" Un oiseau chante d'autant mieux qu'il chante dans son arbre généalogique. Cocteau." Citation en début du commentaire de Bernard Benoliel, s'inscrit dans tout le parcours du cinéaste. Martin Scorsese né à NewYork dans le Queens puis ses parents déménagent dans le quartier de Littel Italy, Asthmatique enfant il ne participe pas aux jeux des rues et observe. Les fenêtres sont étroites il y a peu de lumière, il en conserve le souvenir. Cinéphile extrêmement averti dès son jeune âge, il voit tous les films américains à la télévision, puis avec son père et son groupe d'amis en salle il découvre les films d'Italie et d'ailleurs. Il pense un temps à la prêtrise, mais renonce, étudie le cinéma à Washington Square et tourne " Who's that knocking at my door " chez et avec ses parents, Catherine et Charles qui tiennent de petits rôles dans plusieurs de ses films. Fidèle à sa famille, à son quartier et à sa ville " Mean Streets - NewYork NewYork - Gangs of NewYork etc... " il l'est également à ceux qui travaillent avec lui ainsi la monteuse Thelma Schoonmaker, le chef opérateur Michael Ballhaus, et ses comédiens, l'imprévisible De Niro, " Raging Bull il ne répète pas la même scène et n'écoute guère les directives de place sur le plateau au contraire de Leonardo di Caprio très précis et très à l'écoute, Le loup de Wall Street. Immergé dans le monde Cinéma, Martin Scorsese fonde avec Spielberg et d'autres réalisateurs une société pour la rénovation et la conservation des films en couleurs décolorés au fil des années. Enfant il dessinait des storyboards, plus tard les planches de storyboards sont les précieux compagnons de ses films discutés avec les opérateurs, les éclairagistes, toutes indications déjà proposées. L'album très bien composé et publié à l'occasion de la rétrospective Scorsese à la Cinémathèque de Bercy, avec beaucoup de photos et des commentaires de cinéphiles du métier apporte un désir très fort de revoir les films de Martin Scorsese grand admirateur d'Hitchock, presque image par image, pour reprendre la pensée du réalisateur.. Cinéma, Cinéma..
samedi 27 février 2016
Martin Scorsese Biographie ( Album Cinémathèque France )
" Un oiseau chante d'autant mieux qu'il chante dans son arbre généalogique. Cocteau." Citation en début du commentaire de Bernard Benoliel, s'inscrit dans tout le parcours du cinéaste. Martin Scorsese né à NewYork dans le Queens puis ses parents déménagent dans le quartier de Littel Italy, Asthmatique enfant il ne participe pas aux jeux des rues et observe. Les fenêtres sont étroites il y a peu de lumière, il en conserve le souvenir. Cinéphile extrêmement averti dès son jeune âge, il voit tous les films américains à la télévision, puis avec son père et son groupe d'amis en salle il découvre les films d'Italie et d'ailleurs. Il pense un temps à la prêtrise, mais renonce, étudie le cinéma à Washington Square et tourne " Who's that knocking at my door " chez et avec ses parents, Catherine et Charles qui tiennent de petits rôles dans plusieurs de ses films. Fidèle à sa famille, à son quartier et à sa ville " Mean Streets - NewYork NewYork - Gangs of NewYork etc... " il l'est également à ceux qui travaillent avec lui ainsi la monteuse Thelma Schoonmaker, le chef opérateur Michael Ballhaus, et ses comédiens, l'imprévisible De Niro, " Raging Bull il ne répète pas la même scène et n'écoute guère les directives de place sur le plateau au contraire de Leonardo di Caprio très précis et très à l'écoute, Le loup de Wall Street. Immergé dans le monde Cinéma, Martin Scorsese fonde avec Spielberg et d'autres réalisateurs une société pour la rénovation et la conservation des films en couleurs décolorés au fil des années. Enfant il dessinait des storyboards, plus tard les planches de storyboards sont les précieux compagnons de ses films discutés avec les opérateurs, les éclairagistes, toutes indications déjà proposées. L'album très bien composé et publié à l'occasion de la rétrospective Scorsese à la Cinémathèque de Bercy, avec beaucoup de photos et des commentaires de cinéphiles du métier apporte un désir très fort de revoir les films de Martin Scorsese grand admirateur d'Hitchock, presque image par image, pour reprendre la pensée du réalisateur.. Cinéma, Cinéma..
jeudi 25 février 2016
Gosses1 Paul Verlaine ( Oeuvres en prose France )
timbres.france.monde.free.fr
Histoires comme ça. Gosses
" Jeanne Tresportz "
A mon amie Jeanne T...
Elle est toute petite, toute blonde, comme toute frisée, et c'est d'un air mignon au possible qu'elle porte presque sur l'oreille sa toque imperceptible d'où semble s'envoler un oiseau blanc et noir, mi- mouette et m passe i-colombelle. Et précisément elle-même tient de l'oiseau jusqu'au miracle. Elle marche : c'est un oiseau qui marche. Parle-t-elle ? C'est un oiseau qui parlerait. Mais n'allez pas lui attribuer, sur ces aspects, la frivolité non plus que la garrulité de l'oiseau. Il y a du sérieux, de la carrure dans cette tête jolie, et sa conversation, pour n'être pas pédante, sent bon d'une lieue l'esprit le plus fin poussé en pleine terre de rationnelle érudition. Méchante, oh ! non ; mais ne vous y fiez pas : l'épigramme, quand par trop provoquée, sort prompte et point trop douce de ses minces lèvres charmantes. Le regret, d'ordinaire plaisamment modeste, sait, alors qu'il le faut, luire d'une gentille mais virtuelle vraiment malice. Même on connaît d'elle des pages que le gros mot de talent n'accablerait pas mais qui valent mille fois mieux qu'un lourd compliment et sont exceptionnellement légères et spirituelles. Bonne, certes. Et courageuse ! Pauvre elle est, et restera, parce que. Mais son contentement de vivre pour bien faire passe richesse ; et voilà où jamais le cas de le dire. C'est vers des buts particulièrement recommandables, c'est pour des fins dignes de toute louange que se dirigent les pas si lestes et vocalise l'organe si preste qui faisait naguère l'objet d'une juste assimilation.
Femme à l'extrême, ce n'est pas qu'elle ait peur du sexe laid. Le contraire ne serait pas tout à fait vrai, uniquement pourtant, parce que rien n'est absolu sur ce globe détraqué. De tout cela il ressort que, puisqu'elle est très bien, eh ! bien ! dans les quelques et très rares rapports qu'elle peut a
voir avec les hommes elle sait garder toute mesure et peut tout pousser à l'extrême.
Mademoiselle, je vous remercie bien. Je n'avais à tracer de vous qu'une silhouette et je pense que c'est fait. Quant à ce qui est de faire un portrait du long, cela demanderait du temps. Et le vôtre est si précieux qu'il me faudrait assumer de tels motifs, en vérité, que j'y vais réfléchir considérablement.
*****
A Mademoiselle J...
Toute petite en dépit de son âge de puberté, grassouillette et maigrelette ensemble, elle rit étourdiment, et soyez sûre qu'elle pleurerait de même. Un catogan traverse sa nuque qu'elle a frêle mais qu'on devine devoir devenir puissante et même impérieuse un jour. Elle fume par extraordinaire et sous les yeux d'une soeur tolérante parce qu'aimée, des cigarettes qu'a mouillées un hôte jeune et poli. Du reste modeste, elle a des mots comme naïfs, telle une jeune fille de conte de fée. Même en ses expansions, si cordiale. Sa taille frêle se cambre et, s'asseyant, la chère enfant lance, pour ainsi parler, ses jambes au plafond, ingénument. D'ailleurs, chaste, pure, et le reste. Pourtant cette enfant qui fera et ferait sans doute et certainement une mère, charmante, de famille, de même qu'elle eût été une fille exquise, a faim parfois, en attendant qu'elle ait soif ou faim encore, à cause d'un père ivrogne et d'une mère morte.
Verlaine
( 1889-1891 )
mardi 23 février 2016
Réflexions d'hier pour aujourd'hui Emile Zola ( lettres France )
alalettre.com
Lettre du 5 février 1872
Le " catéchisme populaire républicain "
La proposition Tréveneuc sur les conseils généraux
Il est des hommes fatalement destinés à commettre toutes les fautes. Je me souviens encore du jour où, pour la première fois, à Bordeaux, M. de Gavardie est apparu à une tribune française. sa petite personne avait une sécheresse humble, un sourire contraint. On ne voulait pas le laisser parler, et il insistait,il implorait l'Assemblée du geste.
Ce jour-là, les tribunes étonnées devant les étranges figures que la France tirait des manoirs croulants, flairèrent un gêneur dans l'honorable M. de Gavardie. On se poussait du coude, on se disait :
" - Et celui-là d'où sort-il ? Ses amis ont donc peur qu'il ne dise des bêtises ; ils devraient le laisser parler. "
Celui-là sortait d'un parquet quelconque, celui-là était destiné à devenir célèbre dans l'histoire par la façon remarquable dont il lance les pavés à la tête de son propre parti. Il n'a pu encore monter à la tribune sans ameuter la Chambre ; un jour, il défendait les commissions mixtes ; un autre jour il parlait de la virginité de Jeanne d'Arc ; aujourd'hui, il a dénoncé une brochure, oubliant qu'il n'est plus procureur impérial, et qu'il a l'honneur d'être représentant du peuple.
* Donc, M. de Gavardie, en promenant dans les rues vides de Versailles ses tendresses provinciales, a vu à la vitrine d'un libraire une brochure intitulée " Catéchisme populaire républicain ". Avec son flair de magistrat policier, il a senti qu'on y insultait le bon Dieu, et, sévère gardien des bénitiers de sa bourgade, il est venu dénoncer la brochure devant l'Assemblée, et a lu, d'une voix indignée, des passages terribles dont sa pudeur rougissait.
* C'est ici que l'incident devient épique. Imaginez-vous que cet écrit incendiaire prétend que la justice est dans l'homme, et non en de-hors de l'homme. La gauche applaudit, M. Langlois se lève, fait à lui seul le bruit de toute une bande de claqueurs à Rabagas. La droite n'ose pas huer. M. de Gavardie, un peu étonné de l'effet qu'il produit dit que les religions sont des conceptions abstraites de l'esprit. Alors les applaudissements de la gauche redoublent, l'honorable procureur impérial reste écrasé par cette manifestation impie qu'il a provoquée lui-même.
Jamais je n'ai vu une telle maladresse. La droite était fâchée d'un tel coup de tête. M. Dufaure a achevé de rendre M. de Gavardie parfaitement odieux en déclarant qu'il lirait la brochure et qu'il saurait alors si elle était justiciable des tribunaux ou du bon sens public.
Je ne comprends pas comment les légitimistes osent dénoncer les brochures républicaines. Si un député de la gauche apportait à la tribune toutes les ordures dévotes qui circulent dans les campagnes, il pourrait égayer ses collègues pendant des journées entières. Le Catéchisme populaire républicain dit que nous devons placer en nous le sentiment de la justice ; que penser de cette autre morale nous livrant pieds et poings liés à une justice divine qui a allumé les bûchers du moyen âge et sonné le tocsin de la Saint-Barhélémy ?
Après un tel début, la séance ne pouvait être sérieuse. L'ordre du jour
appelait la proposition de M. de Tréveneuc sur les conseils généraux. Vous connaissez ce projet qui consiste à donner mission aux Assemblées départementales d'envoyer des délégués dans une ville du centre, en cas de dissolution violente de la Chambre. Ces délégués formeraient une Assemblée nationale intérimaire.
M. de Tréveneuc a défendu son projet avec une grande emphase. Il paraît avoir une légitime horreur pour toute dictature, ce qui se traduit chez lui en phrases un peu longues et trop imagées. Si je n'ai pas été plus touché par son discours, c'est que la haine de la dictature n'est chez lui que par le mépris du peuple et le mépris de César. Quand la dictature s'appelle tyrannie ou pouvoir absolu, et que c'est un roi, un Bourbon qui tient la grande épée dans sa main, il s'incline, il trouve que tout va pour le mieux dans le meilleur des royaumes possibles. Cela gâte un peu son amour de la liberté.
M. Boysset, un député de décembre, a justement établi la différence qu'il y a entre un coup de main prétorien et ce sentiment qui arme le peuple de fouets et lui fait chasser un gouvernement de honte. La mesure sera impuissante à toutes les les révolutions légitimes ; les délégués des conseils généraux ne se réuniront même pas. Il est certain qu'au 4 septembre les créatures bonapartistes qui suaient la peur... n'auraient pas osé descendre dans la rue, devant la sainte indignation du peuple.
Cette date du 4 septembre est une de ces injures bêtes que la droite jette à la tête des républicains, comme " la tarte à la crème " de Molière. Eh ! messieurs, comme vous l'a dit aujourd'hui M. de Pelletan, sans le 4 septembre, vous seriez des factieux. En proclamant la déchéance de l'empire, vous avez proclamé la république et légalisé cet admirable mouvement de Paris qui a balayé l'empire sans casser seulement un réverbère.
Mais, je vous l'ai dit, la maladresse de M. de Gavardie empêchait de dormir les farouches de la droite.. M. Baragnon avait des envies irrésistibles de se couvrir de gloire. Il a foudroyé les révolutions de son éloquence et a avancé cette chose colossale que " la révolution de 1789 a été un empêchement au développement régulier de nos libertés nationales.
Après cette opinion monumentales, il n'y a plus qu'à mettre ces messieurs sous verre et à les promener de pays en pays pour la plus grande curiosité de l'Europe.
La bataille gronde toujours. M. Castelnau, un autre déporté de décembre crie que les listes de proscriptions de l'empire ont été dressées sur les dénonciations des légitimistes. Ce soufflet, reçu en pleine face, fait bondir la droite. Les plus effroyables clameurs s'élèvent. M. Dupin s'élance à la tribune et traite M. Castelnau de menteur et de calomniateur. Toute l'Assemblée est debout. Je crains un instant qu'on ne s'en prenne aux cheveux. M. Langlois va se mettre à côté de son collègue et la houle des légitimistes qui les entourent est si violente qu'à deux ou trois reprises je les crois submergés, roulés sous les bancs, dévorés par le flot.
Pendant ce temps, M. Grévy sonne tranquillement. Il est fait à ces orages. Cependant, comme le calme ne peut se rétablir et qu'il redoute quelque incident plus grave, il se décide à lever la séance. Les députés se retirent, en roulant des yeux terribles. Un bon bourgeois disait dans une tribune :
" - C'est comme au théâtre, on dirait qu'ils vont se manger, et ils boivent ensemble dans les coulisses"
Le cri de M. Castelnau restera. Il faut enfin que la vérité soit dite sur le rôle des légitimistes en 1851. M. de Rességuier a prétendu que les légitimistes étaient innocents, puisqu'ils étaient à Mazas avec les républicains. C'est là un singulier argument. Tout le parti ne se trouvait pas en prison, et, d'ailleurs, il s'agit surtout de la clique dévote des départements. Allez dans le Midi, interrogez les gens, et vous saurez comment, au lendemain du 2 décembre, les royalistes ont aidé les bonapartistes à traquer les républicains. Dans le Var, ces purs agneaux de la légitimité ont encore les pattes ensanglantées.
* latetearire.canalblog.com
** emilezola.freee.fr
*** collectiana.org Emile Zola
( La Cloche, 7 février. )
lundi 22 février 2016
Millénium 4 David Lagercrantz (Roman Policier Suède )
fnac.com
Millenium 4
Le tueur s'arrête, arme en main, bloqué par le regard vague et fixe d'un enfant. Il est autiste, génial et muet. Son père tout aussi génial a-t-il craqué les codes de sites, tel et surtout celui de la NSA. Que préparent les maîtres des mathématiques quantiques ? Intelligence artificielle, manipulation, Lisbeth notre héroïne des trois premiers volumes est aussi à l'affût des hackers. Blomkvist encore reporter reconnu de Millenium, journal en perte de vitesse comme toute presse écrite, essaie de se battre avec Erika propriétaire du mensuel pour le sauver des mains d'un groupe norvégien peu enclin à suivre les articles traités en profondeur par le vieux journaliste. Quel sujet choc pourra ramener le public, ils s'interrogent. Les événements et surtout le petit garçon de 7 ans va les entraîner dans une course mortelle. August se tait mais dessine avec une précision photographique, son vécu, ce qu'il a vu. Le visage du meurtrier, les coups. Et les nombres, additions, multiplications de chiffres sans fin. Novembre en Suède, à Stockholm il fait froid et de grandes bourrasques de neige couvrent la ville. Pendant le même temps, aux EtatsUnis, quelque part dans le Maryland, Ed, petit délinquant sauvé par un goût pour l'informatique qui lui a permis de monter très haut dans la hiérarchie de la société qui l'emploie constate, avec quelques membres du bureau que des hackers ont craqué les codes très secrets de la société. Ed est de très méchante humeur. NSA et ses codes à découvert ? Et enfin, cherchez la femme. Camilla, demi-soeur de Lisberth. Deux fortunes, deux haines
implacables. Le livre est très réussi.David Lagercrantz a repris les personnages et les a recréés à sa façon dans une histoire simplement écrite où pourtant les chercheurs ont une bonne place. Le livre peut se lire indépendamment des trois autres.
mercredi 17 février 2016
Comment je suis devenu charmant sympathique et délicieux - Ambitions - Orgueil Tristan Tzara ( nouvelles France )
scottzagar.com
Comment je suis devenu charmant
sympathique et
délicieux
Je dors très tard. Je me suicide à 65 %. J'ai la vie très bon marché, elle n'est pour moi que 30 % de la vie. Ma vie a 30 % de la vie. Il lui manque des bras, des ficelles et quelques boutons. 5 % sont consacrés à un état de stupeur demi-lucide accompagné de crépitements anémiques. Ces 5 % s'appellent DADA. Donc la vie est bon marché. La mort est un peu plus chère. Mais la vie est charmante et la mort est aussi charmante.
J'étais, il y a quelques jours, à une réunion d'imbéciles. Il y avait beaucoup de monde. Tout le monde était charmant. Tristan Tzara, un personnage petit, idiot et insignifiant faisait une conférence sur l'art de devenir charmant. Il était charmant d'ailleurs. 9 degrés au-dessus de zéro. C'est charmant, n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas charmant. Dieu n'est pas à la hauteur. Il n'est même pas dans le bottin. Mais il est tout de même charmant.
Les ambassadeurs, les poètes, les comtes, les princes, les musiciens, les journalistes, les acteurs, les écrivains, les diplomates, les directeurs, les couturiers, les socialistes, les princesses et les baronnes, c'est charmant.
Vous tous, vous êtes charmants, très fins, spirituels et délicieux.
Tristan Tzara vous dit : il veut bien faire autre chose, mais il préfère rester un idiot, un farceur et un fumiste.
Soyez sincères un instant : ce que je viens de vous dire, est charmant ou idiot ?
Il y a des gens ( journalistes, avocats, amateurs, philosophes ) qui tiennent même les affaires, les mariages, les visites, les guerres, les congrès divers, les sociétés anonymes, la politique, les accidents, les dancings, les crises économiques, les crises de nerfs, pour des variations de dada. N'étant pas impérialiste, je ne partage pas leur opinion ; je crois plutôt que dada n'est qu'une divinité de second ordre, qu'il faut placer tout simplement à côté des autres formes du nouveau mécanisme à religions d'interrègne.
La simplicité est-elle simple ou dada?
Je me trouve assez sympathique.
Tristan Tzara
( in Sept manifestes Dada - Dada est Tatou Tout est Dada )
*****************
A A A Ambitions
de vous maintenir sur le cadran de la vie, à l'endroit où vous êtes arrivé à l'instant même, de progresser en marche ascendante illusoire et ridicule vers une apothéose qui n'existe que dans votre neurasthénie : vous voilà plein d'
( id. )
**************
DADA est un microbe vierge
Dada est contre la vie chère
Dada cherryparkofzombies.wordpress.com
société anonyme pour l'exploitation des idées
Dada a 391 attitudes et couleurs différentes suivant le
sexe du président
Il se transforme - affirme - dit en même temps le
contraire - sans importance - crie - pêche à la
ligne
Dada est le caméléon du changement rapide et inté -
ressé
Dada est contre le futur. Dada est mort. Dada est
Idiot. Vive Dada.
Dada n'est pas une école littéraire, hurle
Tristan Tzara
( id. )
* * * * * * * * * *
Orgueil
plus grand, plus fort, plus profond que tous les autres.
Chers confrères : un grand homme, un petit, fort,
faible, profond, superficiel,
voilà pourquoi vous crèverez tous.
Il y a des gens qui ont antidaté leurs manifestes pour
faire croire qu'ils ont eu un peu avant l'idée de leur
propre grandeur. Mes chers confrères : avant après,
passé futur, maintenant hier,
voilà pourquoi vous crèverez.
Il y a des gens qui ont dit : dada est bon parce qu'il
n'est pas mauvais, dada est mauvais, dada est une reli-
gion, dada est une poésie, dada est un esprit, dada est
sceptique, dada est une magie, je connais dada.
Mes chers confrères : bon mauvais, religion poésie,
esprit scepticisme, définition définition,
voilà pourquoi vous crèverez tous,
et vous crèverez je vous le jure.
Le grand mystère est un secret, mais il est connu par
quelques personnes. Ils ne diront jamais ce que c'est
que dada. Pour vous distraire encore une fois je vous
dirai quelque chose comme :
dada est la dictature de l'esprit, ou
dada est la dictature du langage,
ou bien
dada est la mort de l'esprit,
ce qui fera plaisir à beaucoup de mes amis. Amis.
+++++
Il est certain que depuis Gambetta, laguerre, le Panama et l'affaire Steinheil,
on trouve l'intelligence
dans la rue. L'intelligent est devenu un type complet, normal.
Ce qui nous manque, ce qui présente
de l'intérêt, ce qui est rare parce qu'il a les anomalies d'un être précieux,
la fraîcheur et la liberté des grands antihommes,
c'est
lundi 15 février 2016
Au temps de Botchan Jiro Taniguchi ( Manga Japon )
Au temps de Botchan
En 1868 l'ère Meiji ( signifie Gouvernement éclairé ) marque le début de la sortie de 250 ans d'enfermement et de paix intérieure d'un Japon féodal. Jiro Taniguchi dessinateur connu et apprécié aujourd'hui et Natsuo Sekikawa scénariste peinaient tous deux à se faire une place dans l'univers de la manga qui a pris son essor dans les années 1960. L'idée de raconter cette période qui dura 40 ans les entraîna vers le succès, et de longues années de travail commun. 5 fort volumes d'histoires de vies de poètes, de femmes et d'hommes politiques, d'anarchistes, souvent très pauvres et très malades. La tuberculose sévit, le manque de nourriture mais pas le travail pour celui qui accepte de réguler son temps. Les journaux ont besoin de correcteurs, les éditeurs de traducteurs. Les deux auteurs prennent appui sur Soseki auteur fortuné de Botchan, et de plus traducteur de Tourgueniev. D'autres écrivains japonais voyagent aux EtatsUnis, reviennent de Russie. Un pays qui s'ouvre et pour certains c'est la révolte. Des anarchistes sont arrêtés, des condamnations à mort n'arrêtent pas l'évolution de la société. " Chacun a un rôle à jouer ", dit philosophe l'un des protagonistes. Petites et grandes misères des intellectuels de tous bords. Passionnant, simple.
dimanche 14 février 2016
Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui Hugo ( Choses vues France )
lelivrescolaire.fr
Mai 1851
Le bourdonnement de l'Assemblée
Ce qu'on entend sur la montagne
" - Tiens ! c'est ce cafard qui préside aujourd'hui ?
- C'est le général Bedeau !
- Général, non, Bedeau, oui.
- Dis donc, Noël Parfait ?
- Quoi ?
- Dombidau est-il à son banc ?
- Non, Groseille n'est pas là.
- A propos, Lagrange se bat-il ?
- Oui.
- Cette idée ! Il nous a réunis tout à l'heure quatre-vingts dans l'ancienne salle pour nous demander s'il devait se battre. Il croit que l'Elysée veut le faire tuer. Du reste, il est furieux. Il se battra à cinq pas.
- C'est lui qui a raison.
- Non, c'est le colonel Laborde.
- Non, c'est Pierre Bonaparte.
- Ah ! bah ! Tous ces princes-là ! france-pittoresque.org
- Jules Favre !
- Eh bien ?
- Es-tu du banquet de demain, pour le 4 mai, à la barrière des Martyrs ?
- Non, on ne m'a pas averti, et puis je ne connais pas ça.
- Y va-t-on ?
- Michel n'en a pas grande envie.
- On dit Miot et Grippo pris en flagrant délit dans le conciliabule du comité de résistance.
- Eh non, ils étaient à leur banc il n'y a qu'une minute.
- A propos, avez-vous entendu cette canaille de Mouchy tout-à-l'heure ? Il appelle Dupont
" M. de Bussac ". Sont-ils insolents, ces grands seigneurs ! "
Ce qu'on entend sur l'autre montagne ( à droite )
" - M. Leboeuf , avez-vous lu La Presse aujourd'hui ?
- Ce brigand de Girardin !
- La France ne sera tranquille que lorsqu'il n'y aura plus de journaux.
- Pas un seul !
- Excepté le Moniteur.
- Et encore, à la condition qu'il ne mettra que les actes officiels.
- A l'ordre ! A l'ordre !
- A l'ordre ! Hein, qu'est-ce qu'on a dit ? Je ne sais pas.
- Gueulent-ils, à gauche !
- Le petit Thiers n'est pas là ?
- Non, il n'est pas exact, le petit.
- Qui est-ce donc qui vote pour lui ? france-pittoresque.org
- C'est Janvier.
- Tiens ! Cette canaille de Lamartine n'y est pas.
- Non, mais cette canaille d'Hugo y est.
- Kerdrel, je donnerais tous les poètes pour deux sous.
- Et tous les avocats pour deux liards.
- Dupin est donc parti pour son congé ?
- Il sent venir la révision. Il flaire les coups d'Etat. Quand la maison branle, les rats s'en vont.
- A l'ordre ! A l'ordre !
- Hein, qu'est-ce qu'on a dit ?
- Je ne sais pas. "
Mai 1851
numismabeb.free.fr
Pour avoir défendu sous toutes les formes toutes les idées de liberté, de justice, d'humanité, de civilisation, de nationalité, de raison, de vérité, d'intelligence, de gloire, de grandeur, d'émancipation, d'amélioration, de paix, de fraternité, de progrès, pour avoir combattu sous toutes les formes les idées d'arbitraire, de despotisme, d'anarchie, de mensonge, de barbarie, d'oppression, de compression, de tyrannie, d'hypocrisie, d'ignominie, d'intolérance, d'inquisition, d'iniquite, de superstition, de haine, d'abrutissement, je suis aux yeux de la bourgeoisie un monstre.
Il y en a qui disent qu'il faut me tirer un coup de fusil comme à un chien.
Pauvre bourgeoisie !
Uniquement parce qu'elle a peur pour sa pièce de cent sous !
Hugo Victor
in Choses vues
vendredi 12 février 2016
Gourmandises 1 Colette ( in Oeuvre France )
sudouest.fr
....../ - Vous engraissez, Fanny.
- J'engraisse toujours quand il fait chaud et que j'ai plus de dix mille francs en caisse.....
...... Voulez-vous que nous pressions les groseilles et les cassis qui restent du déjeuner ? Une poignée de sucre, un peu de kirsch , on verse le jus sur le gâteau de Savoie d'avant-hier qui gonfle, on sert, à part, un petit pot de crème fraîche, et on a, pour ce soir, un entremets tout neuf, qui ne coûte rien.
- Ça fait pension de famille, dit Fanny avec répugnance. Je n'aime pas les entremets rajeunis.
- A votre aise, chère Fanny, que Dieu vous garde des pensions de famille.......
*********
......./ - Elle-est-ma-la-de ! affirma Jane. Grand Farou...... passez à la pharmacie qui ne ferme jamais et envoyez par la voiture de l'aspirine anglaise, une boîte d'autoplasmes, la solution de bleu de méthylène... J'écris tout ça....../ onmange.canalblog.com
*********
........ Elle représentait une des deux puissances que révère le personnel domestique : la maladie et la richesse. Elle eut une tasse de consommé, la marmelade de pommes arrosée de jus de rôti, du raisin, les journaux illustrés sur son lit......;
....... " Comme on s'occupe de moi ", pensait Fanny.
Colette
in La Seconde
mardi 9 février 2016
Correspondance Proust Lionel Hauser ( lettres France )
lefigaro.fr
Versailles, le dimanche soir 1er novembre 1908
Mon cher Lionel
Je t'envoie ci-joint une lettre officielle pour ta maison. Veux-tu me permettre d'y joindre ces deux notes
1° Je voudrais que ta maison vende mes 5 Rios, si cette valeur atteint 1 800 francs ces jours-ci, ce qui semble probable.
2° Comme voici à peu près un an que je suis entré en rapport avec ta maison, je voudrais qu'elle m'envoie, en français, le compte suivant, aussi résumé et court que possible :
" Nous avons à vous depuis le.... pour tant d'Union Pacific, ayant produit pendant cette année tel revenu tant de Pennsylvania ayant produit tel revenu, etc. etc.
Total des revenus encaissés pendant cette année pour mon compte par la Maison Warburg.
De ces revenus nous déduisons telle somme avec laquelle nous avons acheté le.... tant de Chemins de fer Mexicains, ayant déjà donné depuis tel revenu. ( Ne pas oublier que la somme fournie par la Maison Warburg pour l'achat de ces Chemins de fer est inférieur au prix d'achat total, la Maison Rothschild ayant fourni une part de la somme destinée à l'achat ). Donc en résumé il nous reste à vous une somme disponible de..... représentant les revenus encaissés par nous pour votre compte, déduction faite de la somme dépensée par nous pour l'achat des Chemins mexicains. "
Et je demanderai la même chose à la maison en novembre 1910, en novembre 1911, si tant est que Dieu me laisse sur la terre jusque-là, et que ta maison continue à garder mes titres. Ce n'est pas sorcier et ne leur donnera pas beaucoup de mal mais cela aura pour moi un avantage précieux, ou plutôt deux. D'une part cela me permettra de savoir quelles sont mes disponibilités et de voir clair dans ce que je dépense. Deuxièmement cela me donnera une idée de ce que rapportait la maison du Boulevard Haussmann, du prix de vente de laquelle elles sont le remploi.
Excuse-moi mon cher Lionel de ne t'avoir écrit qu'une lettre d'affaires. Je suis si malade que même ces quatre pages m'ont exténué. Je t'aurais téléphoné mais le téléphone est dans l'hôtel et ne pouvant pas me lever je ne peux y aller.
Crois à ma profonde et tendre amitié.
Marcel Proust
Je barre la première commission car je lis que le Rio est sur le point de monter beaucoup. Donc j'aime mieux ne pas choisir ce moment pour vendre.
Si tu as à m'écrire mon adresse actuelle est 102 boulevard Haussmann faire suivre.
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Lionel Hauser à Marcel Proust
Paris le 7 novembre 1908
Mon cher ami,
Ta charmante lettre m'a bien amusé, et si déjà je regrettais de te savoir malade, je le regrette maintenant encore davantage, puisque cela me prive de lire ta comédie Le Financier Sentimental qui aurait été sûrement très spirituelle.
Si j'accepte avec plaisir ton absolution au sujet des placements que je t'ai conseillés, je ne puis accepter tes compliments au sujet de ton achat de Rio, m'étant lavé les mains, tel Ponce Pilate, lorsque tu m'as transmis cet ordre. C'est également pour cette raison que j'ai fait exécuter immédiatement ton ordre de vente, n'ayant absolument aucun jugement au sujet de la vraie nature de la hausse actuelle, qui d'après les uns serait légitime, d'après les autres purement spéculative.
J'espère d'ailleurs, que tu seras assez philosophe pour ne plus regarder les cours du Rio ou, si tu les regardes, pour ne pas te faire de mauvais sang, s'il continuait à monter.
En vertu de tes nouvelles instructions j'ai donné ordre à ma maison de Hambourg d'acheter $ 4 000
** 4% New York City Bonds, cette valeur, comme mon oncle Léon t'a si bien dit, est considéré comme de tout premier ordre. Je ne possède pas de cotes télégraphiques des New York City Bonds 4%, mais seulement des 4 1/2. Or ces derniers n'ayant pas été entraînés dans le mouvement de hausse qui s'est produit à la suite de l'élection présidentielle, j'ai lieu de supposer qu'il sera de même des 4%.
J'ai prié Messieurs Warburg de m'indiquer le montant qui sera alors disponible et pour lequel nous tacherons de trouver quelque chose d'intéressant. Il y a l'emprunt 5% de Saint Domingue garanti par les droits de douane, lesquels droits sont encaissés par les fonctionnaires des Etats Unis, cette valeur cotant environ 96 1/2 à 97 %, mais je ne sais pas si ce sera un placement à te recommander. Enfin, d'ici là nous avons encore quelques jours pour réfléchir
Est-ce que tu as déjà du Japonais 4 1/2 % garanti pas le tabac qui cote actuellement à Londres environ 93 1/4 ?
Bien sincèrement à toi
Lionel Hauser
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
à Lionel Hauser
Vers le 1er décembre 1908
Mon cher Lionel
Veux-tu me permettre, malade comme je suis de t'écrire une simple d'affaires ? et de sous-entendre ma tendre et profonde reconnaissance pour toutes tes bontés.
1° La Maison Warburg devait m'acheter environ 20 000 francs de NewYork City, 20 000 francs Harpener, 10 000 francs Smelting Refining ( je ne sais pas le nom ). Je pense qu'elle a dû le faire car la Maison Rothschild m'a dit lui avoir versé environ 52 000 francs. Mais la Maison Warburg m'a avisé de l'achat de 20 000 francs de New York City Bonds, et 7 000 marks ( environ ) de Harpener, enfin l'équivalent de 10 000 francs de Harpener au lieu de 20 000. De Refining Smelting etc. aucune nouvelle.
J'espère qu'il n'y a pas eu d'erreur, mais à l'occasion, sans leur écrire exprès pour cela, tu serais gentil de t'informer si cela a été fait. Mais il n'y a rien qui presse ! Voilà longtemps que je voulais te poser la question mais tu sais, je suis dans un état de santé, à crever !
2° Je te joins une feuille de la Maison Warburg disant les revenus des valeurs pendant cette année. Depuis elle m'a avisé d'un supplément touché pour le Rio Tinto. Mais à vue d'oeil, pour l'Union Pacific et le Pennsylvania cela doit faire plus. Et je suppose qu'il a dû y avoir ou va y avoir un supplément d'intérêts. Car même en mettant le mark à 1,25 il me semble que cela ferait environ 840 francs pour 2 000 dollars d'Union Pacific. Or comme elle était à 85, cela doit faire un peu plus. Ne me répond pas pour tout cela, et vois comme mes pauvres parents qui étaient si inquiets de me croire si peu pratique et incapable de lire une lettre d'affaires se trompaient ! Cela me fait du chagrin de penser qu'ils se sont tant tourmentés à faux.
3° Tu es un ange de me chercher des placements. Tout ***
ce que tu me dis me semble parfait, Saint Domingue, San Paulo, et un certain Rio Grande do Sul qui est à 450. Mais je voudrais quand tu aurais l'occasion de rencontrer Monsieur Léon Neuburger que tu lui demandes si à son avis ces placements sont aussi sûrs et plus sûrs que ma petite Banque del Rio de la Plata qu'il approuve et qui donne du 6 1/2 ou que les Chemins de fer unifiés de La Havane. Je serais d'autre part bien curieux de savoir ce qu'il pense d'une banque que monte un Anglais connu paraît-il, qui s'appelle Cassel, banque ayant un nom que j'ai oublié mais quelque chose comme Mortgage Egyptian Company. On me fait entrevoir comme une faveur la possibilité encore incertaine de m'en livrer quelques actions. Est-ce vraiment à désirer ? J'espère que Madame Hauser aura trouvé dans ta tendre et forte affection l'énergie de surmonter son chagrin de cet été et que votre intérieur, que j'imagine avec admiration et envie est heureux.
Je reçois souvent des lettres de mon ami Hahn, le disant : " Je dois voir M. Luzzato. - j'ai vu M. Luzzato. J'ai reçu une lettre de M. Luzzato " Pourvu que cela ne soit pas que des visites et des lettres et ait une utilité quelconque, puisque tu l'aimes.
Tout à toi de coeur,
Marcel Proust
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Lionel Hauser à Marcel Proust
Paris le 2 décembre 1908
Mon cher Marcel,
Merci de ta bonne lettre que j'ai lue avec grand intérêt et en réponse à laquelle je m'empresse de te fournir quelque lumière sur les différents points qui te paraissent quelque peu nébuleux.
Tout d'abord je me permets de te faire remarquer. que dans la lettre de Messieurs Warburg du 5 Novembre où ils te confirment l'achat de M. 8 400 actions Harpener, ils t'avisent également l'achat de $ 10 000 actions de préférence American Smelting and Refining. Si tu n'as pas cette lettre sous la main, je puis t'en fournir la copie. Voici un premier point éclairci.
Pour ce qui est de l'argent employé dans l'achat des Harpener, il est vrai que le montant nominal acheté est seulement de M. 8 400, mais comme ces actions ( qui ont distribué en dernier lieu un dividende de
11 % sur le nominal ) ont été achetées au cours de 192 1/4 ( soit près de 200 % ) l'argent employé dans cette opération a bien été d'environ Frs 20 000 comme indiqué par toi. A ce cours-là le rendement effectif sur la base du dernier dividende est encore supérieur à 5 1/2 %.
**** Quant à l'intérêt sur l'Union Pacific 4 % il est certain que ce placement au cours de 85 te rapporte 4, 70 % du montant effectivement versé, mais ce montant effectif n'étant que de $ 100, l'intérêt produit sera de 4,70 % sur 85, ce qui est la même chose que 4% sur le nominal de $ 100 ; en d'autres mots, les Union Pacific te rapportent chaque année 4 % de $ 4 000, soit $ 160, soir au cours moyen de $ 515 environ
Frs 824.
En ce qui concerne le surplus de ta lettre, je puis te confirmer que Monsieur Léon Neuburger est du même avis que moi en ce qui concerne l'emprunt de San Paulo. Si donc il ne peut pas obtenir l'assurance de recevoir le montant intégral à souscrire pour toi, je transmettrai ta souscription à Hambourg.
Je serai le dernier à vouloir taper sur la Banque de Rio de la Plata dont tu m'entretiens, d'autant plus que je crois qu'elle marche d'une façon très satisfaisant, mais je te conseille de ne pas perdre de vue une chose très importante, savoir qu'une Banque est une entreprise industrielle comme une autre dont le succès dépend dans une très grande mesure du cerveau de ses directeurs ; par conséquent, l'emploi d'argent en actions de banques quelles que soient ces dernières, comporte un risque généralement plus élevé que celui inhérent à une obligation d'Etat ou de Chemins de fer.
C'est pourquoi je te prie de ne pas me rendre complice de tes placements dans ce genre de valeurs.
Pour une fois que, cédant à tes instincts spéculatifs j'ai fait acheter pour toi des actions de la Paketfarht, j'ai éprouvé trop d'angoisses pour que je songe à te suivre de nouveau dans cette voie.
Reçois, mon cher Marcel, avec mes meilleurs voeux de santé, mes compliments les plus affectueux.
Lionel Hauser
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
( 27 ou 28 janvier 1909 )
Mon cher Lionel dona-rodrigue.eklablog.com
Je suis, je le sais, le plus assommant des clients et je pense que tu dois regretter amèrement le jour où '( pour le plus grand bien de ma fortune, mais pour le commencement de mes importunités ) tu m'as mis en rapport avec la Maison Warburg. Toujours est-il qu'en tâchant de te déranger le moins possible, je te dérange sans cesse. Comme je te l'ai dit je ne comprends jamais un mot de ce qu'ils m'écrivent. Et j'en ai pris mon parti. Mais quand j'en comprends assez pour comprendre qu'ils me demandent de répondre, et pas assez pour saisir de quoi il s'agit, je suis malheureux d'avoir l'air impoli en ne répondant pas, et ne pourrais que répondre des mots au hasard comme " l'Interpreter " dans " l'Anglais tel qu'on le parle ". Je te communique donc le dernier billet doux de ces messieurs pour que tu aies la bonté de leur répondre pour moi ne soupçonnant pas de quoi il s'agit. Surtout ne leur dit pas de m'écrire en français, ils ne le feront pas davantage et c'est inutile.
Le mieux serait je crois ceci. Ils me diraient nous avons à vous tant de capital et en plus tant d'argent disponible. Et à partir de ce moment-là, ils t'enverraient, ou au Crédit Industriel, tous les mois, ou deux mois, ou plutôt tous les trimestres ce qu'ils ont touché pour moi. De cette façon j'aurais les comptes les plus clairs. Le Crédit Industriel m'écrirait tous les trois mois : " Nous avons reçu tant pour vous de la Maison Warburg " et à la fin de l'année j'aurais touché mes revenus. Et quand la Maison Warburg aurait de l'argent à débourser pour moi, par exemple pour acheter des titres, jamais elle ne le prendrait chez elle pour ne pas redémolir mes pauvres comptes, mais elle demanderait la somme à la Maison Rothschild. Je crois que cette solution est la merveille des merveilles.
Mon ami Reynaldo est parti à la première d'Electra à Dresde, sans que j'aie pu lui dire adieu. J'ai appris qu'il passerait à Hambourg. Si je l'avais su avant son départ, je lui aurais demandé de passer chez toi pour savoir si tu n'avais pas de commissions pour Hambourg. En tous cas si tu désirais qu'il y fît quelque chose pour toi fais-le moi dire, peut-être en lui télégraphiant je l'atteindrais encore à temps. La lettre de M. M. Warburg est déjà un peu ancienne, mais j'ai eu des crises si affreuses ces jours-ci que véritablement écrire une lettre m'aurait été aussi impossible qu'à un mort.
Tout à toi
Marcel Proust
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Paris le 29 janvier 1909
Mon cher Marcel,
En lisant ta charmante lettre d'hier, j'ai compris le désespoir de Charles-Quint qui ne parvenait pas à faire marcher d'accord douze pendules et l'éblouissante conclusion à laquelle il est arrivé, qu'il était encore plus difficile de gouverner les hommes que les pendules.
5* L'Allemagne passe pourtant pour être la meilleure fabrique d'automates humains et son armée en est d'ailleurs un exemple éclatant et malgré cela Messieurs Warburg n'ont pas pu amener leur employé comptable qui a ton compte dans son registre à t'envoyer l'extrait en français deux fois de suite. Je leur écris donc pour renouveler mes instructions antérieures et j'ose espérer qu'après avoir encore réclamé six ou sept fois de suite, nous finirons par atteindre le but désiré.
Ceci ne m'empêche pas d'ailleurs de trouver excellente ton idée en ce qui concerne les intérêts, aussi je les prie par la même occasion de remettre pour toi au Crédit Industriel à la fin de chaque trimestre le solde de ton compte chez eux.
J'ai lu avec intérêt tes communications en ce qui concerne le voyage de Reynaldo Hahn. Je n'ai pas d'autre commission à lui faire pour Hambourg que celle de lui souhaiter de bien s'y amuser ce qui n'exige pas l'envoi d'une dépêche spéciale.
J'espère fermement que l'état de ta santé te permettra bientôt de venir nous faire une visite et te prie de me croire, mon cher Marcel,
ton sincèrement dévoué
Lionel Hauser
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Le 1er février 1909
Mon cher Lionel larousse.fr
Tu me donnes l'idée de la plus grande puissance qu'un homme puisse avoir sur la terre : Je viens de recevoir de la Maison Warburg un mot dont je ne sais pas si je dois dire qu'il est digne de Voltaire ou de Mérimée, ne sachant pas lequel des deux écrivains tu préfères, mais enfin écrit dans un français non seulement impeccable mais de l'élégance la plus raffinée. Je dois donc pouvoir en conclure ( pour leur emprunter une de leurs formules ) que ta volonté plus puissante et surtout plus rapide que celle de Berlitz leur a en trois jours ( sans défalquer l'aller et le retour de ton ordre ) donné non seulement la connaissance plus approfondie de la langue française et de l'usage de toutes ses finesses, de tous les " je crois pouvoir en conclure " qui font la supériorité de notre belle langue, mais encore une élégance du tour, une pureté de style qui grâce à toi va faire ressembler la culture française en Allemagne à celle qui régnait au temps de Voltaire de la Spree à la Mer du Nord et dont tu es le nouveau Frédéric le Grand. Merci de tout coeur d'avoir fait pour moi ce miracle amical et philologique et reçois toute ma grande amitié
Marcel Proust
Puisque tu as un si grand pouvoir thaumaturgique pourrais-tu en employer un peu à ce que je n'aie pas en ce moment les dix crises d'asphyxie par jour qui me tuent. Jamais je n'ai été si malade. Inutile de te dire que je ne prétendais nullement plaisanter le français antérieur de la Maison Warburg. Je serais bien content d'écrire l'allemand comme ils écrivaient jusqu'ici le français. Quant à la façon dont ils l'écrivent depuis ta thaumaturgie, si j'écrivais l'allemand aussi bien je serais Shiller, Novalis ou Hoffmannsthal !
* numasmitaics.org
** histclo.com *** numistoria.com **** marie-antoinette.forumactif.net
Inscription à :
Articles (Atom)