mardi 16 février 2021

Le Journal du Séducteur 2 Sören Kierkegaard ( Essai Danemark )

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                                               Le Journal du Séducteur

            Voici les lettres -

             Johannes !

            Je ne t'appelle pas " mon " Johannes, car je sais bien que tu ne l'as jamais été. J'ai été assez durement punie pour avoir laissé mon âme se délecter à cette idée. Pourtant, je t'appelle mien, mon séducteur, mon trompeur, mon ennemi, mon assassin, l'auteur de mon malheur, le tombeau de ma joie, l'abîme de mon infortune. 
            Je t'appelle mien et je m'appelle tienne, de même qu'autrefois cela te flattait les oreilles, toi qui fièrement t'inclinas pour m'adorer, à présent cela doit sonner comme une malédiction sur toi, une malédiction pour toute l'éternité.
            Ne te réjouis pas en pensant que j'aie l'intention de te poursuivre ou de m'armer d'un poignard pour t'exciter à des moqueries ! Où que tu fuies je suis pourtant tienne, va jusqu'au bout du monde, je resterai pourtant tienne, donne ton amour à des centaines d'autres, je suis pourtant tienne. Le langage même dont je me sers envers toi doit te prouver que je suis tienne. 
            Tu as eu l'audace de tromper un être de telle façon que tu es devenu tout pour cet être, pour moi, et que j'aurais infiniment de plaisir à devenir ton esclave. Je suis à toi, je suis tienne, ta malédiction.

                                                                                                Ta Cordélia

            Johannes !

            Il y avait un homme riche qui possédait des brebis et des bœufs en très grand nombre. Il y avait une pauvre petite fille qui ne possédait qu'une seule brebis mangeant de son pain et buvant de sa coupe. Tu étais l'homme riche, riche de toutes les splendeurs de la terre, j'étais la pauvre fille qui ne possédait que mon amour. Tu l'as pris et tu t'en es réjoui, puis le désir te fit signe et tu sacrifias le peu que je possédais, de tes propres richesses tu ne pus rien sacrifier.
            Il y avait un homme riche qui avait des bêtes en très grand nombre, des grosses et des petites, il y avait une pauvre petite fille qui ne possédait que son amour

                                                                                                   Ta Cordélia

            Johannes !

            N'y a-t-il donc aucun espoir ? Ton amour ne se réveillera-t-il jamais à nouveau, car je sais que tu m'as aimée, bien que je ne sache pas ce qui m'en donne l'assurance. J'attendrai, même si le temps me paraît long. J'attendrai jusqu'à ce que tu en aies assez de l'amour des autres. Alors ton amour pour moi resurgira du tombeau, alors je t'aimerai comme toujours, comme autrefois, oh Johannes ! comme autrefois ! Johannes ! Ta froideur insensible envers moi représente-t-elle ta véritable nature, ton amour, les richesses de ton coeur, n'étaient-ils que mensonge, que fiction, es-tu redevenu toi-même ? Aie patience avec mon amour, pardonne-moi de t'aimer toujours. Je le sais, mon amour est un fardeau pour toi, mais le temps viendra où tu retourneras auprès de ta Cordélia. 
            Ta Cordélia ! Ecoute ce mot suppliant ! Ta Cordélia ! Ta Cordélia !          carte-sms.weebly.com

                                     
                                                                                   Ta Cordélia 
          

            Même si Cordélia n'a pas été à la taille de ce qui chez elle provoque l'admiration pour son Johannes, il ressort cependant clairement de tout qu'elle n'a pas été dépourvu de modulation. Son état d'âme se manifeste clairement dans chacune des lettres, bien qu'elle ait manqué d'une certaine clarté dans l'expression. C'est surtout le cas pour la seconde lettre où on devine, plutôt qu'on ne comprend,
ses pensées. Mais, pour moi, cette imperfection la rend d'autant plus émouvante.

            4 Avril.

            Prudence ! Ma belle inconnue ! Prudence ! Descendre de carrosse n'est pas chose aisée, cela équivaut parfois à un cas décisif. Je pourrais vous prêter une nouvelle de Tieck, vous verriez qu'une dame en descendant de cheval se compromit à tel degré que ce pas décida du reste de sa vie. Aussi les marchepieds des carrosses sont généralement si maladroitement faits qu'on est presque forcé de renoncer à toute grâce et, en désespoir, à risquer un saut qui vous fait tomber dans les bras du cocher ou d'un valet. 
             Oui, ces gens sont enviables. Je crois vraiment que je vais essayer de trouver un engagement comme valet dans une maison où il y a des jeunes filles. Un valet devient aisément confident des secrets d'une petite damoiselle.
            " - Mais, je vous en prie, ne sautez pas, pour l'amour de Dieu, Oui, il fait sombre. Je ne vous dérangerai pas, je ne me mettrai que sous ce réverbère, il vous sera impossible de me voir et, n'est-ce pas ? on n'est jamais timide que dans la mesure où on est vu, mais on n'est toujours vu que dans la mesure où on voit. "
             Donc, par sollicitude pour le valet qui, peut-être, ne serait pas capable de résister à un tel saut, par sollicitude pour la robe de soie, item par sollicitude pour les franges de dentelles, par sollicitude pour moi, permettez à ce pied mignon dont j'ai déjà admiré l'étroitesse de tâter du monde, courez le risque de vous fier à lui, il saura bien prendre pied, et si vous frémissez un instant en pensant qu'il ne réussirait pas à trouver sur quoi se poser si vous frémissez encore après qu'il l'a trouvé, alors avancez vite l'autre pied car, qui serait assez cruel pur vous laisser planer dans cette position, qui serait assez disgracieux, assez lambin pour ne pas se hâter devant la révélation du beau ? Ou craignez-vous peut-être une tierce personne, le valet sûrement pas, ni moi non plus, car j'ai déjà bien vu le petit pied et, comme je suis naturaliste, j'ai appris par Cuvier à en tirer les conclusions les plus sûres.
            Dépêchez-vous donc ! Ah, comme cette angoisse ajoute à votre beauté. Mais l'angoisse en soi n'est pas belle, elle ne l'est qu'à l'instant où on s'aperçoit de l'énergie qui la surmonte.
            Parfait. Comme ce petit pied s'est maintenant bien implanté. J'ai remarqué que les jeunes filles qui ont de petits pieds savent généralement mieux s'y tenir ferme que celles qui ont des pieds plutôt gros de piéton. Qui y songerait ? C'est contre toute expérience, en sautant de voiture il y a bien plus de chance pour que la robe s'accroche que lorsqu'on descend tranquillement. Mais il est aussi bien toujours un peu grave pour les jeunes filles de se promener en carrosse, elles finiront par y rester. Les dentelles et les franges sont perdues, et voilà tout ! Personne n'a rien vu. Seul se montre le profil sombre d'un homme recouvert d'un manteau jusqu'aux yeux, on ne peut pas voir d'où il vient car la lumière du réverbère vous éblouit les yeux, il vous dépasse au moment où vous vous apprêtez à entrer par la porte de la maison. Juste à l'instant décisif un regard oblique se jette sur un objet. Vous rougissez, votre poitrine s'enfle trop pour pouvoir se vider en un souffle. Dans votre regard il y a de l'irritation, un fier mépris. Vos yeux, où brille une larme, sont suppliants. Larme et prière sont également belles et je les accepte avec un droit égal, car je peux représenter n'importe quoi.
            Toutefois je suis méchant. 
             Quel peut bien être le numéro de la maison ? Qu'est-ce que je vois ? Un étalage de bimbeloterie
             Ma belle inconnue, c'est peut-être révoltant de ma part, mais je suivrai le chemin éclairé...
             Elle a oublié le passé, hélas, oui ! Lorsqu'on a 17 ans, lorsque à cet âge heureux on sort pour faire des emplettes, lorsqu'on attache un plaisir indicible à chacun des objets, grands ou petits, qui vous tombe sous la main, on a l'oubli facile. Elle ne m'a pas encore vu, je me trouve à l'autre bout du comptoir, très loin, à l'écart. Un miroir est suspendu sur le mur opposé, elle n'y pense pas, mais le miroir y pense. Avec quelle fidélité n'a-t-il pas su saisir son image, il est comme un humble esclave qui prouve son attachement  par la fidélité, un esclave pour lequel elle a de l'importance mais qui n'a aucune importance pour elle, qui ose bien la comprendre, mais non pas la prendre. Ce malheureux miroir qui sait bien saisir son image, mais non la saisir, ce malheureux miroir qui ne peut pas garder son image dans le secret de ses cachettes en la dérobant à la vue du monde entier, mais qui ne sait que la révéler à d'autres, comme maintenant à moi ! 
            Quel supplice pour un homme s'il était ainsi fait. Et pourtant, n'y a-t-il pas beaucoup de gens qui sont ainsi faits, qui ne possèdent rien sauf au moment où ils le montrent aux autres, qui ne saisissent que l'apparence des choses et non pas la substance qui perdent tout au moment où celle-ci désire se montrer, exactement comme ce miroir perdrait son image si par un seul souffle elle désirait lui ouvrir son cœur.
            Si un homme était incapable de garder dans son souvenir une image de la beauté, pas même à l'instant de sa présence, il devrait désirer en être toujours éloigné et jamais trop proche pour voir la beauté de ce qu'il serre dans ses bras, et qu'il ne voit plus, mais qu'il pourrait revoir en s'éloignant et qui, au moment où il ne peut pas voir l'objet parce qu'il est proche de lui, au moment où les lèvres se joignent pour le baiser, sera tout de même visible pour les yeux de son âme... 
            Ah, comme elle est belle ! Pauvre miroir, quel supplice pour vous, mais quelle chance aussi pour vous de ne pas connaître la jalousie. Sa tête, parfaitement ovale, s'incline un peu en avant, ce qui rehausse le front. Celui-ci se dresse pur et fier, sans refléter d'aucune manière ses facultés intellectuelles. Ses cheveux foncés cernent doucement et tendrement le front. Son visage est comme un fruit, partout arrondi et replet, sa peau est transparente et mes yeux me disent qu'au toucher elle doit être comme du velours. Ses yeux, oui je ne les ai pas encore vus, il sont cachés derrière des paupières armées de franges soyeuses et crochues, dangereuses pour ceux qui cherchent son regard. Sa tête est comme celle d'une madone, imprégnée de pureté et d'innocence, elle s'incline comme la Madone, mais sans se perdre dans la contemplation de l'Unique, et il y a de la mobilité dans l'expression de son visage. 
            Ce qu'elle contemple est la variété, les multiples choses sur lesquelles les somptuosités splendides de la terre jettent un reflet. Elle ôte un gant pour montrer au miroir et à moi une main blanche droite et bien sculptée, comme une œuvre antique, et une bague d'or plate à l'annulaire, bravo ! 
            Elle lève les yeux et tout change, tout en ne changeant pas. Le front est un peu moins haut, le visage un peu moins régulièrement ovale, mais plus vivant. Elle parle avec le vendeur. Elle est gaie, heureuse et loquace. Elle a déjà choisi un, deux, trois objets, elle en prend un quatrième, le tient dans sa main, ses yeux se baissent à nouveau, elle en demande le prix, elle le met de côté, sous le gant, il s'agit sûrement d'un secret, à destination d'un... d'un fiancé ? Mais elle n'est pas fiancée.
            Je sais, hélas ! il y en a beaucoup qui ne sont pas fiancées et qui ne connaissent pas l'amour.
            Faudrait-il que je l'abandonne ? Faudrait-il que je la laisse en paix dans sa joie ?... 
            Elle s'apprête à payer, mais elle a perdu son porte-monnaie... elle donne son adresse, ce que je ne veux pas entendre, je ne veux pas me priver de la surprise. Je pense bien la rencontrer à nouveau dans la vie, et je la reconnaîtrai bien, elle me reconnaîtra peut-être moi aussi. On n'oublie pas si vite mon regard oblique. Alors, lorsque par surprise je l'aurai rencontrée là où je ne m'y attendrais pas, son tour viendra. Si elle ne me reconnaît pas, si ses regards ne m'en convainquent pas tout de suite, j'aurai bien l'occasion de la regarder de côté, et je vous promets qu'elle se rappellera la situation.
            Pas d'impatience, pas d'avidité. Il faut jouir à longs traits. Elle est prédestinée, elle sera bien rattrapée.

            Le 5 Avril.

            Voilà qui me plaît. Toute seule le soir à Oestergade. Oui, je vois bien le valet qui vous suit, et soyez persuadée que je ne vous juge pas assez mal pour penser que vous vous promeniez toute seule, croyez-moi, mon expérience ne pouvait pas manquer, dès le premier coup d'œil dans la situation, de me montrer cette grave figure. Mais pourquoi si pressée ? On est tout de même un peu anxieuse, on sent un certain battement de cœur qui ne vient pas d'un désir impatient de rentrer, mais d'une crainte impatiente qui pénètre tout le corps avec sa douce inquiétude et qui provoque le rythme accéléré des pieds.
            Mais, comme c'est délicieux, impayable, de se promener ainsi toute seule, avec le valet derrière vous...  On a seize ans, on a beaucoup lu, beaucoup lu de romans bien entendu, et en traversant par hasard la chambre des frères, on a pu surprendre un mot d'une conversation entre eux et leurs amis, un mot au sujet de Oestergade. Ensuite on a tournaillé plusieurs fois parmi eux afin, si possible, de se( mieux renseigner. Mais en vain. Il faut tout de même, comme il sied à une jeune fille déjà grande, qu'on connaisse un peu le monde.
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         Ah, si d'emblée on pouvait sortir suivi du valet. Merci ! Il y a papa et maman, regarde la tête qu'ils feraient, et quelle excuse donner ? S'il s'agit d'une réception l'occasion n'est pas bonne, elle a lieu un peu trop tôt, car j'entendais August parler de 9 heures, 10 heures. En rentrant c'est trop tard et le plus souvent on aura alors un sigisbée sur le dos. Jeudi soir, en rentrant du théâtre, serait vraiment une excellente occasion. Seulement, il faut alors toujours aller en voiture et y empaqueter aussi Madame Thomsen et ses aimables cousines. Si encore on était seule, on pourrait ouvrir la fenêtre et regarder un peu par là. 
            Seulement " unverhofft kommt oft " ( allemand : l'imprévu arrive souvent - trad. folio )
            Maman me disait aujourd'hui : 
            " - Je crains que tu n'aies pas fini aujourd'hui ce que tu brodes pour l'anniversaire de ton papa, et pour être tout à fait tranquille, va chez ta tante Jette et restes-y jusqu'à l'heure du thé ; Jens viendra alors te chercher. "
            Au fond ce n'était pas du tout une idée agréable, car chez tante Jette on s'ennuie énormément, mais après je dois rentrer seule à 9 heures avec le valet. Et lorsque Jens viendra il pourra bien attendre jusqu'à 10 heures moins le quart, et alors, en route.
            Oh ! si je pouvais rencontrer M. mon frère ou M. August. Non, tout de même, ce ne serait peut-être pas désirable, car alors je serais probablement accompagnée jusqu'à la maison.
            Merci ! La liberté avant tout. Mais si je pouvais les apercevoir sans être vue moi-même...
            Eh bien ma petite demoiselle, que voyez-vous alors, et que pensez-vous que je vois, moi ?
            D'abord la petite Mütze ( id. capeline ) qui vous va à merveille et qui est tout à fait en harmonie avec la précipitation de votre allure. Ce n'est pas un chapeau, ni un bonnet, plutôt une espèce de capeline. Mais, sûrement, ce n'était pas elle que vous portiez ce matin en sortant. Est-ce que le valet vous l'a apportée ou l'auriez-vous empruntée à tante Jette ? Vous êtes peut-être incognito. Il ne faut pas non plus laisser la voilette couvrir toute la figure lorsqu'il y a des observations à faire. Ou peut-être ne s'agit-il pas d'une voilette, mais seulement d'une large dentelle ? Les ténèbres ne me permettent pas d'être fixé là-dessus. Mais, quoi que ce soit, cela cache la partie supérieure de la figure. Le menton est assez beau, un peu trop pointu, la bouche est petite et elle s'ouvre, cela vient de ce que vous êtes trop pressée. Les dents blanches comme la neige. C'est très bien comme ça. Les dents ont une importance capitale. Elles sont un garde du corps qui se cache derrière la douceur des lèvres. Les joue flamboient de santé.
            Si on penche un peu la tête de côté il serait bien possible de s'insinuer sous cette voilette ou cette dentelle.
            Prends garde, un tel regard d'en bas est plus dangereux qu'un regard " gerade aus ". C'est comme à l'escrime, et quelle arme est aussi tranchante, aussi pénétrante dans son mouvement, aussi luisante et, grâce à cela, aussi décevante qu'un regard ? On marque une quarte haute, comme dit l'escrimeur, et on se fend en seconde. Plus l'attaque est prompte à venir, mieux ça vaut.
            Cet instant est indescriptible. L'adversaire se rend presque compte du coup, il est touché, oui, c'est ainsi, mais touché à un tout autre endroit qu'il croyait... Vaillamment elle avance, sans peur et sans reproche. 
            Prenez garde, là-bas vient quelqu'un, baissez la voilette. Ne permettez pas à son regard profane de vous souiller. Vous n'en avez aucune idée, pendant longtemps il vous serait impossible d'oublier l'angoisse abominable avec laquelle cela vous atteindrait. Vous ne le remarquez pas, mais moi je vois qu'il a embrassé la situation. Le valet a été choisi pour premier objet. Oui, vous voyez les conséquences de vous promener seule avec le valet. Il est tombé. C'est au fond ridicule, mais qu'est-ce que vous allez faire maintenant ? Retourner pour l'aider à se remettre sur pied, cela n'est pas possible. Se promener seule est grave. Prenez garde, le monstre s'approche...
            Vous ne me répondez pas. Mais regardez-moi donc. Est-ce que ma vue vous donne quelque chose à craindre ? Je ne fais aucune impression, je semble être un homme bénin d'un autre monde. Rien dans mes paroles qui vous dérange, rien qui vous rappelle la situation, aucun mouvement qui vous porte atteinte au moindre degré. Vous êtes encore un peu effrayée, vous n'avez pas encore oublié l'élan vers vous de cette figure unheimliche ( id. inquiétante ). Vous me prenez un peu en affection, ma timidité qui m'interdit de vous regarder vous donne la supériorité. Cela vous réjouit et vous rassure. Vous seriez presque tentée de vous payer ma tête. Je parie qu'à ce moment-ci vous auriez le courage de me prendre sous le bras si l'idée vous en venait... 
            Vous habitez donc à Stormgade. Vous me saluez froidement et rapidement. Est-ce tout ce que j'ai mérité, moi qui vous aide à vous tirer de tout cet embarras ? Vous le regrettez, vous revenez pour me remercier de ma courtoisie, et vous me tendez la main. Pourquoi pâlir ? Ma voix n'est-elle pas toujours la même, et mon attitude, mon regard n'est-il pas toujours calme et tranquille ? Cette poignée de main ? Une poignée de main peut donc signifier quelque chose ? Oui, beaucoup, ma petite demoiselle, beaucoup. Avant quinze jours je vous expliquerai tout. Jusque-là vous resterez dans la contradiction : je suis un homme bénin qui, comme un chevalier vient en aide à une jeune fille, et je peux aussi vous serrer la main en homme rien moins que bénin.


                                                                          
                                                              à suivre............
            

             

          


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