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Roman d'amour dans les Quarante Joyeuses *
Faut en avoir une sacrée pochetée pour s'aviser de faire de l'œil plus d'une fois à la poule de Dave le Dandy. Car, bien que Dave supporte avec assez de calme la première fois en l'interprétant comme une erreur, on peut être assuré qu'à la seconde il se fâche, et Dave le Dandy n'est certainement pas un type qu'on aime à voir fâché contre soi.
Mais ce Waldo Winchester n'est pas que la moitié d'un imbécile, c'est pourquoi, à plusieurs reprises, il fait de l'œil à la poule de Dave le Dandy, et qui plus est, à plusieurs reprises elle lui rend oeil pour oeil. Or, quand un type et une poule commencent à se regarder plusieurs fois comme ça...
Justement. Eh bien, nous y voilà.
Ce Waldo Winchester est un jeune type assez beau gars qui écrit des articles sur Broadway dans " L'Echo du matin ". Il raconte ce qui se passe dans les boîtes de nuit, les gnons qui s'y distribuent, etc. Il raconte aussi les couchages qui s'y ébauchent, laissant entendre entre quelle et quel.
Parfois c'est assez embarrassant pour les gens qui sont peut-être mariés et qui sont au mieux avec d'autres qui ne le sont pas. Mais, bien entendu, on ne peut exiger que Waldo Winchester demande aux types leur extrait de mariage avant d'écrire ses articles pour son canard.
Si Waldo Winchester savait que Miss Billy Perry est la poule de Dave le Dandy, il y a des chances qu'il ne lui ferait pas de l'oeil plus d'une fois. Mais personne ne le lui a dit avant la deux ou troisième fois et, pendant ce temps-là, Miss Billy Perry le lui a rendu, et Waldo Winchester est pincé.
Ça y est, il a le béguin et, comme c'est un imbécile, ainsi que je vous l'ai dit, il se préoccupe fort peu de qui elle est la poule. Quant à moi je ne l'en blâme pas beaucoup, car Miss Billy Perry mérite bien quelques regards quand elle est sur la piste du dancing, au Club des Seize Cents de Miss
Missouri Martin, en train de danser la claquette. Toutefois je ne pense pas que la meilleure danseuse de claquette du monde puisse me faire la regarder deux fois si je sais qu'elle est la poule de Dave le Dandy, car Dave a coutume de gober ses poules plus qu'un peu.
Il en pince particulièrement pour Miss Billy Perry et il lui envoie des manteaux de fourrure, des bagues ornées de diamants, et des tas de choses qu'elle lui retourne immédiatement car, paraît-il, elle n'accepte pas de cadeaux des types.
En tous cas cela n'empêche pas Dave de la gober tout autant et c'est pourquoi tout le monde est rempli d'égards pour cette petite et pourquoi, par conséquent, jusqu'à l'entrée en scène de Waldo Winchester, personne n'eût osé jeter les yeux sur elle.
Cette entrée en scène se produit par hasard pendant que Dave est parti dans le Modoc ** faire une petite tournée aux îles Bahamas afin de s'y procurer pour son commerce quelques marchandises telles que du whisky et du champagne et, avant que Dave ne soit de retour, Miss Billy Perry et Waldo Winchester en sont déjà à s'isoler dans les coins entre deux numéros de la petite, et à rester assis l'un près de l'autre, la main dans la main.
Naturellement personne ne souffle mot de cela à Dave le Dandy. En effet, on ne tient pas à l'irriter. Miss Missouri Martin elle-même garde le silence à ce sujet, chose assez extraordinaire, car Miss Missouri Martin que, pour abréger, on appelle quelquefois Mizzou, raconte tout ce qu'elle sait aussitôt qu'elle le sait, c'est-à-dire le plus souvent avant que cela n'arrive.
C'est que, voyez-vous, quand Dave le Dandy est à cran, il peut parfaitement faire sauter la cervelle à quelqu'un, et il se pourrait bien que ce fût, en l'occurrence, celle de Waldo Winchester, quoiqu'il y ait des types qui prétendent que Waldo Winchester n'ait point de cervelle car, s'il en avait, il ne tournerait pas autour de la poule à Dave le Dandy.
Dave, je le sais, a le gros béguin pour Miss Billy Perry, car je l'ai entendu plusieurs fois lui adresser la parole. Il est extrêmement poli avec elle et ne se laisse jamais aller, en sa compagnie, à des jurons ou semblables écarts de langage. De plus, un soir que Solly Abrahams n'a qu'un oeil est un peu éméché et parle de Miss Billy Perry comme d'une pouffiasse, sans la moindre intention blessante, car c'est de cette façon-là que beaucoup de gars parlent des filles, immédiatement. Dave le Dandy étend la main par-dessus la table et envoie un gnon en plein dans la gueule à Solly n'a qu'un oeil. A partir de ce moment-là, tout le monde se rend compte que Dave a une excellent opinion de Miss Billy Perry. Comme de juste, Dave pense toujours du bien de telle ou telle môme, mais il lui arrive rarement d'envoyer à ce propos un marron dans la gueule des types.
Or voici qu'un soir Dave le Dandy entre au Club des Seize Cents et, en y entrant il aperçoit ce Waldo Winchester et Miss Billy Perry en train de s'embrasser en veux-tu en voilà de la façon la plus chaleureuse. Dave ne fait ni une ni deux, il cherche son vieil égalisateur pour canarder Waldo Winchester mais, à ce qu'il paraît, Dave qui ne comptait pas avoir quelqu'un à canarder ce soir-là, n'a pas sur lui son vieil égalisateur.
Alors Dave le Dandy marche vers eux et, au moment où Waldo Winchester l'entendant venir lâche Miss Billy Perry, Dave lui décoche un vigoureux direct du droit à la pointe du menton. Je dois dire que le droit de Dave le Dandy frappe terriblement fort, bien que son gauche ne soit pas aussi bon. Bref, Waldo Winchester fléchit sur ses guibolles et, en moins de deux, s'affale sur le plancher. telerama.fr
Alors Miss Billy Perry pousse un hurlement qu'on pourrait entendre de la Batterie***, se précipite auprès de Waldo Winchester étendu tout de son long et se jette sur lui en chialant tant et plus. Tout ce qu'on réussit à comprendre à ce qu'elle dit c'est que Dave le Dandy n'est qu'un grand fainéant ( bien que Dave ne soit pas si grand ) et qu'elle adore Waldo Winchester.
Dave s'approche et se met en devoir de tanner le cuir de Waldo Winchester, suivant l'usage admis en pareil cas, mais il semble tout à coup changer d'avis et, au lieu de flanquer des coups de pied à Waldo, il fait demi-tour et sort de la boîte, l'air sinistre et furieux, et on ne tarde pas à apprendre qu'il est installé au Coq, en train de boire comme un trou.
On considère cela comme de bien mauvais augure car, quoique les uns et les autres aillent de temps en temps au Coq, pour faire plaisir au patron, Tony Bertazzola, peu de types aiment à y aller boire, car Tony réserve sa gnôle exclusivement pour ses clients.
Quant à Miss Billy Perry elle réussit à remettre sur pattes Waldo Winchester et lui essuie le menton avec son mouchoir. Au bout d'un moment il est tout à fait retapé, sauf qu'il a au menton une énorme bosse. Et pendant tout ce temps-là, Miss Billy Perry ne cesse de répéter à Waldo Winchester que Dave le Dandy n'est qu'un grand voyou. Après quoi Miss Missouri Martin, dès qu'elle réussit à placer un mot, se met à engueuler Miss Billy Perry pour avoir fait fuir de sa boîte un michet aussi sérieux que Dave le Dandy.
- Tu n'es qu'une petite gourde, lui dit-elle. On n'est même pas fichu de tirer l'heure exacte de cette espèce de journaleux tandis que chacun sait qu'un dollar ne fait pas long feu dans la poche de Dave le Dandy.
- Mais j'aime monsieur Winchester, répond miss Billy. Il est sentimental, ce n'est pas un bootlegger ni un apache comme Dave le Dandy. Il publie de jolis articles sur moi dans le journal et il se conduit toujours comme un homme bien élevé.
Or, comme de juste, Miss Missouri Martin n'est pas qualifiée pour discuter sur ce sujet, parce qu'elle ne rencontre pas beaucoup de gens bien élevés au Club des Seize Cents et, dans tous les cas, elle ne tient pas à se brouiller avec Waldo Winchester car il serait bien capable de se venger en écrivant dans son journal des articles désobligeants sur la boîte, aussi renonce-t-elle à la discussion.
Miss Billy et Waldo Winchester continuent donc à rester la main dans la main entre les numéros de Billy et sans doute à s'embrasser de temps en temps, comme les jeunes gens ont l'habitude de faire. Dave le Dandy ne remet plus les pieds au Club des Seize Cents et tout semble aller pour le mieux. Naturellement nous sommes enchantés que l'affaire n'ait pas de suites, car Dave n'a rien à attendre de bon d'une querelle avec un journaliste.
Quant à moi je me dis que Dave ne tardera pas à trouver une autre poule et qu'il oubliera complètement Miss Billy Perry, car maintenant que je la regarde une seconde fois, je me rends compte qu'elle ressemble à peu près à toutes les autres " tap dancers ", sauf qu'elle a les cheveux roux alors qu'habituellement les " tap dancers ", je ne vois pas pourquoi, les ont noirs.
Moosh, le portier du Club des Seize Cents, me confie que Miss Missouri Martin continue à plaider discrètement la cause de Dave le Dandy auprès de Miss Billy Perry. Il a entendu, dit-il, Miss Missouri Martin lui dire l'autre soir ;
" - Eh bien, je ne vois pas de Simon le Simple à tes pinces. "
C'est une façon pour Miss Missouri Martin de dire qu'elle ne remarque pas de diamant au doigt de Miss Billy Perry, car Miss Missouri Martin, une poule d'âge et d'expérience, est persuadée que si un type aime une gosse, il doit le lui prouver en lui offrant des diamants. Miss Missouri Martin possède beaucoup de diamants, bien que je n'arrive pas à comprendre qu'un type ait jamais pu gober Miss Missouri Martin au point de lui donner des diamants. marieclaire.fr Je suis un type qui ne circule pas beaucoup, ce qui fait que depuis une quinzaine de jours je n'ai pas aperçu Dave le Dandy, quand un dimanche, vers la fin de l'après-midi, le petit Johnny Mac Gowan, un des hommes de Dave, vient me dire :
" - Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tout à l'heure Dave à enlever le journaleux et il l'emmène prendre l'air. "
Johnny est tellement ému qu'il me faut plusieurs minutes pour arriver à le calmer et à lui permettre de s'expliquer. Il paraît que Dave le Dandy a sorti du garage sa plus grosse voiture et qu'il a envoyé son chauffeur, Joe l'Italo, au bureau de l'Écho du Matin, où travaille Waldo Winchester, pour faire savoir à celui-ci que Miss Billy Perry désire le voir immédiatement chez Miss Missouri Martin, dans la 59è Rue.
Il n'y a, naturellement, pas un mot de vrai dans tout cela, mais Waldo s'y laisse prendre et monte dans la bagnole. Alors Joe le conduit chez Miss Missouri Martin, et là, celui qui monte dans la bagnole n'est autre que Dave le Dandy. Puis ils partent.
En vérité, cela ne me dit rien de bon car, lorsque Dave emmène quelqu'un prendre l'air, bien souvent le type ne revient pas. Que lui arrive-t-il ? Je ne le demande jamais, car la meilleure réponse qu'on puisse espérer recevoir pour une telle question, dans cette putain de ville, c'est un coup de poing dans l'œil.
Mais cette affaire me tracasse beaucoup, car j'aime bien Dave le Dandy, et je me rends compte que d'emmener faire un petit tour à un type qui écrit dans les journaux comme Waldo Winchester, ça peut faire des histoires, surtout s'il ne revient pas. Les autres types que Dave le Dandy emmène prendre l'air, ça ne tire pas particulièrement à conséquence, mais celui-ci, même s'il est un imbécile, pourrait bien être une source d'embêtements, à cause du journal auquel il est attaché.
J'en connais assez sur les journaux pour savoir que, au bout de quelque temps, le secrétaire de la rédaction, ou quelque autre, viendra demander où sont les articles de Waldo Winchester sur Broadway et, si les articles de Waldo Winchester ne sont pas là, il voudra en savoir la raison. Finalement, il arrivera un moment où d'autres personnes, elles aussi, désireront le savoir, si bien qu'au bout de quelque temps, il y aura je ne sais combien de gens, un peu partout, à demander :
" - Mais, qu'est donc devenu Waldo Winchester ? "
Et, dans cette ville, quand il y a un certain nombre de gens à demander à droite et à gauche où est passé un tel, cela tourne au mystère, les journaux s'en prennent aux flics, les flics s'en prennent à tout le monde et, en un rien de temps, ça commence à chauffer tellement que la ville devient un endroit inhabitable. Mais, dans la circonstance présente, je me demande quoi faire. Quant à moi, cela ne me dit rien qui vaille, et pendant que Johnny est à téléphoner, je me demande où je pourrais bien aller pour que les gens me voient et, par la suite, puissent, le cas échéant, se rappeler qu'ils m'y ont vu.
Enfin Johnny revient, très agité.
- Dis donc, fait-il, le Dandy est à l'auberge de la Bécasse, boulevard Pelham, et il fait dire à tout le monde de s'y rendre immédiatement. C'est Charley Bon Temps, Charley Bernstein qui vient de me téléphoner pour me le dire. Il se passe je ne sais quoi là-bas. Les autres de là-bas sont déjà en route. Allons-y.
Voilà en vérité une invitation qui ne me botte pas le moins du monde. D'après la tournure que cela prend, Dave le Dandy n'est pas en ce moment une relation pour un type comme moi. Il est sans doute en train, ou sur le point de faire à Waldo Winchester quelque chose dans quoi je ne tiens pas à fourrer mon nez.
Personnellement je n'ai rien contre les journalistes, même pas contre ceux qui écrivent des articles sur Broadway. Si Dave le Dandy veut faire quelque chose à Waldo Winchester, c'est son affaire, mais à quoi cela rime-t-il de vouloir y mêler les autres ? Cependant, avant d'avoir eu le temps de m'en apercevoir me voilà dans le roadster de Johnny Mac Gowan, qui file à toute vitesse sans faire la moindre attention aux feux rouges ni à quoi que ce soit.
Tandis que nous traversons le Rond-Point à tombeau ouvert, je médite sur ce qui arrive, et je m'avise que Dave a vraisemblablement continué de penser à Miss Billy Perry, de s'ingurgiter les alcools que l'on vend au Coq et que tout cela a fini par le rendre marteau. Car il faut véritablement avoir perdu la boule pour emmener prendre l'air un type qui écrit dans les journaux, et cela à cause d'une poule, alors qu'on en trouve tant qu'on en veut dans cette sacrée ville.
Mais je me rappelle avoir lu dans les journaux que nombre de gens, considérés comme parfaitement équilibrés avant de s'être empêtrés d'une poule, et sans doute d'en être toqués, se mettent, pour un oui pour un non, à sauter par les fenêtres, à se flanquer des coups de revolver ou à en flanquer aux autres, et je commence à comprendre comment un type comme Dave le Dandy a pu devenir marteau à cause d'une poule.
Je vois bien que le petit Johnny Mac Gowan est inquiet, lui aussi, mais il ne souffle mot et, au bout d'un rien de temps, nous nous arrêtons devant l'Auberge de la Bécasse, où se trouvent déjà plusieurs autres bagnoles que j'identifie pour appartenir à des types de ma connaissance.
L'Auberge de la Bécasse est ce qu'on appelle une guinguette et son patron, Skolsky, le Grand Nig, est un très brave homme et l'ami de tout le monde. Elle est située à quelques mètres du boulevard Pelham. C'est un endroit très agréable, car Nig a un bon orchestre, un dancing avec un lot de poules pas mal du tout, et tout ce qu'on peut souhaiter, en somme, pour s'amuser. Elle est bien achalandée et fréquentée par des gens comme il faut, quoique la gnôle de Nig n'ait rien d'extra. pinterest.fr En ce qui me concerne, j'y vais assez rarement, les guinguettes ça ne me dit pas grand-chose mais, pour Dave le Dandy, c'est un coin épatant quand il veut tirer une bordée, ou simplement se cuiter à bon compte. Au moment où nous arrivons, il se fait à l'intérieur un potin de tous les diables.
Dave le Dandy en personne vient nous accueillir avec de grandes démonstrations. Il a la figure très rouge et semble pas mal agité, mais il n'a pas du tout l'air d'un homme qui mijote un mauvais coup contre qui que ce soit, pas même contre un type qui écrit dans les journaux.
- Entrez les gars ! hurle Dave le Dandy. Entrez donc !
Nous entrons, la salle est pleine de gens assis à des tables ou en train de danser. J'aperçois Miss Missouri Martin couverte de diamants de la tête aux pieds, Charley Bernstein Bon Temps, Samuels les Panards, Tony Bertazzola, Boliver l'Ecope, Nick le Grec, Rochester le Rouge et un tas d'autres types, et des poules d'un peu partout.
On dirait que tous les habitués de toutes les boîtes de Broadway se sont donnés rendez-vous ici, sans excepter Miss Billy Perry, tout de blanc vêtue, avec un bouquet d'orchidées dans les bras et tout le tralala, qui rit aux anges en distribuant à la ronde sourires et poignées de main. Enfin j'aperçois Waldo Winchester, le journaleux, assis tout seul à une table à côté de la piste de danse, mais en fort bon état, autant que je puisse le constater. C'est-à-dire que, jusqu'à présent, il a bien l'air d'être tout entier.
- Dave, dis-je avec le plus grand calme, Dave le Dandy, que se passe-t-il ? Tu sais, on ne peut trop faire attention dans cette ville à ce que l'on fait, et je serais navré de te voir en ce moment te fourrer dans je ne sais quel pétrin.
- Mais, fait Dave, qu'est-ce que tu me chantes là ? Il s'agit tout bonnement d'un mariage, et qui sera le plus grand mariage qu'on ait jamais vu dans Broadway. Pour l'instant, nous attendons le pasteur.
- Quoi ? Il y a quelqu'un qui se marie ? que je demande, un peu confus à présent.
Dave s'approche et se met en devoir de tanner le cuir de Waldo Winchester, suivant l'usage admis en pareil cas, mais il semble tout à coup changer d'avis et, au lieu de flanquer des coups de pied à Waldo, il fait demi-tour et sort de la boîte, l'air sinistre et furieux, et on ne tarde pas à apprendre qu'il est installé au Coq, en train de boire comme un trou.
On considère cela comme de bien mauvais augure car, quoique les uns et les autres aillent de temps en temps au Coq, pour faire plaisir au patron, Tony Bertazzola, peu de types aiment à y aller boire, car Tony réserve sa gnôle exclusivement pour ses clients.
Quant à Miss Billy Perry elle réussit à remettre sur pattes Waldo Winchester et lui essuie le menton avec son mouchoir. Au bout d'un moment il est tout à fait retapé, sauf qu'il a au menton une énorme bosse. Et pendant tout ce temps-là, Miss Billy Perry ne cesse de répéter à Waldo Winchester que Dave le Dandy n'est qu'un grand voyou. Après quoi Miss Missouri Martin, dès qu'elle réussit à placer un mot, se met à engueuler Miss Billy Perry pour avoir fait fuir de sa boîte un michet aussi sérieux que Dave le Dandy.
- Tu n'es qu'une petite gourde, lui dit-elle. On n'est même pas fichu de tirer l'heure exacte de cette espèce de journaleux tandis que chacun sait qu'un dollar ne fait pas long feu dans la poche de Dave le Dandy.
- Mais j'aime monsieur Winchester, répond miss Billy. Il est sentimental, ce n'est pas un bootlegger ni un apache comme Dave le Dandy. Il publie de jolis articles sur moi dans le journal et il se conduit toujours comme un homme bien élevé.
Or, comme de juste, Miss Missouri Martin n'est pas qualifiée pour discuter sur ce sujet, parce qu'elle ne rencontre pas beaucoup de gens bien élevés au Club des Seize Cents et, dans tous les cas, elle ne tient pas à se brouiller avec Waldo Winchester car il serait bien capable de se venger en écrivant dans son journal des articles désobligeants sur la boîte, aussi renonce-t-elle à la discussion.
Miss Billy et Waldo Winchester continuent donc à rester la main dans la main entre les numéros de Billy et sans doute à s'embrasser de temps en temps, comme les jeunes gens ont l'habitude de faire. Dave le Dandy ne remet plus les pieds au Club des Seize Cents et tout semble aller pour le mieux. Naturellement nous sommes enchantés que l'affaire n'ait pas de suites, car Dave n'a rien à attendre de bon d'une querelle avec un journaliste.
Quant à moi je me dis que Dave ne tardera pas à trouver une autre poule et qu'il oubliera complètement Miss Billy Perry, car maintenant que je la regarde une seconde fois, je me rends compte qu'elle ressemble à peu près à toutes les autres " tap dancers ", sauf qu'elle a les cheveux roux alors qu'habituellement les " tap dancers ", je ne vois pas pourquoi, les ont noirs.
Moosh, le portier du Club des Seize Cents, me confie que Miss Missouri Martin continue à plaider discrètement la cause de Dave le Dandy auprès de Miss Billy Perry. Il a entendu, dit-il, Miss Missouri Martin lui dire l'autre soir ;
" - Eh bien, je ne vois pas de Simon le Simple à tes pinces. "
C'est une façon pour Miss Missouri Martin de dire qu'elle ne remarque pas de diamant au doigt de Miss Billy Perry, car Miss Missouri Martin, une poule d'âge et d'expérience, est persuadée que si un type aime une gosse, il doit le lui prouver en lui offrant des diamants. Miss Missouri Martin possède beaucoup de diamants, bien que je n'arrive pas à comprendre qu'un type ait jamais pu gober Miss Missouri Martin au point de lui donner des diamants. marieclaire.fr Je suis un type qui ne circule pas beaucoup, ce qui fait que depuis une quinzaine de jours je n'ai pas aperçu Dave le Dandy, quand un dimanche, vers la fin de l'après-midi, le petit Johnny Mac Gowan, un des hommes de Dave, vient me dire :
" - Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tout à l'heure Dave à enlever le journaleux et il l'emmène prendre l'air. "
Johnny est tellement ému qu'il me faut plusieurs minutes pour arriver à le calmer et à lui permettre de s'expliquer. Il paraît que Dave le Dandy a sorti du garage sa plus grosse voiture et qu'il a envoyé son chauffeur, Joe l'Italo, au bureau de l'Écho du Matin, où travaille Waldo Winchester, pour faire savoir à celui-ci que Miss Billy Perry désire le voir immédiatement chez Miss Missouri Martin, dans la 59è Rue.
Il n'y a, naturellement, pas un mot de vrai dans tout cela, mais Waldo s'y laisse prendre et monte dans la bagnole. Alors Joe le conduit chez Miss Missouri Martin, et là, celui qui monte dans la bagnole n'est autre que Dave le Dandy. Puis ils partent.
En vérité, cela ne me dit rien de bon car, lorsque Dave emmène quelqu'un prendre l'air, bien souvent le type ne revient pas. Que lui arrive-t-il ? Je ne le demande jamais, car la meilleure réponse qu'on puisse espérer recevoir pour une telle question, dans cette putain de ville, c'est un coup de poing dans l'œil.
Mais cette affaire me tracasse beaucoup, car j'aime bien Dave le Dandy, et je me rends compte que d'emmener faire un petit tour à un type qui écrit dans les journaux comme Waldo Winchester, ça peut faire des histoires, surtout s'il ne revient pas. Les autres types que Dave le Dandy emmène prendre l'air, ça ne tire pas particulièrement à conséquence, mais celui-ci, même s'il est un imbécile, pourrait bien être une source d'embêtements, à cause du journal auquel il est attaché.
J'en connais assez sur les journaux pour savoir que, au bout de quelque temps, le secrétaire de la rédaction, ou quelque autre, viendra demander où sont les articles de Waldo Winchester sur Broadway et, si les articles de Waldo Winchester ne sont pas là, il voudra en savoir la raison. Finalement, il arrivera un moment où d'autres personnes, elles aussi, désireront le savoir, si bien qu'au bout de quelque temps, il y aura je ne sais combien de gens, un peu partout, à demander :
" - Mais, qu'est donc devenu Waldo Winchester ? "
Et, dans cette ville, quand il y a un certain nombre de gens à demander à droite et à gauche où est passé un tel, cela tourne au mystère, les journaux s'en prennent aux flics, les flics s'en prennent à tout le monde et, en un rien de temps, ça commence à chauffer tellement que la ville devient un endroit inhabitable. Mais, dans la circonstance présente, je me demande quoi faire. Quant à moi, cela ne me dit rien qui vaille, et pendant que Johnny est à téléphoner, je me demande où je pourrais bien aller pour que les gens me voient et, par la suite, puissent, le cas échéant, se rappeler qu'ils m'y ont vu.
Enfin Johnny revient, très agité.
- Dis donc, fait-il, le Dandy est à l'auberge de la Bécasse, boulevard Pelham, et il fait dire à tout le monde de s'y rendre immédiatement. C'est Charley Bon Temps, Charley Bernstein qui vient de me téléphoner pour me le dire. Il se passe je ne sais quoi là-bas. Les autres de là-bas sont déjà en route. Allons-y.
Voilà en vérité une invitation qui ne me botte pas le moins du monde. D'après la tournure que cela prend, Dave le Dandy n'est pas en ce moment une relation pour un type comme moi. Il est sans doute en train, ou sur le point de faire à Waldo Winchester quelque chose dans quoi je ne tiens pas à fourrer mon nez.
Personnellement je n'ai rien contre les journalistes, même pas contre ceux qui écrivent des articles sur Broadway. Si Dave le Dandy veut faire quelque chose à Waldo Winchester, c'est son affaire, mais à quoi cela rime-t-il de vouloir y mêler les autres ? Cependant, avant d'avoir eu le temps de m'en apercevoir me voilà dans le roadster de Johnny Mac Gowan, qui file à toute vitesse sans faire la moindre attention aux feux rouges ni à quoi que ce soit.
Tandis que nous traversons le Rond-Point à tombeau ouvert, je médite sur ce qui arrive, et je m'avise que Dave a vraisemblablement continué de penser à Miss Billy Perry, de s'ingurgiter les alcools que l'on vend au Coq et que tout cela a fini par le rendre marteau. Car il faut véritablement avoir perdu la boule pour emmener prendre l'air un type qui écrit dans les journaux, et cela à cause d'une poule, alors qu'on en trouve tant qu'on en veut dans cette sacrée ville.
Mais je me rappelle avoir lu dans les journaux que nombre de gens, considérés comme parfaitement équilibrés avant de s'être empêtrés d'une poule, et sans doute d'en être toqués, se mettent, pour un oui pour un non, à sauter par les fenêtres, à se flanquer des coups de revolver ou à en flanquer aux autres, et je commence à comprendre comment un type comme Dave le Dandy a pu devenir marteau à cause d'une poule.
Je vois bien que le petit Johnny Mac Gowan est inquiet, lui aussi, mais il ne souffle mot et, au bout d'un rien de temps, nous nous arrêtons devant l'Auberge de la Bécasse, où se trouvent déjà plusieurs autres bagnoles que j'identifie pour appartenir à des types de ma connaissance.
L'Auberge de la Bécasse est ce qu'on appelle une guinguette et son patron, Skolsky, le Grand Nig, est un très brave homme et l'ami de tout le monde. Elle est située à quelques mètres du boulevard Pelham. C'est un endroit très agréable, car Nig a un bon orchestre, un dancing avec un lot de poules pas mal du tout, et tout ce qu'on peut souhaiter, en somme, pour s'amuser. Elle est bien achalandée et fréquentée par des gens comme il faut, quoique la gnôle de Nig n'ait rien d'extra. pinterest.fr En ce qui me concerne, j'y vais assez rarement, les guinguettes ça ne me dit pas grand-chose mais, pour Dave le Dandy, c'est un coin épatant quand il veut tirer une bordée, ou simplement se cuiter à bon compte. Au moment où nous arrivons, il se fait à l'intérieur un potin de tous les diables.
Dave le Dandy en personne vient nous accueillir avec de grandes démonstrations. Il a la figure très rouge et semble pas mal agité, mais il n'a pas du tout l'air d'un homme qui mijote un mauvais coup contre qui que ce soit, pas même contre un type qui écrit dans les journaux.
- Entrez les gars ! hurle Dave le Dandy. Entrez donc !
Nous entrons, la salle est pleine de gens assis à des tables ou en train de danser. J'aperçois Miss Missouri Martin couverte de diamants de la tête aux pieds, Charley Bernstein Bon Temps, Samuels les Panards, Tony Bertazzola, Boliver l'Ecope, Nick le Grec, Rochester le Rouge et un tas d'autres types, et des poules d'un peu partout.
On dirait que tous les habitués de toutes les boîtes de Broadway se sont donnés rendez-vous ici, sans excepter Miss Billy Perry, tout de blanc vêtue, avec un bouquet d'orchidées dans les bras et tout le tralala, qui rit aux anges en distribuant à la ronde sourires et poignées de main. Enfin j'aperçois Waldo Winchester, le journaleux, assis tout seul à une table à côté de la piste de danse, mais en fort bon état, autant que je puisse le constater. C'est-à-dire que, jusqu'à présent, il a bien l'air d'être tout entier.
- Dave, dis-je avec le plus grand calme, Dave le Dandy, que se passe-t-il ? Tu sais, on ne peut trop faire attention dans cette ville à ce que l'on fait, et je serais navré de te voir en ce moment te fourrer dans je ne sais quel pétrin.
- Mais, fait Dave, qu'est-ce que tu me chantes là ? Il s'agit tout bonnement d'un mariage, et qui sera le plus grand mariage qu'on ait jamais vu dans Broadway. Pour l'instant, nous attendons le pasteur.
- Quoi ? Il y a quelqu'un qui se marie ? que je demande, un peu confus à présent.
- Sans doute, répond Dave. Où as-tu la tête ? A quoi sert un mariage habituellement ?
- Et qui est-ce qui va se marier ?
- Tout simplement Billy et le scribouillard, déclare Dave. C'est la plus belle action que j'ai faite depuis que je suis au monde. L'autre soir je rencontre Billy qui pleure toutes les larmes de son corps parce qu'elle adore ce gratte-papier et qu'elle veut l'épouser, mais il paraît que ce gratte-papier n'a pas le rond. Alors je dis à Billy de me laisser m'occuper de ça car, vois-tu, je l'aime tellement cette petite que je voudrais toujours la voir heureuse même si, pour cela, il est nécessaire qu'elle se marie.
Ainsi c'est moi qui ai goupillé ce mariage, et quand ils seront mariés je leur ferai cadeau de quelques gros billets pour qu'ils puissent se débrouiller au début. Mais je n'en ai rien dit au journaleux et je n'ai pas permis à Billy de le lui dire, parce que je veux lui faire une fameuse surprise. Je l'ai enlevé cet après-midi pour l'amener ici et il est à moitié mort de peur, parce qu'il s'imagine que je vais lui faire son affaire.- Et qui est-ce qui va se marier ?
- Tout simplement Billy et le scribouillard, déclare Dave. C'est la plus belle action que j'ai faite depuis que je suis au monde. L'autre soir je rencontre Billy qui pleure toutes les larmes de son corps parce qu'elle adore ce gratte-papier et qu'elle veut l'épouser, mais il paraît que ce gratte-papier n'a pas le rond. Alors je dis à Billy de me laisser m'occuper de ça car, vois-tu, je l'aime tellement cette petite que je voudrais toujours la voir heureuse même si, pour cela, il est nécessaire qu'elle se marie.
En vérité, poursuit Dave, je n'ai jamais vu un type avoir une pareille trouille. Une trouille si pommée que rien ne semble l'amuser. Va donc lui dire qu'il ne se passera rien ici qui ne soit pour son bonheur.
Je tiens à déclarer à Dave que je suis bien content de pouvoir me dire qu'il n'a pas l'intention de faire à Waldo Winchester pis que de le marier. Je me dirige vers la place où est assis Waldo. Il a, en vérité, l'air quelque peu inquiet. Il est tout recroquevillé sur lui-même et il a ce qu'on appelle les yeux dans le vague. Je constate en effet qu'il n'en mène pas large. Je lui donne sur l'épaule une tape d'amitié en lui disant :
- Félicitations, mon vieux ! Un peu de gaieté, que diable, le pis est encore à venir.
- Je vous crois, répond Waldo Winchester d'un ton si lugubre que j'en reste tout saisi.
- Eh bien, vous en faites une drôle de bouillotte pour un marié, que je lui dis. Vous avez l'air d'assister à un enterrement plutôt qu'à un mariage. Pourquoi ne pas rigoler ou tout au moins boire un ou deux verres pour vous émoustiller ?
- Monsieur, fait Waldo Winchester, ma femme ne va pas être contente de mon mariage avec Miss Billy Perry.
- Votre femme ? dis-je estomaqué. Qu'est-ce que vous racontez ? Vous auriez une autre femme que Miss Billy Perry ? Vous êtes complètement cinglé !
- Je sais bien, répond tristement Waldo, mais c'est pourtant l'exacte vérité, j'ai une femme et elle va être furieuse quand elle apprendra tout cela. Ma femme est très stricte avec moi. Ma femme est Miss Lola Sapola, des Sapola Volants, les acrobates, et voilà cinq ans que nous sommes mariés. C'est elle la femme athlète qui jongle avec les autres de la troupe. Ma femme rentre justement d'une tournée d'un an à travers les Etats-Unis et elle est actuellement à l'Hôtel Mark. Tout cela me met sens dessus dessous.
- Et Miss Billy Perry sait-elle que vous êtes marié ? que je demande.
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- Non, fait-il. Non, elle me croit célibataire.
- Mais pourquoi ne pas avoir dit à Dave le Dandy, quand il vous a amené ici pour vous faire épouser Miss Billy Perry, que vous étiez déjà marié ? dis-je. Il me semble qu'un type qui écrit dans les journaux devrait savoir que la loi défend d'épouser plusieurs femmes, à moins d'être turc ou quelque choses comme cela.
- Sans doute, fait Waldo, mais si je dis à Dave le Dandy, après lui avoir chipé sa poule, que je suis marié, il est évident qu'il va être furieux et peut-être me faire je ne sais quoi de nuisible à ma santé.
En effet, tout ce que dit le pauvre type est fort juste. Je suis enclin à penser, moi aussi, que Dave va faire du foin quand il apprendra ça. Surtout si cela fait de la peine à Miss Billy Perry. Mais je ne vois pas ce que je pourrais faire, sinon de laisser le mariage s'accomplir, et alors, quand Waldo sera hors de la portée de Dave, de déclarer que Waldo est atteint d'aliénation mentale et que le mariage est nul. Ce qu'il y a de certain c'est que je ne tiens pas à me trouver là quand Dave le Dandy apprendra que Waldo est déjà marié.
Tandis que je me demande si ce que j'ai de mieux à faire ne serait pas de me débiner, il se produit à la porte un grand brouhaha et j'entends Dave le Dandy hurler que c'est le pasteur qui arrive. Il est vraiment très bien ce pasteur, mais il semble un peu interloqué de ce qui lui advient, surtout quand Miss Missouri Martin s'avance vers lui et l'accapare en lui déclarant qu'elle a un faible pour les pasteurs et qu'elle les a beaucoup fréquentés, car elle a été mariée deux fois par des pasteurs, deux fois par des juges et une fois en mer par le commandant du bateau.
Tous les assistants à part moi, Waldo Winchester et sans doute Miss Billy Perry, sont plus ou moins éméchés . Waldo est toujours assis à sa table, l'air lugubre, répondant par oui ou par non à Miss Billy Perry chaque fois qu'elle vient à passer devant lui, car elle ne se sent pas de joie et ne peut tenir en place.
Dave le Dandy est plus gris que tous les autres. Il a en effet sur eux deux ou trois jours d'avance, et quand Dave le Dandy est ivre, je dois avouer qu'on ne peut jamais savoir ce qui va lui passer par la tête. Il peut faire explosion d'un moment à l'autre, mais pour l'instant il a l'air enchanté de son sort.
Donc quelques minutes après, Nig Skolsky prie les danseurs de débarrasser la piste et apporte au milieu de la salle une manière d'arc de triomphe en fleurs tout ce qu'il y a de rupin. C'est sous cet arc, paraît-il que l'on va marier Waldo Winchester et Miss Billy Perry. Dave le Dandy a dû passer pas mal de jours à combiner toute cette affaire et dépenser pour ça pas mal de fric, je m'en rends compte. Surtout quand je le vois montrer à Miss Missouri Martin un diamant aussi gros qu'une pastille pectorale.t
- C'est pour la mariée, fait Dave le Dandy. Le pauvre couillon qui va être son mari n'aura jamais assez de pognon pour lui payer un caillou comme celui-là. Je l'ai acheté à un type qui l'a rapporté de Los Angeles. Je veux conduire moi-même la mariée à l'autel, comment dois-je faire Mizzou ? Je désire que tout se passe pour Billy selon les règles.
Pendant que Miss Missouri Martin essaye avant de lui répondre de se rappeler un de ses mariages, je jette encore un coup d'oeil du côté de Waldo Winchester pour voir comment il se comporte. J'ai vu un jour à Sing Sing deux types qui se préparaient à aller s'asseoir sur la chaise électrique et je dois dire que tous deux avaient l'air guilleret comparés à Waldo Winchester tel qu'il est en ce moment même.
Miss Billy Perry est assise près de lui et le chef d'orchestre engueule ses bonshommes parce que aucun d'eux n'arrive à se rappeler l'air de " Ah, promets-moi ", quand Dave le Dandy hurle :
- Eh bien, on y est ? Que l'heureux couple avance !
Miss Billy Perry se lève vivement et, empoignant Waldo Winchester par le bras, l'arrache de son siège. Mais il me suffit de regarder sa tête. Je suis prêt à parier six contre cinq qu'il n'arrivera pas jusqu'à l'arc de triomphe. Mais il y arrive tout de même, parmi les rires et les applaudissements de toute l'assistance. Puis le pasteur s'approche et, au moment où il rejoint les futurs époux sous l'arc de fleurs, le visage de Dave le Dandy revêt l'expression la plus rayonnante que je lui aie jamais vue.
Mais, tout à coup, on entend à l'entrée de l'auberge un effroyable potin, une voix de femme qui hurle, mais une voix de femme aussi grave que celle d'un homme. Naturellement tout le monde se retourne et regarde de ce côté. Le portier, un nommé Sacha la Flemme, un costaud s'il en est, semble s'efforcer d'empêcher on ne sait qui d'entrer.
Mais, presque au même instant, il y a un choc sourd. Sacha la Flemme s'effondre sur le plancher et l'on voit entrer une gonzesse d'à peu près un mètre vingt de haut sur un mètre cinquante de large.
En vérité je n'ai jamais vu une poule de cette largeur. On dirait qu'on l'a passée au marteau-pilon. Sa figure est presque aussi large que ses épaules et me fait penser à une énorme pleine lune. Elle arrive en rebondissant comme une balle et il est visible qu'il y a quelque chose qui la met hors d'elle. A son entrée j'entends derrière moi une espèce de râle et je me retourne pour voir Waldo Winchester s'affaisser par terre en entraînant presque avec lui Miss Billy Perry.
- Non, fait-il. Non, elle me croit célibataire.
- Mais pourquoi ne pas avoir dit à Dave le Dandy, quand il vous a amené ici pour vous faire épouser Miss Billy Perry, que vous étiez déjà marié ? dis-je. Il me semble qu'un type qui écrit dans les journaux devrait savoir que la loi défend d'épouser plusieurs femmes, à moins d'être turc ou quelque choses comme cela.
- Sans doute, fait Waldo, mais si je dis à Dave le Dandy, après lui avoir chipé sa poule, que je suis marié, il est évident qu'il va être furieux et peut-être me faire je ne sais quoi de nuisible à ma santé.
En effet, tout ce que dit le pauvre type est fort juste. Je suis enclin à penser, moi aussi, que Dave va faire du foin quand il apprendra ça. Surtout si cela fait de la peine à Miss Billy Perry. Mais je ne vois pas ce que je pourrais faire, sinon de laisser le mariage s'accomplir, et alors, quand Waldo sera hors de la portée de Dave, de déclarer que Waldo est atteint d'aliénation mentale et que le mariage est nul. Ce qu'il y a de certain c'est que je ne tiens pas à me trouver là quand Dave le Dandy apprendra que Waldo est déjà marié.
Tandis que je me demande si ce que j'ai de mieux à faire ne serait pas de me débiner, il se produit à la porte un grand brouhaha et j'entends Dave le Dandy hurler que c'est le pasteur qui arrive. Il est vraiment très bien ce pasteur, mais il semble un peu interloqué de ce qui lui advient, surtout quand Miss Missouri Martin s'avance vers lui et l'accapare en lui déclarant qu'elle a un faible pour les pasteurs et qu'elle les a beaucoup fréquentés, car elle a été mariée deux fois par des pasteurs, deux fois par des juges et une fois en mer par le commandant du bateau.
Tous les assistants à part moi, Waldo Winchester et sans doute Miss Billy Perry, sont plus ou moins éméchés . Waldo est toujours assis à sa table, l'air lugubre, répondant par oui ou par non à Miss Billy Perry chaque fois qu'elle vient à passer devant lui, car elle ne se sent pas de joie et ne peut tenir en place.
Dave le Dandy est plus gris que tous les autres. Il a en effet sur eux deux ou trois jours d'avance, et quand Dave le Dandy est ivre, je dois avouer qu'on ne peut jamais savoir ce qui va lui passer par la tête. Il peut faire explosion d'un moment à l'autre, mais pour l'instant il a l'air enchanté de son sort.
Donc quelques minutes après, Nig Skolsky prie les danseurs de débarrasser la piste et apporte au milieu de la salle une manière d'arc de triomphe en fleurs tout ce qu'il y a de rupin. C'est sous cet arc, paraît-il que l'on va marier Waldo Winchester et Miss Billy Perry. Dave le Dandy a dû passer pas mal de jours à combiner toute cette affaire et dépenser pour ça pas mal de fric, je m'en rends compte. Surtout quand je le vois montrer à Miss Missouri Martin un diamant aussi gros qu'une pastille pectorale.t
- C'est pour la mariée, fait Dave le Dandy. Le pauvre couillon qui va être son mari n'aura jamais assez de pognon pour lui payer un caillou comme celui-là. Je l'ai acheté à un type qui l'a rapporté de Los Angeles. Je veux conduire moi-même la mariée à l'autel, comment dois-je faire Mizzou ? Je désire que tout se passe pour Billy selon les règles.
Pendant que Miss Missouri Martin essaye avant de lui répondre de se rappeler un de ses mariages, je jette encore un coup d'oeil du côté de Waldo Winchester pour voir comment il se comporte. J'ai vu un jour à Sing Sing deux types qui se préparaient à aller s'asseoir sur la chaise électrique et je dois dire que tous deux avaient l'air guilleret comparés à Waldo Winchester tel qu'il est en ce moment même.
Miss Billy Perry est assise près de lui et le chef d'orchestre engueule ses bonshommes parce que aucun d'eux n'arrive à se rappeler l'air de " Ah, promets-moi ", quand Dave le Dandy hurle :
- Eh bien, on y est ? Que l'heureux couple avance !
Miss Billy Perry se lève vivement et, empoignant Waldo Winchester par le bras, l'arrache de son siège. Mais il me suffit de regarder sa tête. Je suis prêt à parier six contre cinq qu'il n'arrivera pas jusqu'à l'arc de triomphe. Mais il y arrive tout de même, parmi les rires et les applaudissements de toute l'assistance. Puis le pasteur s'approche et, au moment où il rejoint les futurs époux sous l'arc de fleurs, le visage de Dave le Dandy revêt l'expression la plus rayonnante que je lui aie jamais vue.
Mais, tout à coup, on entend à l'entrée de l'auberge un effroyable potin, une voix de femme qui hurle, mais une voix de femme aussi grave que celle d'un homme. Naturellement tout le monde se retourne et regarde de ce côté. Le portier, un nommé Sacha la Flemme, un costaud s'il en est, semble s'efforcer d'empêcher on ne sait qui d'entrer.
Mais, presque au même instant, il y a un choc sourd. Sacha la Flemme s'effondre sur le plancher et l'on voit entrer une gonzesse d'à peu près un mètre vingt de haut sur un mètre cinquante de large.
En vérité je n'ai jamais vu une poule de cette largeur. On dirait qu'on l'a passée au marteau-pilon. Sa figure est presque aussi large que ses épaules et me fait penser à une énorme pleine lune. Elle arrive en rebondissant comme une balle et il est visible qu'il y a quelque chose qui la met hors d'elle. A son entrée j'entends derrière moi une espèce de râle et je me retourne pour voir Waldo Winchester s'affaisser par terre en entraînant presque avec lui Miss Billy Perry.
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Alors la grosse mémère va droit au groupe qu'elle aperçoit sous l'arc de fleurs, et de sa voix basse et profonde, elle demande :
- Lequel de vous est Dave le Dandy ?
- C'est moi, répond Dave en s'avançant. Qu'est-ce qui vous prend de faire irruption ici comme une vache marine et de venir saboter notre mariage ?
- Alors c'est vous le type qui enlève mon cher et fidèle mari pour lui faire épouser cette petite crêpe aux poils roux, hein ? profère la grosse petite poule en regardant Dave le Dandy et en désignant du doigt Miss Billy Perry.
Or, traiter Miss Billy Perry de crêpe devant Dave le Dandy n'est pas une bagatelle, et Dave le Dandy se fâche tout rouge. Il est habituellement assez courtois avec les femmes, mais il est manifeste que les façons de la large petite poule ne lui plaisent pas le moins du monde.
- Dites donc vous, écoutez un peu, fait Dave le Dandy, vous feriez bien d'aller faire un tour dehors avant qu'on vous foute un marron. Vous devez être saoule, qu'il dit, ou maboule, ajoute-t-il. En tout cas de quoi vous mêlez-vous ?
- De quoi je me mêle ? Vous allez le voir, dit la grosse mémère. Le type qui est là par terre est mon mari. Vous lui avez sans doute fait une peur mortelle au pauvre chéri. C'est vous qui l'avez enlevé pour lui faire épouser cette espèce de rouquine, et je vais vous faire coffrer, aussi vrai que je m'appelle Lola Sapola, grand imbécile, sale voyou.
Comme bien on pense, nous sommes tous épouvantés d'entendre une poule traiter de la sorte Dave le Dandy, car on sait que Dave le Dandy canarde un type pour moins que ça. Mais au lieu de faire quoi que ce soit, sans plus attendre, à la grosse petite, Dave se contente de dire :
- Comment ? Qu'est-ce que j'entends ? Qui ça qui est votre mari ? Foutez-moi le camp ! hurle Dave en l'empoignant par le bras.
Alors, de la main gauche elle fait comme si elle allait envoyer un gnon dans la figure de Dave. Instinctivement celui-ci recule légèrement la tête. Mais, au lieu de le frapper de la main gauche, elle lui envoie son poing droit en plein dans le ventre que, naturellement, il avance en reculant la tête.
J'ai vu pas mal de coups dans le ventre, je vous assure, mais de plus joli que celui-là je n'en ai jamais vu. De plus, en donnant son coup, Lola Sapola fait un pas en avant, et je vous laisse à penser s'il y a quelque chose comme poids derrière le coup.
Or, un type qui mange et qui boit comme Dave le Dandy ne supporte pas très bien les coups dans le ventre, de sorte que Dave fait " ouf " et s'assoit fort lourdement sur le plancher de la piste. Puis, dans cette position il cherche fiévreusement dans la poche de son grimpant son vieil égalisateur, et tout le monde court se cacher, sauf Lola Sapola, Miss Billy Perry et Waldo Winchester.
Mais avant qu'il puisse sortir son revolver, Lola Sapola l'empoigne par le col, le remet sur pattes, le lâche et, une fois debout, un peu chancelant sur ses guibolles, lui décoche dans le ventre un second direct du droit.
Le coup envoie Dave par terre une seconde fois et Lola s'approche de lui comme pour le bourrer de coups de pied. Mais elle se contente de ramasser sur le plancher Waldo Winchester, le charge sur son épaule comme un sac de farine, et se dirige vers la porte. Dave le Dandy se redresse sur son séant et, cette fois, il tient à la main son vieil égalisateur.
- Si je n'étais pas un gentleman, je ferais de vous un sac à pruneaux ! gueule-t-il.
Mais Lola Sapola ne se retourne même pas car, en ce moment, elle caresse la tête de Waldo Winchester en lui donnant des petits noms d'amour et en lui disant que c'est une honte de voir de sales types comme Dave le Dandy faire des misères à son petit trésor. Lola Sapola m'a vraiment l'air de gober Waldo Winchester.
Quand elle a disparu, Dave le Dandy se relève et reste là planté à regarder Miss Billy Perry qui est sur le chemin de battre tous les records en matière de larmes. Nous autres, y compris le pasteur, nous sortons de nos abris, nous demandant quelle va être la fureur de Dave pour ce mariage manqué. Mais Dave a seulement l'air déçu et navré.
- Billy, dit-il à Miss Billy Perry, je suis tout à fait désolé que ton mariage n'ait pu avoir lieu. Je ne désire que ton bonheur, mais je ne crois pas que tu puisses être heureuse avec ce scribouillard, s'il doit avoir ainsi à ses trousses sa dompteuse de lions. Dans le rôle de Cupidon je ne suis qu'une ganache. Pour une fois que j'essaie de faire une bonne action, pas de veine que ça n'ait pas collé. Peut-être que si tu attends qu'il la noie ou quelque chose comme cela...
- Dave, dit Miss Billy Perry en versant un torrent de larmes qui semble finalement l'emporter droit dans les bras de Dave, jamais, jamais, je ne serai heureuse avec un type comme Waldo Winchester. Je vois bien **que tu es le seul homme qui me convient.
- Tiens, tiens, tiens, fait Dave le Dandy dont la figure s'illumine soudain, où est le pasteur ?Amenez le pasteur. Nous aurons tout de même notre mariage.
J'ai rencontré l'autre jour Monsieur et Madame Dave le Dandy, ils avaient l'air très heureux. Mais, avec les jeunes mariés, on ne peut jamais rien dire, c'est pourquoi je me garderai bien de jamais laisser Dave le Dandy apprendre que c'est moi qui ai téléphoné à Lola Sapola car, après tout, je n'ai peut-être pas rendu à Dave le Dandy un service si fameux que ça.
notes de l'édit. : Ed. Gallimard extraits de Nocturnes dans Broadway
* Rue entre la 40 et la 50è à NewYork
** Californie comté
*** Pointe sud de Manhattan
Damon Runyon
( 1930 )
Alors la grosse mémère va droit au groupe qu'elle aperçoit sous l'arc de fleurs, et de sa voix basse et profonde, elle demande :
- Lequel de vous est Dave le Dandy ?
- C'est moi, répond Dave en s'avançant. Qu'est-ce qui vous prend de faire irruption ici comme une vache marine et de venir saboter notre mariage ?
- Alors c'est vous le type qui enlève mon cher et fidèle mari pour lui faire épouser cette petite crêpe aux poils roux, hein ? profère la grosse petite poule en regardant Dave le Dandy et en désignant du doigt Miss Billy Perry.
Or, traiter Miss Billy Perry de crêpe devant Dave le Dandy n'est pas une bagatelle, et Dave le Dandy se fâche tout rouge. Il est habituellement assez courtois avec les femmes, mais il est manifeste que les façons de la large petite poule ne lui plaisent pas le moins du monde.
- Dites donc vous, écoutez un peu, fait Dave le Dandy, vous feriez bien d'aller faire un tour dehors avant qu'on vous foute un marron. Vous devez être saoule, qu'il dit, ou maboule, ajoute-t-il. En tout cas de quoi vous mêlez-vous ?
- De quoi je me mêle ? Vous allez le voir, dit la grosse mémère. Le type qui est là par terre est mon mari. Vous lui avez sans doute fait une peur mortelle au pauvre chéri. C'est vous qui l'avez enlevé pour lui faire épouser cette espèce de rouquine, et je vais vous faire coffrer, aussi vrai que je m'appelle Lola Sapola, grand imbécile, sale voyou.
Comme bien on pense, nous sommes tous épouvantés d'entendre une poule traiter de la sorte Dave le Dandy, car on sait que Dave le Dandy canarde un type pour moins que ça. Mais au lieu de faire quoi que ce soit, sans plus attendre, à la grosse petite, Dave se contente de dire :
- Comment ? Qu'est-ce que j'entends ? Qui ça qui est votre mari ? Foutez-moi le camp ! hurle Dave en l'empoignant par le bras.
Alors, de la main gauche elle fait comme si elle allait envoyer un gnon dans la figure de Dave. Instinctivement celui-ci recule légèrement la tête. Mais, au lieu de le frapper de la main gauche, elle lui envoie son poing droit en plein dans le ventre que, naturellement, il avance en reculant la tête.
J'ai vu pas mal de coups dans le ventre, je vous assure, mais de plus joli que celui-là je n'en ai jamais vu. De plus, en donnant son coup, Lola Sapola fait un pas en avant, et je vous laisse à penser s'il y a quelque chose comme poids derrière le coup.
Or, un type qui mange et qui boit comme Dave le Dandy ne supporte pas très bien les coups dans le ventre, de sorte que Dave fait " ouf " et s'assoit fort lourdement sur le plancher de la piste. Puis, dans cette position il cherche fiévreusement dans la poche de son grimpant son vieil égalisateur, et tout le monde court se cacher, sauf Lola Sapola, Miss Billy Perry et Waldo Winchester.
Mais avant qu'il puisse sortir son revolver, Lola Sapola l'empoigne par le col, le remet sur pattes, le lâche et, une fois debout, un peu chancelant sur ses guibolles, lui décoche dans le ventre un second direct du droit.
Le coup envoie Dave par terre une seconde fois et Lola s'approche de lui comme pour le bourrer de coups de pied. Mais elle se contente de ramasser sur le plancher Waldo Winchester, le charge sur son épaule comme un sac de farine, et se dirige vers la porte. Dave le Dandy se redresse sur son séant et, cette fois, il tient à la main son vieil égalisateur.
- Si je n'étais pas un gentleman, je ferais de vous un sac à pruneaux ! gueule-t-il.
Mais Lola Sapola ne se retourne même pas car, en ce moment, elle caresse la tête de Waldo Winchester en lui donnant des petits noms d'amour et en lui disant que c'est une honte de voir de sales types comme Dave le Dandy faire des misères à son petit trésor. Lola Sapola m'a vraiment l'air de gober Waldo Winchester.
Quand elle a disparu, Dave le Dandy se relève et reste là planté à regarder Miss Billy Perry qui est sur le chemin de battre tous les records en matière de larmes. Nous autres, y compris le pasteur, nous sortons de nos abris, nous demandant quelle va être la fureur de Dave pour ce mariage manqué. Mais Dave a seulement l'air déçu et navré.
- Billy, dit-il à Miss Billy Perry, je suis tout à fait désolé que ton mariage n'ait pu avoir lieu. Je ne désire que ton bonheur, mais je ne crois pas que tu puisses être heureuse avec ce scribouillard, s'il doit avoir ainsi à ses trousses sa dompteuse de lions. Dans le rôle de Cupidon je ne suis qu'une ganache. Pour une fois que j'essaie de faire une bonne action, pas de veine que ça n'ait pas collé. Peut-être que si tu attends qu'il la noie ou quelque chose comme cela...
- Dave, dit Miss Billy Perry en versant un torrent de larmes qui semble finalement l'emporter droit dans les bras de Dave, jamais, jamais, je ne serai heureuse avec un type comme Waldo Winchester. Je vois bien **que tu es le seul homme qui me convient.
- Tiens, tiens, tiens, fait Dave le Dandy dont la figure s'illumine soudain, où est le pasteur ?Amenez le pasteur. Nous aurons tout de même notre mariage.
J'ai rencontré l'autre jour Monsieur et Madame Dave le Dandy, ils avaient l'air très heureux. Mais, avec les jeunes mariés, on ne peut jamais rien dire, c'est pourquoi je me garderai bien de jamais laisser Dave le Dandy apprendre que c'est moi qui ai téléphoné à Lola Sapola car, après tout, je n'ai peut-être pas rendu à Dave le Dandy un service si fameux que ça.
notes de l'édit. : Ed. Gallimard extraits de Nocturnes dans Broadway
* Rue entre la 40 et la 50è à NewYork
** Californie comté
*** Pointe sud de Manhattan
Damon Runyon
( 1930 )
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