon départ, occupé seulement de mes affaires que Dieu a daigné favoriser.
Et coucher, brûlant et fiévreux de fatigue, mais avant le matin la fièvre était passée.
16 octobre
Me suis levé de bonne humeur, constatai qu'il y avait maintenant une belle cheminée dans ma salle à manger du haut et que les lambris sont bien avancés, ce qui me réjouit. Au bureau je vois que tout est à mon gré. Sommes restés jusqu'à midi, puis rentré dîner avec ma femme, puis au bureau du Trésor avec Mr Creed pour une affaire avec sir John Mennes. Resté tard avec sir John à verser de l'argent aux rescapés du
Satisfaction perdu l'autre jour. Le roi donne demi-solde ce qui est plus que ce qu'on ne fait en pareil cas, car actuellement on ne donne jamais rien. Et pourtant les hommes étaient scandaleusement mécontents et nous ont injuriés et maudits au point que j'en fus troublé et fâché d'être mêlé à cette affaire. Mr Creed nous voyant occupés se retira. Restai tard puis rentrai, puis au bureau où je mis le journal de mon voyage à jour. Puis refermai mon registre en louant Dieu de mon succès. rentrai souper et me coucher.
J'apprends que Mr Moore est en bonne voie de guérison. Sir Henry Bennet est nommé secrétaire d'Etat à la place de sir Edward Nicholas, on ne sait si c'est avec son accord ou non.
Mon frère Tom et Cooke sont arrivés à Londres, me dit-on, ce matin, et il me fait savoir que la mère de sa maîtresse est aussi venue pour traiter avec nous de la dot de sa fille et de son douaire, que je consens à prendre sur les terres de Stirloe.
à suivre................
17 octobre 1662
Ce matin Tom................