15 Décembre 1661
Jour du Seigneur
A l'église le matin. Notre jeune lecteur lut aujourd'hui son premier texte. Sir William Penn dîna avec moi, et nous prîmes du plaisir. Derechef à l'église, retour chez moi et, tout seul, lus jusqu'au coucher/ Prières et au lit.
Aujourd'hui, je fus chagriné par une dispute entre ma femme et sa servante Nell. C'est une péronnelle un peu sotte et je crains que nous ne la trouvions querelleuse. En ce moment, toutes mes pensées sont occupées par mon projet d'ouvrage sur le salut à la voile que nous entendons imposer sur mer aux étrangers. Aussi suis-je plongé dans la lecture de Selden, Grotius et autres auteurs.
16 Décembre
Levé à 5 heures du matin, à la chandelle ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Réveillé comme convenu par un certain Mr Bollen, en affaire avec milord le garde du Sceau privé, ce matin. Passâmes prendre Mr Moore à la Garde-Robe, puis en voiture à Chelsea où nous demandâmes à milord d'apposer son sceau. Retour à la Grand-Salle, puis à l'appartement de milord Sandwich où je rencontrai ma femme qui était allée hier chez Mrs Hunt accouchée d'un garçon. Commandai un rôti chez un traiteur et dînâmes ensemble. Après le dîner à l'Opéra, où l'on donnait une nouvelle pièce, Le Bravache de Coleman Street, écrite en 1658, et comportant une critique de la période récente. Comme c'était la première les places étaient deux fois plus chères, c'est pourquoi, par économie, ma femme et moi montâmes dans la galerie la plus élevée. Nous nous installâmes et vîmes fort bien. C'est une fort bonne pièce, écrite, apparemment par Cowley. Retour à la maison, et au lit.
17 Décembre
Levé et allé chez le peintre voir comment avancent nos portraits. Rentrai dîner à la maison. Fus ensuite demandé au Sceau privé. Restai si longtemps et si tard que j'en fus fort fâché. Nous en eûmes enfin terminé et me rendis ensuite en toute hâte au bureau où ils étaient en réunion et travaillâmes jusqu'à une heure tardive. Retour chez moi, souper, lecture de Mare Clausum de Selden, et au lit.
18 Décembre
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Au bureau pour affaires extraordinaires toute la matinée, dîner chez milord Sandwich où ma femme me rejoignit après être passée chez le peintre. Dînâmes. Je la laissai là et allai dans le quartier du Temple, chez mon frère, pour voir Mrs Turner, qui commence à aller mieux. Retour chez milady où l'on me fit fête. Ramenai ma femme à la maison en voiture. Chez moi, dans mon cabinet jusqu'à l'heure du coucher, et au lit.
19 Décembre 1661
Ce matin ma femme mit ses plus beaux atours pour aller au baptême de l'enfant de Mrs Hunt. Nous nous arrêtâmes chez le peintre. Elle posa jusqu'à midi cependant que j'examinais de belles gravures fort variées. Bientôt mon valet arriva et nous dit que Mr Hunt était passé chez nous. Apprîmes que le baptême n'aurait pas lieu avant samedi prochain. Lorsque le peintre eut terminé, le portrait me plut assez. Ma femme et moi rentrâmes à la maison en voiture, mais pendant le trajet je trouvai l'occasion de me disputer violemment avec elle à propos de ses rubans mal assortis, étaient de deux couleurs. En vînmes à échanger des propos fort vifs, si bien que, cédant à un emportement stupide, je la traitai de catin, ce que je regrettai par la suite. Je la déposai à la maison et me rendis, comme prévu, au Dauphin. Sir William nous offrit à tous un bon dîner. Ensuite au bureau où je restai tard en réunion. Puis retour chez moi.
20 Décembre
Fis la grasse matinée, puis levai et à la Garde-Robe pour dîner. Revins ensuite vers la maison avec Mr Moore, rencontrâmes en chemin Mr Swan, ma vieille connaissance, et allâmes dans une taverne où il nous rebattit les oreilles de ses habituels radotages sur la religion. Sur ce chapitre il est plus prétentieux que jamais. Me dit qu'il commence à écrire un livre sur L'Usage illégal des choses légales. Mais c'est un personnage des plus niais, et je le quittai. Nous bûmes un verre, puis nous nous séparâmes. Mr Moore et moi dans le quartier de Cornhill. Il faisait nuit noire, et dans la rue et à la Bourse discutâmes de la maîtrise des mers, sujet qui me préoccupe fort ces temps-ci. Retour chez moi et veillai tard en lisant Mr Selden. Au lit.
21 Décembre
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A Whitehall au Sceau privé, où milord garde du Sceau privé nous dit qu'il cessait pour ce mois-ci d'apposer le sceau, car il va passer Noël à 12 lieues de Londres. Ce dont je me réjouis, craignant toutefois que nous ne soyons forcés de le chercher au fond de sa campagne pour lui faire mettre le sceau à quelque document royal.
Ensuite à la Grand-Salle de Westminster, après avoir pris en passant un verre avec Mrs Sarah et Mrs Betty dans les appartements de milord. Emmené par des gens de l'Echiquier à la taverne du Chien. C'est la Saint-Thomas, et comme le veut la coutume, ils tiennent une réunion générale, un dîner. Fus fort gai, comme tous..Discutai avec Mr Falconberg et lui demandai s'il pouvait me trouver dans le Domesday Book des détails relatifs aux affaires de la mer et à sa maîtrise. Il promit de regarder. Pris congé d'eux et allai chez mon frère, rencontrai comme convenu Prior de Brampton qui doit me verser de l'argent mais, désirant prendre conseil, il attend jusqu'à lundi. Retour en voiture au bureau. Fus fâché en m'apercevant que les deux sirs William semblaient bien décidés à me tenir un peu à l'écart, disant qu'il ne pouvait exister de comité sans leur registre, ce que je prends assez mal et vois clairement qu'il me faut prendre un peu de distance par rapport à eux et ne pas courber l'échine si je veux pouvoir traiter avec eux sur un pied d'égalité. Retour chez moi et écris des lettres pour la poste. Ce soir ma femme revint du baptême du fils de Mrs Hunt, appelé John. Elle était accompagnée d'un négociant de Mark Lane qui avait été son partenaire. Après avoir achevé mon travail et lus un peu Mr Selden, je me mis au lit.
22 Décembre
Jour du Seigneur
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A l'église ce matin où le lecteur fit un sermon puéril. Rentrai dîner, saisis le prétexte de la couleur noirâtre de la nourriture qui sortait de la marmite pour m'en prendre vivement à ma femme et aux servantes, leur reprochant leur négligence. Quittai la table et montai lire Mr Selden dans mon cabinet en attendant l'heure de l'office, A l'église ma femme et moi. Sur le même banc avec le reste de notre groupe se trouvait le capitaine Holmes dans son habit à galons d'or, ce qui m'inquiéta, pensant aux avances qu'il fit autrefois à ma femme. L'esprit inquiet, je me tins coi. Mais je saisis bientôt le prétexte de la pluie qui continuait à tomber pour rappeler à ma femme qu'elle devait aller au baptême de l'enfant de Nick Osborne, elle y était invitée. Elle quitta le banc, ce qui me tranquillisa. Retour chez moi après le sermon. Vinrent souper avec moi, comme convenu, le Dr Thomas Pepys, Will Joyce et mon frère Tom. Ils étaient de fort belle humeur, quant à moi, je fis semblant de l'être, mais leur compagnie ne me plaisait pas le moins du monde. Une fois qu'ils furent partis, nous nous couchâmes.
23 Décembre
Levé tôt, avant le lever du jour, en voiture à la Garde-Robe où pris Mr Moore. A Chelsea chez milord le garde du Sceau privé. Nous apposâmes le sceau à quelques pièces. Il doit quitter Londres demain pour la période de Noël. Retour à Westminster et de là par le fleuve au bureau de la Trésorerie où je trouve sir William Penn occupé à payer les soldes du Sophia et du Griffin que l'on désarme. Je restai avec lui jusqu'à midi. Nous nous fîmes apporter une roulade de boeuf et un pâté. Mangeâmes et bûmes. Je le laissai et chez mon frère, comme prévu, pour rencontrer Prior, mais comme il ne venait pas j'allai voir Mr Turner qui est toujours faible. On m'annonça peu de temps après que le valet de Prior était passé chez Tom. M'y rendis donc et comptai les 128 livres qu'il doit me verser, mais comme Prior ne venait pas, je partis en laissant, comme il le voulait, l'argent à mon frère pour la nuit. Ils doivent venir chez moi demain matin. Je pris une voiture et, descendant chez mon libraire à l'enclos de Saint-Paul, rencontrai Mr Cromleholme et le principal adjoint du collège. Je les emmenai à l'Etoile où nous restâmes parler. Je pris grand plaisir à leur compagnie, fort heureux de tomber sur lui par hasard, car j'avais omis trop longtemps d'aller le voir. Alors que nous parlions de livres, j'offris de donner au collège le livre de son choix pour une somme de 5 livres. Nous nous quittâmes. Retour chez moi et à Mr Selden, puis au lit.
24 Décembre
Chez moi toute la journée, au bureau l'après-midi. Retour chez moi.
25 Décembre 1661
Jour de Noël
A l'église le matin, je dus attendre devant notre banc parce que le bedeau n'avait pas ouvert la porte. Bon sermon de Mr Mills. Dînai tout seul chez moi. Quelque défaut du repas me fournissant l'occasion de me plaindre de la malpropreté de ma servante, j'eus une prise de bec avec ma femme et montai fort mécontent dans mon cabinet. Après dîner ma femme monta me voir, et nous voilà raccommodés. Tous deux en promenade sur la terrasse. Sir William nous appela et nous allâmes dîner chez lui. Auparavant le capitaine Cocke nous rendit visite à moitié ivre et se mit à parler, mais sir William Penn, connaissant bien son caractère et le sachant intarissable, but quatre grands verres de vin à sa santé coup sur coup, et à celle du roi, etc.. et ainsi l'enivre, si bien qu'il partit. Nous soupâmes alors joyeusement. Puis retour à la maison, et au lit.
26 Décembre
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Ce matin avec sir William Penn au bureau de la Trésorerie. Nous procédâmes au désarmement et au paiement des soldes de l'Amity, bateau du capitaine Stokes qui était en Guinée, et d'un autre navire, et retour à la maison. Après dîner sir William vint et, avec son fils, sa fille et ma femme, allâmes en voiture à Moorfields, pour une promenade à pied. Comme il faisait un temps épouvantable, nous nous arrêtâmes dans une auberge où nous mangeâmes des gâteaux et bûmes de la bière. Une femme et une gamine nous présentèrent la coupe de bière épicée avec des chansons. Quand ce fut terminé j'invitai mon petit valet, Wayneman, à nous rejoindre pour manger ce qu'il restait de gâteau, et notre hôtesse nous dit qu'il s'était commandé deux gâteaux et une chope de bière, ce qui m'irrita et suis résolu à l'en punir. Retour à la maison, sir William Penn et sa famille dînent chez moi d'une bonne dinde, et joyeuse partie de cartes, et au lit.
27 Décembre
Le matin chez mon libraire pour commander Thesaurus de Stephanus dont j'offre 4 livres, pour en faire cadeau au collège Saint-Paul. Puis à l'église Saint-Paul où j'entendis le Dr Gunning prêcher un bon sermon pour ce jour, c'était la Saint-Jean, et l'entendis raconter une histoire qu'il voulut nous faire croire, selon laquelle saint Jean et la Vierge Marie seraient apparus à Grégoire, un évêque, au moment où il priait Dieu de le confirmer dans sa foi. Je m'étonnai de lui entendre raconter une telle fable. Rencontrai là Mr Cromleholme et lui dis que je m'employais à me procurer le Thesaurus de Stephanus pour le collège. Retour chez moi. Après dîner visite de Mr Falconberg. Comme il le souhaitait je fis venir son parent, Mr Knightly, le négociant. Il vint boire avec nous et m'invita à l'accompagner chez lui. Restai jusqu'au soir et jusqu'à ce que Mr Knightly et Mr Farconberg, pour qui je fis chercher par mon petit valet une voiture pour le reconduire à Westminster, se fussent tous deux enivrés. Retour à la maison, mais ne bus jamais meilleur vin de ma vie. Chez moi donc, ma femme partie chez sir William Penn je m'y rendis, restai jouer aux cartes et soupai. Puis rentrai chez moi, et au lit.
28 Décembre
Chez moi toute la matinée, l'après-midi tout le bureau occupé à répondre à une lettre du Duc nous demandant une estimation rapide des dettes de la Marine. Cette tâche bien avancée, retour chez moi avec sir William Penn qui, avec ses enfants, resta à jouer aux cartes jusque tard. Au lit.
29 Décembre
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Grasse matinée avec ma femme. J'avais bien décidé d'aller avec elle chez milady, surtout pour éviter d'aller dîner chez sir William Penn aujourd'hui parce que Holmes y était, mais ne pus trouver de voiture à temps pour nous y rendre. Dînai donc chez moi avec mon frère Tom. Puis arriva une voiture. J'emmenai ma femme à Westminster et elle se rendit chez Mrs Hunt, de mon côté à l'abbaye où je rencontrai Mr Hooper. Il me fit entrer dans le choeur et je chantai l'office avec eux. Je me promenai ensuite ici et là jusqu'au soir, parce que Mr Coventry n'était pas encore revenu à Whitehall depuis le dîner. J'y allai enfin et il était arrivé. Je discutai avec lui d'une affaire du bureau, puis pris congé et envoyai chercher ma femme et la voiture. A la Garde-Robe souper, et restâmes fort longtemps à parler avec milady qui semble adorer chaque jour davantage notre compagnie. Retour à la maison/ Prières, et au lit.
30 Décembre
Au bureau pour l'estimation. Puis avec ma femme et sir William Penn voir nos portraits, qui nous plaisent assez. Retour. Je m'arrêtai à la Mitre où j'avais invité toutes mes vieilles connaissances de l'Echiquier autour d'une bonne échine de boeuf. Elle fit notre dîner avec trois bourriches d'huîtres, trois poulardes, et force vin et gaieté. Nous étions douze, environ..... Je leur fis sottement la promesse de les inviter pareillement dans un an, et ainsi pour le restant de ma vie. Mais je n'ai pas l'intention de la tenir.
Je restai là aussi longtemps que je pus les retenir. Retour chez sir William Penn qui, avec ses enfants et ma femme, est allé aujourd'hui au Théâtre voir D'Amboise, que je n'ai jamais vu. Restâmes tard à souper et à jouer aux cartes. Retour à la maison, et au lit.
31 Décembre 1661
Ma femme et moi, ce matin, chez le peintre. Elle fit sa dernière séance de pose et j'assistai, indiquant au peintre quelques petites choses à faire, si bien que son portrait me plaira fort, je crois. Elle prit ensuite son petit chien noir pour en faire faire le portrait, ce qui nous amusa fort. A la maison pour le dîner, puis au bureau jusque tard pour terminer notre estimation des dettes de la Marine. Elles se montent à ce jour à près de 374 000 livres.
Retour chez moi après avoir souper et m'être fait raser par le barbier. Je me mis en devoir de terminer le journal pour cette année. A ce jour, ma situation, grâce à Dieu, est comme suit :
Ma santé, sauf lorsque je prends froid, ce qui me donne des douleurs dans le dos et me fait souffrir quand j'urine comme du temps où j'avais la pierre, fort bonne, comme celle de ma femme, à tous égards.
Mes domestiques : Will Hewer, Sarah, Nell et Wayneman. Mon logis au bureau de la Marine. Je pense être riche de 500 livres net, et je possède en propre les biens de ma maison et ce qui me reviendra de Brampton à la mort de mon père - qu'il plaise à Dieu de retarder le plus longtemps possible ! Mais suite à la mort de mon oncle, tout le souci, le tracas de tout régler reposent sur moi. Ce qui est fort lourd en raison des procès, notamment celui avec Tom Trice à propose des intérêts des 200 livres qui, j'espère, sera bientôt réglé.
* Ce qui occupe le plus mes pensées en ce moment est le souci de procurer à Tom une bonne épouse. Il en est une présentée par les Joyce, une de leurs cousines, riche de 200 livres comptant. Je m'occupe aussi à écrire un petit traité que je présenterai au Duc, sur le privilège qui nous est reconnu d'être salués au pavillon par les navires de toutes les autres nations. Mais ce qui me tracasse le plus, c'est qu'au cours de ces six derniers mois je me suis montré à tous égards fort dépensier, au point de n'oser faire mes comptes, je les ferai bientôt.
Je me suis engagé une nouvelle fois, par un serment solennel, à m'abstenir de théâtre et de vin, et je suis résolu à respecter à la lettre le serment dont je garde copie sur moi. Cela fait deux semaines que la flotte est prête à faire voile pour le Portugal, mais le vent lui a manqué. De ce fait, milord est contraint de rester à la mer tout cet hiver avant d'amener la reine ici, ce que tout le monde attend maintenant. On ne parle que de cela.
* novo-monde.com
A suivre..... 1662...../
1er janvier
En m'éveillant ce matin......../
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