jeudi 15 novembre 2018

Piranhas Roberto Saviano ( Roman Italie )


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                                        Piranhas

            La vie, la mort. A Naples des enfants de milieu modeste mais pas pauvre, fascinés par le monde de l'argent. Le monde du pouvoir. Si tous sont accrochés aux jeux vidéos, récitent et jouent les héros de leurs films cultes, violents,seul Nicolas, adolescent de quinze ans est prêt à foncer vers un destin qui lui offre le pouvoir. Machiavel est son maître. Saviano dit avoir écrit un roman sur " la revanche ", mais la revanche est sans fin. Chaque membre du groupuscule porte un surnom que chacun porte vaillamment dans le monde de la mafia où ils entrent, ainsi Dentino, Dumbo, où Nicolas dit le Maharadja, ébloui par ce qui lui paraît le palais des merveilles, le restaurant cabaret, le Nuovo Maharadja qui appartient à Copacabana mafieux en cavale. Passée une première scène absolument     ( pardonnez l'expression ), " dégueu....; " on poursuit une lecture qui raconte l'ascension de jeunes hommes qui oublient le collège, décidés à devenir une parenza. Ils dealent déjà et roulent en scooter dans Naples mais Nicolas leur chef choisit de prendre le quartier Forcella " ...... La Fourche, on sait d'où on vient mais on ne sait pas où l'on va....... " Des mafieux âgés sont assignés à résidence où en prison. Dans une autre vie Nicolas aurait pu être un brillant homme d'affaires, dans le monde des mafias il est habile, observe, apprend. Ils conquièrent place après place, ils sont mal élevés, désinvoltes, violents et maladroits lors de leur apprentissage de l'usage des armes. Car tuer est une nécessité pour prouver leur adhésion à une vraie parenza.. " .......... Ils affichaient l'air d'enfants  qui savent déjà tout, qui parlent de sexe et d'armes, car dès leur naissance aucun adulte n'avait jamais cru qu'il pût y avoir des vérités, des faits ou des comportements qu'ils pouvaient ignorer. A Naples, on ne grandit pas : on naît dans la réalité et on la découvre peu à peu....... " L'auteur a écrit sous forme de roman parce que dit-il "..........  Je voulais entrer dans la tête de ces enfants......... "  Dans la mafia il y a des règles, un code dit d'honneur, et celui qui ne les respecte pas est en danger, la mort les attend partout même l'enfant de dix ans le petit frère. "........ Il faut des couilles. Par loyauté, il évite la prison à celui qui a massacré son fils.
            - Moi, cette loyauté, je crois pas que je pourrais. Sois je te bute, soit je suis en taule et je te balance, que tu prennes perpète, a expliqué Oiseau mou.......... "
            D'un repenti Nicolas obtient leur planque, un appartement qui n'appartient à personne
" ....... - Notre planque ? a fait Agostino. Qu'est-ce que tu veux dire.
           - L'endroit où on se planquera, où on se retrouvera, où on fera les cons et où on partagera tout....... "
 Ces adolescents devenus des jeunes gens, dealent toutes les drogues, de l'héroïne à l'herbe, gagnent et dépensent de l'argent, mais des femmes et des hommes sont tués, des enfants en danger que des mères tentent de préserver et d'autres mères demandent vengeance après la mort de leur enfant. La revanche c'est sans fin. Une histoire triste, douloureuse à travers Naples.

         
         

             

Clemenceau - Dély Régnault Carloni Garrigues ( Bande dessinée France )

Clemenceau
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                                                             Clémenceau

            Né en 1841 en Vendée il poursuit la pensée de son père républicain, comme Robespierre, contre la peine de mort. Il fait des études de médecine à Nantes puis à Paris où avec un petit groupe d'étudiants il commence à écrire des articles critiques. Il rencontre Auguste Blanqui "..... La République n'a pas besoin de modèles, elle a besoin de vérité, de dignité et d'âme..... " 1870 19 octobre, les Prussiens assiègent Paris depuis un mois, Georges Clémenceau est devenu maire du 18è arrondissement de Paris, il reçoit les représentants des institutions et rappelle aux instituteurs qu'ils n'ont aucun ordre à recevoir de leur paroisse. Homme de gauche, anticlérical. A cette réunion assiste une jeune femme qui outre l'absence de catéchisme réclame de l'aide pour le peuple qui manque de tout, son nom Louise Michel. Clémenceau, médecin du peuple soigne dans les dispensaires de Montmartre. Nuit du 17 au 18 mars 1871, rue Lepic, les Buttes Chaumont le peuple refuse de donner les canons aux soldats "...... La garde nationale c'est le peuple ! Le peuple ne tirera pas sur le peuple !.... " A Montmartre le maire tente de trouver des lits pour les malades trop nombreux. 1880 Dans ses discours Clémenceau en désaccord avec Gambetta qui meurt et le 2 janvier 1883 " ....... J'ai aimé Gambetta j'ai eu de l'estime pour lui. Il ne savait pas très bien où il allait mais il y allait avec flamme..... Nous n'avons plus désormais qu'un adversaire conservateur avant de réussir à instaurer la république radicale........ " Et se poursuit la longue histoire de Georges Clémenceau. L'homme politique qui signa les accords en 1919 de la fin de la guerre de 14 - 18 et qui avait parcouru les tranchées auprès des soldats, est appelé le " petit père du peuple " mais surtout " Le Tigre ". Il aimait les femmes, les arts, et s'il travailla auprès de Jaurès, il fut l'ami de Monet. Il écrivit beaucoup, dans les journaux, des livres, et créa même un hebdomadaire, seul rédacteur. Il mourut, un peu poussé à se retirer de la politique, le 24 novembre 1929. 

dimanche 11 novembre 2018

Paroles d'Esope sur le succès des méchants Phaèdre ( Poèmes France )



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                         Paroles d'Esope sur le succès des méchants

            Un homme qu'un chien furieux avait couvert de morsures
            Jeta du pain teint de sang à l'animal malfaisant
            Car c'était, avait-on dit, le remède à sa blessure.
            " Ne fais pas ça, dit Esope, devant d'autres chiens,
            Afin d'éviter qu'ils nous dévorent tout vifs,
            Sachant comme on récompense leur méchanceté. "

            Le succès des méchants en attire un plus grand nombre.


                                                Phèdre
                                                        ( env. 7 avt J.C. - env. 50 ap. J.C. )
                                                                                                    


                            Aesopus ad quendam de successu improborum

            Laceratus quidam morsu vehementis canis
            tinctum cruore panem misit malefico,                                                10000gifs.free.fr
            audierat esse quod remedium vulneris.                                                  
dog23.gif (1965 octets)            Tunc sic Aesopus : " Noli coram pluribus 
            hoc facere canibus, ne nos vivos devorent
            cum scirent esse tale culpae praemium. "

            Successus improborum plures alliit.


                                               
                                                            Phaedrus

                                        ( trad. voir La Femme en travail )
         

vendredi 9 novembre 2018

Je ne suis pas d'ici d'Hugo Hamilton ( Roman Irlande )



Je ne suis pas d'ici
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                                                    Je ne suis pas d'ici

             Vid Cosic prononcez Choz-itch est Serbe. Il vient de Belgrade ex-Yougoslavie et habite depuis peu Dublin. Immigrant il essaie de comprendre les Irlandais, naïf "... l'amitié comme vous la pratiquez... elle déboule de nulle part... " Ainsi, son amitié avec Kévin pleine d'orages, des mensonges que le jeune avocat manie avec art le rend aveugle devant une réalité pourtant troublante.


Vid a quitté son pays natal à la mort brutale de ses deux parents. Berlin ne lui convient pas il décide donc d'aller en Irlande. Comme la majorité des immigrants européens Vid souhaite s'intégrer et poursuit son éducation à travers les différents postes qu'il occupe jusqu"à cet emploi de menuisier que lui offre la famille Concannon.

Kevin, sa mère anglaise, son père absent irlandais et ses deux soeurs. Les pubs, l'eau qui attire les suicides, une île nue où seuls paissent des moutons arrivés en téléphérique du littoral, Hamilton décrit tout, la douleur, le drogué, le patron raciste. "... Le juge ne me paraissait pas mal. Il arborait un bronzage soutenu... " Et l'auteur fils d'une mère allemande et d'un père irlandais "... Les Irlandais avaient toujours été les innocents à qui on avait fait subir les horreurs par le passé... " Le désarroi de Vid menuisier minutieux "... J'avais la sensation d'avoir été repéré comme étant la seule personne qui n'avait pas sa place ici... " Il apprend la cruauté "... toutes ces difficultés avec la langue, les accents... "

Déçu mais enrichi, Vid plein d'intérêt pour les autres observe "... les drogues, toujours présentes... les cachets... le miroir à main et le billet de banque roulé sur le canapé."
  
Le quotidien d'un étranger au pays de Becket de de Joyce.



mercredi 7 novembre 2018

Leprince, le joueur de flûte Phèdre ( Poèmes France )


Rembrandt le Joueur de Flûte
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                                  Leprince, le joueur de flûte

           Quand un esprit vaniteux, au vent léger du succès,
           Dans une belle insolence s'est enflé de présomption     
           Il devient facilement la risée de tous.

            Le flûtiste Leprince était assez bien connu :
            C'était lui qui, sur scène, accompagnait Bathyllus.
            Voilà que, au cours d'un spectacle, je ne sais plus trop lequel,
            Comme on manoeuvrait la trappe, inopinément,
            Une lourde chute lui brisa le tibia gauche,
            Quand il aurait préféré se casser deux tibias droits.
            Enlevé à bras d'hommes, gémissant tant et plus
            On l'emporte chez lui. Puis quelques mois se passent,
            Jusqu'à ce que les soins fassent la guérison.
            Et les spectateurs, peuple aimable et enjoué,
            Se mirent à regretter celui dont les rythmes
            Savaient si bien soutenir l'ardeur des danseurs.
            Voici qu'un grand personnage devait donner une fête,
            Et, comme Leprince pouvait marcher à nouveau,
            Il finit par le convaincre, en y mettant le prix,
            De se montrer pour le moins en cette journée.
            Et le jour arrive : le théâtre entier frémit
            De rumeurs sur le flûtiste. D'aucuns disent qu'il est mort,
            D'autres qu'il va se produire sur la scène tout à l'heure.
            Quand le rideau fut tombé, quand le tonnerre eut grondé,
            Les Dieux prennent la parole comme veut la tradition.
            Et le choeur entonne un hymne, nouveau pour notre flûtiste
            Où revenait cette phrase : " Rome, réjouis-toi,
            Le Prince en guérissant assure ton salut ! "                                      tctoons.com
            La foule applaudit debout. Le flûtiste, convaincu
            Que c'est lui qu'on ovationne, lance au public des baisers.
            Lordre équestre enfin comprend sa stupide erreur,
            Et, partant d'un rire énorme, fait reprendre l'hymne
            Sur le devant de la scène, pour la joie des chevaliers.
            Le peuple s'imagine qu'il réclame une couronne.
            Quand, sur toutes les travées, on sut son erreur, Leprince,
            Avec sa jambe serrée de bandelettes blanches,
            Avec sa blanche tunique et ses souliers blancs,
            Qui s'attribuait l'hommage fait à la maison divine,
            Fut, la tête la première, éjecté par le public.



                                                 Phèdre
                                                          ( env. 7 avt J.C. - env. 50 ap. J.C. )     


                                          Princeps Tibicen

                                     ( Lucius  Cassius Princeps )

            Ubi vanus animus aura captus frivola
            arripuit insolentem sibi fiduciam,
            facile ad derisum stulta levitas ducitur

            Princeps tibicen notior vulgo fuit,

            operam Bathyllo solitus in scaena dare.
            Is forte ludis, non satis memini quibus,
            dum pegma rapitur concidit casu gravi
            necopinus, et sinistram fregit tibiam,
            duas cum dextras maluisset perdere.
            Inter manus sublatus et multum gemens
            domum refertur. Aliquot menses transeunt,
            ad sanitatem dum venit curatio.
            Ut spectatorum molle est et lepidum genus,
            desiderari coepit flatibus
            solebat excitari saltantis vigor.
            Erat facturus ludos quidam nobilis.
            Ut incipiebat rursuù Princeps ingredi,
            adduxit pretio precibus, ut tantummodo
            ipso ludorum ostenderet sese die.
            Qui simul advenit, rumor de tibicine
            fremit in theatro. Quidam adfirmant mortuum
            quidam in conspectum proditurum sine mora.
            Aulaeo misso, devolutis tonitribus
            di sunt locuti more translaticio.
            Tunc chorus ignorum modo reductum canticum              
            imposuit, cujus haec fuit sententia :
            " Laetare, incolumis Roma salvo principe ! "
            In plausus consurrectum est. Jactat basia
            tibicen, gratulari fautores putans.
            Equester ordo stultum errorem intellegit
            magnoque risu canticum repetit jubet.
            Iteratur illud. Homo meus se in pulpito
            totum prosternit. Plaudit inludens eques :
            rogare populus hunc coronam aestimat.
            Ut vero cuneis notuit res omnibus,
            Princeps, ligato crure niveis etiam calceis,
            superbiens honore divinae domus,
            ab universis capite est protrusus foras.


                                                        Phaedrus

                                                          ( trad. voir La Femme en travail )
           

            

lundi 5 novembre 2018

Le Juré Feydeau ( Théâtre - Monologue France )

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                                                 Le Juré

            Texte dit par Coquelin Cadet de la Comédie Française  - Mai 1898

            Parlant à la cantonade :

               Oui, eh bien, vous entendez, je n'y suis pour personne !... ( il descend, puis remontant vivement et à la cantonade )... pour personne, sauf pour les reporters de journaux et les parents de criminels !
            Au public :

               Voilà ! Quand on accomplit une mission comme la mienne, on s'y concentre ! Juré je suis, juré je reste ! A quinzaine les autres affaires !...
             Et dire qu'il y a trois jours, j'étais un simple bijoutier inoffensif, et du jour au lendemain, parce que le sort me désigne, me voilà souverain des destinées humaines... souverain au douzième, bien entendu..., puisque nous sommes douze ! Mais enfin, tout ça au prorata, je puis à mon gré, suivant que j'ai bien ou mal dîné, suivant que la tête du sujet me plaît ou ne me plaît pas, faire vivre ou mourir tel individu qui tremble devant moi.
             Je suis juré aux assises de la Seine !
             C'est beau la Justice !
             Mais aussi je sais quelle responsabilité m'incombe et je ne livre rien à ma fantaisie ! Ainsi, tenez, je fais ce qu'aucun juré ne fait. Pour chaque crime que je peux avoir à juger, je convoque tous les parents du criminel. Je prétends une chose, c'est que le moyen d'être renseigné, c'est d'aller puiser ses renseignements à la source même. Je vous prie de croire que si les autres jurés consultaient comme moi les parents des criminels, ils auraient acquis cette certitude, c'est que la justice ne fait que condamner des innocents ! Eh bien ! c'est ce qu'il ne faut pas !
             Mais voilà, en général les jurés ne sont pas assez imbus de la gravité de leurs fonctions... Ils font ça à la légère ! Hier, j'en entendais deux près de moi qui se consultaient :
             " - Eh bien ! qu'en pensez-vous ? le condamnerez-vous ?
               - Oh ! moi, ça m'est égal, je ferez ce que vous ferez.
               - Oh ! non, après vous !
               - Je n'en ferai rien ! "                                                  jidima.centerblog.net   
Image associée            Ça aurait pu durer longtemps comme ça, quand, à ce moment, ils entendent dans l'auditoire une personne qui disait à une autre :
            " - Ah ! parlez-moi de celui-là, voilà un criminel qui a véritablement mérité la guillotine ! "
           Ça a tranché la difficulté ! Mes deux jurés ont voté pour la peine de mort... et savez-vous de qui la personne parlait !... de Troppmann !... Ce n'est pas sérieux !
         
           C'est comme ce qui manque aussi la plupart du temps au jury, c'est la logique ! C'est le raisonnement dans le jugement ! Enfin, l'autre jour, mes collègues n'ont-ils pas condamné à une bagatelle de trois ans de réclusion un scélérat qui avait défoncé et mis au pillage la vitrine de trois bijoutiers ? Et vous trouvez que c'est suffisant ! On aurait dû le condamner à mort comme exemple pour les autres ! Enfin, je suis bijoutier, moi ! Ah ! il aurait dévalisé une boulangerie, mon Dieu, je dirais... Mais des vitrines de bijoutiers, ah ! non... ou bien alors, qu'est-ce qui me protège ?

            A côté de ça ils ont condamné à mort un pauvre habitant de Saint-Denis, qui avait la mauvaise habitude de chouriner dans sa commune toutes les femmes de soixante ans... Un maniaque, quoi ! Eh bien ! vraiment la peine est exagérée ! Enfin, qu'est-ce que ça me fait à moi qu'il chourine des femmes de soixante ans, je n'habite pas Saint-Denis ! Eh bien, alors ?
           Non, voyez-vous, pour bien juger un crime, il faut se poser cette question : De quel ordre est ce crime ? Est-il social ou est-il individuel ? Fait-il du tort à la société ou bien n'en fait-il pas ? Un monsieur tue sa femme ou sa belle-mère, il est évident que ça ne fait aucun tort à la société. On peut se dire :
           " Demain, je rencontre ce monsieur, me fera-t-il du mal ? - Non. "
            Eh bien alors, montrons de l'indulgence. Tandis que le dévaliseur de bijouteries, au contraire... Moi, je suis bijoutier, n'est-ce pas, je me dis :
            " Halte-là, il me dévalisera à mon tour ! "
            Celui-là, je ne le manque pas, par exemple ! et c'est la cause sociale que je défends.
            Supposez maintenant qu'au lieu d'un bijoutier, ce même homme détrousse un banquier, un capitaliste ? C'est tout à fait autre chose, parce que là, au contraire, il prend en main l'intérêt social ! Et je le prouve : qu'est-ce qui fait les crises financières ? c'est l'immobilisation de l'argent ! la stagnation des capitaux ! Eh bien ! qu'est-ce que fait cet homme en dépouillant le banquier, le capitaliste ? Il déplace des capitaux qui dorment ! il remet de l'argent en circulation ! Donc, c'est un scélérat utile, et il faut le condamner légèrement, afin qu'il ait l'occasion de recommencer.
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             Ce sont ces nuances-là qui échappent aux jurés ! C'est comme je les vois la plupart du temps : ils ont un crime à juger, est-ce que vous croyez qu'ils savent d'avance s'ils condamneront ou s'ils acquitteront ? Non ! Il attendent pour se fixer qu'ils aient assister aux débats ! C'est funeste ! Est-ce qu'à l'audience il y a moyen d'y reconnaître quelque chose ? C'est toujours le dernier qui a parlé qui a raison ! Alors quoi ? On finirait par condamner le président. Tandis qu'avec mon système, rien de ça à craindre. Moi voilà ce que je fais : je me bâtis une bonne opinion sur l'opinion moyenne de tous les journaux, ce qui représente bien, par conséquent, l'opinion générale... et alors, c'est fait ! J'ai ma décision bien arrêtée. Quand j'arrive aux assises mon criminel peut me prouver tout ce qu'il veut, je suis inflexible.
             C'est comme ça qu'on fait de la justice indépendante. Sans quoi, qu'est-ce qui arrive ? Le premier accusé venu vous démontre par A+B qu'il est innocent, ses arguments sont irréfutables. Vous voilà troublé, vous vous laissez aller, vous oubliez que cet homme est condamné par l'opinion publique, ce qui est le point de vue supérieur auquel on doit toujours se placer et vlan ! vous l'acquittez ! C'est déplorable !
            Mais ceci est tellement vrai, tenez, qu'hier, on jugeait un crime sans retentissement. Les journaux n'en avaient pas parlé, impossible d'appliquer mon système ! donc bien m'a fallu me contenter des débats ! J'étais perdu !
            " Fallait-il condamner, fallait-il acquitter ? "
            Et ce qu'il y a de mieux, c'est que tous les autres jurés étaient un peu comme moi ! Nous nous consultions du regard dans la salle des délibérations : la première était pour la condamnation, l'autre pour l'acquittement ! il fallait se décider !

            Alors un des jurés a fait cette proposition :
            " - Puisqu'il y a ballottage; que ceux qui ne sont pas absolument fixés sur leur opinion passent à l'autre bord ! "                                                                                          
            Eh bien ! après le second vote, ça a été absolument la même chose ! Seulement, cette fois, c'était la première moitié qui était pour l'acquittement et la deuxième pour la condamnation. Alors, ma foi, pour trancher la difficulté, on a décidé de s'en remettre au hasard ! Nous avons joué le verdict à l'écarté... en cinq sec. Si je gagnais c'était la condamnation, si je perdais c'était l'acquittement. Eh bien ! l'accusé peut se vanter d'avoir eu de la chance : si mon adversaire n'avait pas eu le roi à la retourne, le bonhomme était frit : j'avais le point en main.
            Mais aussi, maintenant, je suis bien décidé à ne plus être pris sans vert. Demain j'ai à juger un crime passionnel : " Un mari outragé a résolu de tuer l'amant de sa femme. Il l'attend sous la porte cochère, et vlan ! quand l'autre arrive, il lui plonge son poignard dans le coeur !... "
            C'est parfait ! Seulement voilà le malheur : une fois le poignard dans la poitrine de l'individu, le mari se met à contempler sa victime et s'écrie brusquement :
            " - Ah ! mon Dieu, ça n'est pas lui ! "
            Et en effet, le monsieur qui avait le poignard dans la poitrine n'était pas du tout l'amant, mais un brave huissier, locataire de la maison... et qui rentrait pour dîner ! Il y a des gens qui ont la rentrée malheureuse. Ce qui prouve bien, néanmoins, qu'un mari devrait toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de tuer l'amant de sa femme.

            Le pauvre meurtrier s'excuse de son mieux :
            " - Oh : pardon, monsieur, je vous avais pris pour un autre ! "
            Ah ! bien oui, l'huissier meurt sans proférer une parole, mais son regard exprime clairement cette phrase :
            " - C'est possible, monsieur, mais vous vous en apercevez un peu tard ! "
            A moins que cela n'ait voulu signifier :
            " - Ah ! vraiment, ce n'est pas de chance, moi qui avais justement du monde à dîner !
            Vous savez, avec les regards on peut interpréter de tant de façons différentes !
            Eh bien ! voilà l'homme que j'ai à juger demain. Le condamnerai-je ou non ? A cet effet, ce matin, j'ai tenu conseil... avec ma femme, ma belle-mère, le cousin de ma femme, et mon valet de chambre. D'abord, ma belle-mère, qui est acariâtre, a commencé par m'exaspérer :
            " - Vous ! ah ! bien, je vous connais ! vous êtes tellement niole ! vous n'oserez jamais le condamner !     ickust.claw.ru
            - Moi ! tellement niole ! Ah ! bien, ne continuez pas,                                                               vous savez... sans ça je le condamne à mort, moi !... pour vous faire voir si je suis niole ! "
            Heureusement ma femme m'a calmé... Seulement, elle, elle trouve que le mari doit être condamné, rien que parce qu'il a voulu tuer l'amant de sa femme... et le cousin de ma femme aussi est de cet avis... Maintenant, c'est peut-être pour faire plaisir à sa cousine... Il l'aime beaucoup ! N'importe, il m'a dit :                                                                                           ickust.claw.ru
            " - Je suis pour la condamnation... car si tous les maris devaient tuer l'amant de leur femme, ah ! bien, où serions-nous ?...  "                   
            Mon valet de chambre, lui, c'est tout le contraire.
            " - Moi, m'a-t-il dit, j'acquitterais ! Parce qu'un mari qui pour se venger de l'amant de sa femme ne regarde pas à tuer un huissier, je trouve ça très crâne ! "
            Eh bien ! c'est mon valet de chambre qui a raison. D'abord, un huissier ! Est-ce que vous croyez que l'on sera bien malheureux parce qu'il y aura un huissier de moins sur la terre ?
            Quant à ce mari, pourquoi est-ce qu'on lui prenait sa femme ? S'il y tenait, lui, à sa moitié ! Ah ! nous serions au temps de Salomon, parbleu ! on lui aurait coupé sa femme en deux, on en aurait donné une partie à l'amant, une partie au mari et on lui aurait dit :
            " - Voilà, vous tenez à conserver votre moitié, eh bien ! emportez votre moitié, et laissez-nous tranquilles ! "
            Le mari n'aurait rien eu à réclamer, mais aujourd'hui ce genre de jugement n'est plus dans les moeurs.
            Aussi je déclare que ce mari n'est pas condamnable et, si j'étais l'avocat, je le prouverais au tribunal.
            " Non, messieurs, leur dirais-je, vous ne pouvez pas condamner cet homme comme criminel, car qu'est-ce que le crime ? Un homicide volontaire. Eh bien ! envisagez la situation. D'un côté cet homme a voulu tuer l'amant de sa femme ! oui !... mais il ne l'a pas tué ! donc il n'y a pas crime. De l'autre côté, cet homme a tué un huissier, oui !... mais il ne voulait pas le tuer. Donc, il n'y a pas crime non plus ! Donc, cet homme n'est pas condamnable. "
            Aussi moi, dans mon âme et conscience, celui que je frapperais, c'est celui qui est cause de tout. Celui sans lequel un mari outragé n'aurait pas songé à se faire justice, celui sans lequel il n'y aurait pas un huissier de moins en France !... Si l'on veut venger la mort de l'huissier, celui qu'il faut condamner à mort, c'est l'amant !


                                                              Feydeau
               
             

jeudi 1 novembre 2018

Anecdotes d'hier pour aujourd'hui 89 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


peiresc.org


                                                                                                           16 mars1663

            Levé de fort bonne heure et à mon bureau. Là, sir John Mennes et plusieurs lieutenants de vaisseau et moi nous étudiâmes la question des hardes de matelots, qui est l'occasion pour les commissaires de marine de profiter honteusement des hommes d'équipage. Cela terminé rentrai dîner à la maison puis conduisis ma femme chez sa mère, la laissai avec miss Ashwell chez milord et me rendis chez le Duc pour parler des affaires de la marine. Puis à la commission de Tanger où, entre autres, il fut donné lecture du brevet de lord Peterborough, et monsieur le secrétaire Bennet demanda que celui de milord Rutherford fût rédigé de manière plus conforme aux règles, le premier étant une chose tout à fait extravagante.. Parlâmes longuement de son départ, puis levâmes la séance.
            En quittant la cour je rencontrai Mr Coventry et nous nous promenâmes une demi-heure dans la longue galerie de pierre et causâmes de beaucoup de choses. Entre autres de ce que le trésorier a l'intention de commencer à payer nos créances par ordre d'ancienneté, ce qui pour la marine est ce qui permettra de servir le roi de la meilleure façon, et mon coeur se réjouit de l'entendre. Il me parle de l'affaire de John Mennes et de sir William Penn que je connaissais, mais il ne se préoccupe nullement, ou si peu de ce que je la connaissais. Mais il me dit que le but principal de tout cela était de faire mieux accepter la nomination de Mr Pett comme adjoint de sir William Batten et, ajoute-t-il, il voit bien que ni l'un ni l'autre ne peuvent remplir leurs fonctions sans assistance......... Puis nous nous quittâmes, et je retournai auprès de ma femme chez milord, où j'entendis Miss Ashwell pour la première fois jouer du clavecin, et je constate qu'elle joue fort bien, ce qui me fait grand plaisir. Rentrâmes à la maison en fiacre avec un arrêt dans le quartier du Temple pour lui acheter le recueil imprimé du morceau de musique pour virginal. A la maison et au bureau un moment, puis à la maison, souper et au lit.


                                                                                                                 17 mars

            Levé de bonne heure et à mon bureau un moment, puis à la maison et chez sir William Batten. Ensemble, en voiture, à la colline de Sainte-Marguerite à Southwark où arrivèrent le juge de l'Amirauté et les autres docteurs en droit civil et d'autres commissaires. On procéda à la lecture de la commission d'audition et de jugement, puis le Dr Exton donna ses instructions au jury qui me parurent assez ennuyeuses.......  Après la lecture de la liste des jurés la liste fut levée et l'on partit dîner dans une taverne toute proche...... Mais je vois que cette cour n'est encore qu'à ses balbutiements........... L'après-midi retour au tribunal où Abraham, le maître d'équipage du bateau de plaisance du roi fut jugé pour avoir noyé un homme et ensuite Turpin accusé par notre fieffé gredin de Field d'avoir volé du bois appartenant au roi/ Mais après examen complet de leur cas, ils furent tous deux acquittés. De même que j'étais heureux du premier jugement par lequel l'homme avait la vie sauve, je considérai l'autre comme très favorable pour nous, car si Turpin avait été déclaré coupable cela aurait produit un effet désastreux sur tout le monde, eu égard à l'affaire qui nous oppose à Field.
            Puis à la maison, l'esprit fort soulagé, par le fleuve jusqu'à la Tour. Du bureau où il n'y avait personne, avec sir William Batten chez milord le maire que nous trouvâmes en compagnie du colonel Strangeways et de sir Richard Floyd, membre du Parlement, dans la cave, en train de boire. Nous prîmes place à leurs côtés puis remontâmes et fûmes bientôt rejoints par sir Richard Ford. Tout en buvant nous causâmes et il ressort, à mon sens, que sir Richard Ford est un homme de grande intelligence et un parleur habile, ainsi qu'un érudit. Milord le maire, en revanche, me paraît être un sot, un hâbleur et un vantard, un homme qui voudrait faire accroire qu'il a entraîné toute la Cité dans le grand dessein de faire revenir le roi, et que nul ne soupçonnait ses machinations ni la lanterne sourde qui éclairait son chemin, tandis qu'il les menait tous au labour, comme des boeufs et des ânes, ce sont ses propres paroles, pour atteindre son but. Alors que d'après tout ce qu'il dit, m'est avis qu'il n'es pas de plus grand fat dans la Cité. Mais il est résolu à accomplir de grandes choses en rasant les boutiques selon un axe qui traverse toute la Cité, comme il l'a fait en des endroits dégageant ainsi une grande voie qui traversera la Cité par Canning Street, ce qui sera en effet admirable. Il y a aussi son ordonnance qu'il se vante d'avoir lui-même rédigée et fait imprimer, comme les cochers et les charretiers qui offensent les personnes de qualité dans les rues. Mais cela est si sottement écrit, et nous y relevâmes des fautes, que je crois qu'il aura la sagesse de n'y plus penser, tout imprimée qu'elle soit..................
            C'est chose extraordinaire que de l'entendre s'étourdir de grands mots et prétendre qu'il contrôle la Cité tout entière à la cour des échevins,....... qu'il fera en sorte que la Cité n'ose plus se soulever à nouveau, alors que je suis bien convaincu qu'il  n'y a pas un homme, ou presque, dans la Cité qui ne se soucie de lui comme d'une guigne, et que n'importe quel marchand a davantage de cervelle que lui.
            Puis à la maison, écrivis une lettre au commissaire Pett à Cjhattam, le priant de faire tour son possible pour apaiser le différend qui oppose le major Holmes à Cooper, son lieutenant de vaisseau.
Puis, au lit.


                                                                                                              18 mars

            M'éveillai de bonne heure et causai un moment avec ma femme d'une servante qu'elle a engagée hier et dont j'aurais voulu m'enquérir avant sa venue, car elle a servi dans de grandes maison. Puis lever et au bureau toute la matinée. A midi rentrai dîner à la maison, ensuite par le fleuve à Rotherhithe avec ma femme et Miss Ashwell, et promenade. Je les laissai à la taverne de la Demi-Étape et allai à Deptford. Visitai les magasins et montai à bord de deux ou trois vaisseaux qui s'apprêtaient à appareiller, puis m'en retournai et trouvai ma femme qui venait à ma rencontre à pied. Retour à la maison bien divertis par notre miss Ashwell, une personne fort gaie. Passai un moment au bureau et à la maison, souper et au lit. Aujourd'hui j'ai pris grand plaisir à mon virginal, que j'ai fait accorder hier car miss Ashwell en joue fort bien.


                                                                                                                19 mars
                                                                                                                             pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "picturalissim vermeer woman seated virginal"            Levé de bonne heure et à Woolwich tout seul par le fleuve où je surpris la plupart des officiers encore au lit. Je fis un tour et m'enquis de la manière dont les choses allaient. Me rendis un peu plus tard chez le vérificateur des rôles et goûtai son excellent fromage de hure de la Jamaïque puis, à pied, à Greenwich avec Deane un moment. Il me parla de l'orgueil et de la corruption de la plupart des autres officiers de l'arsenal, et je crois qu'il dit vrai. Puis à Deptford........ Je vois que les gens commencent à me considérer à l'égal des autres. A midi Mr Waith m'invita chez lui où je dînai et vis sa femme, une jolie personne, et mangeai du bon poisson. Après dîner nous allâmes à pied à Rotherhithe et nous causâmes de plusieurs abus dans la marine. J'appris beaucoup et fus heureux de sa compagnie.
            Retour à la maison par le fleuve et au bureau où réunion jusqu'à presque 9 heures. Ensuite, après m'être occupé de mes propres affaires écrivis des lettres, etc., à la maison, souper et au lit, las et irrité de ne point trouver d'autres personnes aussi prêtes à agir que moi quand je me suis donné de la peine pour découvrir ce qui manque aux arsenaux, et ce qu'il convient de faire.


                                                                                                                 20 mars

            Levé de bonne heure, traversai le fleuve et à pied jusqu'à Deptford où je visitai l'arsenal et vis les deux vérificateurs des rôles pour les compléter par notre méthode, ce qui fut fait à la perfection. Rentré à pied à la maison je trouve ma femme au lit dans de grandes souffrances à cause de ses menstrues. Je restai dîner auprès d'elle. Ressortis ensuite, pris une barque jusqu'au quartier du Temple et dans Fleet Street m'achetai une petite épée à poignée dorée pour 23 shillings, et des bas de soie assortis au drap de mon habit de cavalier pour 15 shillings. M'achetai aussi une ceinture dans la même échoppe pour 15 shillings. Puis visitai mon frère et découvris qu'il avait une nouvelle servante, une fort jolie fille. Pourvu qu'il n'aille pas faire des sottises avec elle. Retour à la maison, rencontrai le cousin de Mr Kirton dans l'enclos de Saint-Paul et nous entrâmes dans un café où j'apprends que des protestants mécontents ont pensé attaquer Dublin par surprise, entre autres.choses semblables. Et il semble que les commissaires aient épousé avec tant de zèle le parti des papistes que les autres ne le sauraient tolérer. Hewlett et quelques autres ont été mis sous les verrous et l'on dit que le roi a commandé la dissolution du Parlement d'Irlande qui a violemment critiqué les commissaires.
            Fasse le ciel que tout cela se termine bien. Puis à la maison où arrive le capitaine Ferrer et peu après Mr Bland. Causâmes jusqu'à 9/10 heures, puis bonne nuit. Le capitaine était venu inviter ma femme au baptême de son enfant.
            Puis, ma femme étant rétablie nous passâmes la soirée agréablement avec miss Ashwell et, au lit.


                                                                                                               21 mars 1663

            Levé de bonne heure et à mon bureau. A midi, après un repas léger, me remis au travail. Peu après, comme convenu, le conseil siégea au grand complet Avec Philip Warwick et sir Robert Long, nous discutâmes des dettes de la marine et du moyen de les régler, de façon à repartir sur la base nouvelle de 200 000 livres par an, que le roi est résolu à ne point dépasser. Ensuite discussion vive avec le capitaine Holmes...... exigea le renvoi immédiat de son lieutenant de vaisseau, Cooper, ce à quoi je m'opposai, non pour le défendre...... mais afin de ne pas condamner un homme sans l'avoir entendu. Alors, un mot en appelant un autre, nous en vînmes à échanger des paroles fort violentes, ce qui me jeta dans un grand trouble............ Puis nous levâmes la séance et je retournai soucieux dans mon bureau, quoique conscient de ce que tous les officiers sont d'avis qu'il s'est conduit d'une façon tout à fait inconvenante.
            Puis écrivis du courrier, et à la maison, souper et au lit.


                                                                                                             22 mars
                                                                                               Jour du Seigneur
            Me levai de bonne heure et rédigeai, au bureau notre requête au Parlement par laquelle nous demandons à être faits juges de paix dans la Cité. Puis à la maison et à l'office où un pasteur ennuyeux et dépourvu d'invention pria pour le Très Honorable lord John Berkeley......
            A la maison pour dîner, ensuite, ma femme, moi et sa dame de compagnie en fiacre jusqu'à Westminster. Arrivés trop tôt pour le baptême, nous emmenâmes Mr Creed et sortîmes prendre l'air, nous allâmes jusqu'au-delà de Chelsea où je descendis et les laissai continuer en fiacre pendant que je me rendais à l'église, pensant voir les jeunes demoiselles de l'école, à la demande de Miss Ashwell. Mais je ne pus m'approcher et ressortis donc. Quand revint la voiture je remontai et retour à Westminster, conduisis ma femme et miss Ashwell chez le capitaine Ferrer tandis que je me rendais chez milord Sandwich avec qui je m'entretins un bon moment. J'apprends que la Cour voudrait faire avancer cette affaire de tolérance, mais le Parlement est contre. En Irlande le mécontentement est grand.
            Puis chez le capitaine Ferrer, beaucoup de belles dames et la maison joliment et bien meublée. Elle fait ses couches en grand apparat.......... Fort bonne collation. Impossible de nous en aller avant 9 heures du soir. Retour à la maison. Mon fiacre m'a coûté 7 shillings. Ensuite, prières et, au lit.
            Toute la journée, bien qu'assez joyeux, je n'ai pu chasser de mon esprit la querelle d'hier ni une crainte naturelle d'être provoqué en duel par Holmes à cause des paroles que je lui dites, quoique je n'aie rien dit qui ne convînt à un officier de mon rang.


                                                                                                           23 mars
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            Levé de bonne heure et à mon bureau. Avant midi ma femme et moi fîmes une petite collation, car nous pension sortir tous les deux. Mais arriva Mr Hunt que nous fûmes obligés de retenir à dîner.......... Après dîner il s'en alla, et ma femme, moi et miss Ashwell prîmes un fiacre, déposai ma femme chez sa mère et miss Ashwelle qui allait voir son père et sa mère, chez milord, puis me rendis à Whitehall, redoutant presque, tant j'ai peu de courage, de rencontrer le major Holmes Le Duc arriva bientôt et nous vaquâmes à nos affaires habituelles. Puis la commission de Tanger......... pour établir les règlements pour l'administration de Tanger, ce dont je ne suis guère capable, mais je suis heureux de leur être associé, car je vais m'instruire grâce à eux.
            Puis chez milord Sandwich, et qui rencontrai-je à la porte ? Le major Holmes. Il voulut se retirer mais je lui dis que je ne voulais point gâcher sa visite et voulus partir. Nonobstant nous engageâmes la conversation et il me demanda, en quelque sorte, de l'excuser pour les paroles violentes qu'il avait prononcer l'autre jour dans sa colère, ce que j'étais fort disposé à accepter.......
 Retournai en fiacre à la maison où je trouve Will Howe, qui vient de rentrer aujourd'hui, avec ma  femme. Il passa la nuit chez nous et nous veillâmes tard à chanter des chansons puis, lui et moi dormîmes ensemble dans le lit de Miss Ashwell, et elle avec ma femme. C'est la première fois que je couche dans cette chambre.
            Aujourd'hui Greatorex m'a apporté un fort joli thermomètre.


                                                                                                                  24 mars

            Resté au lit assez tard, c'est-à-dire jusqu'à six heures sonnées. Lever puis fort joli moment passé avec Mr Howe. Il s'en alla après le déjeuner et je me rendis à mon bureau. Un peu plus tard, avec Mr Mennes au bureau des subsistances rencontrer plusieurs personnes pour examiner la manière de présenter les demandes d'argent que certains doivent adresser au roi.
            Nous visitâmes leur fournil et tous leurs fours, le biscuit, de surcroît est bon, je n'en jamais mangé de meilleur.
            Nous repartîmes ensuite vers le bureau, nous arrêtant en chemin chez Brown, le fabricant d'instruments de mathématiques, dans les Minories, avec l'intention d'acheter une règle de White pour mesurer le bois, mais ne parvînmes pas à nous accorder sur le prix. Puis à la maison pour dîner, et à mon bureau. Réunion, nous jugeâmes l'affaire de Cooper contre le capitaine Holmes. Mais il m'apparaît que Cooper est un ivrogne querelleur quoiqu'il connaisse bien son métier, je suis donc content qu'il soit renvoyé. Je n'ai vu aucune raison de m'y opposer bien que je sache les raisons de ce que l'on a fait contre lui, une grande jalousie et beaucoup d'orgueil.
            La réunion se termina bientôt et, après avoir écrit des lettres, etc., à la maison, souper, et au lit.


                                                                                                                        25 mars
picturalissime.com                                                                             Annonciation
Jan Vermeer la jeune fille Endormie            Me levai de bonne heure et à mon bureau. A midi dîner et à la Bourse, puis à la taverne du Soleil pour voir Mr Ruterford, dînai avec lui et quelques officiers de sa compagnie, des gentilshommes écossais fort instruits et à la conversation agréable. Milord me traita avec grand respect et me parla de ses affaires comme à une personne possédant son estime......... Il s'en alla peu après en oubliant de me saluer, car je m'étais retourner pour observer la volière qui est fort jolie et les oiseaux commencent à bien chanter.
             A la maison et à mon bureau jusqu'à ce soir à lire et à consulter le livre concernant l'échelle des nombres et à étudier la règle que j'ai achetée ce matin à Brown, ce qui me produit beaucoup de plaisir.
            Ce visite du capitaine Grove à propos de vaisseaux à affréter pour Tanger. Je lui ai laissé entendre que j'aimerais tirer un profit légitime de ce marché et il m'en fait la promesse. Il m'informera de tout ce qu'il obtiendra et j'en recevrai une part, ce que je n'avais pas demandé mais à quoi je consentis en silence, ainsi que de l'argent. Je vois que cette affaire va me rapporter quelque chose.
            Après le passage de Mr Bland à mon bureau jusqu'à une heure avancée, à la maison et au lit.
            Comme c'était aujourd'hui jour de lessive et que ma servante était malade, ou voudrait nous le faire croire, ma maison est dans un tel désordre que tout ou presque n'y est que source de déplaisir. Ma femme est tourmentée de ne pas avoir une bonne cuisinière, en outre je ne peux donner mon dîner en souvenir de mon opération de la pierre demain comme je le devrais. Mais je le ferai dans un jour ou deux.


                                                                                                                      26 mars

            Levé de bonne heure et à mon bureau, laissé ma femme au lit prendre sa médecine, je suis moi-même assez souffrant aujourd'hui par la faute d'un rhume à cause de la température passée du chaud au froid.
            Il y a cinq ans ce jour qu'il plut à Dieu de me conserver la vie quand je fus opéré de la maladie de la pierre, depuis lors, le Seigneur soit loué ! je vais bien à tous égards, si ce n'est que de temps en temps, quand je prends froid, je ressens quelque douleur, mais cela mis à part je suis toujours en excellente santé. Mais je n'ai pu aujourd'hui donné mon festin comme à l'accoutumée en raison de l'indisposition de ma femme et d'autres dérangements.....
            Ce matin est arrivée une nouvelle cuisinière à 4 livres par an, c'est la première fois que je donne autant, mais nous espérons bien que nous ne perdrons pas à employer une bonne cuisinière. Elle était auparavant chez milord Monck. Et en effet pour dîner elle apprêta ce que nous avions de belle façon, ce qui me fit grand plaisir.
            Ce matin mon oncle Thomas vint me voir, conformément à notre arrangement et je lui payai les 50 livres, dont je me séparai à regret, mais il me faut pourtant faire contre mauvaise fortune bon coeur. Je le traitai fort gentiment et souhaitai poursuivre de cette manière, l'esprit libre de tout mécontentement au sujet de mes terres, afin de pouvoir d'autant mieux me consacrer à mon travail.
                  Je le retrouvai à la Bourse car je désirais rencontrer mon oncle Wight pour faire la paix, je crains un différend entre nous à cause de ma longue absence, mais il n'était pas là et je ne pus le voir. . Travaillai en réunion tout l'après-midi, jusqu'à 9 ou 10 heures du soir, puis expédiai quelques affaires, à la maison, souper et au lit.
            Ma servante Susan est partie aujourd'hui pour que je puisse mettre ma nouvelle servante à sa place. Je lui ai donné quelque chose pour se permettre de se loger et de se nourrir ailleurs quelque temps.


                                                                                                                          27 mars

            Levé de bonne heure et à mon bureau toute la matinée. A midi à la Bourse où retrouvai mon oncle Thomas et Wight, les accompagnai à une taverne et là remis à mon oncle Wight trois pièces d'or pour lui, ma tante et leur fils qui est mort, léguées par mon oncle Robert et relus l'accord entre nous et mon oncle Thomas et l'inventaire de nos dettes et de nos legs. Et nous voici tous, je le crois, redevenus bons amis, mais c'est mon père et moi qui faisons la moins bonne affaire, avec tout cet argent qu'il a fallu payer.
            Je retournai à la Bourse et de là avec Creed dans Fleet Street.........  dînâmes tous deux en dépit de l'heure tardive aux Colonnes d'Hercule. Repartîmes avec un ami du capitaine Ferrer que je voyais autrefois au théâtre. Ils auraient voulu aller dans quelque maison de jeu, mais je refusai et nous nous séparâmes. Je passai quelque temps dans l'enclos de Saint-Paul dans la boutique de livres étrangers à feuilleter des ouvrages espagnols et ne parvins qu'à grand-peine à me retenir d'y dépenser de l'argent, tout comme j'avais dû me forcer avec mes deux compagnons, car l'envie ne me manquait pas d'aller dans une maison de dissipation avec eux. Je rentrai à la maison, et après un peu de temps à mon bureau, à la maison, souper et au lit.


                                                                                                                      28 mars 1663
                                                                                                                       
            Levé de bonne heure et à mon bureau. Dînai à la maison avec Creed, et bien que la journée fut très froide et le vent violent je l'emmenai par la route à Deptford, ma promenade habituelle où j'expédiai quelques affaires. Retour à la maison à pied, en zigzaguant, empruntant les rues le plus possible pour nous éviter de prendre une barque.
            A la maison et après avoir écouté un moment miss Ashwell jouer du virginal, à mon bureau où je restai tard et écrivis une lettre de remontrance à mon pauvre père qui est fort réticent à me présenter ses comptes. Je voudrais qu'il le fît, afin de savoir ce qu'il dépense et comment gérer notre bien de façon à payer dettes et legs, dans la mesure du possible. Rentrai tard à la maison, souper et au lit.


                                                                                                                              29 mars
                                                                                                            Jour du Seigneur
            M'éveillai comme à l'accoutumée de bonne heure mais, comme c'était dimanche et qu'il faisait très froid, je fis la grasse matinée, d'autant plus qu'il neigeait et pleuvait très fort, ce que je n'aurais pas cru possible encore cette année.
            Lever et à l'office. Rentrai dîner à la maison. Après dîner arrive Mr Moore qui causa un bon moment avec nous.............
            Après son départ montai dans mon cabinet de travail où avec ma femme et miss Ashwell nous passâmes tout l'après-midi à causer et à rire. Plus tard allai un peu à mon bureau pour lire certains papiers que j'ai trouvés dans la commode de mon domestique William..........
            Puis à la maison et m'attelai à mes comptes du mois, laissant la maisonnée aller se coucher après les prières. Je veillai tard et découvris, je crois, que je suis à la tête de 670 livres. Puis au lit, le coeur léger voyant que j'arrondis ma fortune chaque mois, même si ce n'est que de peu. Fasse le Seigneur que cela continue ainsi !


                                                                                                               30 mars 1663

            Levé de bonne heure et vois que mon thermomètre est redescendu exactement à son niveau d'hier soir avant que je ne fisse faire du feu dans ma chambre, ce qui l'avait fait monter en deux heures de plus d'un demi-degré. Puis à mon bureau où je demeurai toute la matinée, et aussi à la verrerie, après dîner en voiture avec sir William Penn. J'emmenai ma femme et sa dame de compagnie à Westminster pour visiter Mrs Ferrer et Mrs Clarke, tandis que nous nous rendions chez le Duc où nous vaquâmes à nos affaires habituelles, ensuite à la commission de Tanger où, entre autres, nous signâmes et scellâmes tous le contrat pour la construction du môle........  chose que je fis de fort mauvais gré car c'est une affaire à laquelle je n'ai rien compris non plus que la grande majorité des membres du conseil..........
            Puis je fus voir milord Sandwich que je trouve fort gai et chaque jour en meilleure santé. Puis retrouvai ma femme qui m'attendait chez milord et la ramenai en fiacre à la maison où pas plus tôt arrivé je me mis au lit, car je souffrais exactement de la même affection qu'il y a peu, à cause du temps glacial, les pores bouchés et de ce fait le corps tout enflammé et me causant fort démangeaisons. Je restai bien au chaud et me fis suer.


                                                                                                                        31 mars 1663


            " modérément de sorte que je me sentis un peu mieux le lendemain. Dans le même dessein je fis la grasse matinée, parlai avec ma femme de mon père que j'attends aujourd'hui, car il doit venir avec les chevaux que l'on amène à milord.
            Levé et à mon bureau, travail toute la matinée, puis chez sir William Batten où vinrent Mr Gauden et beaucoup d'autres pour le travail.
            A la maison pour dîner et arriva Mr William Joyce, qui est toujours le même, un bavard et un impertinent.
            Retour au bureau où j'appris que mesdames Clarke, Pearse et d'autres avaient rendu visite à ma femme. J'entrai leur tenir compagnie un petit moment, puis retour au bureau où je restai tard, puis à la maison, souper, et au lit.


                                                                à suivre...............

                                                                                          1er avril 1663
                     
       
   .










mardi 30 octobre 2018

La chienne en gésine Phèdre ( Poèmes France )


fauneetflore.haplosciences.com







                   



                                      La chienne en gésine

            Elles sont pleines de pièges, les caresses des méchants,
            Et c'est à les éviter que nous instruisent ces vers.                                                                                                                                                                                                                          
            Une chienne en gésine qui avait demandé...
            ..................................................( à une autre )
            A mettre bas sa portée dans la cabane de l'autre,                                       
            Parvint sans peine à ses fins ; puis quand l'autre réclama
            La place, elle supplia, implorant un court délai                                     *
            Jusqu'à pouvoir emmener ses chiots plus robustes.
            Ce nouveau délai passé, l'autre se mit, de plus belle,
            A réclamer son logis. " Si, face à moi et ma horde,
            Tu peux résister, dit-elle, je te céderai la place. "     

                                                                       
         *  husky-desneigesdudragon.com                 
                               
                                           Phèdre 
                                                ( env. 7 avt J.C. - env. 50 ap. J.C. )
                                                                                                                           
                                                                                                                
                                Canis Parturiens

            Habent insidias hominis blanditiae mali,
            quas ut vitemus versus subjecti monent.

            Canis parturiens cum rogasset....
            .........................................alteram
            ut fetum in ejus tugurio deponeret
            facile impetravit ; dein reposcenti locum
           pieces admovit, tempus exorans breve,
           dum firmiores posset catulos ducere.
           Hoc quoque consumpto flagitari validius
           cubite coepit. " Si mihi et turbae meae
           par - inquit - esse potueris, cedam loco ".


                                                      Phaedrus
                                                              
                                                             ( trad. voir La femme en travail )

lundi 29 octobre 2018

Janet Michelle Fitoussi ( Biographie France )

Janet
              fr.fnac.be

                                                        Janet

            Janet Flanner née en 1892 à Indianapolis est, presque, une héroïne. Son père dirige une entreprise de Pompes funèbres, sa mère guère attirée par son mari n'a qu'une passion, les mots et surtout le théâtre. Impossible de devenir comédienne à cette époque, dans une famille Quaker, mais elle vivra son art en amateur et surtout avec l'espoir que sa fille cadette Janet deviendra cette artiste qu'elle ne peut être. De fait, enfant, Janet souhaita " écrire des livres ". Elle écrivit des articles qu'elle envoya régulièrement presque depuis la création au journal mythique le New Yorker , sous différentes directions mais surtout de Shawn qui voua sa vie à l'hebdomadaire, son pseudonyme, Genêt. Après un premier voyage avec ses parents et ses soeurs en Europe peu avant le krach de 1928, charmée par la vie parisienne, de retour aux EtatsUnis elle n'a de cesse de quitter Indianapolis. A près des débuts un peu difficiles elle réussit à s'imposer comme correspondante du NewYorker, à Paris, d'où elle envoya ses Lettres d'une Américaine à Paris, et de multiples portraits, de Gaule, Léon Blum. Dans les années de guerre elle s'intéresse à la politique comme observatrice. Dès son arrivée à Paris son orientation sexuelle s'est affirmée et elle vit avec ses différentes amies, sans tabou, comme Adrienne Monnier, Alice Toklas et d'autres avec leurs partenaires féminines. Mais leurs amis s'appellent Hemingway, Hem pour les amis lui-même toujours sur les routes, vers l'Espagne, et entre deux épouses, Scott Fitzgérald et d'autres grands noms installés dans la capitale, formant une joyeuse colonie américaine. Janet habite de longues années dans un hôtel à Saint-Germain-des-Prés, puis ailleurs, au Ritz, jamais dans un appartement, à l'exception de ses dernières années où fatiguée, amoindrie elle s'installe dans l'appartement acheté avec sa dernière compagne, Natalia, à NewYork sur Park Avenue. Natalia très jalouse, possessive s'occupe de Genêt-Janet jusqu'à la fin en 1978
En France elle observe la vie, les habitants, vit sous trois Républiques, de la 3è à la 5è. Voyage sans cesse à travers l'Europe, "..... Rebelle géographique...... ". Couronnée de divers prix, elle reçoit l'un d'eux d'un jeune gouverneur du Massachusetts, John Kennedy, participe, les dernières années à des émissions de télévision, l'assistante de l'une d'elles aux EtatsUnis, le 60 mn se nomme Christine Ockrent. Janet Flanner écrivait avec beaucoup de difficultés, jamais sûre de son travail pourtant tant apprécié. La personnalité très attachante de la journaliste américaine, si parisienne, retient le lecteur. Aucun fait marquant, mais des sentiments, jalousies de femmes, infidélités, amours détruites, boissons et cigarettes. Michelle Fitoussi sous la coupe de Janet Flanner transmet la passion de la journaliste qui a si bien jouée son rôle de passeuse d'idées, d'informations durant près de soixante ans et sa biographie se lit sous le charme d'une époque où la presse se lisait avec passion. 
            " Elle n'était pas Ernest Hemingway, ni Scott Fitzgerald, ne serait jamais Henry James, ni Edith Wharton. Mais comme une artiste fière de son savoir-faire, elle avait tracé sa route et s'était bonifiée. " Donnez-moi juste une plume et un encrier, et j'y vais ", disait-elle. "
            En 1966 elle reçoit le National Book Award et dans son discours ".....  écrire de la bonne prose. C'est une étrange profession et cela vous donne une vie bizarre........ L'écrivain est                toujours.....down and up, up and down, avait-elle déclaré. " Ses lettres ont été rassemblées dans deux volumes.

            

vendredi 26 octobre 2018

La femme en travail Phèdre ( Poèmes France )



severinest.free.fr



                            La Femme en travail

            Nul n'aime à retourner au lieu de sa blessure.

            Près d'enfanter, une femme, au terme de ses mois,
            Gisait à terre et poussait plaintes et gémissements.
            Le mari lui conseilla de s'étendre sur le lit
            Pour y déposer au mieux le fardeau de la nature.
            " Non, dit-elle, je ne crois pas que mon mal puisse finir
              Dans le lieu où fut conçu son commencement."


                                    Phèdre

                      ( traduction Jean-Louis Vallin )


                                   Mulier Parturiens

            Nemo libenter recolit qui laesit locum.

            Instante partu mulier actis mensibus

            humi jacebat flebilis gemitus ciens.
            Vir est hortatus corpus lecto reciperet,
             onus naturae melius quo deponeret
             " Minime,inquit illo posse confido loco
             malum finiri quo conceptum est initium. "


                                                             Phaedrus
                                                              
                                                             ( trad. voir La femme en travail )