mardi 23 janvier 2018

L'histoire de mes dents Valeria Luiselli ( Roman Mexique )


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                                             L'histoire de mes dents

            Valeria Luiselli pensait écrire l'histoire des ouvriers de Jumex, fabrique de jus de fruits, et de la galerie de tableaux installée dans une autre partie de l'espace. Au commencement le livre fut un feuilleton. L'auteur écrivit un épisode par semaine remis aux ouvriers qui le lisaient à haute voix. Ils discutèrent les différents passages sans connaître l'auteur avant le dernier chapitre. La conception du livre et la vie de Valeria Luiselli , roman à eux seuls sont une part de l'histoire en fin de livre, avec les événements qui se produisaient au même moment. Quant au héros il se nomme Gustavo Sanchez Sanchez, vit à Mexico, plutôt à Ecatepec, et nous circulons dans la ville au fil de ses habitudes. Gustavo naquit avec quatre dents. Elles poussèrent de façon désordonnée et notre héros n'eût de cesse lorsque la possibilité matérielle lui fut donnée de les remplacer. Ce qu'il fit passé quarante ans. Jusque-là gardien dans une usine, marié, un enfant. Sa femme le quitte emmenant son fils qui se révélera fourbe, ennemi de son père qui, bien heureusement se remettra de son étonnante rencontre des années plus tard avec le rejeton oublié. Le livre vacille entre drôlerie, symboles et vérités. Apprenant l'existence de cours de commissaire priseur, Gustavo dit Grandroute, apprit et devint selon ses dires " le meilleur commissaire priseur du monde ". La fortune lui sourit et un jour il trouva, joliment présentées, les dents, un peu jaunies de Marilyn Monroe. Il les acquit et remplaça ses dents pointues qui partaient dans tous les sens, par celles de la star. Collectionneur depuis l'enfance, les pailles des boissons, les rognures d'ongles de son père, puis tout ce qu'il trouvait, il commença à acheter toutes les dents qu'il put trouver, et les vendit. Voir la couverture du roman, il vendit en effet les dents de Rousseau, de Platon, de Vila-Matas, Borges, Montaigne et autres, toujours agrémentées de l'histoire de ces grands hommes. Mais, de fait, le désir de l'auteur était de démontrer que dans une oeuvre vendue aux enchères trois parts font sa valeur, l'objet seul, le propriétaire ( ou les ) et l'histoire imprégnée sur l'oeuvre. Un jour il rencontra Voragines ( Jacques évidemment qui, en son temps, écrivit la vie des saints ) en peine de sujet. Sanchez lui proposa, contre le logement, d'écrire le catalogue de ses possessions, hétéroclites, et son autobiographie. " Je ne sais pas si cela devrait faire partie de l'histoire........si bien que j'en suis déconcerté et que je m'y perds...... De retour à Disneylandia, Voragine et moi avons constaté que ma maison et mon entrepôt avaient été cambriolés........ J'ai tout d'abord éprouvé un formidable soulagement......... Les jours suivants ont été déconcertants et difficiles, et je préfère ne pas en parler. J'ai suivi une thérapie de groupe. J'ai regardé la Formule 1 à la télé. J'ai envisagé le catholicisme. J'étais perdu comme une hirondelle en Antarctique, comme disait Napoléon....... " Histoire de dents, multiples, mais citant Proust elle écrit que les grands auteurs ne montrent pas leurs dents, comme Proust ils rient ou sourient sans montrer les dents. Paraboles et réalisme dans la bouche de l'oncle de Grandroute, Marcelo Sanchez-Proust, conseillant le choix judicieux d'une épouse capable de combler un époux en de certains moments  Accepter d'entrer dans l'histoire c'est ensuite regretter de quitter le roman.

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