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Révolte
Eh bien non ! j'ai menti, je suis jaloux, je saigne
Plus que si l'on m'avait percé de mille clous !
Non, je ne veux pas qu'une autre bouche t'enseigne
D'impurs baisers ! Non, j'ai menti ! je suis jaloux !
Eh quoi donc ! tu m'as cru ? tu n'as donc rien compris !
Tes yeux ne voient donc pas ? Ton coeur est donc de glace ?
Il te faut donc des pleurs ? il te faut donc des cris ?
Es-tu donc à ce point aveugle, à ce point lasse ?
Quoi ! tu peux tolérer que ma lèvre se ceigne utpictura18.univ-montp3.fr
D'un rire qui ressemble au hurlement d'un loup !
Qui ? moi !... permettre, moi, qu'un autre amant t'étreigne...
Que sa main, sur ta chair... Oh ! non ! j'étais fou !
Dis-moi que tu les as jugés à leur vrai prix,
Mon calme et mes raisonnements de Lovelace ;
Dis que te pardonner eût été du mépris
Et que je te tuerai si d'autres bras t'enlacent !
Non ! non ! L'amour n'est pas le printemps anonyme
Qui nous fait verdoyer quand la sève s'anime,
Et si j'ai dit cela, je ne suis qu'un menteur !
Non ! non ! le coeur humain c'est la fleur diaphane
Que la poussière des chemins ternit et fane,
Et qui perd un pétale à tout nouvel amour !
Oh ! ne t'effeuille pas fleur tendre encor intacte,
Et, liée à mon coeur par un radieux pacte,
Conserve auprès de moi ta forme et ta senteur !
La femme sans candeur, c'est la fleur sans corolle :
Mais si tu me chéris, fidèle à ta parole,
Même en l'herbier du temps, tu seras fleur toujours !
pixabay.com
Paul Verola
( in Les Baisers morts - Oeuvres en prose complètes de Verlaine.
Présentant le texte il souligne "..... M. Vérola est auteur ( non le préconisateur, ainsi qu'il le dit avec une plaisante franchise ) d'une nouvelle science de traiter
le sonnet. C'est ce qu'il appelle des sonnets accouplés.... )
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