

Je pris un verre chez Harper avec Doling, puis je me rendis au bureau où je trouvai tous les officiers des régiments stationnés à Londres : ils attendaient de recevoir de l'argent afin de pouvoir expédier leurs soldats en province. On leur a donné tout ce qu'il y avait dans les caisses de l'Etat. A midi nous avons dîné à la maison. Je passai chez Harper chercher Doling. Lui et moi rencontrâmes Llewyllyn et prîmes un verre avec lui à l'Echiquier à Charing Cross. De là Doling et moi allâmes dans le quartier du Temple, au bureau de Mr Calthorpe et de là nous emmenâmes son homme d'affaires en bateau jusqu'au pont de Londres, au domicile de Mr Calthorpe, épicier de son métier, et nous reçûmes les 60 livres dues à milord. En chemin, nous devisâmes avec notre batelier, White, qui nous raconta que les mariniers ont été récemment attaqués par des individus qui voudraient les évincer et devenir mariniers au service de l'Etat et qu'ils viennent de présenter au Parlement une pétition portant quelque 9 000 ou 10 000 signatures ; qu'on s'était contenté de leur répondre que cette pétition était dirigée contre les fiacres, et qu'aujourd'hui ils en ont rédigé une autre pour détromper le public et se laver de cette accusation, et que, parmi bien d'autres Cropp mon batelier ( un des plus expérimentés de sa profession ) était un des auteurs de cette farce. Après avoir réceptionné l'argent nous allâmes à la Taverne du Pont et nous bûmes un quart de vin, puis nous revînmes par le fleuve. Nous déposâmes l'homme d'affaires de Mr Calthorpe au Temple, puis nous poursuivîmes notre route. Mais à la hauteur de Somerset House nous entendîmes des coups de feu. Nous débarquâmes et nous pûmes constater que le Strand était plein de soldats. Aussi je pris mon argent et me rendis chez Mr Johnson, la couturière de milord. Après lui avoir demandé de mettre l'argent de côté, Doling et moi nous postâmes à une fenêtre du premier étage ; nous pûmes voir l'infanterie affronter la cavalerie et la faire battre en retraite ; puis les soldats restèrent dans la rue à brailler et à demander un Parlement libre et de l'argent. Bientôt on entendit un tambour battre une marche et s'avancer vers eux. Ils se préparèrent à nouveau à l'affrontement, mais il s'avéra que les nouveaux venus étaient dans les mêmes dispositions d'esprit qu'eux et ils manifestèrent une grande joie de se rencontrer. Après tout cela, je pris mon argent et rentrai à pied à la maison. Je rangeai l'ai l'argent. Je changeai de bas et de chaussures, car ce jour j'avais abandonné mon grand habit à basques et revêtu mon costume blanc et mon manteau à galons d'argent. Je me rendis chez Harper où je retrouvai W. Simons, Doling, Llewellyn et trois marchands. L'un d'entre eux avait l'habitude d'utiliser un portefaix ; ils en firent donc quérir un et ce fut James, le soldat, qui vint. Il nous rapporta qu'ils avaient monté la garde jour et nuit sur l'esplanade de St James et que, dans toute la capitale, ils étaient résolus à obtenir ce qu'ils avaient demandé, et qu'il croyait que demain ils iraient dans la Cité et y seraient reçus.
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