douanier rousseau
Pressentiment d'Amérique
Mon enfant si nous allions en Amérique dont j'ai
toujours rêvé
Sur un vaisseau fendant la mer des Antilles
Et accompagnés par une nuée de poissons volants
dont les ailes nageoires palpitent de lumière
Nous suivrons le fleuve Amazone en cherchant
sa fée d'île en île
Nous entrerons dans les grands marécages où
des forêts sont noyées
Salue les constricteurs Entrons dans les
reptilières
Ouïs l'oie oua-oua les singes hurlent les oiseaux
cloches
Vagues du Prororoca l'immense mascaret
Le dieu de ces immensités les Andes les pampas
Est dans mon sein aujourd'hui mer végétale
Millions de grands moutons blonds qui
s'entrepoursuivent
Les condors survenant neiges des Cordillères
Ô cahutes d'ici nos pauvres reptilières
Quand dira-t-on la guerre de naguère
Troisième fable
Le ptit Lou s'ébattait dans un joli parterre
Où poussait la fleur rare et d'autres fleurs itou
Et Lou cueillait les fleurs qui se laissaient bien faire
Mais distraite pourtant elle en semait partout
Et perdait ce qu'elle aime
Morale
On est bête quand on sème
Le Toutou et le Gui
Un gentil toutou vit un jour un bout de gui
Tombé d'un chêne
Il allait lever la patte dessus sans gêne
Quand sa maîtresse qui
L'observe l'en empêche et d'un air alangui
Ramasse le gui
Gui jappe le toutou pour toi c'est une veine
Qu'est-ce qui donc te la valut
Vous êtes cher toutou fidèle et résolu
Et c'est pourquoi votre maîtresse
Vous aime avec tendresse
Lui répond
La plante des Druides fotocommunity.fr
Pour la tendresse à vous le pompon
Mais moi je suis l'amour à grandes guides
Je suis le bonheur
La plus rare des fleurs ô toutou mon meilleur
Compagnon puisque plante je n'ai pas de fleur
Vous êtes l'idéal et je porte bonheur
Et leur
Maîtresse
Étendue avec paresse
Effeuillant indifféremment de belles fleurs
Aux mille couleurs
Aux suaves odeurs
Feint de ne pas entendre
Le toutou jaser avec le gui Leurs
Propos la font sourire et nos rêveurs
Imaginent de comparer leurs deux bonheurs
Cependant qu'Elle les regarde d'un air tendre
Puis se levant soudain auprès d'eux vient s'étendre
Le toutou pour sa part eut bien plus ( à tout prendre )
De baisers que le gui
Qui tout alangui
Entre deux jolis seins ne peut rien entreprendre
Mais se contente bien ma foi
De son trône digne d'un roi
Il jouit des baisers les voyant prendre
Et les voyant rendre
Sans rien prétendre
Morale
Il ne faut pas chercher à comprendre
Poème à Lou
Vais acheter une cravache
En peau de porc jaune en couleur grandspeintres.com
Si je n'en trouve que macache gabrielle aux seins nus renoir
Prendrai mon fouet de conducteur
Rêverie sur ta venue
Mon Lou mon Coeur mon Adorée
Je donnerais dix ans et plus
Pour ta chevelure dorée
Pour tes regards irrésolus
Pour la chère toison ambrée
Plus précieuse que n'était
Celle-là dont savait la route
Sur la grand-route du Cathai
Qu'Alexandre parcourut toute
Circé que son Jason fouettait
Il la fouettait avec des branches
De laurier-sauce ou d'olivier
La bougresse branlait des hanches
N'ayant plus rien à envier enpentedouce.forum-actif.net
En faveur de ses fesses blanches
Ce qu'à la Reine fit Jason
Pour ses tours de sorcellerie
Pour sa magie et sa toison
Je te le ferai ma chérie
Quand serons seuls à la maison
Je t'en ferai bien plus encore
L'amour la schlague et coetera
Un cul sera noir comme Maure
Quand ma maîtresse arrivera
Arrive ô mon Lou que j'adore
Dans la chambre de volupté
Où je t'irai trouver à Nîmes
Tandis que nous prendrons le thé
Pendant le peu d'heures intimes
Que m'embellira ta beauté
Nous ferons cent mille bêtises
Malgré la guerre et tous ces maux
Nous aurons de belles surprises
Les arbres en fleurs les Rameaux
Pâques les premières cerises
Nous lirons dans le même lit
Au livre de ton corps lui-même
- C'est un livre qu'au lit on lit -
Nous lirons le charmant poème soohcliche.com
Des grâces de ton corps joli
Nous passerons de doux dimanches
Plus doux que n'est le chocolat
Jouant tous deux au jeu des hanches
Le soir j'en serai raplapla
Tu seras pâle aux lèvres blanches
Un mois après tu partiras
La nuit descendra sur la terre
En vain je te tendrai les bras
Magicienne du mystère
Ma Circé tu disparaîtras
Où t'en iras-tu ma jolie
A Paris dans la Suisse ou bien
Au bord de ma mélancolie
Ce flot méditerranéen
Que jamais jamais on n'oublie
Alors sonneront sonneront
Les trompettes d'artillerie lou
Nous partirons et ron et ron
Petit patapon ma chérie
Vers ce qu'on appelle le Front
J'y ferai qui sait des promesses
Comme font les autres poilus
En l'honneur de tes belles fesses
De tes doux yeux irrésolus
Et de tes divines caresses
Mais en attendant je t'attends
J'attends tes yeux ton cou ta croupe
Que je n'attende pas longtemps
De tes beautés la belle troupe
M'amie aux beaux seins palpitants
Et viens-t'en donc puisque je t'aime
Je le chante sur tous les tons
Ciel nuageux le nuit est blême
La lune chemine à tâtons
Une abeille sur de la crème
( 4 février 1915 )
Guillaume Apollinaire
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