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1er août 1661
Ce matin, les deux sirs William, ma femme et moi, ainsi que Mrs Margaret Penn que je revois pour la première fois depuis son retour d'Irlande, nous rendîmes en voiture à Welthamstow pour rendre visite à Mrs Browne juste relevée de couches. Je lui fis cadeau de six cuillères en argent pour son garçon. On nous offrit un pâté de venaison venu directement de Londres et nous fûmes tout joyeux. Mais j'ai appris que le mari de la nourrice a tenu sur milady Batten d'étranges propos, elle aurait été la catin d'un quidam, dont on sait qu'effectivement il lui lègue ses biens. Nous aurions bien voulu avoir aujourd'hui confirmation de ces propos, mais ne le pûmes. Je crois bien que ce n'est que trop vrai.
Retour à la maison le soir.
2 août
Au bureau toute la matinée. À midi dîner avec le Dr Thomas Pepys, puis mon frère Tom me rendit visite et ensuite je me préparai à me rendre à Cambridge à cheval. Je pris la route et poussai jusqu'à Ware ce soir, conversai durant tout le chemin une longue conversation avec un peaussier, un quaker. Il me raconta quel méchant homme il avait été toute sa vie, jusqu'à ces deux dernières années.
3 août
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La nuit passée me levai tôt et parvins à Barkway où je m'arrêtai pour boire. Je rencontrai là un courrier de Cambridge avec qui je fis toute la route jusqu'à Cambridge, mon cheval fourbu et moi trempé de pluie.
Je me rendis à la colline du château où les juges siégeaient en cours d'assises et attendis la sortie de Roger Pepys. Nous allâmes manger en compagnie de son frère le docteur en droit et Claxton dans la grand-salle de Trinity College. Puis nous nous quittâmes et je me rendis à la Rose où je restai à boire avec Mr Peachell, Sankey et d'autres, et fûmes fort gais. Ils me disent combien les vieux docteurs le prennent de haut à l'université avec ceux qu'ils trouvent en place, bien que ces derniers soient bien plus savants qu'eux, ce qui me paraît fort regrettable, surtout de la part du Dr Gunning. Le soir, avec Roger Pepys, son frère et son beau-frère à Impington. Là me firent monter fort respectueusement dans la plus belle chambre de la maison, où je dormis.
4 août
Jour du Seigneur
Lever, et peu après promenade dans le verger avec mon cousin Roger. Cueillis quelques fruits, puis parlai longuement de l'affaire qui m'amenait, le testament de mon oncle. Sa réponse me donna toute satisfaction, mais il me dit que l'affaire me causera bien du tracas, sur tous les points. Il m'apprit cependant ce que je devais attendre et ce que je devais faire.
A l'église où le sermon fut simple et d'une belle tenue, mon oncle Talbot avec nous. A notre entrée à l'église tous les gens du pays se lèvent fort respectueusement. Le pasteur commence en nous adressant ces paroles ; " Frères très honorablement et bien aimés ! "
Retour à la maison pour le dîner, fort bon, puis derechef à l'église, ensuite retour, promenade, souper, et après nous en vînmes à parler d'affaires publiques. Au cours de cette conversation Roger, qui me paraît fort sensé et qui, par ses seuls propos, m'inspira en cette occasion plus de respect que je n'en avais eu jusqu'ici pour lui. Il m'apprit avec quelle bassesse se conduisaient les jeunes gens au Parlement qu'ils s'évertuaient à contrarier toutes les propositions des " gens sérieux ", qu'il n'avait entendu de sa vie tenir propos si impies, ni blasphémer pareillement, à telle enseigne qu'ils vont selon lui, tout gâcher et, s'il ne tient qu'à eux, nous replonger dans la guerre.
5 août 1661
De bonne heure à Hundingdon, mais fus contraint de m'arrêter longuement à Fenstanton, à cause de la pluie. Empruntai un manteau à un homme pour 6 pence, si bien que le pauvre homme dut s'en passer pendant tout le voyage. M'arrêtai quelque temps à Hundingdon, mais les juges n'étaient pars encore arrivés, j'allai donc jusqu'à Brampton où je trouvai mon père en fort bonne santé et ma tante partie de la maison, ce dont je suis bien aise, même si cela nous coûte beaucoup d'argent, soit 10 livres. *
Dînai là et me remis en selle pour aller chez ma cousine Nightengale à Yelling où elle a une jolie maison. Elle m'apprit tout ce qu'elle savait sur mes affaires, et m'apporta quelque lumière sur la façon dont je pouvais obtenir un titre de cession de propriétaire pour les terres de Graveley.
Ensuite à Graveley rencontrai dans une taverne Chandler et Jackson, deux de mes fermiers de Cotton, avec je devisai longuement à ma grande satisfaction.
Retour à Brampton. Après le souper, au lit. Le plus grand calme règne maintenant dans la maison, ce qui nous est fort agréable.
6 août
Levé tôt et allé chez Mr Phillips, en pure perte toutefois, car il avait passé la nuit à Hundingdon. Je retournai donc chez moi, pris un cheval et m'y rendis où je restai à boire avec Thomas Trice et Mr Phillips jusqu'à midi. Après quoi me rendis avec Thomas Trice à Brampton où il se rendit chez la mère Gorham, tandis que je retournais auprès de mon père, qui vit bien que j'avais bu, ce dont il ne s'était jamais rendu compte jusque-là. Nous mangeâmes un peu et allâmes à la taverne de la mère Gorham où nous discutâmes avec Thomas Trice. Puis je m'en allai et repartis vers Londres à cheval. Après bien des difficultés, tant les routes étaient mauvaises, parvins à Baldod où je passai la nuit et soupai seul. La patronne était jolie, mais n'osai m'intéresser à elle en présence de son mari.
Avant le souper, je visitai l'église, fort belle. Mais je découvre ici comme partout que les quakers existent toujours bel et bien, que loin de dépérir ils prospèrent.
Au lit.
7 août
Réveillé à 3 heures et à cheval dès 4 heures. Alors que je prenais mon déjeuner je vis passer un homme qui avait cheminé un moment avec moi le soir précédent. Je l'appelai et, comme il se rendait à Londres avec de la venaison dans ses paniers, le priai d'entrer et de déjeuner avec moi. Puis nous fîmes tout le chemin ensemble. Fîmes une halte pour nous restaurer à Hartfield et entrâmes dans le palais, parcourûmes toutes les cours intérieures et j'aurais volontiers volé un amour de chien qui me suivait, mais n'en trouvai pas l'occasion, ce qui me chagrina. classiquenews.com
Nous nous remîmes en selle et par étapes, à grand-peine, ralliâmes Londres. Trouvai tout en ordre chez moi, mon père et milady. Mais toujours pas de nouvelles de milord, pour nous apprendre où il se trouve.
Chez milady avec le doyen Fuller venu me voir juste au moment où je rentrais, je rencontrai Mr Moore. Il me dit le désarroi où l'avait plongé mon absence, car demain était jour du Sceau au bureau du Sceau privé et c'est mon mois de service auprès de milord Robartes, le garde du Sceau privé, au bureau du Sceau. Retour à la maison et au lit.
8 août
Tôt le matin à Whitehall, mais milord le garde du Sceau privé ne vint pas de toute la matinée. A midi allai dîner avec Mr Moore à la Garde-Robe où milady et toute la compagnie étaient d'humeur joyeuse et en bonne santé. Retour au Sceau privé mais milord ne vint pas de tout l'après-midi, ce qui me rendit furieux et donne à chacun de bonnes raison de parler des entraves qu'il met aux affaires, et aussi de sa sévérité et de sa dureté à l'égard des clercs du Sceau privé. Le soir j'emmenai Mr d'Esquier, Mr Moore et le frère du Dr Pierce, le soldat, à la taverne qui jouxte le palais de Savoy et restai boire avec eux. Rencontrai Mr Madge. Parlant musique monsieur d'Esquier dit tant de mal de l'anglaise et de bien de la française que Mr Madge se mit en colère et partit. Restai un peu avec eux, puis nous nous séparâmes. Rentrai chez moi.
9 août
Au bureau où un beau-fils de Mr Pearse, commissaire de marine vient me dire que son beau-père est mourant et désire recevoir ma visite avant de mourir. Je quittai donc ma table de travail et me rendis auprès de lui. Ne le trouvai pas aussi mal que je m'y attendais, bien qu'il ait été en effet malade. Je promis, s'il venait à mourir, d'être l'ami de sa femme et de sa famille. C'était tout ce qu'il demandait. Mais, à mon avis, il se remettra.
Retour au bureau. J'apprends qu'il y a un ou deux jours sir George Carteret a invité certains officiers à dîner avec lui à Deptford aujourd'hui. A midi donc, lorsque je l'entendis arriver, je sortis, voulant savoir s'il me ferait dire ou non de me joindre à eux, ce qu'il ne fit pas. Cela me chagrine quelque peu, en attendant de savoir ce qu'il en est exactement. Encore qu'à d'autres écarts ce la m'arrange, car il me faut retourner aujourd'hui au Sceau privé.
Je dînai chez moi. Puis Mr Hayter vient nous annoncer que sa femme est maintenant en travail, c'est pourquoi il vient chercher ma femme, qui part aussitôt avec lui.
A Whitehall où arrive après 4 heures, milord le garde du Sceau privé. Nous montâmes dans ses appartements au-dessus de l'entrée de Whitehall, et il me demanda quelle délégation m'avait accordée milord. Je lui répondis que je n'en avais reçu aucune, mais que j'avais prêté serment devant les deux secrétaires en tant que représentant de milord et il s'en montra satisfait. Il demanda donc à Mr Moore de donner lecture complète de toutes les dispositions légales, suivant l'usage et tout se passa le mieux du monde. Comme quoi, je le constate une fois de plus, la bête n'est pas si féroce qu'on le dit.
** Une fois cette affaire réglée, Monsieur d'Esquier, qui a passé tout l'après-midi au Sceau privé à attendre l'autorisation de paiement des 5 000 livres destinées à préparer la mission de milord Sandwich au Portugal, et moi emportâmes du vin et allâmes rendre visite à la belle " Pearse ". Que nous trouvons dans un état de grossesse avancée, en compagnie d'une jolie femme, une certaine Mrs Clifford, et passâmes là avec elles des moments de folle gaieté. Je me rendis ensuite chez mon père en voiture et le trouvai rentré aujourd'hui même de Brampton, comme je le pensais, en fort bonne santé. Après avoir un peu parlé affaires, comme il était fort tard, je repris une voiture pour rentrer chez moi où ma femme m'apprend que Mrs Hayter n'a toujours pas accouché, mais qu'elle est toujours en travail.
Au lit.
10 août.
Ce matin arriva la fille dont ma femme a récemment loué les services comme femme de chambre. Comme elle est fort laide, je ne peux m'intéresser à elle, mais elle semble très bien par ailleurs. Elle ne prendra cependant son service que dans trois semaines, lorsque ma femme sera rentrée de Brampton, si toutefois elle y accompagne ma mère.
Mon père arriva chez moi peu après. Nous allâmes voir mon oncle Wight au café et convînmes avec lui de nous retrouver la semaine prochaine avec mon oncle Thomas afin de leur donner à tous les deux pour leur satisfaction, lecture complète du testament du capitaine.
Cette affaire terminée, j'allai chez milady et dînai avec elle. Après dîner, j'emmenai les deux garçons et les deux jeunes demoiselles au Théâtre avec le capitaine Ferrer et leur fils voir Le joyeux Diable d'Edmonton, pièce très drôle que je voyais pour la première fois et me plut bien. Je les ramenai ensuite tous en voiture chez moi, où je leur fis manger des fruits et boire du vin. Puis les raccompagnai chez eux en bateau. rentrai chez moi.
11 août 1661
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A notre église le matin et l'après-midi à l'église de Clerkenwell uniquement pour voir les deux belles Butler. Il se trouva que j'étais installé sur le banc où elles vinrent plus tard s'asseoir. Mais par suite de leur présence la place manquait sur le banc, j'allai donc m'asseoir sur le banc voisin d'où je pus les contempler à mon aise. Mais maintenant je suis dégoûté d'elles, car le colonel Dillon revenu d'Irlance continue à leur faire la cour et les accompagne à l'église, ce qui me donne à penser qu'elles ne sont pas vertueuses. Ensuite au jardin de Gray's Inn, où je m'attardai, rencontrai Ned Pickerring, il me dit quelle grande partie de chasse au cerf le roi a faite hie, comment il a crevé tous les chevaux et qu'au retour seules deux ou trois personnes étaient encore capables de le suivre. Chez mon père souper, puis retour chez moi.
12 août
Au bureau ce matin, chez moi l'après-midi. On m'apprit que milord Hichingbrooke est tombé malade. Je crains que ce ne soit des fruits que je leur servis chez moi samedi dernier. J'allai donc le voir dans la soirée et le trouvai fort mal et redoutant grandement la petite vérole. Je soupai avec milady, discutai avec elle à son sujet, mais jugeons préférable de le laisser reposer où il est. Je rentrai chez moi le coeur navré de sa maladie et plus encore de celle de milord Sandwich qui, cela nous est maintenant confirmé est malade à terre, à Alicante. S'il venait à lui arriver malheur, Dieu sait dans quel état il laisserait sa famille !
Dînai aujourd'hui avec milord Crew, en ce moment chez sir Henry Wright, tandis qu'on prépare sa nouvelle maison. Lui aussi fort chagriné de tout cela.
13 août
Au Sceau privé le matin, puis à la Garde-Robe pour dîner où je rencontrai ma femme et trouve le jeune milord fort mal. Aussi milady veut-elle envoyer chez moi ses trois autres fils, Sidney, Oliver et John, par peur de la petite vérole. Après dîner chez mon père, le trouvai chez lui et montai à sa chambre, occupé à mettre de l'ordre dans ses papiers en prévision de son déménagement. Emportai de vieux papiers relatifs à la brouille que j'eus autrefois avec ma femme. Puis, en présence de Pall, je dis à mon père mon intention de ne pas la garder plus longtemps pour telles et telles raisons. Cela le chagrina, et moi de même, et manqua provoquer une vive dispute entre moi et ma mère, qui est devenue très sotte.
Peu après arrive Mrs Cordery venue faire ses adieux à mon père. Elle pensait qu'il devait partir incessamment pour la campagne et veut que nous allions la voir avant son départ.
Nous nous rendîmes ensuite, mon père et moi, chez Mr Rawlingson où arrivèrent ensuite mon oncle Thomas et ses deux fils, puis mon oncle Wightn comme nous en étions tous convenus. Nous fîmes une rapide lecture du testament et leur rendîmes compte de la situation, signalant les gentillesses que nous réservions à mon oncle Thomas, s'il en usait pacifiquement à notre endroit, mais qu'il en irait tout autrement s'il maintenait son opposition contre nous. Il promit donc de la retirer et sembla tout à fait satisfait de l'état des choses.
Passé quelque temps à boire, puis chacun paya et partit de son côté. Rentré chez moi où je trouve les trois fils de milady déjà arrivés. Je suis heureux de pouvoir leur rendre ce service, à elle et à milord, mais je suis encore très préoccupé de l'état de santé de milord Sandwich.
14 août
Ce matin sirs William Batten, Penn et moi-même allâmes présenter nos respects au duc d'York, dans ses appartements, pour lui rendre compte de la situation de la Marine en mal d'argent, et lui apprendre comment nos propres lettres de change se négocient en bourse 20 % au-dessous de leur valeur. Tout cela le chagrine fort et il en parlera au roi et au Conseil ce matin.
Je me rendis ensuite chez milady et dînai avec elle. Trouve que milords Hinchingbrooke va un peu mieux.
Après dîner accompagné du capitaine Ferrer au Théâtre, où nous vîmes l'Alchimiste. Aperçus sir William Penn. Nous allâmes chez lui avec une bouteille de vin et restâmes parler un moment, puis retour à la maison et au lit. ***
Chez moi je trouve une lettre de Mr Creed du 13 juillet dernier qui me dit que milord ne ressent plus de douleur due à un gonflement du côté droit sous l'effet de vents, et n'a plus de fièvre. Il espère maintenant pouvoir retourner à bord dans un jour ou deux. Ce qui me soulage prodigieusement.
15 août 1661
Au Sceau Privé et à Whitehall. Promenade de long en large et, à midi, sir William Penn me conduisit rapidement à Saint-Paul en voiture. Allai à pied à la Garde-Robe et dînai avec milady. Lui appris la maladie de milord, dont elle ne savait rien, bien que toute la ville en parle depuis deux semaines, et son rétablissement dont elle se réjouit, bien qu'à moitié persuadée qu'il ait été malade. Je trouve que milord Hichingbrooke va de mieux en mieux, le pire étant passé. De là à l'Opéra qui reprend aujourd'hui avec Les Beaux Esprits jamais représentés avec des décors. Le roi, le Duc et la Duchesse étaient présents. Ils dînèrent aujourd'hui avec sir Heneage Finch, professeur de droit au Temple, en grande pompe.C'est vraiment une excellente pièce et d'admirables décors.
Rentrai à la maison, rattrapé en chemin par sir William Penn en carrosse. Il avait passé l'après-midi avec milady Batten, etc., eu théâtre.
Je les accompagnai au Dauphin où se trouvait sir William Batten et restâmes un moment, puis rentrâmes après avoir réussi à enivrer Mr Falconer de Woolwich.
Rentré chez moi.
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16 août
...../Au Sceau Privé où nous tînmes.....
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