Journal
1er Février 1660
Ce matin, suis allé au bureau.; le vieil homme m'a apporté les lettres qui étaient arrivées pour moi par la poste. A midi rentrai à la maison et dînai avec ma femme de soupe de pois et rien d'autre. Après cela, me suis rendu au palais de Westminster, y rencontrai Mr Swan et allai avec lui chez l'homme de loi de Mr Downing. Iµl m'a laissé fort peu d'espoir quant au litige qui oppose Mr Downing à Mr Squibb et m'a confié que Squibb allait gagner. Cela m'a beaucoup ennuyé. Je l'ai accompagné jusqu'à Lincoln's Inn où nous nous sommes entretenus avec son avocat qui m'a précisé le jour fixé pour l'audience. De là je suis allé chez sir Harry Wright. L'ai convaincu de m'aider à récupérer demain les 60 livres que doit me remettre Mr Calthorpe. Je suis ensuite allé voir Mrs Jemima et j'ai parlé avec Madame Scott et son mari. Il a promis de faire faire cette semaine le collier pour son cou. De là à la maison. J'emmenai Gammer East et le portefaix James, un soldat, au logis de milord. Il me raconta qu'aujourd'hui les soldats ont été convoqués sur le terrain de parade et ont reçu l'ordre de partir demain afin de faire place pour le général Monck. Mais ils ont hué leur colonel ( colonel Fitch ) ainsi que les autres officiers et les ont chassés et ils on juré qu'ils ne partiraient pas sans leur solde et que si on refusait de la leur donner ils iraient là où ils avaient des chances d'être payés, c'est-à-dire dans la Cité. Le Colonel s'en est donc allé au Parlement demander l'argent qu'il était possible de rassembler d'ici demain pour les rebelles et le reste des soldats qui sont cantonnés à Londres et qui, dans tous les coins se sont mutinés aujourd'hui et sont tous tombés d'accord. Au logis de milord je pris des draps et des couvertures que je fis porter à Mrs Ann, pour lui faire un bon lit maintenant qu'elle a des accès de fièvre. Je me rendis ensuite chez Will où je m'attardai comme un sot à jouer aux cartes jusqu'à 9 heures du soir.Puis je rentrai à la maison où je trouvai Mr Hunt et sa femme qui restèrent bavarder avec jusqu'à 10 heures : puis bonsoir.
2 février
Je pris un verre chez Harper avec Doling, puis je me rendis au bureau où je trouvai tous les officiers des régiments stationnés à Londres : ils attendaient de recevoir de l'argent afin de pouvoir expédier leurs soldats en province. On leur a donné tout ce qu'il y avait dans les caisses de l'Etat. A midi nous avons dîné à la maison. Je passai chez Harper chercher Doling. Lui et moi rencontrâmes Llewyllyn et prîmes un verre avec lui à l'Echiquier à Charing Cross. De là Doling et moi allâmes dans le quartier du Temple, au bureau de Mr Calthorpe et de là nous emmenâmes son homme d'affaires en bateau jusqu'au pont de Londres, au domicile de Mr Calthorpe, épicier de son métier, et nous reçûmes les 60 livres dues à milord. En chemin, nous devisâmes avec notre batelier, White, qui nous raconta que les mariniers ont été récemment attaqués par des individus qui voudraient les évincer et devenir mariniers au service de l'Etat et qu'ils viennent de présenter au Parlement une pétition portant quelque 9 000 ou 10 000 signatures ; qu'on s'était contenté de leur répondre que cette pétition était dirigée contre les fiacres, et qu'aujourd'hui ils en ont rédigé une autre pour détromper le public et se laver de cette accusation, et que, parmi bien d'autres Cropp mon batelier ( un des plus expérimentés de sa profession ) était un des auteurs de cette farce. Après avoir réceptionné l'argent nous allâmes à la Taverne du Pont et nous bûmes un quart de vin, puis nous revînmes par le fleuve. Nous déposâmes l'homme d'affaires de Mr Calthorpe au Temple, puis nous poursuivîmes notre route. Mais à la hauteur de Somerset House nous entendîmes des coups de feu. Nous débarquâmes et nous pûmes constater que le Strand était plein de soldats. Aussi je pris mon argent et me rendis chez Mr Johnson, la couturière de milord. Après lui avoir demandé de mettre l'argent de côté, Doling et moi nous postâmes à une fenêtre du premier étage ; nous pûmes voir l'infanterie affronter la cavalerie et la faire battre en retraite ; puis les soldats restèrent dans la rue à brailler et à demander un Parlement libre et de l'argent. Bientôt on entendit un tambour battre une marche et s'avancer vers eux. Ils se préparèrent à nouveau à l'affrontement, mais il s'avéra que les nouveaux venus étaient dans les mêmes dispositions d'esprit qu'eux et ils manifestèrent une grande joie de se rencontrer. Après tout cela, je pris mon argent et rentrai à pied à la maison. Je rangeai l'ai l'argent. Je changeai de bas et de chaussures, car ce jour j'avais abandonné mon grand habit à basques et revêtu mon costume blanc et mon manteau à galons d'argent. Je me rendis chez Harper où je retrouvai W. Simons, Doling, Llewellyn et trois marchands. L'un d'entre eux avait l'habitude d'utiliser un portefaix ; ils en firent donc quérir un et ce fut James, le soldat, qui vint. Il nous rapporta qu'ils avaient monté la garde jour et nuit sur l'esplanade de St James et que, dans toute la capitale, ils étaient résolus à obtenir ce qu'ils avaient demandé, et qu'il croyait que demain ils iraient dans la Cité et y seraient reçus.
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