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Margot
De loin, on te devine, youtube.com
toi, pauvrette, qui as réussi
qui est née dans la misère
d'un taudis du faubourg,
quelque chose te trahit,
je ne sais si c'est dans le regard,
la manière de t'asseoir,
de t'habiller, de te tenir,
ou ce corps habitué
aux fringues de percale.
Ce corps qui te donne aujourd'hui
les cadences séductrices
du déhanchement d'un tango
dans les bras d'un type quelconque
pendant que triomphent ta silhouette
et ta robe de couleur,
entre les rires et les compliments
des garçons qui te suivent,
entre la fumée des cigares
et le champagne d'Armenonville
Purs mensonges. Ce n'est pas un jules
fainéant et despote,
ni un vieux maquereau
qui t'a poussé au vice ;
tu es tombée par ta faute,
et pas innocemment,
caprices de fille ambitieuse
que tu avais en tête
depuis le jour où un richard
à col dur t'a fait la cour.g youtube.com
Je me souviens : tu n'avaiss
presque rien à te mettre ;
aujourd'hui tu pètes dans la soie
festonnée de roses rococo...
Ta présence me repousse,
je paierais pour ne plus te voir ;
tu as changé jusqu'à ton nom,
comme tu as changé de situation,
tu n'es plus ma Marguerite.
Maintenant, on t'appelle Margot.
Tu sors avec des idiots,
tu te prends pour une rupine,
dans un luxueux cabinet réservé
de chez Petit ou au Julien,
et ta vieille, pauvre vieille,
fait des lessives toute la semaine
pour pouvoir faire bouillir la marmite
d'une pauvreté franciscaine
dans le triste logement
éclairé au gaz.
Celedonio Esteban Flores / José Ricardo - 1921 ( trad. H.D. )
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Toi, la belle, écoute
pinteres.fr
Poupée, poupette, qui zézaille en parlant
et qui prononce avec tant de grâce " miché "
avec tes simagrées de tambourin,
tu es la danseuse la plus " chiqué ".
Sapée comme une rupine, tu gambilles en dansant
et par un rare snobisme tu prends des poses...
Dans ta grosse bagnole, du sud au nord,
tu te balades comme une dame à gros cachet
Toi, la belle, écoute,
les accents mélodieux
que module le bandonéon.
Toi, la belle, écoute
les battements d'angoisse
de mon pauvre coeur.
Toi, la belle, écoute,
comme surgissent de ce tango
les histoires de ton passé.
Si le courant te traîne aujourd'hui
dans un luxe ambiant, pinterest.fr
je voudrais te voir demain !
Jolie danseuse, belle petite,
avec tes yeux pétillants de peppermint,
avec ton parler francisé, tes airs canailles
et ta bouche pécheresse au ton carmin.
Tes bijoux trompent dans les bals
par leurs somptueux scintillements
et quand tu danses ces tangos à la va-vite
tu rends niais le malin et idiot, le rusé.
Domingo Enrique Cadicamo/
Gerardo Hernan Latos Rodriguez
( trad. H.D.)
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