reynaldo.hahn.net
( Novembre - Décembre 1906 )
Hélas seul de tant d'illustres
Ducs et rustres
Pour Chicago et Boston
Seul, ne peut t'offrir, ô Maistre !
Une lettre,
L'ermite Porte-Bâton
Dettelbach ou Chevigné*
- Résigné ! -
Aux Yankees te recommande
Et leur monde
De prendre comme leçon
Ta chanson.
Wladimir noble grand-duc
- bien caduc ! -
Adresse de son pupître
Mainte épître
Non pas - à quoi bon ? -aux Fould,
Mais aux Gould !
La Pourtalès débonnaire
Dont sera centenaire
Cet air - trop tard - célébré,
De sa plume originale
Te signale
Au consul Alcide Ebray !
Tous ceux à qui ta Chronique
fait la nique
Jusqu'aux Reskés de Noufflard
Font s'élever tes louanges
Jusqu'aux anges
Pour tous ces marchands de lard
Je vous enverrai suite. Mais ne laissez pas traîner à cause de plaisanteries ( idiotes ) de Chevigné et sur la Pourtalès
* A NewYork consul de France
Lettre non signée
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Décembre 1906
Sonnet Envoi
Collabore avec Louis le Gendre
Ou même avec Hugues Delorme
Et pendant ce temps laisse attendre
Ton poney, - ô moschant !- sous l'orme ;
A Vaudoyer montre un coeur tendre
Et, que Larguier excelle ou dorme,
Déclare son talent énorme
A Reboux qui te sait entendre ;
Voici le livre curieux
Du " bon poète "des Rieux
Que ton pauvre moschant t'envoie.
C'est avec bien chagrin au coeur
Qu'il délaisse aux autres la joie
D'être ton collaborateur
( lettre non signée )
cinememorial.com
Décembre 1906
Versailles
Muncht,
Est-ce que vous pensez à mon Walter Scott en anglais ?
D'autre part :
Si c'est ça de dérangement, ne le faites pas. Mais dans ce cas serait-ce vous demander une nouvelle corvée que de vous demander de lui écrire
" Mr
Mr Proust m'a demandé si je pourrais vous envoyer 2 places pour La Vierge d'Avila. Il m'est malheureusement impossible d'avoir ces places. Recevez etc. "
ou rien du tout
Binjours genstil.
Marcel
Votre marchand de tapis vient-il à Paris cet hiver ? En a-t-il de " persans " ? anciens ? Est-il
" avantageux "
* pièce de Catulle Mendès musique Reynaldo Hahn, Sarah Bernhardt interprète Ste Thérèse d'Avila.
Décembre 1906
Air du Pont des Soupirs
Un jour l'ermite de Versailles
Ecrivit à son Reynaldo :
Comme je suis sans sou ni mailles a, ailles
Ah ! ne crois pas à un Kasdeau
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C'est une action de tramway électrique
Que pour toi j'ai su bien placer,
Et tu ne vas pas, je m'en pique,
Me refuser, refuser !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Cette affaire où ma science unique
A bien su pour toi spéculer
( Avec force )
C'est le tramway électrique
Je vais, je vais te l'envoyer !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
( Lettre non signée )
11 Décembre 1906
Versailles
Mon petit Binibuls
Je suis bien honteux de vous rescrire pour une si petite somme. Vous savez que si vous vouliez argent, le mien est à votre disposition et c'est dit une fois pour toutes, quelque somme que vous voulez. Mais pour le misérable petit gain que je vous ai fait faire et qui n'a aucun rapport, je n'ai pas envie que vous me déshonoriez aux yeux du Crédit Industriel ou des Rotschild en priant celui qui vous l'enverra de vous le remettre à mon compte. Je préfère pas d'avanies publiques. J'attendrai donc que vous me disiez que je peut, mais je trouve horriblement moschant si vous ne me dites pas immédiatement de le faire. Car à la simple supposition qu'une somme à la fois dérisoire et biscornue est un cadeau, me fâche plus que tout. En tous cas c'est fait je vous en supplie de ne pas nous éterniser sur cette connerie. J'ajoute que je viens de songer que mon notaire n'avait jamais encaissé les revenus de valeurs qu'il avait en garde, que je les ai fait encaisser ces jours-ci par la maison Rotschild, que cet arriéré datant d'assez longtemps est considérable et qu'en conséquence je me trouve avoir de l'argent disponible absolument imprévu et que si avant votre départ vous souhaitiez avoir pour n'importe quoi une somme même considérable ( pas les 580 ! ) cela me serait la chose la plus simple du monde. Je n'insiste pas. Vous êtes prévenu. Quant aux 580 j'attends vos ordres mais je les espère genstils.
Ne venez pas ici, il fait mauvais, je me réveille tard, et je n'ai besoin de quoi que ce soit. J'ai dit à Léon de vous conseiller de prendre des nouvelles de Mme de Lauris* qui va moins bien et d'inviter Louisa à dîner avec Gangnat**. Et je vous dis que je suis votre Buncht. Lisez dans Le Temps de ce soir ( Mardi ) l'article sur la fille de Louis XV qui s'était faite Carmélite. Ceci me choque toujours qu'on prononce le nom de Carmélite sans parler de Birninuls***, mais à part cela l'article - comme du reste tous ceux intitulés la petite histoire - est assez josli. Et dans Le Temps d'hier ( lundi ) en 1ère page assez intéressants souvenirs de Bourget sur Brunetière.
Hasdieu.
B.
* Malade mère de son ami Georges de Lauris qui travailla avec Proust sur Contre Saint-Beuve.
** Louisa de Mornant actrice maîtresse de Gangnat.
*** Catulle Mendès auteur du livret de La Carmélite, Reynaldo Hahn de la musique.
**** Directeur de la Revue des deux Mondes de 1893 à 1906.
cinema.encyclopedie.personnalites.fr vincent scotto auteur mon annanite 13 décembre1906
Versailles
Mon cher Irnuls
Avant de me kouscher je veux vous donner petit bonsoir et vous dire de quelles pensées me laissent vos visites qui m'émeuvent d'une telle reconnaissance et d'une telle angoisse de votre départ. Vous êtes plus genstil que n'importe qui ne pourrait imaginer, mon pauvre gentil qui venez ainsi, à ces heures, par ce temps. Mais par là vous redoublez tendresse et rendez plus cruelle la séparation prochaine ( je parle du voyage d'Amérique ). Je crois qu'il serait trop déraisonnable d'aller de Versailles et d'avoir à revenir le 24. Et après avoir décidé après votre départ que oui, je décide que non. Pourtant à tout hasard si vous savez un jour la liste des assistants, dites-le moi pour que je voie si à supposer que je le risquasse cela n'aurait pas d'inconvénient pour moi.
Je continue tout de même " Harmental ", où le puéril Denis est digne à la fois de Balzac et de Paul de Cocke. Mais tout ce que vous m'avez insinué, m'a mis dans l'esprit que Bathilde est sûrement une fille du Régent. Et alors quel ennui de penser que d'Harmenthal s'est lancé dans cette conspiration et qu'il va y avoir des conflits douloureux dans un roman où je n'aurais voulu que de la curiosité heureuse, du triomphe et de la gourmandise. C'est bien mal escrit ( pas d'Harmenthal, ce que je vous dit ) et quand je pense aux lettres admirables qu'écrit Buninuls même à Aderer, je ne comprends qu'il continue à daigner correspondre avec un ami ramolli. Tâchez avant de partir de me dire tout ce que vous dois pour livres Sollier, Ruskin etc. etc. etc. Et ( je pense bien que vous avez reçu il y a deux jours une longue lettre ) ne m'ennuyez pas avec les 580 f. nécessaires pour terminer mes comptes de fin d'année maintenant que je suis banquier. N'en parlons plus, je les ferai hensvoyer, et vous me laisserez tranquille. Et ne ferai plus hopération de bourse pour vous sans vous demander permission.
Adieu Ha.
Mon genstil pensant à votre infinie bonté pour moi et à la douceur qu'elle causerait à Maman si elle le savait je pense à ces vers vraiment beaux de Montesquiou :
Je les change légèrement pour les adapter.
Oh ! si tu m'as aimé de cette bonté tendre
Toi que je vais quitter dans ce cruel départ
C'est que des yeux, par toi fermés, t'ont fait entendre,
Le testament muet du maternel regard.
Comme tu l'as remplie en mère cette tâche
De mère - ce mandat comme tu l'as rempli !
( Il s'agit d'une vieille bonne à qui sa mère à lui Montesquiou l'aurait confié en mourant ).
Adieu Genstil.
Je vois que j'ai mal deviné et qu'elle n'était pas fille du Régent. Pardon
Décembre 1906
Versailles
Mon petit Buninuls
Je pense à la manière dont vous chantez l'Annamite " en attaché d'Ambassade ". Et je me dis que rien que ce mot et les regards que vous jetez sur vos ongles valent comme intelligence plus que tout Ste Beuve. Et quand alors je pense à la manière dont vous écorchez divinement ( je ne le dis pas dans le sens habituel d'écorché ! ) Venise la rouge de Gounod, ce 1er Marsyas de la mélodie, dont les successeurs ne devaient plus écorcher que - nos oreilles, dirait dans son horrible style, Veuillot - quand je pense à tout cela rien que quand vous chantiez et au seuil du temps où on entend les choeurs d'Esther etc etc, que puis-je imaginer de plus grand que vous et vous, hominuls.
J'ai fini Harmental ( quel joli nom ! moins que Bragelonne pourtant, des trois Dumas c'est celui que je préfère. D'ailleurs ils sont tous les trois pareils ) et je dois dire que j'ai tout deviné dès le début, excepté le meurtre du Ctne Roquefinette qui est trop idiot pour pouvoir être deviné par une intelligence saine. Quand vous lirez ces lignes ne doutez pas que je serai plongé Une fille du Régent. Mais n'avez-vous pas confondu avec " La Régence " du même ? " Ah ! Diable ! " ( Reynaldo ).
Je voudrais bien savoir si tout cela est historique. Il a beau appeler tout le temps le témoignage de St Simon, je ne me rappelle pas tout cela.
Hasd
B. dumas père
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