hokusaï
Le Fouzi Yama
L'excellence de l'armement des Japonais, confirmée par leurs triomphes, consiste aussi bien en leurs canons de 305 millimètres qu'en leur incomparable mousqueterie.
Mais l'habitude qu'a ce peuple subtil de s'exprimer en phrases enveloppées, allégoriques et volontairement obscures fait que nul n'a pénétré le Secret de la Défense nationale nippone.
On sait pourtant que l'invention de la poudre et des armes à feu remonte chez les peuples extrêmes-orientaux à la plus haute antiquité, à tel point que les Chinois et les Japonais, sans doute, il y a deux mille ans, blasés sur l'usage meurtrier du salpêtre en préféraient faire emploi pour de bénins feux d'artifice.
Les premières missions qui pénétrèrent au Japon apprirent que Tokyo était défendue par un cratère béant d'où pouvaient s'échapper à intervalles des explosions, feu et fumée. Et depuis la légende s'est accréditée et perpétuée par les atlas - confusion pire que celle du Pirée avec un homme - qu'il y avait une montagne haute de trois mille sept cent cinquante mètres - la portée du fusil - du fusil yama.
Que si l'on objecte que le prétendu volcan est assez peu en activité, qui soutiendrait qu'une arme à feu peut être à jet continu.
Dans les religions orientales, yama désigne uniformément le dieu de la mort.
Le nom du fusil japonais est donc bien - de même que celui de la longue carabine du héros de Fenimore Cooper : Mort certaine.
Juin - Juillet 1905
Alfred JARRY
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