mercredi 28 septembre 2022

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 159 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                               16 Février 1666

            Levé de bonne heure et à la Bourse comme convenu. Rencontrai les Houblon, les fis monter dans ma voiture et les emmenai jusqu'à Charing Cross où ils rendirent visite au colonel Norwood, afin de voir comment s'accorder avec lui. En cours de route je leur avais conseillé de ne le point brusquer, car il peut à l'avenir nous rendre service. Et il y a des chances pour qu'eux et moi nous entendions fort utilement.
            Vais chez milord Sandwich. Parlai avec lui en tête à tête de ses affaires et particulièrement de ses prises de guerre. Je le trouve las à ce propos de tous ces tracas. Il renonce à s'en occuper activement pour laisser les choses suivre leur cours, quoi qu'il arrive, le roi le tenant quitte du partage effectué. Pour le reste il tient qu'on ne pourra prouver qu'il possède quoi que ce soit de plus.
            Allé à l'Echiquier et ensuite, en voiture, à la Bourse accompagné de Mr Moore qui me narre de très étonnants incidents qui témoignent de l'imprudence de milord dans le gouvernement de sa famille, de sa négligence, etc.Ce qui me tracasse, mais je me réjouis de tout mon coeur de m'être débarrassé de cette caution de 1 000 £, car ce m'eût été un coup cruel. Allé avec Moore au café, ma première visite en ce lieu qui est comble. Il semble qu'il y ait eu du monde tout le temps de la peste. Puis à la Bourse, puis rentré chez moi, depuis l'épidémie. Après dîner, mise au net avec lui des comptes que j'ai avec milord, mis de la sorte tout en ordre jusqu'à ce jour. Puis au bureau. Sorti avec sir William Warren afin de converser avec lui jusqu'à Whitehall, pensant causer avec sir William Coventry, mais ne le pus, et voir la reine, mais elle ne sera que ce soir à Hampton Court.
            Retour à mon bureau où je reste tard, puis rentré chez moi souper et, au lit.
            < Me promenai un bon moment ce soir dans le jardin avec Mr Hayter, discutai d'un mari pour ma sœur, faisant le compte de tous nos commis qui travaillent auprès de nous. Aucun, pense Mr Hayter, ne convient à sa personne ni à sa dot. Au bout du compte ai pensé au jeune Gauden, et y repenserai. >


                                                                                                                         17 février

            Levé et allai au bureau où je travaillai toute la matinée. Dînai tard puis retour au bureau où je travaillai jusqu'à plus de minuit, puis rentrai chez moi, souper et, au lit.
            Nous apprenons que sir Jeremy Smith et sa flotte sont en sûreté à Cadix.


                                                                                                                           18 février              
                                                                                                            Jour du Seigneur
            Grasse matinée, eus plaisir à converser avec ma femme. Entre autre; de la venue de Pall, car il lui faut venir un peu ici pour apprendre le bon air des choses, et ma femme a l'intention de l'aller quérir, ce que je ne suis pas sans approuver. Puis me levai et à mon cabinet de travail régler diverses choses. A midi mon oncle Wight vient dîner, et amène Mrs Wight. Triste compagnie pour moi dont je retirai peu d'agrément, seulement il me faut témoigner du respect à mon oncle. Après leur départ, comme c'était une belle journée, je fus à pied à Whitehall où la reine et les dames de la Cour sont toutes arrivées. J'en pus voir quelques-unes mais point la reine, ni aucune des grandes beautés. Je tentai de voir milord Hinchingbrooke, arrivé hier en ville, mais en vain. 
            Rencontrai Creed et fîmes un ou deux tours dans le parc, sans grand contentement, car je me suis mis en tête maintenant de gagner de l'argent, je ne puis donc plus être à mon aise avec lui comme je le fus. De plus on raconte sur son compte une étrange histoire, tenue pour fort véridique : il aurait à Oxford tenté de coucher avec une femme qui n'aurait dû son salut qu'à ses clameurs. La chose étant publique j'en conçois quelque haine envers lui.
            Montai en voiture, m'arrêtant en chemin chez mon libraire pour prendre un livre écrit il y a une vingtaine d'années et prophétisant ce qui se passait cette année, en 1666. Année dont le livre explique qu'elle porte la marque de la Bête. Retour à la maison, me mis à lire, souper et, au lit.


                                                                                                                                          19 février

            Levé et en voiture chez milord Sandwich, mais il était sorti. A Whitehall où je présentai mes respects au duc d'York en compagnie de quelques autres de nos collègues. Puis retour chez milord pou voir milord Hinchingbrooke. Le vis donc et ne suis pas peu décontenancé, moi qui, sur la foi de ce que d'autres m'avaient dit, fondais sur lui de grands espoirs. C'est, il est vrai, un agréable gentilhomme mais, à ce qu'il me semble, je n'ai rien découvert en lui qui correspondît à ce que j'attendais, tant en fait d'apparence physique que de conversation. Mais il faudra que je le mette encore à l'épreuve avant de le trop censurer. Puis à l'Echiquier où je passe de bureau en bureau, afin que l'on se mette au travail en cette affaire de tailles me concernant. Passe la matinée entière.                    wikimedia.org  
            A midi à l'enclos de Saint-Paul chez mon libraire, commandai quelques volumes supplémentaires, pour que la somme de mes achats récents se monte à 10 livres........ De là rapportai deux livres d'Ogilby, son Esope et son Couronnement qui m'échurent dans sa loterie. J'en eus pour 4 £ en plus de la reliure. Puis à la maison
            Je vois que ma femme est sortie et est allée chez Hayls, son peintre. Après un rapide dîner je la suis et là le trouve au travail. Je suis bien aise de voir que ce sera un superbe tableau. La laissai chez Hayls et m'en fus chez milord le trésorier général où je rencontrai sir George Carteret et sir John Mennes. En présence de milord le trésorier général et du duc d'Albemarle, on exposa l'état de nos dettes relatives à la marine qui sont fort importantes. On affirma ouvertement qu'ils manquaient d'argent pour en répondre, car il n'y a que 1 500 000 de livres pour faire face aux dépenses inévitables et à une dette de 2 300 000 £. 
            Avec Fenn fus à pied à Whitehall où vs la reine qui jouait aux cartes avec maintes dames, mais il n'y avait là aucune de nos beautés. Ce fut un plaisir pour moi de voir la reine en si bon état, avec un tel air de joliesse, et elle me paraît avoir plus de vigueur qu'elle n'en eut ces derniers temps, car on avoue de toutes parts qu'elle a fait récemment une fausse-couche. Le Dr Clarke me disait hier à Whitehall qu'il avait eu entre les mains les membranes et autres matières qu'elle avait évacuées, et qu'elles étaient parfaitement conformes à celles d'une femme qui attend un enfant
            Espérant trouver milord Sandwich, partis en voiture chez milord le chancelier, mais le manquai. Et donc retour au bureau, puis souper, mon journal et, au lit.


                                                                                                                                      20 février

                Levé et allai au bureau Où, parmi d'autres affaires, le projet de Mr Evelyn relatif à des hôpitaux publics fut lu et accepté en sa présence. Et à midi je l'amenai avec moi à la maison pour le dîner, désireux de rester en relation avec lui, et il m'apparaît encore comme un homme d'excellent caractère, et fort sage. Après dîner je l'emmenai en voiture à Whitehall et nous nous séparâmes. Je m'en fus chez milord Sandwich, et là, entrant précipitamment dans la sale à manger, je trouvai le capitaine Ferrer sur le point de baptiser un enfant à lui né hier. J'arrivai à point nommé pour être parrain avec milord Hinchington et de Mrs Pearse, ma valentine ce qui, pour cette raison, m'agréa fort, encore que je sois un peu contrarié de me voir ainsi assailli par les gens et contraint de dépenser mon argent à savoir, Mrs Pearse comme valentine, la petite Mrs Tooker arrivée chez moi aujourd'hui de Greenwich et qui me coûtera 20 shillings, ma femme sortant avec elle cet après- midi, et maintenant ce baptême.
            Quoiqu'il en soit voilà qu'on apporte tantôt l'enfant, qu'on baptise du nom de Katharine. Et moi aujourd'hui, en cette occasion, de boire un verre de vin, ce que je n'avais censément fait depuis deux ans, si ce n'est un petit peu à l'époque de l'épidémie. Cela étant fait, après avoir embrassé la mère alitée,  vais à la Grand-Salle et apprends l'arrivée à Londres de Mrs Lane. Aussi restai-je à musarder en l'attendant. Elle arrive bientôt et nous décidâmes de nous retrouver chez Swayn. M'y rendis et elle arriva, mais ne restâmes que peu de temps, l'endroit étant trop public. Je ne l'ai pas vue depuis avant la peste. Quittâmes ces lieux et rencontrai à son dernier logis et là même hazer ce que je tend envie para faire con elle. Pour finir elle souhaita m'emprunter de l'argent, 5 livres, et voulut me laisser de l'or en gage, ce que j'acceptai, promettant de lui remettre l'argent dans un jour ou deux. 
            Retour au bureau, puis chez moi. La petite Mrs Tooker passa la nuit avec nous, belle enfant qui se trouve être la nièce de ma beauté qui est morte et qui vivait à la taverne du Vaurien à Cheapside. Puis au lit, un peu tracassé d'avoir été cet après-midi avec Mrs Lane en deux maisons naguère fermées pour cause de peste.


                                                                                                                               21 février

            Levé et avec sir John Mennes à Whitehall, dans sa voiture, causant en chemin de mon frère John et de la façon de lui obtenir une place dans l'Eglise, ce à quoi je vais maintenant m'employer, car il va bientôt devenir maître ès arts, et qu'il m'a écrit cette semaine une lettre en latin m'apprenant qu'il va entrer dans les ordres ce carême.
            A Whitehall vais à la chambre du Duc où je trouve mes collègues s'entretenant de nos affaires, aussi fus-je marri de mon retard, mais nul dommage ne s'en suivit. Là le Duc, entre autres, présenta un livre très ancien, traitant de certaines coutumes de la marine il y a une centaine d'années. Il nous le prêta pour que nous le lisions.
            Allai à l'Echiquier où je fis mes tailles de Tanger pour un terme et les rapportai avec moi à la maison. Puis à Trinihambty House où j'étais invité à un banquet des frères aînés et rencontrai Mr Prynne. Eûmes une conversation intéressante à propos des privilèges du Parlement, dont il dit que peu concernent la Chambre des communes, et encore n'est-ce pas à celle-ci qu'il revient d'en connaître, mais à la seule Chambre des lords.
            A Gresham College avec milord Brouncker. C'était la première fois que je m'y rendais depuis l'épidémie, et la deuxième qu'il y avait une réunion. Entendîmes une belle conférence de Mr Hooke au sujet de la fabrication du feutre, très intéressant. Peu après, seul avec moi, milord m'entretint de l'art de dessiner à l'aide de la règle et de la machine du prince Rupert ainsi qu'avec celle du Dr Wren. Mais il tient que rien n'est aussi efficace que le quadrillage ni, ce qui est mieux, que la chambre noire. Ce qui m'agréa au plus haut point.
            Retour chez moi avec Povey. Fis mes comptes avec lui jusqu'à une heure tardive, chose qui me fut fort à charge. A son départ vis Mr Hill en bas. Nous restâmes longtemps à causer, puis il s'en fut et nous allâmes, au lit.


 hackneygazette.co.uk                                                                                                           22 février 1666

      Levé puis au bureau, siégeai toute la matinée. A midi rentré déjeuner puis en voiture avec ma femme pour prendre l'air, surtout pour elle. Je m'arrêtai seul chez Hayls. Là, au plus haut point, m'agrée le portrait de ma femme, ainsi que celui de Mr Hill. Maintenant que le visage est fini je dois avouer qu'il m'agréait tout autant lorsque j'assistai à la deuxième séance de pose. 
            Chez milord Sandwich, mais il n'est point là et part demain. Ma femme chez Mrs Hunt arrivée récemment à Londres et a acquis un prodigieux embonpoint. Je l'y allai quérir, puis retour, resté tard au bureau, rentré chez moi, souper et, au lit.
            Nous nous tracassons fort de ce que le nombre de morts pour maladie en général, alors que la ville est tellement pleine, ait cru de 3 tandis que pour la seule peste l'augmentation soit de 10.


                                                                                                               23 février 1666

            Levé de bonne heure et sorti à 6 heures, allai à pied avec Will Howe chez milord Sandwich qui a bien passé la nuit dernière dans sa maison de Lincoln's Inn Fields. Il fait bon aller à pied le matin et les rues sont derechef pleines de gens venus prendre congé de milord qui, aujourd'hui, quitte Londres pour son ambassade en Espagne. Et je me réjouis de voir arriver sir William Coventry, bien que je sache qu'il ne s'agit que d'une politesse. Je m'entretins longuement avec milord, il me dit à quel point il quitte le roi en bonne intelligence, quel long entretien il eut l'autre jour avec lui, qu'il a souhaité que l'affaire des prises de guerre fut examinée avant son départ, que le roi a accepté, et que milords les membres de la commission des prises de guerre ont blâmé les informateurs pour ce qui touchait milord, ce dont je me réjouis à plus d'un titre. Cette conversation n'en finissait pas, aussi promis-je de lui présenter mes respects à Cranborne, et pris congé.
            Chez Mr Hayls, avec Mr Hill et deux des Houblon, vis le portrait de ma femme qui m'agrée fort, mais point autant celui de Mr Hill, il s'en faut de beaucoup, qu'avant son achèvement, ce qui me tracassa, et je commence à me demander si le portrait de milady Petre, dont ma femme a pris la pose pour le sien, et qui est un excellent portrait, est bien de sa main, tant il semble l'oeuvre d'un maître.
            Je les dépose à la Bourse et retourne au bureau. A midi dînai chez moi et retour au bureau. Arrive tantôt Mrs Knepp pour voir ma femme qui est sortie, aussi suis-je contraint de m'occuper d'elle. Je la pris avec moi en voiture pour aller chercher ma femme chez Mrs Pearse et Mrs Unthank, mais ne la trouve point. Retour puis arrive ma femme qui faisait des achats. Et chez moi je passai toute la soirée à parler à cette coquine, lui enseignant mon chant " Beauté éloignez-vous ", qu'elle chante d'une manière exquise. Elle me divertit aussi en répétant de nombreuses parties qu'elle-même ou d'autres chantent au théâtre, ce qu'elle fait excellement. Et de me parler en détail des usages du théâtre et des acteurs. Elle est à tous égards d'un commerce agréable. Puis je soupai et m'égayai chez moi toute la soirée, d'autant plus que c'était mon anniversaire, 33 ans. Dieu soit loué que ma santé soit aussi bonne, ainsi que ma situation , et tout le reste..... Puis Mrs Knepp va coucher chez Mrs Turner, et nous allons au lit, trouvant fort agréable que mon état me permette d'avoir tous ces gens autour de moi, d'être en mesure de les recevoir et d'avoir le plaisir de goûter leurs qualités. Et nul ne peut espérer davantage.


                                                                                                                        24 février

            Toute la matinée au bureau, jusqu'à plus de 3 heures. Retour chez moi où je mange un morceau, seul ma femme étant sortie. Parti en voiture avec Mr Hill qui m'attendait pour parler de travail. Chez Hayls où je trouve ma femme et sa dame de compagnie, ainsi que Mrs Pearse et Mrs Knepp, et de chanter et de m'égayer fort. Je ressentis de la joie, encore que fusse contrarié de voir que le portrait de ma femme est moins bon que je ne m'y attendais, mais cela tenait au fait qu'il eût fini une partie du visage et point l'autre...... Chez Hayls nous prîmes de la bière et des gâteaux. Force gaieté et nous chantâmes mon chant, qu'elle chante désormais à la perfection, ce qui m'emplit- de fierté. 
            Laissai ma femme rentrer avec Mrs Pearse tandis que je retournai au bureau jusque fort tard puis, au lit, après m'être préparé pour le voyage de demain.


                                                                                                                          25 février
                                                                                                         Jour du Seigneur
            Ma femme debout entre 3 et 4 heures du matin pour s'habiller, et moi autour de 5 heures, et nous étions tous prêts à monter à voiture, avec Mrs Mercer, peu après. Mais nous fûmes contrariés, le carrosse n'arrivant pas avant 6 heures. Puis avec notre carrosse à quatre chevaux que je louai pour la circonstance, et avec Lashmore qui chevauchait à nos côtés, traversons la Cité, le temps étant clair. Gagnons Brentford puis Windsor, le capitaine Ferrer nous rejoignant à Kensington, et là nous bûmes, et ensuite sans arrêt jusqu'à Cranborne où nous arrivons vers 11 heures. Nous trouvons milord et ces dames écoutant un sermon dans la maison. Le sermon terminé, allâmes jusqu'à eux, et toute la compagnie se réjouit de nous voir, et avec force gaieté passons à table pour le dîner. Il y avait lord Hinchingbrooke et Mr Sidney...... milady Jemima et lady Slaning. Après le dîner conversation où l'on soutient le pour et le contre, promenade dans le parc, milord seul avec moi.  Nous devisons des sujets :
            En 1er il laisse son affaire de prises de guerre dans un état qui lui est aussi favorable que possible, s'étant disculpé devant la commission sur l'ordre du roi..... Il part, me dit-il, entièrement assuré de la faveur du roi. Je désirai connaître auquel de ses amis je pouvais faire confiance. Il me dit que bien qu'il ne soit point encore en Angleterre mais reste cet été en Irlande, milord Orrery est presque un père pour lui. Il me dit que milord de Suffolk, lord Arlington, l'archevêque de Cantorbéry..... et quelques autres dont je ne me souviens présentement, sont des amis sur lesquels je puis compter en son nom.
            Il me dit que milord le chancelier paraît être un excellent ami, mais qu'il se demande s'il se montre aussi dévoué au duc d'York qu'il le souhaiterait. Et milord me dit en effet qu'il s'emploie depuis peu à cultiver la faveur du roi, et non du Duc, et que du roi dépend son maintien ou sa disgrâce, car il y a bel et bien des factions, me dit-il, et Dieu sait l'importance qu'elles peuvent prendre.
            La position du duc d'Albemarle est si haute, lui à qui revient l'honneur du retour du roi, qu'il a des chances de rester en place...... 
            La fin de cette année inspire les plus vives inquiétudes à milord Sandwich, et il a peur que ne se produisent quelques grands bouleversements avant son retour..
            Il craint qu'il ne soit nécessaire d'obtenir des lettres de pardon pour les actes qu'il a commis l'an passé, tous été de son propre chef, avec tout au plus l'autorisation secrète du roi dans l'affaire de Bergen....... si le pardon était refusé les conséquences seraient fort funestes.
            Il dit aussi qu'au cas où la vente de Dunkerque ferait l'objet d'une enquête au Parlement, bien que ce fût le chancelier qui voulût vendre cette ville à la France, disant que le roi d'Espagne n'avait point d'argent à donner à cet effet, on en découvrirait pas moins qu'il en était, lui, le plus chaud partisan et il a quelque crainte que l'on invite le Parlement actuel à agir en ce sens......................
            Quant à la proposition de mariage entre Mrs Malet et milord Hinchingbrooke, il me dit que l'on en parlait plus ces derniers temps, mais que les amis de Mrs Malet reviennent à la charge. Des ouvertures lui ont été faites par l'intermédiaire de l'un de ses serviteurs, afin d'aboutir sans le consentement de sa famille, elle-même étant liée à la famille de milord. Mais milord ne veut pas en entendre parler, si la chose ne se fait point selon les règles de l'honneur. 
            Cela fait une ou deux semaines que le Duc lui témoigne une grande aménité.... et d'autres agissent de même. Il pense que l'horizon s'éclaircit derechef.
            Il dit que l'archevêque de Cantorbéry lui montre grande bienveillance et lui a déclaré, tout net, qu'il savait, comme tout un chacun, faire la différence entre son jugement et son intelligence et ceux du duc d'Albemarle, disant ensuit que milady la duchesse était le type même de la souillon et de la femme de charge, et d'user à son propos d'un mot qui est presque le plus grossier qu'on puisse employer à propos d'une femme.
            Après que milord se fut promené une heure avec moi, s'exprimant ainsi, lui rentré, comme milady Carteret ne souffrait point que je repartisse ce soir, milord de se promener derechef avec moi et de m'entretenir de telle ou telle chose. Puis dans la maison, lui en privé avec milady Carteret, et moi avec les jeunes filles et les jeunes gens qui jouent de la guitare. Force gaieté et bientôt souper. Milord se retirant pour écrire, les jeunes gens se mettent à lancer des coussins et s'adonnent à d'autres jeux débridés. Et cela fort tard, jusqu'aux alentours de minuit, puis ayant sommeil, ma femme et moi allons au lit, dans un vestibule. Dormîmes médiocrement à cause du bruit.


                                                                                                                           26 février

            Réveillés autour de 5 heures, milord était levé et parti en carrosse peu après 6 heures, très amène en prenant congé de moi et de tout le monde. Puis rentré, ma femme levée. Visite à milady Carteret, causons. Heureux de la satisfaire en lui disant à propos de sir George Carteret que tout ira bien. Elle en est fort satisfaite, après ces grands bruits et alarmes à propos de sa fortune, elle a craint, j'en ai peur que je ne fusse de ses amis, mais elle vitupère milady Castlemaine pour qui le roi néglige de faire son métier et paraît craindre fort que tout n'aille à la ruine, non sans grande raison, j'en ai peur. Et de se récrier contre le duc d'Albemarle et plus encore contre la duchesse qu'elle traite de femme répugnante, ce qui est bien le cas.
            Resté jusqu'à presque 9 heures, puis monté en carrosse avec tant d'affection et de gentillesse de la part de milady Carteret, de lady Jemima et de lady Slaning, que cela me réjouit le cœur tout le monde pouvant voir que nous étions là, tandis que nous pouvions donner à chacun pour sa peine, puis rentrant chez nous, le tout par beau temps..... je pense qu'il faut bien que je me tienne pour heureux...... Alors que nous nous donnons beaucoup de mal à attendre de l'avenir bien-être et aisance, j'ai su apprendre à voir mon bonheur dans l'instant présent ainsi qu'à jouir de cette observation, au lieu de ne me complaire que dans la pensée de la richesse à venir, oubliant ainsi les plaisirs dont nous jouissons à l'instant présent.
            En carrosse donc, à Windsor, à la Jarretière, où nous fîmes quérir le Dr Child. Il nous conduisit à la chapelle St George et nous plaça dans les stalles des chevaliers. C'est chose curieuse que seule une femme et non un homme ait le droit de s'asseoir à un emplacement prévu pour un chevalier s'il est marqué d'une plaque de cuivre. Voici que l'on nous apporte des coussins et un petit chanteur nous apporte un exemplaire du motet. Et là, pour tous, furent exceptionnellement chantés ce motet et le grand office, pour notre seul divertissement....... Tout le monde de se prosterner fort devant l'autel, en particulier les Chevaliers Pauvres.
            Après les prières fûmes voir l'orfèvrerie de la chapelle et les robes des chevaliers. Quelqu'un nous montra les bannières des différents chevaliers en titre suspendues au-dessus des stalles. Puis entendîmes d'autres propos fort intéressants au sujet de cet ordre. On me montra où le feu roi était enterré, ainsi que le roi Henri VIII et milady Seymour ( n(e de l'éd. 3è épouse du roi ) Après à la résidence pour observer la belle ordonnance.... C'est le chateau le plus romantique qui soit au monde. Mais, grands dieux ! quelle vue depuis les appartements de la reine ! La terrasse et la promenade ont de quoi étonner lorsqu'on les considère, ce sont à coup sûr les plus belles du monde.
            Infiniment satisfait, ainsi que ma femme, de tout cela. Elle trouvait toutes choses fort agréables, ce qui ajouta à mon propre plaisir. Puis, donnant force argent à tel ou tel, homme ou femme, gagnâmes notre taverne et dînâmes, avec le docteur, puis ne parvins point à la faire rester avec nous, étant en compagnie.   st-clementdanes.westminster.sch.uk
            A Eton je laissai ma femme dans le carrosse, lui et moi fûmes au collège. Trouvons toutes choses fort belles. L'école est bien ordonnée et la jolie coutume qui veut que les élèves gravent leur nom sur les volets de la fenêtre lorsqu'ils vont à Cambridge, ainsi plus d'un est devenu principal du collège ou fellow. Puis au réfectoire où nous voyons les poèmes composés par le élèves De peste, car ils ont l'habitude d'écrire des poèmes à l'occasion de carême-prenant. J'en lus plusieurs très bons, meilleurs, me semble-t-il, que tous ceux que j'écrivis étant élève, sur des rouleaux de papier qui couvraient toute la longueur du réfectoire, et même beaucoup plus. On a accroché à cet endroit un tableau de Venise donné au collège par sir Henry Wotton, ainsi qu'une inscription.
            Chez le portier, en l'absence du maître d'hôtel, bûmes de la bière du collège, très bonne, et fûmes sur les terrains à l'arrière du collège voir jouer les élèves. Puis à la chapelle où vîmes, entre autres, la stèles funéraire de sir Henry Wotton avec cette épitaphe :

                                         Hic Jacet primus hujus Sententiae Author.
                                            Disputandi pruritus fit ecclesiae scabies.

            Mais malheureusement le mot " Author " ( auctor  )avait été mal orthographié et l'on a fait une correction si vile que la pierre s'en trouve déparée.
            ( nte de l'éd. Ci-gît l'auteur de l'adage : " La démangeaison de la controverse est la plaie des Eglises " Cherchez son nom ailleurs )
            Pris congé du docteur, montai en carrosse et, de belle humeur mais ensommeillé, pris le chemin de la maison où j'arrivai autour de 8 heures du soir et, après avoir passé un moment dans mon bureau, au lit.
            Et une heure plus tard fus réveillé par ma femme qui se querellait avec Mrs Mercer, ce dont je fus colère, et ma femme et moi de nous fâcher, mais, au milieu d'un grand tapage, me rendormis, car je commence à mieux me modérer et à lui céder.


                                                                                                                                                                                                                                                                                             27 février 1666
                                                                                                   
            Levé et, après une ou deux paroles assez rudes, ma femme et moi fîmes la paix, levé donc et au bureau toute la matinée. Rentré tard dîner; ma femme étant allé chez Hayls pour son portrait. La suivis après dîner. J'aime extrêmement son portrait et pense qu'il sera aussi réussi que celui de milady Petre. Rentrai fort satisfait. Travaillai tard, puis retour, rédigeai mon journal pour les trois derniers jours et, au lit. Transporté de joie à l'idée du plaisir qui fut le mien dimanche et hier, et aussi de voir que je puis supporter le poids de ces plaisirs, au reste non dénués de profits, puisque j'oblige milord et que je me réconcilie avec la famille de sir George Carteret.


                                                                                                                            28 février
                                                                                                    Mercredi des Cendres
            Levé et, après avoir un peu travaillé à mon bureau, j'allai à Whitehall à pied, le temps étant très curieusement froid et sec ce matin, puis je fus au parc et, rencontrant sir Philip Warwick, fis un tour avec lui sur le mail de St James. Parlâmes de cette triste conjoncture où chacun montre les dents à son voisin et où la situation dans son ensemble paraît alarmante. Sans parler de cette nouvelle loi qui nous ôte la possibilité de nous procurer de l'argent, si bien qu'il partage mes craintes mais se garde de s'étendre sur ce thème de la confusion générale et des menaces qui pèsent sur l'Etat et sur toutes choses. Nous convînmes d'un autre rendez-vous pour parler des affaires de la marine, seuls, sérieusement. 
            Je fus à Whitehall, traitâmes nos affaires avec le duc d'York puis je m'en fus et allai à pied jusqu'à la Grand-Salle où causai longtemps avec Mr Mitchell et Mrs Howlett et sa fille devenue fort jolie femme. Au sortir de la Grand-Salle fus hélé par Mrs Martin. Je fus donc vers elle, achetai deux tours de cou puis m'en fus et la rencontrai bientôt à son logement et là fis ce que j'avais en tête. Puis retour à la maison où je trouve Mrs Knepp. Dînâmes ensemble, son commerce est le plus agréable qui soit au monde. Après le dîner je donnai de l'argent à ma femme, 20 shillings, à dépenser pour Mrs Knepp, puis je sortis pour aller à Whitehall pour rendre visite au colonel Norwood puis à sir George Carteret avec qui je suis de nouveau en bonne intelligence, et lui de me témoigner grande franchise. Est très triste, ses affaires, j'en ai peur, vont mal. Mais il semble surtout craindre une catastrophe générale arrivant à l'ensemble du royaume. Il pense, j'en ai peur, que la ruine soit totale. Puis à la cour du Palais, à la taverne du Cygne où demeurai jusqu'à la tombée de la nuit, puis chez Mrs Lane. Lui prêtai 5 £ contre 4 £ et 1 shilling d'or qu'elle me donna en gage, puis fis avec elle ce que j'avais en tête. Et il m'apparaît qu'elle en est venue à se comporter très mal et qu'elle promet n'importe quoi. Il est donc dangereux de la fréquenter, et j'ai l'intention de ne la plus voir un moment. Puis, au lit, de bonne heure, à 10 heures. Il y a bien longtemps que je ne m'étais couché aussi tôt.
            Et ainsi ce mois se termine-t-il. Je suis bien résolu à me mieux consacrer à mon travail, à partir de maintenant, que je ne l'ai fait ces six ou huit derniers jours, pour mon préjudice manifeste, qu'il s'agisse de ma tranquillité d'esprit ou du retard pris dans mon travail, dont je ne puis rendre compte aussi favorablement que je le devrais.


                                                                  à suivre...........

                                                                                                                   1 er mars 1666

            Levé puis allé...........
      
            





























            

            






























            
















lundi 26 septembre 2022

Le Cas Nelson Kerr John Grisham ( Roman Policier Etats-Unis )

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                                                           Le Cas Nelson Kerr

            Une jolie île au large de la Floride, une si jolie vie pour le libraire Bruce Cable, célibataire enchaîné à Noëlle qui chine des meubles en France, mais cela n'est qu'un incident dans le cours de l'histoire, ou plutôt des histoires que nous conte Grisham. Comme un bon reporter, il décrit des meurtres sans appuyer sur des scènes excessives. Tout d'abord dans une ambiance de fin de vacances les lecteurs heureux de la librairie Bay Books sise à Santa Rosa sur l'île de Camino séparée par un pont du littoral, participent à l'euphorie des dernières très nombreuses signatures des écrivains invités par ce libraire heureux. Tenue vestimentaire, bermuda et veste légère. Un œil sur la télévision, sur le ciel. Léo semble vouloir passer, comme d'habitude, au large de l'île, le dîner amical chez Bruce se déroule bien, mais dans la nuit Léo a changé d'itinéraire. Paniqués estivants et iliens protègent leurs biens, certains, nombreux fuient. L'ouragan de force 4, ravage. Il y aura quelques morts, mais surtout un des auteurs résidents et ami de Bruce est retrouvé mort sur le muret de son jardin. Bruce, sa maison épargnée, la librairie sous 1 mètre 50 d'eau, sort et constate les dégâts, accompagné de l'un de ses employés Nick, étudiant, saisonnier à la librairie, grand lecteur de romans policiers. Ce dernier a des doutes sur l'origine des blessures mortelles sur la tête, le visage de Nelson Kerr. Il convainc Bruce et Bob autre auteur ami resté sur l'île. Après quelques tergiversations les trois amis soumettent le cas à la police locale, sérieusement malmenée sous la plume de l'auteur. Il leur faudra l'appui du FBI de Jackson pour que leur thèse soit acceptée, car Nelson Kerr, ancien avocat, a écrit trois romans policiers soulevant des faits de société graves et préparait un nouveau roman, que personne n'a lu. Nelson Kerr hyper-méfiant, ne correspondait pas par mail, multipliait les clés verrouillant son ordinateur. D'un travers l'autre, un point commun, les femmes sont-elles fautives ? Les hommes avides de pouvoir, d'argent ? Le cas des maisons de retraite, dans le Nebraska entre autres, où les nuisances, les carences en matière de soins sont connues des aides-soignantes accrochées à un travail payé 10 $ l'heure, rare dans cette région. Business is business. Au passage John Grisham nous entraîne dans un milieu qu'il connaît bien, celui de l'édition.
Sujets d'actualité, écrit sans dramaturgie, pose question, mais la réponse. Un bon Grisham comme les boissons que les personnages ingurgitent au long des pages. Bonne lecture.


















mercredi 21 septembre 2022

Cette nuit, la mer est noire Florence Arthaud ( Autobiographie France )



                                           Cette nuit, la mer est noire

            Une nuit de fin d'octobre, en 2011, la navigatrice aux multiples défis, Florence Arthaud est prise de court, alors qu'elle s'occupe de besoins naturels, par une vague plus forte qu'attendue. Tombée à l'eau, elle surnage, se défait de ses divers vêtements, en dernier sa veste et dans la nuit noire, retrouve son smartphone dans une poche. La lampe frontale et l'appareil suffiront-ils à la sauver ? Appels aux amis, au frère et à la mère, et le temps passe, elle ne sent plus le froid, nage debout, bras levé pour maintenir le petit téléphone hors d'eau. Combien de temps avant que le Cross repère un petit point lumineux sur la mer noire." Je vais donc rejoindre le ciel. Ce ciel peuplé de milliards d'étoiles, de galaxies inconnues, d'amour, de bonheur et d'éternité. Je suis sonnée. Mes pensées se font confuses. Où vais-je aller ? Vers quelle étoile ? J'ai cessé de parler. Je suis à bout."  En fait d'un chapitre l'autre, Florence Arthaud raconte ses débuts de navigatrice, sa farouche volonté, à peine adulte, de vivre la vie de ceux que les éditions Arthaud reçoivent et publient. Chavirer pour la énième fois, penser à sa petite fille, puis dans un autre chapitre à ses amis disparus, Tabarly, Colas, Moitessier et d'autres. Enfant sportive, jeune fille pleine de force et d'allant à la barre d'un bateau ou d'un autre, à la recherche de financement, et victime d'un très grave accident de voiture qui aurait pu la garder loin des océans. Livre de souvenirs, s'achève sur une lettre à son père : " Papa, tu nous as transmis tes rêves d'aventures........ Tu navigues aujourd'hui sur un océan d'étoiles." Attachant par la personnalité d'aventurière, telle qu'elle se nomme, si brutalement disparue, dans un accident " d'hélicoptère. "Bon souvenir, si proche encore. M;



 


lundi 19 septembre 2022

Quelques lettres à des petites filles de Lewis Carroll 5 ( Dodgson ) ( Lettres Angleterre )

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                                       Lettre 
                                                  à
                                                     Annie Rodgers

                                                                                                           ( 1867 )
            Ma chère Annie,

            Voilà qui est vraiment terrible. Tu n'as  pa la moindre idée de la douleur qui est la mienne en cet instant où je t'écris. Je suis obligé d'utiliser un parapluie pour empêcher mes larmes de couler sur la feuille de papier. Est-ce que tu es venue hier te faire photographier ? Est-ce que tu t'es mise vraiment très en colère ? Pourquoi n'étais-je pas là ? Eh bien, la vérité c'est que je suis allé me promener avec Bibkins ; noud avons fait beaucoup de kilomètres à partir d' Oxford, disons : cinquante ou cent. Pendant que nous traversions un pré plein de moutons, il m'est venu une idée et j'ai demandé solennellement :
            " - Dobkins, quelle heure est-il ?
               - Trois heures ", répondit Fipkins surpris par mon attitude.
             Des pleurs ruisselèrent sur mes joues. 
               " - C'est l'heure dite, fis-je. Dis-moi Hopkins, quel jour sommes-nous ? 
                  - Mais voyons, lundi, répondit Lupkins
                  - C'est donc le jour dit ! " fis-je en gémissant.
            Je pleurai, je hurlai. Les moutons se massèrent autour de moi, frottant affectueusement leur nez contre le mien.
            " - Mopkins, dis-je tu es mon plus vieil ami. Ne me cache rien Nupkins ! En quelle année sommes-nous ?                                                                                                 Londres.fr
              - Eh bien je crois, sans en être sûr, que nous sommes en 1867, dit Pipkins.
              - C'est donc bien l'année prévue ! " hurlai-je d'une voix si forte que Tupkins s'évanouit.
            Tout était consommé. On me ramena à la maison dans une carriole, en morceaux, escorté par le fidèle Wopkins.
            Lorsque je me serai un peu remis, et que j'aurai passé quelques mois au bord de la mer, je te rendrai visite et nous conviendrons d'un autre jour pour' te photographier. Je suis trop faible pour écrire moi-même cette lettre, c'est Zupkins qui le fait pour moi.
            Ton ami infortuné
                                                
                                                              Lewis Carroll.
         











            
  

mercredi 14 septembre 2022

Quelques lettres à des petites filles de Lewis Carroll 4 ( Dodgson ) ( Lettres Angleterre )






                 



canalbd.net

                                                           Lettre
                                                                        à
                                                                               Mary Mac Donald

                                                                                                         Oxford, le 22 janvier 1866

            Ma chère Mary,

            Je suis heureux que le nouvel exemplaire des Aventures d'Alice vous ait plu, et j'aimerais bien aller vous revoir tous, y compris Blancheneige si j'en pouvais trouver le temps, ce qui n'est pas le cas actuellement. En tout état de cause, n'est-ce pas votre tour de venir me voir ? Je suis sûr que la dernière fois c'est moi qui vous ai rendu visite. Quand on arrive à Oxford, mon domicile est très facile à trouver et, pour ce qui est de la distance, sachez-le bien, Oxford est aussi proche de Londres que Londres l'est d'Oxford. Si quelque livre de géographie ne vous dit pas cela, ce doit être un bien piètre manuel, et vous aurez intérêt à vous en procurer un autre.
            Ceci dit je voudrais bien savoir pourquoi vous vous qualifiez de " vilaine " de ne m'avoir écrit plus tôt ! Vilaine, allons donc ! Ne dites pas de sottises ! pensez-vous que moi je me proclamerais 
" vilain " si je ne vous avais écrit depuis, disons, cinquante ans ? Jamais de la vie ! Je commencerais ma lettre comme si de rien n'était : 
            " Ma chère Mary, il y a de cela cinquante ans, vous m'avez demandé ce qu'il fallait faire pour votre chaton qui avait mal aux dents, et je viens tout juste de me remémorer votre question. Peut-être ce mal de dents est-il à présent dissipé... Sinon lavez soigneusement le chaton dans de la bouillie au lait, administrez-lui quatre pelotes à épingles que vous aurez préalablement fait revenir dans de la cire à cacheter, et trempez-lui vivement le bout de la queue dans du café bouillant. Il n'est pas d'exemple que ce remède ait échoué. "                                                                                      pamono.fr 
            Vous voyez, c'est ainsi qu'il convient d'écrire !...

             Je voudrais que vous me fissiez connaître le nom de famille de ces deux fillettes, vos cousines, il me semble. que j'ai rencontrées un soir chez vous. Leurs prénoms sont Mary et May. Par ailleurs, dites à votre papa que j'ai lu Alec Forbes, que ce livre m'a enchanté et que mon plus vif désir serait de rencontrer Annie Anderson dans la vie réelle. Où habite-t-elle ?
            Présentez mes meilleurs compliments à votre papa et à votre maman. J'embrasse vos frères et vos sœurs et reste votre ami affectionné.


                                                                         Charles L. Dodgson.





















mardi 13 septembre 2022

Quelques lettres à des petites filles de Lewis Carroll 3 ( Dodgson ) ( Lettres Angleterre )

 elmerkadillo.net






                                   Lettre 
                                                à
                                                        Mary Mac Donald  ( 1853 - 1878 )

                                                                                                   Oxford, le 14 novembre 1864

            Ma chère Mary,
            Il était une fois une petite fille qui avait un vieil oncle grognon que ses voisins avaient surnommé le Gris-Goût, sans doute en raison du goût qu'en sa vêture il montrait pour la couleur grise, et cette petite fille avait promis de recopier pour le dit oncle un sonnet que Mr Rossetti a écrit sur Shakespeare. Or, imaginez-vous qu'elle n'en faisait rien, de sorte que le nez du pauvre homme ne cessait de croître dans le sens de la longueur et son moral de décroître dans le sens de la hauteur, tandis que les courriers succédaient aux courriers sans qu'aucun sonnet se manifestât... J'ouvre ici une parenthèse afin d'expliquer comment on expédiait les lettres en ce temps-là. Il existait alors des boîtes que l'on appelait 
" boîtes alertes " parce qu'elles parcouraient le pays en tous sens avec beaucoup de célérité. Donc si l'on désirait envoyer une lettre à quelqu'un, tout ce que l'on avait à faire, c'était de placer cette lettre dans une " boîte alerte " qui se dirigeait dans la direction souhaitée, même s'il arrivait parfois que la dite boîte changeât d'avis en cours de route, ce qui ne manquait pas d'avoir des conséquences fâcheuses. 
            Cette façon d'expédier le courrier s'appelait " la mise en boîte ".* On lançait tout très simplement, en ce temps-là : si l'on avait beaucoup d'argent, on le disposait en pile à côté de soi, et l'on pouvait dès lors dormir sur ses deux oreilles. C'était ce que l'on appelait " mettre de l'argent de côté "
            Et voici la façon dont on voyageait en ce temps-là. On s'asseyait à califourchon sur le manche d'un de ces râteaux appelés railles, que l'on utilise dans les salines, et dans cette position on se faisait traîner au fil de l'eau par un domestique. On appelait cela " voyager par raille "
            Revenons à cette vilaine petite fille. Un grand loup noir survint et...  je préfère ne pas poursuivre. Toujours est-il que l'on ne retrouva rien d'elle, à l'exception de trois petits ossements.                                     
            Je m'abstiens de tout commentaire. Par elle-même cette histoire est suffisamment horrible.
            Affectueusement vôtre

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                                                                                        C. L. Dodgson

















dimanche 11 septembre 2022

La Carte Postale Anne Berest ( Roman France )







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                                                        La Carte postale

            Dès la fin du 19è siècle la violence des pogroms s'accentue, en particulier dans les pays d'Europe de l'Est. Certains juifs plus lucides que d'autres fuient les villages, les villes et partent vers l'Europe, les Etats-Unis ou Jérusalem. Ainsi de la famille Rabinovitch. L'une de leurs descendantes, Lélia, mère de l'auteure ( le livre est écrit à la première personne ), reçoit un jour une carte postale représentant l'Opéra Garnier, carte visiblement d'une autre époque, et carte sans signature. Enigme. Bien des années plus tard cette carte, sans signature ni signe particulier hormis l'ancienneté de l'imprimerie, sera le centre et le sujet constant des préoccupations de Lélia et de sa fille qui partent à la recherche de l'expéditeur er du sens à donner à cet envoi. Et le sujet évoluera, car la fille de Lélia, juive sans avoir aucune notion de la culture de ses ancêtres est sans réponse devant les questions de sa propre fille. Elles remonteront donc jusqu'à l'origine des déportations, du départ de Lod en Pologne, pour les Rabinovith, passant par la Roumanie et l'embarquement pour la Palestine. Mais la culture des orangers, la vie encore primaire dans un pays porté par la foi de ses nouveaux habitants, ne convient pas aux parents de Lélia et retour en France. Ainsi nous est contée l'histoire de Myriam, Emma, Jacques, Ephraïm et d'autres durant les année cruelles, la seconde guerre mondiale. Le livre est précieux. Anne Berest fait, en un seul, assez épais volume, le tour notamment, des déportations, de Auschwitz et autres camps, de la vie dans les camps, du retour au Lutétia réquisitionné. Espoir et désespoir. Visite dans la petite R5 de Lélia dans le village de l'Eure où s'étaient réfugiés ses grands-parents et leurs enfants. Délation. La France provençale, Apt où une résistance s'est organisée, René Char, poète, est l'un d'eux. Des couples éphémères, Myriam mère de Lélia, mariée à Vicente Picabia, fils du peintre. Le parcours de la famille en ces temps de guerre, et toujours décryptage de chaque ligne, mot, lettre de cette carte. Le cabinet Duluc, rue du Louvre ne peut que lui indiquer un graphologue. Chacun trouve sujet à réflexion dans cette histoire où une mère et sa fille se sont enfouies dans leur problème actuel de religion, mélange de vie quotidienne avec des réflexions jetées au visage d'enfants aussi innocents qu'ignorants, ainsi de la petite fille de Lélia. Les étudiants américains ne se sont pas trompés, élèves des universités de New-York, Yale, Harvard, Duke, Princeton ont attribué le premier prix Goncourt américain, après sélection, à La Carte postale et Anne Berest. Le prix Goncourt attirera sans doute un public qui ignore les cruautés de la Shoah, de la collaboration. Trio familial, Marcel Duchamp Gabriele et Francis Picabia est l'un d'eux, et aussi Myriam, Vicente Picabia et Yves. Tous intelligents, tentent de sortir des griffes de la guerre le moins endommagés. Mais d'où vient donc Myriam "...... La famille de ma mère est polonaise, moi je suis née à Moscou, en Russie...... - Moi, je suis né à Céreste. C'est pas loin du Buoux. Deux heures de vélo si vous prenez la route de Manosque. Mon père est artisan charron, il joue du piston........ " Lettre à sa mère de la petite fille d'Ephraïm " ........ Maman les histoires étranges du passé n'étaient jamais des contes pour enfants...... " Une vie de famille, brouillée, détruite pas la guerre, les dénonciations. Destruction reconstruction avec la portion congrue revenue des camps. Bonne lecture.
 Pour les lecteurs ayant des problèmes de vue, intéressés, il existe une édition en gros caractères en deux volumes, en français. Existe-t-elle dans d'autres langues je l'ignore. Bonne lecture..


mardi 6 septembre 2022

Quelques lettres à des petites filles de Lewis Carroll 2 ( Dodgson ) ( Lettres Angleterre )

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                                         Lettre à

                                                        Mary Mac Donald ( 1853 - 1878 )

                                                                                                                Oxford, le 23 mars 1864

            Ma chère enfant,
            Il a fait, ici, une chaleur tellement épouvantable que j'en fus, jusqu'à ce jour, affaibli au point de ne presque pouvoir tenir un porte-plume ; et eussé-je même été capable d'en tenir un, il n'y avait pas d'encre : elle s'était volatilisée en formant un nuage de vapeur noire et, dans cet état, elle n'a dès lors cessé de flotter à travers la pièce, maculant murs et plafonds de telle sorte que j'ose à peine les regarder. Aujourd'hui, il fait plus frais, et un peu d'encre, sous forme de neige noire, à réintégré l'encrier. Il y en aura bientôt assez pour que je puisse reprendre la plume afin de commander ces photographies que votre maman désire.
            Cette canicule me contrarie et m'attriste beaucoup : j'ai parfois de la peine à garder mon sang-froid. Par exemple, à l'instant même, l'évêque d'Oxford est venu me voir. C'était, de sa part, une attention des plus civiles, et il n'y mettait pas malice, le pauvre homme. Mais j'ai été si fort contrarié de le voir entrer chez moi, que je lui ai jeté à la tête un livre qui, je le crains, a dû lui faire grand mal.          ( N.B. Ceci n'est pas tout à fait vrai. Vous n'êtes donc pas obligée de le croire. ) Ne soyez pas trop pressée, la prochaine fois, de croire autrui, je vais vous dire pourquoi : si vous vous efforcez de croire tout ce que l'on vous raconte, vous allez fatiguer les muscles de votre esprit, et vous serez alors si débilitée que cela vous mettra hors d'état de croire aux vérités les plus élémentaires.
            Pas plus tard que la semaine dernière, un de mes amis s'est efforcé de croire à l'histoire de Jack-le-Tueur-de-Géants. Il y est parvenu, mais au prix d'une dépense d'énergie telle que, lorsque je lui eus dit qu'il pleuvait ( ce qui était vrai ), il fut absolument incapable de m'en croire et se précipita dans la rue sans chapeau ni parapluie ; en conséquence ses cheveux furent sérieusement mouillés et une de ses boucles mit près de deux jours à retrouver sa forme correcte. ( N.B. : Je crains fort qu'une partie de ce que je vous raconte là ne soit pas tout à fait vraie ).
            Voulez-vous dire à Gréville que je m'occupe de son portrait ( celui qui doit être inséré dans le cadre ovale ; vous voyez auquel je fais allusion ) et que j'espère lui envoyer d'ici un jour ou deux. Dîtes aussi à votre maman que je suis au regret de lui faire savoir qu'aucune de mes sœurs ne viendra à Londres cet été.
            Présentez mon bon souvenir à votre papa et à votre maman. Pour vous et les autres petits enfants, toute mon affection.

                                                  Charles L. Dodgson 

            La seule chose fâcheuse qui me soit arrivée vendredi dernier, tenez-vous le pour dit, ce fut de devoir vous lire.
                                                                                                                                       pinterest.fr
                                                                                                                                    
D'après les Lettres publiées aux éd. Gallimard "
























            

            


                                       

vendredi 2 septembre 2022

La fille du Président Bill Clinton - James Patterson ( Roman policier Etats-Unis )

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                                         La fille du Président          

            Malgré une courte victoire au caucus de l'Iowa Matt Keating ne sera pas réélu président des Etats-Unis. Il laisse son bureau ovale, la Maison Blanche, à Paméla Barnes, ex-collaboratrice et à son mari Richard, personnage trouble, par sa personnalité, ancien propriétaire de troupeaux aux grosses mains rouges, devenu son collaborateur. Matt, son épouse Sam archéologue et leur fille, Mélanie 19 ans, étudiante, adulte donc plus sous la surveillance active du Secret Service qui gouvernera presque la vie de la famille Keating installée dans le New Hampshire. Ailleurs dans le monde les terroristes veillent et prévoient l'enlèvement de celle qui aura le plus de valeur au moment des négociations. L'un des hommes les plus cruels et les plus recherchés, lui-même atteint par la perte de sa femme et de ses trois filles, se cache dans une grotte et partout, insaisissable. Dans le désert, un " faucon plane. Il se déplace dans le ciel, lentement, innocemment et pourtant il est en chasse...... " Les prédateurs " attendent le bon moment pour frapper ". A Tripoli, à l'Ambassade de la République populaire de Chine, Jiang Lijun, assiste à une fête " officiellement vice-président " d'une entreprise chinoise. Appelé discrètement il se rend dans un bureau au sous-sol, bureau sans ouverture, soigneusement calfeutré, comme son bureau de New-York. Les informations circulent. Les plans des uns se trouvent sur des bureaux ennemis. Tous les efforts vont se concentrer sur une jeune fille parfaitement inconsciente du danger. Enlèvement, sans doute, route semée de morts, Assim un jour à la frontière canadienne, un autre dans le New Hampshire, puis dans le djebel Nefoussa en Lybie. A la Maison Blanche l'ambiance n'est pas celle que l'on espérait. Pamela Barnes a visiblement acquis une victoire imméritée, de plus on apprend que son époux a des activités peu claires dans des casinos. Haine, rancœurs, tout se joue dans les coulisses. Une confidence malheureuse et tout un travail de sauvetage ou autre capote. Matthew Keatting ancien Marine " J'ai grandi dans le Texas rural, à des heures de route à l'ouest d'Austin et j'étais déjà fasciné par la Navy. Mais nous étions près de Fredericksburg où est né le grand amiral Nimitz, héros de la seconde guerre......" Et parmi les hommes attachés à sa protection, l'un d'eux, David  Stahl, est le plus fidèle, car entre FBI, la CIA et les services de protection le partage des informations est quasiment nul. " Inutile de me rappeler le fiasco du 11 -Septembre. L'attentat aurait pu être évité si....." L'histoire cosignée Bill Clinton James Patterson a des atouts forts. Les indiscrétions et les batailles sourdes, relevées par le savoir-faire de Patterson. Chapitres courts.  Voyages dabs un fauteuil. Bonne lecture.  M.. 











           

Quelques lettres à des petites filles de Lewis Carroll ( Dodgson ) ( Lettres Angleterre )

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                                       Lettre à

                                                      Kathleen Tidy ( 1851 - 1929 )

                                                                                                                    Oxford, le 30 mai 1861

            Ma chère Kathleen,

            Je t'ai promis un jour, si tu te rappelles bien, de t'envoyer l'un de ces petits canifs pour ton anniversaire, et j'espère que tu le recevras à temps. Je joins mes vœux de bonne santé pour ton soixante-douzième anniversaire. ( Ne t'étonne pas que je connaisse ton âge, c'est Henrietta qui me l'a indiqué, sinon je ne l'aurais jamais deviné, car tu ne parais pas aussi vieille ). J'espère que ce canif te plaira autant que celui que tu me dis avoir perdu il y a quarante ans.
            Je vais t'indiquer quelques usages que tu peux en faire.
            En priorité, il faut t'en servir au dîner pour couper ta viande ; cela t'évitera de manger trop et donc de te rendre malade. Si tu t'aperçois que, lorsque les autres ont fini, tu n'as toi-même achevé qu'une bouchée, ne sois pas contrariée, mais dis-toi :
            " Demain je mangerai plus vite. "
            Ensuite, lorsque tu iras te promener, si tu n'avais pas ce canif avec toi tu risquerais d'aller trop loin et donc de te fatiguer. Mais à présent, si seulement tu poses comme règle de graver ton nom sur chacun des arbres que tu rencontreras, je suis persuadé que tu n'iras jamais assez loin pour risquer la fatigue.
             Enfin chaque fois que tu souhaiteras punir tes frères, tu apprécieras de pouvoir le faire commodément en enfonçant le canif dans leurs mains et leur visage ( tout particulièrement dans l'extrémité de leur nez, tu verras que, pourvu que tu appuies assez fort cela leur fera assez mal.
            Je suis sûr que tu trouveras beaucoup d'autres usages à ce canif, et j'espère recevoir une lettre m'assurant que tu en es contente et que tu l'utilises constamment de toutes les façons que je viens d'indiquer.
            S'il te vient l'idée de m'écrire, mais attention ne signe pas à nouveau " K ", je ne connais aucune autre personne de ce nom. Voici mon adresse :
                                            Mr. C. L.Dodgson, chez Mr. J. Hunt, Ore House, par Hastings,
jusqu'au 6 avril, et après cette date à
                                             Christ Church, Oxford.
            Aussi, ma chère Kathleen
                                                       Très affectueusement
                                       
                                                                                          Charles L. Dodgson


D'après les Lettres publiées aux éd. Gallimard "
            

                                                                                                                                                                                                                                               gif-maniac.com









mercredi 31 août 2022

Happy Sex de Zep


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                                           Happy sex
                                                                                                                                                                                                                  Lecture hilarante de cette BD, réservée aux plus de 18 ans ?.... Zep (diminutif en hommage à Led Zeppelin).  auteur dessinateur genevois, n'a pas abandonné Titeuf. Mais un Titeuf adulte sans nom, s'agite, s'excite dans différents épisodes de la vie amoureuse d'adultes. Tours et détours de la vie du sexe pour s'amuser. Ratages et dérapages.
            Titres de chapitres : pruneaux-maso, monsieur lutin ...  Tout est dans le dessin et, bien sûr dans l'esprit.
            Joyeusetés et déboires, rires... 
            

lundi 29 août 2022

Tu le sais bien, le temps passe Catheine Nay - Vol.2 ( Document France )

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                                    Tu le sais bien, le temps passe

            Suite, sous la plume de la journaliste. Catherine Nay déroule le fil des élections des présidents élus après le départ de François Mitterrand. Jacques Pilhan, appelé le conseillé de l'ombre aux côtés de François Mitterrand, le demeura un temps auprès du nouveau président dont l'action, les atermoiements, les différends sont longuement détaillés au long des pages, de son épouse, Bernadette Chirac, rencontrée parfois chez leur coiffeur commun, lieu de petites confidences aussi et surtout examinées attentivement. Détaillés aussi les rapports du Président Chirac avec Alain Juppé, Edouard Balladur un temps prétendant à la présidence à la fin du septennat de Jacques Chirac mais il fut battu par, Jacques Chirac, qui changea, ce qui était prévu, le septennat en quinquennat. Et toujours le couple Chirac est supervisé par leur fille Claude briffée par Pilhan. Leur unique fille quand la seconde, gravement atteinte, d'anorexie entre autres, mourut. Douleur. Madame Chirac avait ses opinions, ainsi de Seguin : "........LE FILS PRÉFÉRÉ ? Philippe Séguin ? C’est bien simple, Bernadette Chirac n’aimait que lui au RPR. Depuis toujours elle admirait l’orateur, qui l’avait encore plus bluffée le 5 mai 1992. À la tribune de l’Assemblée nationale, le député-maire d’Épinal s’était fait ce jour-là le porte-parole de la conception gaullienne de l’Europe.......LE FLS PRÉFÉRÉ
Philippe Séguin ? C’est bien simple, Bernadette Chirac n’aimait que lui au RPR. Depuis toujours elle admirait l’orateur, qui l’avait encore plus bluffée le 5 mai 1992. À la tribune de l’Assemblée nationale, le député-maire d’Épinal s’était fait ce jour-là le porte-parole de la conception gaullienne de l’Europe......   La nation, ce n’est pas un clan, ce n’est pas une race, ce n’est pas une tribu. La nation, c’est plus fort encore que l’idée de patrie, plus fort que le patriotisme. » Quel souffle !......  Outre son indéniable talent, Bernadette appréciait la grande courtoisie dont il faisait toujours preuve à son égard. Elle vantait son charme, et le regard oriental de ce natif de Tunis. Beaucoup de dames partageaient cet avis....... " La succession au poste de directeur du RPR, devenu UMP en 2002 occupe les politiques. Jacques Chirac devant nommer un premier ministre, choisit Alain Juppé, mais :
".......« Juppé, c’est un raisin sec ! Vous n’en tirerez rien de bon », prophétisait Bernadette....... " Et la République ? Elle est en marche. Mais Nicolas Sarkozy est élu après divers postes au gouvernement, nommé par le president Chirac, par ailleurs victime d'un AVC, passé sous silence, ou presque. Nicolas Sarkozy, un roman. Ministre de l'Intérieur, entre autres, et apprécié, maire auparavant, marié à Marie, corse, tombe amoureux de Cecilia le jour où elle épouse Jacques Martin. Il l'épousera plus tard, aide efficace de son mari devenu ministre et apprécié. Grand travailleur, très actif, à l'aise dans son métier, il ne put retenir son épouse, Cécilia. Et l'auteur décrit l'action politique et les soubresauts du foyer, puis l'arrivée de Carla. Elle charma tout le monde, et la reine d'Angleterre. Nicolas Sarkozy : " Ma vie privée est en ordre. " Mais il ne fut pas réélu. Ce fut François Hollande, en délicatesse lui aussi dans sa vie privée, épisode Valérie Trierweiler, Julie Gayet. Mais Catherine Nay, compagne d'Albin Chalandon ex-ministre dans de précédents gouvernements de droite, mort récemment centenaire, journaliste et auteure de plusieurs livres dont deux réservés à Sarkozy, dépeint sentiments supposés ou non, affectifs, sournois, petites bassesses entre amis. Journaliste à Europe 1 de longue date, sachant manier la rose et l'épine, écrit une fois encore ce que l'histoire politique et ses intimités, ses inimitiés. Ce volume, titre attribué à Albin Chalandon, s'achève sur l'élection de Macron, et Brigitte. Cherchez la femme, mais livre assez détaillé pour un public de droite, de gauche. Bon livre, bonne lecture et bonne rentrée.  M.
            Extraits
" ......... Pour moi, le grand marqueur politique de Lionel Jospin à Matignon restera l’avènement des trente-cinq heures de travail hebdomadaires obligatoires dans les entreprises........ " -
 "....... La fêlure plurielle - Le 2 septembre 1998, lors d’une opération banale réalisée à l’hôpital du Val-de-Grâce, Jean-Pierre Chevènement était victime d’un choc anesthésique. Une allergie au curare avait provoqué un arrêt cardiaque ; depuis, il était plongé dans un coma profond...... "
"....... en juin 1984, le Front national drainait 2 221 336 voix aux élections européennes, soit 10,95 % des suffrages, cinquante mille voix derrière le  Parti communiste. Il obtenait dix élus. Jean-Marie Le Pen devenait député européen........ "
"......... Le 14 février, Dominique de Villepin prononçait devant le Conseil de sécurité de l’ONU un discours qui allait faire date (écrit par le ministre, relu à l’Élysée et approuvé par Jacques Chirac). Un discours superbe ! J’étais fière d’être française, fière de Jacques Chirac, convaincue qu’il avait raison de ne pas engager la France dans le conflit, comme la suite des événements allait le démontrer de manière tragique....... "
" ....... Maurice Gourdault-Montagne, son sherpa que j’admirais beaucoup – il parlait huit langues, dont l’hindi et l’ourdou – me l’expliquait alors : « La longévité politique de Jacques Chirac lui a permis de rencontrer tous les dirigeants successifs dans cette région du monde. Sa connaissance des chefs d’État, des prises de position des uns et des autres, de leur histoire à tous était sans équivalent. Il appréhendait la globalité des sujets, leurs enjeux et la complexité de ces territoires........ "




dimanche 28 août 2022

Souvenirs, Souvenirs... Vol. 1 Catherine Nay ( Document France )







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   Un peu de musique pour accompagner la lecture " Variations Goldberg "      

                                Souvenirs, Souvenirs...

            Née à Périgueux se rendant pour des vacances familiales à Richelieu, l'adolescente d'alors comprit à ce moment que sa vocation la portait vers le journalisme. Ce fut son but et sa réussite. Et Catherine Nay nous conte par le menu un demi-siècle de vie politique française dans ce premier volume. Souvenirs souvenirs et découvertes. Ecole de journalisme, Nanterre. Au gouvernement on vote, le droit à la pilule pour les femmes et les débats sont rudes, la journaliste cite un député : " Quand l'homme ne prendra plus de risque à labourer le mont de Vénus, il n'y prendra plus de plaisir. " C'était en 1967 loi proposée par Lucien Neuwirth. Il y eut De Gaule et De Gaule et Debré, puis l'ère Pompidou. Pompidou 1er Ministre et Président Pompidou. Des ministres républicains et certains demeurés fidèles au général. " Chaban m'impressionnait. Gaulliste historique, entré en Résistance dès 1940......e son côté Catherine Nay entrée à l'Express fondé en 1953, suit la vie politique et la vie sentimentale orageuse du couple créateur, Françoise Giroud et JJ Servan-Schreiber. Et apparaissent Pierre Juillet, Marie-France Garaud. En 1959 Georges Pompidou a remis les finances de la France en bon état. Les débuts de Jacques Chirac, les rapports Valéry Giscard d'Estaing Jacques Chirac, puis Mitterand, Catherine Nay grande amie de Michèle Cotta plus proche de François Hollande décrit sa version des faits. Quittant l'Express elle entre à Europe 1 et suit les députés, les débats à l'Assemblée Nationale. Compagne d'Albin Chalandon plusieurs fois ministre, sa vie privée complète sa vie active. Mais passant comme un fait sans importance, il est à noter l'intérêt des dîners mondains, leur goût pour la poésie, pour les moments bienvenus de solitude absolue. Bons souvenirs, bonne lecture de ce 1er volume.



vendredi 26 août 2022

Paternité Cesare Pavese ( Poème Italie )

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                           Paternité

            Homme seul devant la mer inutile,          
            il attend le matin et il attend le soir.
            Les enfants jouent près d'elle mais cet homme 
            voudrait
            en avoir un à lui et le regarder jouer.
            De grands nuages font un palais sur la mer
            qui chaque jour s'écroule et renaît, colorant
            le visage des enfants. La mer existera toujours.

            Le matin blesse. Sur cette plage humide
            Le soleil rampe, agrippé aux filets et aux pierres.
            L'homme sort sous le soleil voilé et il longe la mer.
            Il ne regarde pas l'écume ruisselante
            qui glisse vers la rive sans un instant de paix.
            Les enfants, à cette heure, sont encore sommeillant
            dans la tiédeur du lit. A cette heure sommeille
            dans le lit une femme, qui ferait bien l'amour
            si elle n'était pas seule. Lentement, l'homme se                                   pinterest.fr
            déshabille
            nu comme la femme lointaine, et descend dans la mer.

            Et la nuit, où la mer disparaît, il écoute
            le grand vide qui est sous les étoiles. Les enfants,
            dans les maisons pourprées, bientôt tombent de sommeil
            et certains pleurent même. Las d'attendre
            l'homme lève les yeux aux étoiles mais elles n'entendent
            rien.
            A cette heure des femmes déshabillent un enfant
            et l'endorment. Il y en a dans un lit
            enlacées à un homme. Par la fenêtre noire
            pénètre un halètement rauque, personne ne l'écoute
            sinon l'homme qui sait tout l'ennui de la mer.


                          Cesare Pavese
                                               ( 1935)
            



  

























jeudi 25 août 2022

Une Génération Cesare Pavese ( Poème Italie )

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                            Une Génération

            Un enfant allait jouer dans les prés où maintenant
            les boulevards s'étendent. Là-bas il retrouvait
            des gamins aux pieds nus et gambadait de joie.
            C'était beau d'aller pieds nus dans l'herbe, avec eux.
            Un soir de lumières lointaines, des coups de feu claquaient
            dans la ville, et dominant le vent parvenait effrayante
            une clameur brisée. Tous se taisaient.
            Les collines égrenaient sur les pentes
            des points lumineux que le vent avivait.
            La nuit s'assombrissant éteignait tout enfin
            et dans le sommeil seules restaient des bouffées de vent 
            frais.

            ( Demain matin, les enfants repartent en vadrouille,
            ils ont tous oublié les clameurs. En prison,
            il y a des ouvriers silencieux et certains sont déjà morts.
            Dans les rues, on a recouvert les taches de sang.
            La ville lointaine s'éveille au soleil et les gens
            sortent dans la rue. Ils se regardent tous. )
            Les enfants pensaient aux prés sombres du soir
            et regardaient les femmes.
            Les femmes elles-mêmes laissaient faire sans rien dire. 
            Les enfants pensaient aux prés sombres du soir
            où venaient des fillettes. C'était beau
            de faire pleurer les filles dans le noir. Nous étions                              gene45.skyrock.com    
            les enfants.
            Le jour, la ville nous plaisait : mais le soir, en silence
            écouter les clameurs et regarder au loin les lumières.

            Les enfants vont toujours jouer dans les prés
            où arrivent les boulevards. Et la nuit est la même.
            Quand on passe par là, on sent l'odeur de l'herbe.                      
            En prison, il y a toujours les mêmes. Et puis il y a les
             femmes
            comme alors, qui font des enfants et qui ne disent rien.


                                   Cesare Pavese
                                                          ( 1934 )

                            ( in Travailler fatigue )