samedi 20 octobre 2018

Le train d'Erlingen Boualem Salnsal ( Roman France ) .



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                                      Le train d'Erlingen
                                                    ou
                                  La métamorphose de Dieu

            Boualem Sensal est un écrivain, une écriture tout d'abord ce qui est frappant dans ce livre où plusieurs personnages donnent leurs sentiments. Lorsque la mère écrit à sa fille Hannah qui vit à Londres et plus loin lorsque cette dernière répond, nous les ressentons comme telles, c'est tout au moins sous le joug de ces deux écritures entre autres que je me suis enfouie dans le roman. La mère se croit parfois richissime héritière d'un arrière-grand-père né en Allemagne et qui partit parmi les 6 ou 8 millions d'Allemands et d'Européens vers la terre espérée bonne, les EtatsUnis. Pour lui elle le fut, et Erlingen, petite ville, douce heureuse appartient en partie à la famille. Mais un jour les habitants apprennent que des envahisseurs, sans nom mais que chacun imagine arrivent aux portes de la ville. Le maire d'une localité proche incite les habitants d'Erlingen, à se soumettre. Soumission à leurs nouvelles lois ou départ, déportation, de la population. Un train d'Erlingen de six wagons ne pourra transporter qu'une petite partie de la population, en comptant 1 mètre carré pour 5 personnes et les enfants dans le porte-bagages. Illustration de ce qui fut en d'autres temps. Mais roman dans le roman, La mère d'Hannah est en fait retraitée de l'Education Nationale, professeur de lettres et, à la suite de l'attentat au Bataclan, du 9-3 où elle habite, du côté pavillon, elle descend à Paris, participe à la manifestation de soutien, avec un couple de gardiens amis proches. Au retour dans un wagon de métro de République à Gare du Nord, une altercation, des mots échangés avec des jeunes hommes vêtus selon la mode des hommes qui ont pris le pouvoir dans les banlieues comme le dénonce l'auteur, le professeur ne se soumet pas, elle reçoit des coups, elle tombe sur la voie, blessée mais pas morte, et surtout pas soumise à ceux pour qui "...... le monde est en marche vers un nouveau royaume. Les Serviteurs qui se proclament uniques serviteurs de la volonté divine....... L'homme se soumettra et n'aura nul besoin de savoir à qui et à quel prix....... " Choquée outre les blessures, le professeur de français divague et se croit allemande et protectrice de villageois prêts à se soumettre. En vérité  la mère retrouve parfois sa personnalité d'enseignante. Les habitants de la Zone verte peuvent lire sur les murs de la Zone aride " ..... La Cité vaincra par et pour Dieu, taguée....... jusque sur nos volets, que personne n'ose enlever, car effacer le nom de Dieu est une autre lourde erreur...... bisbilles entre porcs contre moutons...... " Réflexions d'Hannah qui poursuit "....... Oui, bon, je le dis quand même, la nouveauté, me semble-t-il, c'est - la métamorphose de Dieu lui-même - Dieu n'est plus Dieu, le Dieu de l'univers et des êtres vivants, il est seulement le Dieu des serviteurs......... " Et Thoreau cité en tête d'un des derniers chapitres " A quoi bon avoir une maison si l'on n'a pas de planète acceptable où la mettre. " L'auteur grand admirateur de H.D. Thoreau ermite dans une forêt durant deux ans
"........... repenser notre rapport à l'Etat, au Marché, à la Religion, à la Nature. Ces quatre piliers....... rongés qu'ils sont par un mal surpuissant : le cancer du béton....... la bougeotte massacreuse....... le tournis obsessionnel compulsif des chefs......... le trop-plein des milliardaires, etc.. Tout pousse dans le même sens : la fin. " Comme toujours chacun aura sa lecture mais pour terminer ce très bon livre,  style, écriture faciles et agréables de l'ouvrage assez court. "....... Il n'est rien que nous puissions faire pour les ignorants et les naïfs, ils meurent chaque jour de leur penchant à prendre des bobards gratuits pour des annonces légales. "



           
                                      

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