mardi 7 novembre 2017

La disparition de Josef Mengeié Olivier Guez ( Roman France )

La disparition de Josef Mengele
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       Prix Renaudot 2017

                                                         La disparition de Josef Mengelé

            Le 22 juin 1949 Josef Mengele devient Helmut Gregor, jusqu'à la fin de sa vie, en mettant le pied sur le sol argentin. L'homme qui fut un des hommes de main les plus cruels d'Aushwitz, le docteur Mengele qui envoyait directement au four crématoire des wagons entiers de juifs, arrivés de Hongrie, de Pologne, de France et d'ailleurs, coupant les cheveux vendus aux usines qui fabriquaient avec du feutre, extrayaient les yeux des bébés, et d'autres crimes abominables, fuit après 1945, se cache, "....... s'est noyé dans la Wermacht pour échapper aux griffes de l'Armée rouge...... " interné et relâché, il se cacha dans une ferme " fleurie de Bavière non loin de Günzburg sa ville natale ...... " Enfin l'arrivée en Italie où un passeur aide les nombreux nazis à traverser l'Atlantique et trouver refuge à Buenos Aires. L'homme aux incisives du bonheur ou et de la chance, est riche fils d'une famille soudée qui le soutiendra jusqu'à la fin, cependant sa femme Irène ne le suit pas, restée en Allemagne elle élève leur fils qui ignora longtemps les ignominies de son père, celui-ci nie et affirme n'avoir fait que son devoir, qu'il fit sans état d'âme. Mais si Peron et Evita arrivés au pouvoir protègent tous ces Allemands venus cacher leurs méfaits, ses successeurs seront plus prudents. Et Mengele Gregor homme au front bombé et à la grosse moustache est obligé de fuir encore, d'un pays à l'autre, la traque s'organise en Europe, mollement soutenue par les pays sud-américains. Simon Wiesenthal, survivant de la Shoah est actif, le Mossad est sur la piste d'Eichmann arrêté et jugé en Israël. Gregor, amateur de poésie et de musique classique allemandes, a peur, habite dans des fermes qu'il acquiert en partie grâce aux dollars dont profitent les habitants. Violent, caché sous un grand chapeau son périple le mène au Brésil et alentour, protégé et surtout aidé par quelques nazis qui espèrent l'arrivée d'un 4è Reich. Lorsque les recherches semblent au point mort, actif il conduit des sociétés, sort avec certains, rencontre même Borges devenu Directeur de la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires. Mais nerveux, acariâtre il mâchonne sa moustache, avale les poils qui vont provoquer une occlusion intestinale. Les protecteurs âgés disparaissent, Gregor affolé se cache dans une masure, toujours en possession de sa valise remplie de fioles et de seringues qui lui permirent de procéder quelques avortements lors de son arrivée, à de très jeunes filles. Et ce sera la lutte finale, qui des juges ou de l'assassin gagnera la partie.


















vendredi 3 novembre 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 81 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


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                                                                                                                         1er Novembre 1662

            Levé et après un moment passé avec mes ouvriers, réunion à mon bureau. A midi j'ai retrouvé Mr Creed chez moi et nous sommes allés à Trinity House pour un grand dîner où nous étions invités. Beaucoup de monde. Il semble qu'un certain commandant Evens donne aujourd'hui un dîner de Frère aîné. Un certain Mr Oudart, secrétaire de feue la princesse d'Orange, nous raconta, entre autres, comment on empêche les grands chemins de se creuser en Hollande et aussi en Flandres où le sol est aussi bourbeux que chez nous, en attelant les chevaux aux charrettes et aux chariots comme on le fait aux carrosses chez nous. Je voudrais qu'il en fût de même ici pour rendre les routes meilleures. Je crois que ce n'est pas un mauvais procédé là où la largeur est suffisante.
            Puis à mon bureau appelé pour voir de nouveau Mr Leigh de la part de sir Henry Bennet. Lui, moi, Wade et son informateur et des ouvriers dans les caves de la Tour pour faire un nouvel essai. Nous restâmes deux ou trois heures à piocher et nous creusâmes beaucoup, toujours sous les voûtes, comme on nous l'indiquait maintenant avec une grande conviction. Et si sérieusement et avec de soi-disant si bonnes raisons, que je croyais, moi-même, que nous allions réussir. Mais nous ne trouvâmes rien, et repartîmes pour la deuxième fois Gros-Jean comme devant. Puis à mon bureau et Mr Leigh repartit en voiture à Whitehall, et moi, comme convenu, à la taverne du Dauphin pour retrouver Wade, et l'autre, le capitaine Evett qui, maintenant, me déclare nettement que celui qui l'a incité à cette entreprise tenait ses renseignements de la bouche même de Barkstead et avait reçu ses conseils  juste avant le retour du roi..... et qu'il avait toujours été dans toute la confidence de Barkstead qui allait jusqu'à lui confier sa vie et tous ses biens. De sorte qu'il me persuada largement qu'il y avait un solide fondement à notre aventure. Mais je crains qu'il n'ait trouvé un moyen de le reprendre, sans l'aide de cet homme, avant de mourir..... Nous quittâmes donc et j'allai à mon bureau où, après avoir envoyé mes lettres par la poste, j'apprends que sir John Mennes est décidé à faire une chambre d'une partie de notre entrée et à partager l'arrière-cour entre sir William Penn et lui ce qui, sans que je voie en quoi cela me gênerait beaucoup, me tracasse quand même un peu, car je crains que cela ne soit en fait gênant en m'empêchant d'accéder à mon escalier de service. Mais ma situation n'est pas pire que la sienne ou celle de sir William Penn à qui il revient de s'en occuper.


                                                                                                         2 Novembre
                                                                                                              grandpalais.fr 
Image associée            Restai longtemps au lit, avec plaisir, à causer avec ma femme. N'ai jamais été plus satisfait d'elle, Dieu soit loué, que maintenant elle a continué à se montrer soigneuse, économe et simple, tant que je la préserve des occasions d'être autrement, et est aussi bonne ménagère.
            A l'église où Milles, après avoir lu l'office et s'être changé comme la dernière fois, fit un sermon fort ordinaire. Rentrai dîner avec ma femme, puis dans mes nouvelles pièces presque finies, et je me promenai là avec une grande satisfaction, causant avec ma femme jusqu'à l'heure de l'office, puis à l'église, et comme il y avait un prédicateur languissant je dormis tout le temps du sermon, et retour à la maison. Après avoir rendu visite aux deux sirs William, tous deux se remettent rapidement, à mon bureau préparer les affaires de demain pour le Duc. Rentrai et au lit, avec une certaine douleur pour uriner, pour avoir pris froid ce matin à rester trop longtemps les jambes nues à me gratter les cors.
            Passai une bonne partie de la soirée à lire, avec ma femme, l'Imposture de du Bartas et d'autres passages, livre que ma femme a récemment entrepris de lire, et qui est aussi beau que tout ce que j'ai lu.


                                                                                                                    3 Novembre
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Image associée            Levé et à Whitehall avec sir John Mennes dans son carrosse, chez le Duc. Mais il était parti pour la chasse. De là chez milord Sandwich. Il me donne chaque jour de plus grands témoignages de sa sa confiance et de son estime. Rencontrai Pearse, le chirurgien, qui me dit que lady Castlemaine est engrossée mais, bien que ce soit le fait du roi, comme son mari est à Londres et qu'il la voit quelques fois sans manger ni coucher avec elle, c'est à lui qu'on l'attribuera. Il me dit aussi que le duc d'York est tombé amoureux de milady Chesterfield, femme vertueuse fille de milord d'Ormond, à ce point que la duchesse d'York s'en est plainte au roi et à son père et que milady Chesterfiel est partie à la campagne. Toutes choses que je regrette, mais c'est le fait de la paresse et de n'avoir rien d'autre à quoi employer leur ardeur. De là avec Mr Creed et Mr Moore, sur pied et venu voir milord, chez Wilkinson. Je leur donnai ainsi qu'à Mr Howe leur dîner de boeuf rôti, ce qui m'a coûté 5 shillings. Emmenai ensuite Mr Moore en voiture jusqu'à Saint-Paul, afin de lui donner des directives pour mon procès, et rentrai à la maison voir mes ouvriers, de toutes sortes ensemble, terminer un grand nombre de travaux, ainsi à partir de demain je n'aurai presque rien à faire, qu'un peu de plâtrage et toute la peinture, ce qui me fit grand plaisir. Le soir à mon bureau, vinrent Mr Wade et Evett. Ils on revu leur premier informateur qui est, à ce que je vois, une femme. Et, bien que nous ayons échoué deux fois, ils font un tel exposé de la probabilité de la vérité de cette affaire, qu'ils vont s'y attaquer encore une fois, et j'y suis disposé et plein d'espoir. Nous décidâmes de nous y remettre mercredi matin et cette femme y sera sous un déguisement pour confirmer l'emplacement. Prirent congé, et à mon travail, puis chez moi trouver ma femme et le souper et au lit, ma douleur ayant disparu. De sorte que, par la grande faveur de Dieu, j'ai l'esprit dans un bon état de tranquillité.


                                                                                                                4 Novembre

            Fis la grasse matinée, conversant avec plaisir avec ma femme au lit. Il avait plu et il continue à pleuvoir à verse. Levé et réunion au bureau jusqu'à midi. Des lettres nous apprennent que sir Richard Stayner est mort en mer dans le Mary qui vient d'arriver de Lisbonne à Portsmouth, ce que nous regrettons car c'était un très brave marin.... Dînai à la maison avec ma femme et tout l'après-midi au milieu de mes ouvriers. Le soir travail à mon bureau, puis visite à sir William Penn encore malade mais qui souffre moins. Il en profita pour me parler de l'intentions de sir John Mennes qui lui interdira l'entrée de la cour et l'obligera à traverser le jardin pour aller chez lui. Cela le contrarie. Et je suis heureux de voir que sir John Mennes le traite exactement comme il me traite, et que son comportement envers moi dans l'affaire de nos maisons n'a rien de singulier, car ceci est plus sérieux que tout ce qu'il m'a fait, en donnant l'ordre qu'on lui ferme l'accès de sa maison sans même le consulter ou l'en informer. Et j'avoue qu'il procède de façon bien arrogante et bien vile. Retour à mon bureau et à la maison, souper et au lit.


                                                                                                      5 Novembre 1662
                                                                                                           culturebox.francetvinfo.fr  
Image associée            Levé et allai trouver mes peintres, qui peignent ma salle à manger, toute la journée. Le matin milady Batten me fit demander de venir lui parler et me dit fort civilement qu'elle ne voulait pas, et qu'elle espérait que je ne voulais pas non plus, qu'il n'y eût rien entre nous qui ne fût civil, bien qu'il n'y eût plus entre elle et ma femme les bons rapports de voisinage qui auraient dû être. Elle se plaignit que ma servante s'était moquée d'elle quand elle appela la sienne " Nan " dans sa propre maison. Elle me raconta quelques autres histoires semblables et que ma femme avait mal parlé d'elle. A tout cela je répondis avec beaucoup de respect, de façon à la contenter, et je suis en effet fâché qu'il en soit ainsi, bien que je ne désire pas que ma femme et elle soient liées. Je lui promis de m'être fin à tout cela. Rentrai et un peu plus tard sir William Penn me fit appeler à son chevet pour me dire de quelle façon arbitraire sir John Mennes avait décidé de prendre une de mes chambres, et qu'il était très fâché et échauffé, et dit qu'il en parlerait au Duc. A quoi, sachant que tout ceci n'était que pour m'alarmer et pour que je le fisse renoncer à sa décision de refaire l'entrée, je lui répondis nettement que je n'attachais pas plus d'importance à sa colère que lui à la mienne, et que j'étais décidé à faire ce que le Duc ordonnerait, sûr qu'il se montrerait équitable envers moi. Et c'est tout ce que je lui dis, bien que je fusse fort contrarié, et rentrai. Et racontant la chose à ma femme, elle me rendit courage, et je décide de lui proposer d'échanger les logements, et je crois que cela amènera d'une façon ou d'une autre la fin de cette querelle.
            Le soir j'appelai mes servantes et réprimandai Jane. Elle me répondit si humblement et si drôlement que, tout en semblant fâché, j'en fus fort content, ma femme aussi. Et le soir, au lit.


                                                                                                    6 Novembre

            Au bureau la matinée, et l'après-midi, jusque tard le soir, très occupé à répondre à la lettre de milord le trésorier, et l'esprit tracassé tant que nous ne serons pas arrivés à quelque règlement avec sir John Mennes pour nos logements. Puis rentrai. Et, après un agréable entretien et le souper, au lit. Et en rêve, je fus fort troublé de me trouver avec Will Swan, quelqu'un de très fanatique que je connais depuis longtemps, et il me semblait que j'étais pris et emprisonné avec lui pour complot, car en ce moment on ne parle que des récents complots.


                                                                                                       7 Novembre
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Image associée            Levé. Avec Mr Leigh venu me trouver, à la Tour nous livrer à notre troisième tentative sur la cave. Et puis on amène secrètement cette femme qui avait eu toute la confiance de Barkstead, et elle déclare que c'est assurément l'endroit où il avait dit que l'argent était caché, et où lui et elle ont placé les 50 000 livres dans des tonnelets à beurre. Et le jour même où il quitta l'Angleterre, il déclara que ni lui ni les siens ne pourraient profiter de cet argent, et par conséquent il souhaitait que ce fût elle et les siens. Puis nous quitta, et nous, pleins d'espoir, décidâmes de fouiller tout le sol de cette cave. jusqu'à 7 heures du soir. A midi nous dînâmes fort gaiement sur le fond d'un tonneau, puis de nouveau à l'oeuvre. Durant ce temps, Mr Leigh qui a beaucoup vécu en Espagne, nous raconta maintes belles histoires sur les coutumes et autres choses de ce pays, sur ma demande, à ma grande satisfaction. Mais enfin nous vîmes que nous nous étions trompés et, après avoir défoncé toute la cave, et avoir déplacé les tonneaux, nous fûmes contraints de payer nos portiers et de renoncer à nos espérances, bien que je sois convaincu qu'il doit y avoir quelque part de l'argent qu'il a caché, ou alors il a trompé cette femme dans l'espoir de la conduire à continuer à le servir, ce que je crois.
            Puis à Whitehall en voiture et au logis de milord je lui ai fait une lettre, puisqu'il n'était pas là, pour lui dire où on en était et je repartis, seulement, apprenant que Mrs Sarah est mariée, je remontai pour la féliciter et lui donner un baiser, qu'elle accepta volontiers. Il semble que c'est à un cuisinier. Je suis heureux qu'elle soit casée, car elle se fait vieille et est très travailleuse, et c'est quelqu'un à qui j'ai lieu de souhaiter du bien pour les services qu'elle m'a autrefois rendus. Puis chez mon frère où est ce soir ma femme, sur mon ordre, pour y rester une nuit ou deux pendant qu'on nettoie ma maison. Puis chez moi où je suis fâché de voir qu'au lieu d'avoir nettoyé une partie de la maison, tout l'étain et d'autres objets sont sortis pour être astiqués, ce qui met une fois de plus la maison en désordre, ce dont je suis fort mécontent. A mon bureau pour écrire mon journal, puis rentré et au lit.


                                                                                                        8 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau, ensuite dînai seul à la maison, puis de nouveau au bureau jusqu'à 9 heures, répugnant à rentrer, la maison étant très sale et ma femme chez mon frère. Rentré et au lit.


                                                                                                        9 Novembre
                                                                                      Jour du Seigneur   
            Resté au lit seul un moment à réfléchir à ce que je pourrai invoquer demain auprès du Duc, si l'occasion se présente, en faveur de la chambre où je couche, à l'encontre de sir John Mennes. Puis levé et après ma toilette, à pied, chez mon frère, m'arrêtant dans nombre d'églises, et puis jusqu'au Temple, où j'écoutai une petite partie de l'office et remarquai que dans les rues et les églises, le dimanche est observé aussi bien qu'il ne l'a jamais été. Puis dînai chez mon frère. Il n'y avait que lui, ma femme et moi. Allai ensuite voir Mr Moore qui va assez bien. Nous allâmes à St Gregory où je manquai faire une grosse chute dans l'escalier de la tribune. Allai donc sur un banc et j'entendis l'excellent sermon du Dr Ball, quoique moins bon que je l'espérais, ce qui est généralement le cas. Puis rentrai avec Mr Moore à son cabinet et après avoir causé un moment, rentrai à la maison à pied et restai avec sir William Batten jusque tard le soir, et avec sir John Mennes. Nous nous entretînmes longuement et fort bien de voyages faits autrefois par des commandants de navires et des officiers de marine. Rentrai et au lit, l'esprit libre de tout souci, sauf en ce qui concerne ma chambre que je crains de perdre.


                                                                                                             10 Novembre 1662
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Image associée            Levé de bonne heure, mis mes ouvriers au travail puis allai un peu au bureau, puis avec sir John Mennes et sir William Batten en voiture à Whitehall, voir le Duc. Il nous fit entrer quand il eut fait sa toilette. C'est là, dans son cabinet que vint milord le général Monck qui parla avec le Duc en particulier, de faire parcourir aujourd'hui la Cité aux gardes du corps, seulement pour les impressionner et leur faire peur. Je vois que de grandes alarmes se répandent. Tout cela me tracasse. Lui parti nous nous mîmes aux affaires de la Marine, entre autres, comment payer le désarmement de la flotte arrivée du Portugal. Le roi du Portugal la renvoya n'en ayant plus besoin. Sommes étonnés que sa situation est si vite changé. Nos troupes terrestres rentrent aussi, ayant manqué mourir de faim dans ce pays pauvre.
            Passai ensuite chez milord Sandwich qui était absent, puis à la Grand-Salle où c'était la pleine session des tribunaux. Je vis là beaucoup de monde pour affaires. Entre autres mon cousin Roger Pepys, d'accord pour transiger avec mon oncle Thomas, ce que je souhaite aussi si les conditions sont équitables.
            De là, par le fleuve puis par terre chez milord Crew, dînai là avec son frère, je ne sais pas son nom. Excellente conversation. Entre autres l'intention de la France de créer un patriarche à elle, indépendant du pape, ce qui permettra au roi de France de tenir tête à l'Espagne dans tous les conciles, ce dont il ne fut jamais capable. Milord Crew nous raconta qu'il avait entendu milord de Holland dire que quand il était ambassadeur pour le mariage l'actuelle reine mère, le roi de France exigea qu'il y eût une dispense du pape, et comme milord Holland faisait des réserves et disait qu'il avait ordre de ne rien concéder qui fût au détriment de notre religion, le roi de France dit alors :
            - Vous n'avez pas lieu de craindre cela, car si le pape ne veut pas donner de dispense pour ce mariage, c'est mon évêque de Paris qui la donnera. 
            Au bout d'un moment arrive le grand Mr Swynfen, parlementaire qui, entre autres propos sur la grandeur et la décadence des familles, nous parla de l'évêque Bridgeman, frère de sir Orlando. Il a récemment acheté un château qui appartint autrefois aux Lever et puis aux Assheton. Dans le vitrail de sa grand-salle ( il a restauré et embelli le château ) il a fait réserver quatre places pour les armoiries. Dans l'une il a mis les armes des Lever, avec cette devise, Olim. Dans une autre celles des Assheton avec celle-ci, Heri. Dans la suivante, les siennes, avec ceci, Hodie. Dans la quatrième rien que cette devise Cras nescio cujus.
            Puis me dirigeai vers le domicile de mon frère, rencontrai Jack Cole dans Fleet Street, et nous allâmes chez sa cousine Mary Cole, que je n'ai pas revue depuis son mariage. Nous bûmes une pinte de vin et eûmes une bonne conversation. Je le trouve un peu imbu de lui-même, mais il a des qualités et on peut par lui connaître les humeurs de la Cité, car il est très répandu et sait comment vont les choses. Je veux le cultiver pour cela.
            Chez mon frère pris ma femme et l'emmenai à Charing Cross où je lui montrai les mouvements italiens, fort semblables à ceux que je lui fis voir il y a quelque temps dans Covent Garden.. Ces marionnettes valent un peu mieux mais leurs mouvements pas du tout. Puis en voiture chez milord et cachant ma femme avec Sarah en bas, je montai et entendis de la musique avec milord et m'entretins ensuite avec lui en tête à tête, et lui dis adieu. En bas, ayant fait appeler Mr Creed, je voulais faire voir à ma femme une pièce de théâtre donnée en présence du roi, mais il était si tard que ce n'était plus possible. Nous prîmes donc une voiture et emmenant Sarah chez mon frère avec leurs affaires de nuit, nous allâmes à la maison. Et allai à mon bureau pour régler des affaires, rentrai et allai au lit.
            Ce matin, dans le cabinet du Duc, sir John Mennes me fit part de son souhait concernant ma chambre, sujet dont je remis à plus tard la discussion. L'aménité de ses propos m'ôte un poids et me fait espérer que je pourrai rester en l'état et trouver un moyen quelconque de le satisfaire, sans trop savoir quoi.
            La Ville, me dit-on, est fort mécontente et tout le monde est au courant du bâtard que le roi a eu de Mrs Haslerigg. D'après ce que je peux savoir la Ville ne se résignera jamais au régime épiscopal. Ils sont si inflexiblement en faveur du régime presbytérien, et les évêques se conduisent avec tant d'arrogance qu'ils n'ont guère de chance de convaincre jamais personne.
         

                                                                                                         11 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau, puis dînai avec ma femme et retour au bureau où Mr Bland a passé un bon moment me racontant des choses bien intéressantes sur le commerce, et n'était que le tracas de ma maison m'en empêche cruellement, j'y consacrerais quelque soin. Dans la soirée comme ces trois ou quatre derniers soirs j'ai étudié un peu d'arithmétique. J'ai grand plaisir à me sentir faire des progrès. Puis rentrai, souper et au lit.


                                                                                                            12 Novembre
                                                                                                                            musee-orangerie.fr
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            A mon bureau la plus grande partie de la matinée après avoir été au milieu de mes peintres et avoir renvoyé Mr Shaw et Hawley venus me rendre visite. Shaw, me semble-t-il est depuis peu remarié avec une riche veuve. A midi dînai à la maison avec ma femme. Puis, comme convenu avec ma femme, arrivent deux jeunes dames que connaît le frère de ma femme et qui désirent entrer au service de dames, et qui offrent leurs services à ma femme. La plus jeune, en vérité, possède une jolie voix et chante très bien, outre d'autres qualités, mais, je le .crains, a été trop librement élevée pour ma famille, et je crains de regrettables dépenses et que ma femme n'en prenne à son aise, ce que je veux éviter jusqu'à ce que ma bourse soit mieux garnie. Mais j'avoue que cette demoiselle assez belle et qui sait chanter, me donne bonne envie d'elle.
            Je les emmenai ensuite en voiture chez des amis à elles dans Lincoln's Inn Fields. J'allai ensuite au Temple au cabinet de mon cousin Roger Pepys où mon oncle Thomas et son fils Thomas nous retrouvèrent. J'avais espoir qu'ils auraient été d'accord pour faire terminer l'affaire par mon cousin Roger, mais ils veulent deux étrangers pour les représenter contre deux pour moi, nous nous sommes donc quittés sans rien décider tant qu'ils ne m'auront pas donné le nom des arbitres qu'ils se choisissent.
            Je rentrai à pied, m'arrêtant un moment dans l'enclos de Saint-Paul, et je remercie Dieu d'arriver à lire sans acheter un seul livre, quoique j'en aie bonne envie. Puis à la taverne du Dauphin près de chez moi, comme convenu, où je retrouvai Wade et Evett, et nous décidâmes de faire encore une tentative de découverte, et que Dieu puisse nous donner un meilleur résultat que dans l'autre. Mais je me tiens pour assuré  que ces gens ne trompent pas et qu'ils agissent en connaissance de cause, bien qu'ils aient pu se tromper sur le premier emplacement.
            De là, sans avoir bu une goutte de vin, à mon bureau où j'achevai, bien que tard, mon catalogue de prix des mâts depuis douze ans en vue d'en acheter un à Wood. Et je le reliai en papier marbré pour en faire un registre qui me sera utile. Puis rentrai et souper et au lit. Un peu avant et après notre coucher nous avons longtemps discuté et disputé sur le fait que ma femme prenne quelqu'un. Je me montrai très fâché qu'elle soit allée si loin sans réfléchir et sans me consulter. Et m'endormis.


                                                                                                             13 Novembre
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Résultat de recherche d'images pour "turner peintre anglais"            Levâmes, et recommençâmes notre querelle et je fâchai sérieusement ma femme qui, il est vrai, vit très seule. Mais je vois bien que c'est le manque d'ouvrage qui lui fait, comme à tout le monde, imaginer des façons de passer son temps de plus regrettable manière, et je le dois à mes travaux d'aménagement, qui ne lui permettent d'entreprendre aucun ouvrage, parce que la maison fut                                                    et est encore très sale.
            Au bureau en réunion et je dînai avec ma femme de mauvaise humeur à midi, puis à mon bureau. Cet après-midi a eu lieu notre première réunion de la commission d'inspection de la Caisse ( caisse de retraite ). Se réunirent John Mennes, sir Francis Clerke, Mr Heath avocat du duché, Mr Prynne, sir William Rider, le capitaine Cocke et moi. Nous commençâmes par lire la charte, un arrêt de la chancellerie de 1617, à la suite d'une enquête faite à Rochester sur les revenus de la Caisse, fixés alors depuis 1588 ou 1590, sur l'avis du lord Grand Amiral et des officiers de haut rang d'alors, avec le consentement des marins, à savoir un versement effectué par eux de 6 pence par mois, selon leur salaire qui n'était alors que de 10 shillings et est maintenant de 24 shillings.
            Nous ajournâmes à quinzaine et je me rendis chez sir William Penn qui va maintenant assez bien mais reste au lit, il ne peut se tenir debout. Puis à mon bureau tard. Cet après-midi ma femme, tant elle est fâchée, m'a écrit une lettre dont je ne sais que faire, la lire ou non. Mais j'ai dessein de ne pas la lire et de la brûler devant elle, pour mettre fin à d'autres manifestations de cette sorte. Mais il faut que je pense à une façon ou bien de lui trouver quelqu'un qui lui tienne compagnie, ou bien de lui donner de l'ouvrage et par le travail occuper ses pensées et son temps. Ayant fait ce que j'avais à faire, je rentrai souper. Je me montrai très maussade avec ma femme et allai me coucher et dormir, bien qu'à grand-peine étant fort tracassé, sans lui dire un seul mot.


                                                                                                           14 Novembre 1662

            Elle s'est mise à parler le matin et à se raccommoder avec moi pensant que j'avais lu sa lettre qui, je le vois à ses propos, était pleine de bonnes intentions et indiquait pourquoi elle désirait une suivante et quelle menue dépense elle voulait que ce me fût. Je me mis donc à la raisonner pleinement et clairement et elle à discuter vertement, me disant de la chasser et de prendre une des Bowyer si elle ne me plaisait pas. Je résolus donc que, quand la maison serait prête, elle ferait l'essai de cette femme pour un temps. La vérité c'est que c'est moi qui ai envie qu'elle vienne car elle connaît la musique et la danse. Je me levai et fus parmi mes peintres toute la matinée. Son frère survenant je lui dis clairement mon intention et il m'assura qu'elles étaient, les deux soeurs, très modestes et très pauvres et que celle que nous aurons se comporterait ainsi. Je me trouvai donc fort satisfait et passai une partie de la matinée à mon bureau puis rentrai dîner. Ensuite, Sarah se montra mécontente de l'arrivée de cette femme alors je me mis dans la chambre de ma femme et lui dis que ce n'était pas par manque de bienveillance envers elle. Mais ma femme arriva et je vois qu'elle n'est pas réconciliée avec elle, quelle qu'en soit la raison, et je vois que je ne pourrai pas la garder, bien que ce soit une servante aussi bonne, seulement un peu irritable, que je peux le souhaiter, et une servante estimable. Elle demanda donc l'autorisation de partir chercher une place, ce qu'elle fit. Ce qui me tracasse et je me querellai grandement avec ma femme sur ce point. Puis réunion à mon bureau cet après-midi, et allai écrire la réponse à une grande lettre de milord le trésorier. Puis rentrai souper.



                                                                                                             15 Novembre

            Toute la matinée réunion au bureau. Dînai agréablement à la maison avec ma femme, puis avec mes peintres. Allai ensuite voir mes avocats en droit civil pour le procès avec mon oncle, puis rentrai et j'ai vu mes peintres terminer ma maison ce soir, ce qui m'est une grande joie. Puis travaillai à mon bureau jusqu'à 10 heures du soir et rentrai souper. Après avoir lu une partie de Bussy d'Amboise, bonne pièce que j'ai achetée aujourd'hui, au lit.


                                                                          à suivre........

                                                                                                16 Novembre 1662
                                                                                     Jour du Seigneur
            Vers 3 heures du matin.........







         


                                                                                                                   

            
         


                                                                   

            

dimanche 29 octobre 2017

Zaha Hadid Margherita Guccione ( Document Italie )

 
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                                                     Zaha Hadid

            Née irakienne, étudiante à Beyrouth où elle obtient un diplôme en mathématiques, Zaha Hadid poursuit des études en architecture à Londres à l'Architectural Association School où elle enseigne puis collabore au Metropolitan Architecture avant de créer sa propre agence, à Londres en 1979. Dans ce bel album édité tout d'abord à Milan, on découvre de nombreuses photos de nombre des réalisations de la grande architecte, aujourd'hui reconnue mais non sans avoir connu des difficultés à s'imposer. En 2004 elle est lauréate du prestigieux Pritzker Prize. Visionnaire on reconnaît son travail exceptionnel . Artiste elle aimait les avant-gardistes. Linéaire et aérien sont les principaux traits de l'art de Zaha Hadid qui fut une admiratrice de l'architecte brésilien Oscar Niermeyer. Elle approfondit son travail en puisant chez Mondrian entre autres peintres. Les réalisations très importantes de la grande architecte irako-anglaise sont visibles à Milan, à Shangaï, En Espagne, en France et un peu partout sur la planète, Zaha Hadid a conçu de nouveaux lieux pour les plus grandes entreprises. Elle est morte au printemps 2016 à Miami. Ce bel album nous rappelle qui elle fût, la genèse de son évolution, assorti de belles et nombreuses photos.

vendredi 27 octobre 2017

Relligio Hugo ( Poème France )

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                                              Relligio

            L'ombre venait ; le soir tombait, calme et terrible.                                   koreus.com 
Résultat de recherche d'images pour "coucher de soleil"            Hermann me dit : - Quelle est ta foi, quelle est
                                                                               ta bible ?
                        Parle. Es-tu ton propre géant ?
            Si tes vers ne sont pas de vains flocons d'écume,
            Si ta strophe n'est pas un tison noir qui fume
                        Sur le tas de cendre Néant,                                                           

            Si tu n'es pas une âme en l'abîme engloutie,
            Quel est donc ton ciboire et ton eucharistie ?
                        Quelle est donc la source où tu bois ?
            Je me taisais ; il dit : - Songeur qui civilises,
            Pourquoi ne vas-tu pas prier dans les églises ? -
                       Nous marchions tous deux dans les bois.

            Et je lui dis : - Je prie. - Hermann dit : - Dans
                                                                           quel temple ?
            Quel est le célébrant que ton âme contemple,
                        Et l'autel qu'elle réfléchit ?                                                           fr.123rf.com 
Résultat de recherche d'images pour "coucher de soleil "            Devant quel confesseur la fais-tu comparaître ?
            - L'église, c'est l'azur, lui dis-je ; et quant au 
                                                                           prêtre... -
                     En ce moment le ciel blanchit.

            La lune à l'horizon montait, hostie énorme ;
            Tout avait le frisson, le pin, le cèdre et l'orme,
                        Le loup et l'aigle, et l'alcyon ;
            Lui montrant l'astre d'or sur la terre obscurcie,
            Je lui dis : - Courbe-toi, Dieu lui-même officie,
                        Et voici l'élévation.

                                                                               Marine-Terrace, octobre 1855

                                                               Victor Hugo
                                                                   
            

jeudi 26 octobre 2017

L'Informateur John Grisham ( Roman policier EtatsUnis )

                   fnac.com


                                                                   L'informateur

            Bon public et bon auteur. John Grisham a un public fidèle. Avec lui nous avons vécu les troublants assassinats, arnaqueurs et forbans de petite et grande envergure, les bas-fonds et les fortunes toujours face à de valeureux avocats. Lisant de la première ligne à la dernière page, parfois un peu déçus, mais si rarement que le nouveau " Grisham " est attendu avec la même impatience que lors de l'arrivée des premiers volumes. L'informateur, en fait ils sont trois, Myers apparaît dans les toutes premières pages, dénonce les mauvais verdicts d'une juge,Claudia Mc Dover, dans des parodies de procès, notamment celui de Junior Mace emprisonné et déjà dans le couloir de la mort, accusé d'avoir tué sa femme et son amant, ce qui est faux. En Floride,  des territoires ont été concédées aux Indiens. Ils ont leurs codes, leurs lois. Cependant un homme, caché derrière son clan, cinq cousins, a corrompu certains Indiens et la juge Claudia Mc Dover pour construire des résidences haut de gamme, et un casino extrêmement rentable. Toutes les sociétés sous couverture d'autres sociétés dans des paradis fiscaux. Vonn est le plus habile corrupteur, sans grande difficulté tous ceux qu'il approche sont avides d'argent, et trouve leur intérêt dans les projets et les ordres de le Coast Mafia. Mais Myers avocat déchu a rencontré Cooley lui-même en contact avec le ou la véritable lanceur d'alerte, sans doute proche de la juge, et ont décidé d'accumuler les preuves contre tous ceux qui profitent de la manne du casino entre autres. Clandestins très recherchés, les deux hommes évitent de laisser des traces de leurs mouvements, mais le moment est venu pour eux de contacter ceux qui leur paraissent encore hors corruption. Ce sera le BJC bureau d'état où Lacy avocate, Hugo et Geismar le patron ont des droits assez limités pour enquêter. Ils acceptent avec réticence, les rendez-vous sont pris grâce à des téléphones pré-payés, à usage unique, et fréquemment changés. Myers refuse l'approche du FBI. Une enquête à ce niveau sans eux est-ce possible ? Myers navigue de Miami aux îles avec sa compagne Carlita, et Lacy parcourt les routes de Floride de Panama City à Tallahassee. Le BJC constate par ailleurs que le FBI n'accepterait pas facilement l'enquête eux-mêmes submergés par l'arrivée d'un grand nombre de clandestins " venus porter le djihad dans le pays ", par Miami et la côte,  de plus ils ne veulent pas " d'un nouvel onze septembre raté à 24 heures près ". Le livre est passionnant, tant par l'ampleur de la masse d'argent manipulée sans impunité, que par l'ambiance. Ce sont de petits clans, les Mafieux petit groupe familial resserré, les Indiens silencieux, Lacy et son collaborateur. Un bien bon livre.

mercredi 25 octobre 2017

Evacuation Raphael Jerusalmy ( Roman France )

Evacuation
                   amazon.fr



                                                                 Évacuation

            Rebelle Saba, grand-père, accepte dans un premier temps de quitter, plutôt d'évacuer leur logement, et de se laisser conduire dans un lieu plus sûr. Il est accompagné de Yaël et de Naor son petit fils. Dans le bus des tenues particulières sont distribuées pour préserver la population des retombées bactériologiques. Car Israël est en guerre, des missiles tombent, détruisent bâtiments, installations. Et Saba descend, quitte le bus et fuit. Il ne fuit pas les bombes, mais il est âgé, malade quoique très agile encore et veut être libre encore. Abandonnant les bagages dans le bus Yaël et Naor le poursuivent, le rattrapent et le suivent dans ce qui sera une longue marche à travers Tel-Aviv, cette ville dont l'auteur avoue être amoureux. Ulysse et Molloy accompagnent les fuyards à pieds. Joyce et Becket, discussion. Des campements sont installés dans le Néguev et Naplouse. Fiction. Jerusalmy imagine l'évacuation de Tel-Aviv lors d'une attaque bactériologique. Le père a refusé de se joindre à eux, il est fermier. On ne quitte pas sa terre. En route ils remarquent un coquelicot, parlent de Cecil B de Mille er Ridley Scott. D'ailleurs Naor filme leur pérégrination avec son smartphone. La ville s'est vidée de sa population, les boutiques pillées, ils logent chez Yoni. Se promènent la nuit. Ballades risquées. Les tirs se font plus rares, " en prélude aux pourparlers et à un éventuel cessez-le- feu ". Et l'auteur décrit Tel-Aviv " Tel-Aviv sans les gens. Sans la faune et le bruit......  Aussi étouffante que Guayalquir......  Peut-être parce que c'est une ville à la fois bordélique et heureuse. Comme tu en trouves aux pieds des Andes ou sur les bords de l'Amazone, plutôt qu'à l'orée du désert. Une ville qui a l'air de faire exprès de ne pas être belle. Pour que tu t'attaches à ceux qui y vivent. Pas à ses pierres...... " C'est une histoire courte, émouvante, la fin du parcours de l'un de l'autre n'est pas forcément celle que l'on attendait. Un très joli livre, où l'auteur donne aussi son avis sur les fleurs que l'on tue en les cueillant et en les laissant mourir et pourrir dans un vase. Raphaël Jérusalmy, né français et sorti de l'école nationale supérieure est parti en Israël où il a partagé la vie de Tsahal, puis retiré de l'armée il devient libraire de livres anciens, à Tel-Aviv. Il est aussi chroniqueur sur I24. Prémices d'une guerre redoutable, partout.




lundi 23 octobre 2017

Voyage de nuit Victor Hugo ( Poème France )


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                                                  Voyage de nuit

            On conteste, on dispute, on proclame, on ignore,
            Chaque religion est une tour sonore ;
            Ce qu'un prêtre édifie, un prêtre le détruit :
            Chaque temple, tirant sa corde dans la nuit,
            Fait, dans l'obscurité sinistre et solennelle,
            Rendre un son différent à la cloche éternelle.
            Nul ne connaît le fond, nul ne voit le sommet.
            Tout l'équipage humain semble en démence ; on met
             Un aveugle en vigie, un manchot à la barre,
             A peine a-t-on passé du sauvage au barbare,
             A peine a-t-on franchi le plus noir de l'horreur,
            A peine a-t-on, parmi le vertige et l'erreur,
            Dans ce brouillard où l'homme attend, songe et soupire,
            Sans sortir du mauvais, fait un pas hors du pire,                              pixabay.com 
Image associée            Que le vieux temps revient et nous mord les talons,
            Et nous crie : Arrêtez ! Socrate dit : Allons !
            Jésus-Christ dit : Plus loin ! et le sage et l'apôtre
            S'en vont se demander dans le ciel l'un à l'autre
            Quel goût a la ciguë et quel goût a le fiel.
            Par moments, voyant l'homme ingrat, fourbe et cruel,
            Satan lui prend la main sous le linceul de l'ombre.
            Nous appelons science un tâtonnement sombre.
            L'abîme autour de nous, lugubre tremblement,
            S'ouvre et se ferme ; et l'oeil s'effraie également
            De ce qui s'engloutit et de ce qui surnage.                           
            Sans cesse le progrès, roue au double engrenage,
            Fait marcher quelque chose en écrasant quelqu'un.
            Le mal peut être joie, et le poison parfum.
            Le crime avec la loi, morne et mélancolique,
            Lutte ; le poignard parle, et l'échafaud réplique.
            Nous entendons, sans voir la source ni la fin,
            Derrière notre nuit, derrière notre faim,
            Rire l'ombre Ignorance et la larve Misère.
            Le lys a-t-il raison ? et l'astre est-il sincère ?
            Je dis oui, tu dis non. Ténèbres et rayons
            Affirment à la fois. Doute, Adam ! nous voyons
            De la nuit dans l'enfant, de la nuit dans la femme ;
            Et sur notre avenir nous querellons notre âme ;
            Et, brûlé, puis glacé, chaos, semoun, frimas,
            L'homme de l'infini traverse les climats.
            Tout est brume ; le vent souffle avec des huées,
            Et de nos passions arrache des nuées ;                                       
            Rousseau dit : L'homme monte ; et de Maistre : Il descend !
                                                                                                                     bbc.com 
Résultat de recherche d'images pour "religion"            Mais, ô Dieu ! le navire énorme et frémissant,
            Le monstrueux vaisseau sans agrès et sans voiles,
            Qui flotte, globe noir, dans la mer des étoiles,
            Et qui porte nos maux, fourmillement humain,
            Va, marche, vogue et roule, et connaît son chemin ;             
             Le ciel sombre, où parfois la blancheur semble éclore,
             A l'effrayant roulis mêle un frisson d'aurore,
             De moment en moment le sort est moins obscur,
             Et l'on sent bien qu'on est emporté vers l'azur !


                                                                                     


                                                                 Marine-Terrace, octobre 1855

jeudi 19 octobre 2017

Maximes et Pensées 1 Chamfort ( Flash France )

Caricatures de l’Index — deux journalistes boulonnais, Charles Aigre et Jean-Baptiste Hermand.
books.openedition.org


                                           Maximes et Pensées

     
              Amitié de cour, foi de renards, et société de loups.


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                                                                                                                    gallica.bnf.fr
Résultat de recherche d'images pour "caricatures finances 19è siècle"             La fortune pour arriver à moi, passera par les conditions que lui impose mon caractère.


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             On n'est point un homme d'esprit pour avoir beaucoup d'idées, comme on n'est pas un bon général pour avoir beaucoup de soldats.


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              Les économistes sont des chirurgiens qui ont un excellent scalpel et un bistouri ébréché, opérant à merveille sur le mort et martyrisant le vif.


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caricaturesetcaricature.com
Image associée            Autrefois le trésor royal s'appelait l'épargne. On a rougi de ce nom qui semblait une contrevérité, depuis qu'on a prodigué les trésors de l'Etat, et on l'a tout simplement appelé le trésor royal.


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                 M... disait, à propos de sottises ministérielles et ridicules :
            - Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France.


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              C'est une chose remarquable que Molière qui n'épargnait rien, n'ait pas lancé un seul trait contre les gens de finance. On dit que Molière et les auteurs comiques du temps eurent là-dessus les ordres de Colbert.


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                                                                                                                              toureiffel.paris 
Image associée
                 M.de Brissac, ivre de gentilhommerie, désignait souvent Dieu par cette phrase :
            '' Le Gentilhomme d'en haut . "


                                                                             Chamfort









    

dimanche 15 octobre 2017

Les furies Lauren Groff ( Roman USA )

Les furies
                     fnac.com


                                                                   Les Furies

            Lotto naquit avec un énorme front, de très grands pieds et de très grandes mains, épuisa sa mère qui ne put le nourrir longtemps, il grandit et à 22 ans, il mesurait 1m84, il épousa Mathilde, cheveux blonds vénitien. très mince, grande, 1m81. Amour vorace. Sa mère Antoinette, ne lui pardonna pas cette union. Avait-elle tort de suspecter sa nouvelle belle-fille de noirceurs cachées ?
Le livre est composée de deux parties, dans la 1è, Fortune, on découvre Antoinette quittant le New Hampshire et les levers matinaux dans les pièces glaciales, prenant un train jusqu'au bout de la ligne. Floride, la chaleur. Elle est belle, elle a des cheveux blonds qui descendent jusqu'au bas du dos. Sirène sera son travail jusqu'à sa rencontre avec un époux fermier. Bon homme une découverte va l'enrichir. Lotto entouré d'amis grandit, fume, la drogue circule alors Antoinette devenue au cours des ans grosse, obèse à la fin de sa vie, envoie Lancelot-Lotto, poursuivre ses études dans le Nord. A l'université ses conquêtes et ses débuts de comédien surtout dans le rôle d'Hamlet le rendent célèbre, de plus on le dit riche, et il vit une jeunesse heureuse et insouciante, jusqu'au jour où il croise Mathilde. Apprenant le mariage Antoinette lui coupe les vivres, ils tentent de vivre d'amour et d'eau fraîche, trouvent un appartement en sous-sol à Greenwich Village, bien aidés par la tante Sallie et la petite soeur Rachel, fidèles toujours. Mathilde, sans famille, dont on ne connaît pas le passé, très amoureuse se voue à son mari apprenti comédien, et trouve du travail dans une galerie d'art, de façon assez trouble semble-t-il. Mais Lotto se désespère, ne voit pas d'issue, boit beaucoup, le couple reçoit des amis qui apporte les plats qu'ils ne peuvent acheter. Ils sont sexuellement très attachés, fidèles tous deux, peut-être. Leur propriétaire, habite l'étage au-dessus, dit à son chat "..... Quels athlètes. Cela lui rappela la cage des singes lors d'une visite au zoo, un dimanche, où les capucins jouaient les catins avec bonheur..... " Mathilde ne veut pas d'enfant " Des pondeurs ". Ses raisons se révéleront en deuxième partie du livre, Les Furies. Tout tourne autour de Lotto. Lotto le bon copain de Samuel, devenu père après un cancer et l'ablation d'une partie de son appareil, Ariel, Cholie devenu tellement riche. Mathilde porte le ménage, Lotto désespéré, imbibé d'alcool, se lève une nuit et écrit sur son ordinateur, sur son père, sous forme de pièce. Vu à travers Lotto la pièce fut rapidement acceptée par un directeur de théâtre, mais plus loin lorsque l'histoire est racontée sous l'angle Mathilde, le projet eut besoin d'un sérieux coup de pouce. Néanmoins le succès fut au rendez-vous. Il écrivit cinq pièces, toutes connurent le succès. Lotto tant aimé, et jalousé sans doute aussi. Mathilde gère; refuse toute aide-ménagère, ne supportant pas de laisser à d'autres les soins du ménage. Ils possèdent un petit appartement à NewYork, une petite maison à la campagne, vivent sans ostentation, malgré leur fortune. L'auteur note des remarques très justes, telle celle sur la méconnaissance dans le couple. Ainsi Lotto apprenant une possible infidélité de son épouse après plus de vingt ans de mariage
" ....... Sa femme n'était pas pure. Elle avait été la maîtresse d'un autre....... Ça n'avait aucun sens. Soit c'était une pute, soit Lancelot était cocu.......  Tragédie, comédie, tout est question de point de vue......  - Sacré ego que le tien....... Le mariage est un tissu de mensonges. Gentils pour la plupart....... "
Le livre est dense et chacun trouve ce qu'il souhaite, comme dans toute bonne histoire. Mais 
Fates and Furies,  est dans la liste des livres préférés du Président Obama pour l'année 2016. Quatrième livre de Lauren Groff née en 1978, avoue n'avoir rencontré personne en-dehors de sa famille jusqu'à l'âge de 19 ans, et s'être enfouie dans les livres.

vendredi 13 octobre 2017

Autour d'un fiacre Mac-Nab ( Nouvelles France )

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insitu.revues.org


                                  Autour d'un Fiacre

            Un fiacre passait sur la place du Carrousel.
            Une bonne vieille y passait aussi. C'était son droit !
            Personne ne contestera ce droit !
            Le fiacre était noir et jaune ; il y avait écrit dessus " Camille ".
            Il peut arriver à tout le monde de s'appeler Camille !
            Le cocher avait un ruban jaune à son chapeau, des passepoils jaunes, un gilet jaune, des cheveux jaunes !
            On a un uniforme ou on n'en a pas !
            Le cheval aussi était jaune, de sa couleur naturelle. On ne lui en fera pas un crime. Et puis vous savez, des goûts et des couleurs...
            La bonne vieille avait le teint jaune ; mais le teint ne fait rien à l'affaire !
            Elle était sourde, c'est vrai ; mais un bon coeur fait pardonner bien des défauts !...
            Bref, les choses en étaient là quand le cheval se mit à trotter. ( Tout arrive ici-bas ! )
            Sur la place, il n'y avait que le fiacre et la bonne vieille. Or, cette place a cent trente-trois mètres de long et quatre-vingt-douze en large. Ce n'était pas l'espace qui manquait : on ne dira pas le contraire. ( Je voudrais bien voir qu'on dise le contraire ! )
            Et pourtant, le fiacre a écrasé la bonne vieille.
            Après tout, me direz-vous, une femme de plus ou de moins !... Je ne dis pas, mais cela n'en était pas moins fort désagréable pour le cocher !                                          youtube.com
Résultat de recherche d'images pour "le fiacre jean sablon paroles"            Ça pouvait lui faire du tort !
            Enfin, on lui a pardonné pour cette fois.
           Du reste, à quoi bon le punir ?
           S'il a écrasé une femme, est-ce une raison pour lui enlever son gagne-pain ?
           Il faut bien que tout le monde vive !...




                                                                                 Mac-Nab

                                                                                           in Poèmes mobiles 1885

            

lundi 9 octobre 2017

Les violettes de l'avenue Foch Simon Liberati ( Document France )

Les violettes de l'avenue Foch  etfnac.com

                                     Les violettes de l'avenue Foch

            Simon Liberati a rassemblé environ 40 articles publiés dans différents journaux, Homme, Lui, Purple, Madame Figaro, il raconte une visite chez Carla Bruni-Sarkozy, également dans Transfuge, l'Officiel, Libération. Portraits de mannequins, Naomi, Cindy, Claudia et les couturiers, Lagerfeld, Alaïa, Saint-Laurent, et leurs amis, époque Palace, Paris nocturne. Drogues et boissons. Amour, admiration pour Marisa Berenson. Interview de Jean- Pierre Léaud, toujours vêtu en Lanvin, aujourd'hui âgé, 70 ans déjà. Anecdotes, ce que préfère Libérati. Photographiés hier, inconnus aujourd'hui, films en mal de censure, à Tokyo, à New York Visconti et Helmut Berger, avec Eva Ionesco. Saint Tropez où l'auteur se rendait à la messe avec ses parents, dans la petite église. Logements divers, rue de Beaune, à Saint Germain des Prés. Rive gauche, rive droite, Simon Libérati nous raconte aussi la chapelle de la rue du Bac, et sa médaille dite miraculeuse. Des maisons ici ou là, alors que leur groupe est désargenté, Eva, Louboutin et quelques autres. Curieux, rapide lecture, quelques réflexions, souvenirs temps passé, hier, aujourd'hui.

vendredi 6 octobre 2017

Le jour d'avant Sorj Chalandon ( Roman France )

Le jour d'avant
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                                                              Le jour d'avant

            Dans les corons, près des terrils, là-haut dans le nord, un 'tiot sur un vélomoteur, son grand frère Joseph Flavent derrière le tient par les aisselles ou lève les bras en l'air en chantant, faux, une nuit de décembre, traversent les rues verglacées. Après cinq jours d'arrêt les mineurs reprendront dans quelques heures le chemin de la mine. Certains, comme Joseph,  plus angoissés. Chacun sait que les tunnels ne sont pas en état, pas aérés "......... Pour faire des économies en temps et en personnel, les ventilateurs, les taffanels, les moyens de protection n'avaient pas été convenablement vérifiés....... "
Michel est encore un adolescent à qui l'aîné rapporte le pain d'alouette. Les parents sont des fermiers, l'oncle est mort victime du grisou, et le père ne cesse de dire à l'enfant " Venge-nous de la mine " puisque l'aîné a refusé de travailler la terre et préféré la fierté et la cruauté du travail du mineur.
L'auteur, Sorj Chalandon raconte, les 42 victimes de l'explosion survenue à Lievins le 27 décembre 1974 à 6h 19,  il est  Michel Flavent fils et surtout frère de celui dont il pleure chaque jour la mort. Marié il travaille à Paris, et s'est installé un repaire transformé en mausolée à la mémoire des mineurs.
Michel porte une vraie souffrance, revit chaque heure, les femmes devant leur maison attendant le terrible verdict. Mais l'histoire est plus compliquée passée la première partie du livre. Le rebondissement inattendu, les personnages attachants. Michel osera-t-il scruter son passé, acceptera-t-il de parler ? L'auteur est Michel, il l'a voulu, et écrit un roman, basé sur des faits réels, chaleureux sur les ouvriers mineurs, sur cette mine fermée depuis le drame. Michel confronté à la maladie, continue à nier certaines réalités, se cache, se blottit dans le silence, même lorsqu'il retourne au café de son enfance, Michel travailleur sans problème, la vérité dans un livre, sur une feuille pliée en quatre. Un bon livre, rude où les hommes peuvent être de bons camarades. Evidemment, Michel lit à un moment Germinal, on s'y croirait.

A M. Froment Meurice Victor Hugo ( Poème France )

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                                                  A M. Froment Meurice

            Nous sommes frères : la fleur
            Par deux arts peut être faite.
            Le poète est ciseleur ;
            Le ciseleur est poète.

            Poètes ou ciseleurs,
            Par nous l'esprit se révèle.
            Nous rendons les bons meilleurs,
            Tu rends la beauté plus belle.                                                                    pinterest.com
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            Sur son bras ou sur son cou,
            Tu fais de tes rêveries,
            Statuaire du bijou,
            Des palais de pierreries !

            Ne dis pas : " Mon art n'est rien... "
            Sors de la route tracée,
            Ouvrier magicien,
            Et mêle à l'or la pensée !

            Tous les penseurs, sans chercher
            Qui finit ou qui commence,
            Sculptent le même rocher :
            Ce rocher, c'est l'art immense.

            Michel-Ange, grand vieillard,
            En larges blocs qu'il nous jette,
            Le fait jaillir au hasard ;                                       
Image associée            Benvenuto nous l'émiette.                                                                                                                                         
            Et, devant l'art infini,
            Dont jamais la loi ne change,
            La miette de Cellini
            Vaut le bloc de Michel-Ange.

            Tout est grand ; sombre ou vermeil,
            Tout feu qui brille est une âme.
             L'étoile vaut le soleil ;
             L'étincelle vaut la flamme.
                                                                                                                                                                                                                                                                    didiermasse.com                                                                                                                                   
                                                                          Paris, 22 octobre 1841
                                                          Hugo