mercredi 19 juin 2019

La Dame de Pique 1/2 Pouchkine ( Nouvelle Russie )

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                                                             La Dame de Pique

                                                                         I

            Quand le temps était gris,
            Ils se réunissaient
                      Souvent,
            N'en déplaise au Bon Dieu,
            Ils misaient de cinquante
                       A cent.
            Ils gagnaient et
            Ils marquaient
                       A la craie....
            D'affaires
                        Ils s'occupaient.


            On jouait chez Naroumov, officier aux gardes à cheval.
            Une longue nuit d'hiver avait fui, sans qu'on s'en aperçût. Il était quatre heures passées quand on s'avisa de souper. Les gagnants mettaient les bouchées doubles, les autres contemplaient distraitement leurs assiettes vides. Puis, le champagne aidant, la conversation s'anima et devint générale, petit à petit.
            - Eh bien ! Qu'as-tu fait Sourine ? demanda le maître de maison s'adressant à l'un des joueurs?
            - J'ai perdu, selon mon habitude. Que veux-tu, je n'ai pas de chance. Je joue la mirandole, je garde mon sang-froid, je ne me laisse pas émouvoir, pourtant je perds toujours !
            - Comment, tu n'as pas une seule fois joué le roulé ?... Tu ne t'es pas laissé tenter ?... Vraiment, ta constance me dépasse ! ?- Et Hermann, qu'est-ce que vous en dîtes ? demanda un convive désignant un jeune officier du génie. De sa vie il n'a touché une carte, ni fait un paroli, et pourtant il nous regarde jouer jusqu'à cinq heures du matin.
            - Le jeu m'intéresse beaucoup, répondit Hermann. Mais je n'ai pas la possibilité de risquer le nécessaire pour gagner le superflu.
            - Hermann est Allemand. Il est économe, et voilà tout ! répliqua Tomsky. Mais s'il est quelqu'un qui me déroute, c'est bien ma grand-mère, la comtesse Anna Fédotovna.
            - Comment cela ?... Pourquoi ?... s'exclama-t-on de toutes parts.
            - Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle ne ponte jamais.
            - Pour une femme de quatre-vingts ans la chose n'a rien d'extraordinaire ! Remarqua Naroumov.
            - Mais alors, vous n'avez jamais rien entendu raconter sur elle ?
            - Non. Pas du tout !                                                                          pl.depositphotos.com
Image associée            - Oh ! alors écoutez ! Sachez d'abord qu'il y a quelque soixante ans, ma grand-mère avait l'habitude de se rendre régulièrement à Paris. Elle y était très à la mode. Les gens couraient derrière elle pour voir " La Vénus Moscovite ". Richelieu lui faisait la cour et elle prétend qu'il a failli se tuer à cause de ses cruautés. Dans ce temps-là les dames jouaient au pharaon. Un jour elle perdit à la Cour, sur parole, une très forte somme au duc d'Orléans. Rentrée chez elle, grand-mère, tout en ôtant ses mouches et défaisant ses paniers, conta son malheur à mon grand-père et lui ordonna de payer. Feu mon aïeul, pour autant qu'il m'en souvienne, était une sorte de maître d'hôtel au service de son épouse. Il la craignait comme le feu. Mais, pour une fois, l'énoncé du chiffre de la perte le fit sortir de ses gonds. Il s'emporta, démontra à ma grand'mère, comptes à l'appui, qu'ils avaient dépensé un demi-million de roubles en six mois, qu'ils ne possédaient pas à Paris leurs terres du gouvernement de Moscou ou de Saratov. Bref, il refusa tout net de payer.
            Grand'mère lui donna une gifle et fit lit à part cette nuit-là, pour marquer son courroux. Le jour suivant elle le fit appeler, ne doutant pas de l'efficacité de ce conjugal châtiment. Il fut intraitable. Pour la première fois de sa vie, grand'mère daigna condescendre à des raisonnements et des explications, pensant prouver à son mari, non sans quelque morgue, qu'il y a dette et dette et qu'un prince de sang n'est pas un carrossier. Allons donc ! Grand-père se cabrait. Non, non et non !                  Grand'mère était aux abois. Elle connaissait un homme tout à fait remarquable. Vous avez entendu remarquer du comte de Saint-Germain, dont on dit tant de merveilles. Vous savez qu'il prétendait être le Juif errant, avoir inventé l'élixir de longue vie et la pierre philosophale, etc. On se moquait de lui comme d'un charlatan, et Casanova dans ses Mémoires le présente comme un espion. Au demeurant, en dépit de son air mystérieux, le comte de Saint-Germain avait une mine tout à fait respectable et était un homme fort aimable en société.
            Grand'mère en est encore folle et se fâche si on le traite cavalièrement... Sachant donc que Saint-Germain pouvait disposer de sommes considérables, elle décida d'avoir recours à lui et lui écrivit un billet pour lui demander de passer la voir, de toute urgence. Le vieil excentrique accourut à l'appel et trouva ma grand'mère en proie à la plus noire désolation. Elle lui dépeignit sous les couleurs les plus sombres la conduite barbare de son mari et conclut en disant qu'elle n'avait plus d'espoir que dans son amitié et son obligeance. Saint-Germain réfléchit un moment avant de répondre :
            " - Je peux vous avancer cette somme, dit-il, mais je sais que vous n'auriez de repos qu'après me l'avoir remboursée et ne veux point être cause pour vous de nouveaux soucis. Il est un autre moyen de vous acquitter : il faut regagner cet argent.
            - Oui, mais mon cher comte, il ne me reste plus un sou !
            - Point n'est besoin de cela... Daignez me prêter l'oreille... "
            Et là-dessus il l'initia à un secret que chacun de nous, je gage, paierait bien cher...
            Les jeunes gens redoublèrent d'attention. Tomsky alluma sa pipe, tira une bouffée et reprit :
            - Le soir même grand'mère se rendit à Versailles, au jeu de la Reine. Le Duc d'Orléans tenait la banque. Grand'mère s'excusa négligemment de n'avoir pas apporté sa dette, débita une petite histoire pour se justifier et commença à ponter contre lui. Elle choisit trois cartes et les joua l'une après l'autre quitte ou double. Les trois cartes gagnèrent. Grand'mère s'était complètement acquittée.
            - Pur hasard ! s'écria un joueur.
            - Un conte de fées, protesta Hermann.
            - Des cartes truquées, peut-être ? dit un troisième.
            - Je ne le crois pas, répondit gravement Tomsky.                                    webstore.artsfactory.net
elzo durt - dame de pique            - Eh quoi ! intervint Naroumov, tu as une grand'mère qui devine trois cartes gagnantes de suite, et tu n'as pas encore su te faire initier à ce secret cabalistique ?
            - Ah oui, c'est bien le diable !... Elle avait quatre fils, dont mon père. Tous des joueurs enragés. Et pourtant, pas un n'a réussi à lui arracher son secret, qui leur aurait fait le plus grand bien, et à moi aussi, d'ailleurs !
            Mais voici ce que m'a raconté mon oncle, le comte Ivan Illitch. Et il l'a juré sur son honneur.                " Feu Tchaplitzky, celui-là même qui mourut dans la misère après avoir fait valser des millions, feu Tchaplitzky, dis-je, avait perdu dans sa jeunesse, près de trois cent mille roubles, à Zoritch, si je ne me trompe. Il était au désespoir. Ma grand'mère, toujours sévère pour les frasques de jeunesse, prit pitié de lui, lui indiqua trois cartes, afin qu'il les jouât coup sur coup, et lui demanda sa parole de ne plus jamais approcher du tapis vert. Tchaplitzky alla trouver son vainqueur. Ils jouèrent. Tchaplitzky misa  cinquante mille roubles sur la première carte et gagna, fit paroli sur paroli, s'acquitta et se trouva encore en gain... "
            Mais voilà déjà six heures moins le quart. Il faut aller dormir.
            En effet, le jour se levait. Les jeunes gens vidèrent et l'on se sépara.   


                                                                     II

            - Il parait que monsieur est décidément pour les suivantes.
            - Que voulez-vous, madame, elles sont plus fraîches.

                                                         ( Conversation mondaine )

            La vieille comtesse X... était dans son cabinet de toilette, assise devant une glace. Trois suivantes l'entouraient. L'une lui présentait un pot de rouge, l'autre une boîte d'épingles à cheveux, la troisième un haut bonnet avec des rubans couleur de feu. La vieille comtesse n'avait plus la moindre prétention à la beauté, la sienne étant flétrie depuis longtemps, mais elle conservait toujours toutes les habitudes de la jeunesse, suivait rigoureusement la mode de 1770, s'habillait aussi longuement et avec autant de soins que soixante ans auparavant.
            Une jeune fille, sa pupille, travaillait à un métier dans l'embrasure de la fenêtre. 
             - Bonjour, grand'maman, dit en entrant un jeune officier. Bonjour, mademoiselle Lise. Grand'maman, je viens vous adresser une demande.
            - Qu'est-ce que c'est, Paul ?
            - Permettez-moi de vous présenter un ami et de l'amener vendredi à votre bal.
             - Amène-le à mon bal, et tu me le présenteras là. As-tu été hier chez N... ?
             - Bien entendu ! C'était très gai. On a dansé jusqu'à cinq heures. Eletzkaïa était ravissante !
             - Fi donc, mon cher ! Que lui trouvez-vous donc de beau ? Peut-on la comparer à sa grand'mère la princesse Daria Petrovna ? A propos, je suppose qu'elle a dû bien vieillir, la princesse ?
            - Vieillir ? répliqua étourdiment Tomsky. Voilà sept ans qu'elle est morte !
            La jeune fille leva la tête et fit un signe au visiteur. Il se souvint que l'on cachait à la comtesse le décès de ses contemporaines et se mordit la langue. Mais la comtesse reçut la nouvelle avec un parfait détachement.
            - Ah ! oui, elle est morte. Je l'ignorais. Nous avons été nommées ensemble demoiselles d'honneur, et quand nous fûmes présentées à l'impératrice, celle-ci...
            Et la comtesse, pour la centième fois, raconta à son petit-fils son anecdote.
            - A présent, Paul, aide-moi à me lever... Lisanka, où est ma tabatière ?
            Et, accompagnée de ses trois suivantes, elle se retira derrière un paravent pour achever sa toilette. Tomsky resta seul avec la jeune fille.
            - Qui est cet ami que vous voulez présenter à la comtesse ? s'enquit-elle à voix basse.
            - Naroumov. Vous le connaissez ?
            - Non. Est-ce un militaire ?
            - Oui.
            - Dans le génie ?
            - Non, dans la cavalerie... Et pourquoi pensiez-vous donc qu'il était dans le génie ?
            La jeune fille éclata de rire et ne répondit pas.
            - Paul ! cria la comtesse derrière le paravent, envoie-moi donc, je te prie, quelque nouveau roman, mais pas de ceux qu'on écrit à l'heure actuelle.
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Dame de pique            - Je veux dire un roman où le héros n'étrangle ni père, ni mère et où il n'y a pas de noyés. J'ai affreusement peur des noyés.
            - C'est une littérature qui ne se trouve plus de nos jours. Ne voudriez-vous pas plutôt un roman russe ?
            - Tiens, il y en a donc ?... Fort bien, mon ami, envoie-m'en un !
            - Adieu, grand'maman, je suis très pressé. Au revoir Lisavêta Ivanovna. Dîtes-moi pourquoi diable avez-vous cru que Naroumov était dans le génie ?
            Et Tomsky sortit du cabinet de toilette.
            Restée seule, Lisavêta Ivanovna quitta son ouvrage et regarda par la fenêtre. Bientôt, de l'autre côté de la rue, à l'angle de la maison du coin, un jeune officier apparut.. La jeune fille rougit, reprit son tambour et baissa la tête sur son canevas. La comtesse, habillée de pied en cap, rentra sur ces entrefaites.
            - Lisanka, fais atteler le carrosse. Nous allons partir en promenade.
            La jeune fille se leva et rangea son ouvrage.
            - Eh bien ! mon petit, eh bien ! tu es sourde ? cria la comtesse. Allons, fais vite atteler le carrosse
            - Tout de suite, madame, répondit Lisaveta Ivanovna à voix basse en courant vers l'antichambre.
            Un domestique entra et remit à la comtesse quelques livres de la part du prince Paul Alexandrovitch.
            - C'est bien mon ami, c'est bien. Remercie-le. Lisanka, où cours-tu donc ?
            - M'habiller.
            - Tu as bien le temps, mon petit, tu as le temps. Assieds-toi là. Tiens, ouvre le premier volume et lis tout haut.
            La jeune fille prit un livre et lut quelques lignes.
            - Plus haut ! Plus haut ! fit la comtesse. Qu'est-ce qui te prend, mon petit, aurais-tu perdu la voix, hein ?... Allons, approche-moi ce tabouret... là !
            Lisavéta Ivanovna lut encore deux pages. La comtesse bâilla.
            - Laisse cela, dit-elle. Quelles sottises !... Renvoie ce livre au prince Paul avec mes remerciements... Eh bien et ce carrosse ?
            - Il est attelé, répondit Lisavéta Ivanovna en lançant un coup d'oeil par la fenêtre.?...
            - Mais alors qu'attends-tu pour t'habiller ?... Il faut toujours que tu te fasses attendre !... Cela devient insupportable, mon petit !
            Lisavéta courut à sa chambre. Elle n'y était pas depuis deux minutes que déjà la comtesse agitait la sonnette de toutes ses forces. Les trois suivantes se précipitèrent par une porte, le laquais par une autre.
            - Eh bien ! On ne m'entend donc plus à ce qu'il paraît ? protesta la comtesse. Allez dire à Liséta Ivanovna que je l'attends.
            Liséta Ivanovna entra en manteau et en chapeau.
            - Enfin ! dit la comtesse. Hé ! Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ?... Hein ?... A qui en veux-tu ?... Quel temps fait-il ?... Il vente ce me semble...
            - Nullement, Excellence, dit le laquais, il fait très doux.
            - Vous ne savez jamais ce que vous dites ! Ouvrez-moi le vasistas... C'est bien ce que je pensais ! Il vente ! Et une bise glaciale, avec cela ! Faites dételer le carrosse !... Lisanka, nous ne sortons pas. Ce n'était pas la peine de t'attifer !
            " Et voilà mon existence, songea Lisaveta Ivanovna. "
             En effet, Lisavéta Ivanovna était une bien malheureuse créature.
             " Il est amer le pain de l'étranger, a dit Dante, et la pierre de son seuil est pénible à franchir !"
             Il faut avoir été demoiselle de compagnie au service d'une vieille femme riche et de qualité pour goûter toute l'amertume de la sujétion.                                                        galerie-com.com
Image associée            La comtesse X... n'était pas une méchante femme, mais elle avait ses lubies, comme toute personne gâtée par le monde. Elle était avare et plongée dans un grand égoïsme, comme toutes les vieilles gens qui ont cessé d'aimer et ne comprennent plus le présent.
             Elle se mêlait à toutes les vaines distractions de la haute société. Elle se traînait à tous les bals, fardée, vêtue à l'ancienne mode, assise dans son coin, ornement hideux et inévitable de la salle de danse. Chacun, en entrant, se faisait un devoir d'aller lui présenter ses respects, en vertu d'un rite immuable. Ensuite, plus personne ne s'occupait d'elle.
            La comtesse recevait toute la ville, se conformait à une rigoureuse étiquette et ne reconnaissait jamais aucun de ses invités. Sa nombreuse valetaille, engraissée et blanchie sous le harnais, dans son antichambre et à l'office, faisait ce qu'elle voulait et volait à qui mieux mieux la vieille moribonde.
            Lisavéta Ivanovna était souffre-douleur domestique. Quand elle servait le thé, on lui reprochait le sucre gaspillé. Lorsqu'elle lisait un roman à la comtesse, on la rendait responsable des moindres fautes de l'auteur. A la promenade elle était coupable du mauvais temps et de l'état des pavés. Ses appointements n'étaient jamais payés régulièrement, et on exigeait, cependant, qu'elle fût habillée comme tout le monde, c'est-à-dire comme peu de gens. Son rôle en société était des plus pitoyables. Tous la considéraient et personne ne la remarquait. Au bal elle ne dansait que lorsqu'on avait besoin d'un vis-à-vis. Les dames la prenaient par le bras et la conduisaient hors du salon toutes les fois qu'il leur fallait réparer quelque désordre à leur toilette.
            Elle avait de l'amour-propre, sentait vivement la fausseté de sa position et cherchait avidement autour d'elle quelqu'un qui la sauvât. Là-bas, les jeunes gens prudents et calculateurs en dépit de leur étourderie vaniteuse, ne daignaient pas l'honorer de leurs attentions, bien qu'elle fût cent fois plus charmante que les fiancées froides et gourmées, auprès desquelles ils s'attroupaient.
            Que de fois, quittant le salon où régnait l'opulence et l'ennui, elle était rentrée furtivement pour pleurer dans son humble chambrette meublée d'un paravent de papier peint, d'une commode, d'une pauvre glace et d'u lit en bois peint. Tout cela à la lueur pâle d'une chandelle dans un chandelier en laiton.
            Une fois, cela c'était produit deux jours après la soirée décrite au début de notre récit et une semaine avant la scène que nous observons, une fois, dis-je, comme elle était assise à son métier devant la fenêtre, Lisaveta Ivanovna avait regardé dans la rue par mégarde et avait aperçu un jeune officier, immobile, les yeux rivés sur sa fenêtre. Elle baissa la tête et reprit sa besogne. Au bout de cinq minutes elle jeta à nouveau un coup d'oeil. Le jeune homme était immobile, à la même place. N'ayant pas l'habitude de faire la coquette avec les officiers qui passaient dans la rue, elle se remit à son travail et demeura plus de deux heures sans plus lever les yeux. On servit le souper. Elle se leva et rangea son ouvrage et, sans le vouloir, elle revit encore une fois l'officier. Cela lui sembla assez étrange. Après le repas elle s'approcha de la fenêtre, non sans quelque inquiétude, mais l'officier n'était plus là. Elle l'oublia...
            Deux jours après, comme elle s'apprêtait à monter dans le carrosse avec la comtesse, elle l'aperçut de nouveau. Il était planté tout contre le perron, le visage caché dans un col de castor, ses yeux noirs étincelaient sous son bicorne. Lisavéta Ivanovna eut peur sans trop savoir pourquoi, et s'installa dans la voiture avec un trouble inexprimable.
            De retour à la maison elle courut à la fenêtre. L'officier était là, planté au même endroit, et ses yeux noirs étaient fixés sur elle. La jeune fille se retira, brûlante de curiosité et torturée par un sentiment qu'elle éprouvait pour la première fois.
            Depuis il ne se passa pas de jour que le jeune homme ne vint sous la fenêtre, toujours à la même heure. Des sortes de relations tacites s'établirent entre eux. Assise à sa place, toute à sa besogne, elle percevait néanmoins son approche, levait la tête et le dévisageait de plus en plus longuement. L'officier semblait être plein de reconnaissance pour cette faveur. Le regard de Lisavéta Ivanovna que sa jeunesse rendait perspicace, discernait la vive rougeur qui envahissait les joues de l'inconnu, toutes les fois que leurs yeux se croisaient. Au bout de huit jours elle lui sourit...
            Lorsque Tomsky avait sollicité son autorisation de présenter son ami à la vieille comtesse, le coeur de la demoiselle de compagnie avait battu plus violemment. Ayant appris que Naroumov n'était pas dans le génie, mais dans les gardes à cheval, elle se mordit la langue et regretta de s'être trahie en présence du jeune étourneau.
            Hermann était fils d'un Allemand russifié, dont il avait hérité un petit capital. Fermement convaincu d'assurer son indépendance, le jeune homme ne touchait même pas à ses intérêts, vivait uniquement de sa solde et ne se passait pas la moindre fantaisie. Avec cela il était dissimulé, orgueilleux, et ses camarades avaient rarement l'occasion de se moquer de sa trop stricte économie. Il avait des passions violentes et une imagination de feu, mais sa fermeté le préservait des errements propres à sa jeunesse. Ainsi, bien qu'il fût un joueur dans l'âme, il n'avait jamais touché une carte, ayant calculé que son état de fortune ne lui permettait pas, comme il le disait " de sacrifier le nécessaire à l'espoir de gagner le superflu ". Cependant, il passait des nuits entières devant le tapis vert et suivait avec une anxiété fébrile les alternatives du jeu.
            L'histoire des trois cartes avait fortement frappé son imagination et, toute la nuit, il ne fit qu'y penser.
             " Si pourtant, se disait-il, le lendemain au soir, errant dans les rues de Saint-Pétersbourg, si pourtant la vieille comtesse me livrait son secret ? Ou me désignait les trois cartes sûres ?... Pourquoi ne pas tenter ma chance ?... Me présenter à elle, m'insinuer dans ses faveurs. Que diable, devenir son amant, s'il le faut !... Mais tout cela demande du temps, et elle a quatre-vingt-sept ans... Elle peut mourir dans une semaine, dans deux jours !... Et puis l'histoire des trois cartes elle-même ?... Est-elle digne de foi ?... Non, économie, tempérance, travail, voilà mes trois cartes sûres ! Voilà qui doit tripler et septupler mon capital, m'assurer repos et indépendance !... "
            Tout en raisonnant de la sorte il se retrouva dans l'une des principales rues de Saint-Pétersbourg, devant un immeuble d'architecture ancienne. La rue était encombrée de voitures. Les carrosses avançaient l'un à la suite de l'autre, s'arrêtaient devant une entrée splendidement illuminée. Leurs marchepieds supportaient tour à tour la jambe élégante d'une belle, une bruyante botte à l'écuyère, un bas rayé, un escarpin diplomatique. Pelisses et manteaux défilaient devant un Suisse majestueux. Hermann s'arrêta.
            - A qui appartient cette maison ? demanda-t-il à un veilleur de nuit, au tournant de la rue.
            - A la comtesse ***, mon officier.
            Hermann tressaillit. L'étrange anecdote se représenta à son imagination. Il se mit à tourner autour de la maison en songeant à sa propriétaire et à son mystérieux pouvoir.
            Il rentra tard, ce soir-là, dans son humble logis, et longtemps ne put s'endormir. Lorsque le sommeil s'empara de lui, Il vit des cartes, une table verte, des liasses d'assignats et des monceaux de ducats. Il jouait carte sur carte, faisait paroli sur paroli, gagnait sans discontinuer, raclait des piles d'or et bourrait ses poches de billets.
            Réveillé tard il déplora la perte de son fantasmagorique trésor, partit vagabonder à travers la ville et se retrouva, de nouveau, devant la maison de la comtesse. Une force inconnue semblait l'attirer irrésistiblement. Il s'arrêta et regarda les fenêtres. Dans l'embrasure de l'une il aperçut une tête brune et menue, penchée sur un ouvrage ou une lecture. La tête se redressa. Hermann entrevit un frais visage et des yeux noirs. Cet instant décida de son sort.


                                                                   III

                Vous m'écrivez, mon ange, des lettres de quatre pages plus vite que je ne puis les lire.
                      
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            A peine Lisavéta Ivanovna avait-elle fini de se débarrasser de son manteau et de son chapeau que la comtesse l'envoyait quérir de nouveau et ordonnait d'atteler le carrosse. Elles s'apprêtaient à s'installer. Au moment où les deux valets de pied soulevaient sa maîtresse et la hissaient à l'intérieur de la voiture, Lisavéta Ivanovna aperçut son jeune officier du génie, tout contre une roue du véhicule. Il lui saisit la main. L'effroi lui fit perdre la tête. Quand elle recouvra ses sens le jeune homme avait disparu et elle tenait un billet dans sa main. Elle le cacha dans son gant et durant tout le trajet sembla devenue sourde et aveugle. La comtesse avait coutume de poser des questions sans discontinuer :
            - Qui avons-nous croisé ?... Comment s'appelle ce pont ?... Qu'est-ce qui est écrit sur cette enseigne ?
            Lisavéta répondait à tort et à travers, ce qui irrita la comtesse.
            - Eh bien ! eh bien ! qu'est-ce qui te prend ma petite amie ?... Aurais-tu perdu le sens ?... Est-ce que tu ne m'entends pas ou ne me comprends plus ?... Dieu merci je ne grasseye pas et ne suis pas retombée en enfance !
            Lisavéta Ivanovna faisait la sourde oreille. De retour à la maison elle courut à sa chambre et tira le message de son gant, il n'était pas cacheté. Elle le lut. C'était une déclaration tendre, respectueuse et, mot pour mot, traduite d'un roman allemand. Ne sachant pas cette langue, la jeune fille fut très contente.
            Néanmoins, le fait d'avoir accepté cette lettre la troublait fortement. Pour la première fois elle entrait en relations secrètes et étroites avec un jeune homme. Son audace l'effrayait. Elle s'accusait de conduite imprudente et ne savait quel parti prendre : cesser de travailler à la fenêtre et, à force de froideur, dégoûter le jeune officier de sa poursuite ?... Lui renvoyer son mot ?... Lui répondre avec froideur et fermeté ? N'ayant point d'amie, ni de conseillère elle résolut de répondre.
            Elle s'installa à sa petite table, prit du papier, une plume, et resta songeuse. A plusieurs reprises elle commença sa lettre pour la déchirer aussitôt. Tantôt le message semblait trop dur, tantôt il ne l'était pas assez. Enfin elle réussit à tracer quelques lignes dont elle fut satisfaite :
            " Je suis persuadée que vos intentions sont celles d'un honnête homme et que vous n'avez pas voulu m'offenser par une conduite irréfléchie. Il ne faut pourtant pas que notre connaissance commence de cette sorte. Je vous renvoie votre lettre et j'espère, dans l'avenir, ne pas avoir lieu de me plaindre d'un manque de considération immérité. "
            Le jour suivant, aussitôt qu'elle aperçut Hermann elle quitta son métier, passa au salon, ouvrit le vasistas et jeta sa lettre, se fiant à l'adresse du jeune officier. Hermann accourut, ramassa la lettre et entra chez un pâtissier. Ayant rompu le cachet il trouva son propre billet et la réponse de Lisavéta Ivanovna. Elle était précisément telle qu'il l'attendait. L'officier rentra chez lui, tout occupé par son intrigue.
            Trois jours plus tard, une jeune et accorte personne, aux yeux fort éveillés, apporta un billet à Lisavéta Ivanovna, de la part d'une marchande de modes. La jeune fille le décacheta avec appréhension prévoyant quelque demande d'argent et reconnut l'écriture d'Hermann.
            - Vous vous êtes trompée ma petite, ce billet n'est pas pour moi.
            - Mais si, mais si, il est bien pour vous, répliqua la coquine sans dissimuler un sourire ironique. Prenez donc la peine de le lire.
            Lisavéta Ivanovna parcourut le message. Hermann exigeait une entrevue.
            - C'est impossible ! s'écria-t-elle effrayée de la hardiesse de la demande et de la manière dont elle était transmise. Je vous assure que cette lettre ne m'est pas adressée !
            Ce disant elle la déchira en petits morceaux.
            - Si la lettre n'est pas pour vous, pourquoi l'avez-vous déchirée ? dit la demoiselle. Je l'aurais restituée à son expéditeur !
            Lisavéta Ivanovna rougit violemment de la remarque.
            - Je vous prie, ma bonne, de ne plus me porter dorénavant de message de cette sorte !... Et dites à celui qui vous a envoyée qu'il devrait avoir honte...                              123rf.com
Ensemble de jokers cartes à jouer. Isolé, encadré à l'intérieur de la carte, symétrique et à l'intérieur d'un cercle. Banque d'images - 26577764            Hermann ne se calma pas. Tous les jours Lisavéta Ivanovna recevait des lettres. Elles arrivaient tantôt d'une manière, tantôt d'une autre. A présent elles n'étaient plus traduites de l'allemand. Hermann les écrivait, inspiré par la passion, dans son propre langage. On y lisait l'obstination de ses désirs et tout le désordre d'une imagination déréglée. Lisavéta Ivanovna ne pensait plus à les lui renvoyer. Elle s'en grisait, se prenait à lui répondre et ses propres billets devenaient plus longs, plus tendres. Enfin, elle lui jeta pas la fenêtre le message suivant :
            " Aujourd'hui il y a bal chez l'ambassadeur de X... La comtesse a l'intention de s'y rendre. Nous resterons jusqu'à deux heures, environ. Voici une occasion pour me voir en tête à tête. Dès le départ de la comtesse ses gens ne manqueront pas de s'éloigner. Il ne restera plus que le Suisse dans l'antichambre, mais habituellement il se retire dans sa loge. Soyez là vers onze heures et demie. Montez directement l'escalier. Si jamais vous rencontrez quelqu'un dans l'antichambre, demandez-lui si la comtesse est chez elle. On vous répondra par la négative, et force vous sera de vous retirer. Mais vraisemblablement vous ne rencontrerez personne. Les suivantes se retirent toutes dans leur chambre commune. Après avoir traversé le vestibule, vous prendrez à gauche et marcherez droit jusqu'à la chambre à coucher de la comtesse. Là vous trouverez derrière le paravent deux petites portes, celle de droite s'ouvre sur un cabinet où la comtesse n'entre jamais, celle de gauche à un couloir qui mène à un étroit escalier en colimaçon . Cet escalier conduit à ma chambre.
            Hermann frémissait comme un tigre dans l'attente de l'heure fixée. A dix heures il était déjà devant la maison de la comtesse. Il faisait un temps affreux. Le vent gémissait, une neige mouillait tombait à gros flocons, les réverbères ne jetaient qu'une lueur incertaine, les rues étaient désertes. Seul un fiacre  passait de temps en temps et le cocher fouettait sa rosse famélique, en quête d'un passant attardé. Couvert de sa seule tunique d'officier, Hermann ne sentait ni le vent, ni la neige.
Enfin on avança le carrosse de la comtesse. Hermann vit deux laquais prendre par dessus les bras la vieille, cassée en deux, et couverte de zibeline. Aussitôt après, enveloppée d'un léger manteau, la tête couronnée de fleurs naturelles, sa pupille passa comme une brève apparition. La portière claqua en se refermant. Le carrosse roula péniblement sur la neige molle. Le Suisse ferma la porte. Les fenêtres s'éteignirent.
            Hermann faisait les cent pas devant l'immeuble désert. Il s'approcha d'un réverbère et jeta un coup d'oeil sur sa montre, il était onze vingt. Posté sous la lanterne. Les yeux rivés sur les aiguilles de la montre, il compta les minutes.
            A onze heures et demie précises il escalada les marches du perron et pénétra dans le vestibule crûment éclairé. Le Suisse ne s'y trouvait pas. Hermann monta en courant l'escalier, ouvrit la porte de l'antichambre et aperçut un domestique, il dormait sous une lampe, enfoncé dans une bergère vétuste et crasseuse. Il passa devant lui d'un pas léger et assuré. La grande salle et le salon étaient plongés dans le noir, seule la lampe de l'antichambre les éclairait faiblement. Hermann pénétra dans la chambre à coucher. Une veilleuse en or brillait devant l'armoire sainte, remplie d'antiques icônes. Des fauteuils aux couleurs passées, des divans dédorés et garnis de coussins montaient la garde avec une triste symétrie, le long des murs tendus de tapisseries chinoises. On remarquait deux portraits, peints à Paris par Mme Lebrun. Le premier représentait un homme d'une quarantaine d'années, replet et haut en couleurs, vêtu d'un uniforme vert clair avec une étoile sur la poitrine. Le second, une jeune beauté au nez aquilin, les tempes soigneusement coiffées, une rose dans ses cheveux poudrés. Dans tous les coins on voyait des bergers en porcelaine de Saxe, des pendules signées du grand maître Leroy,, des écrins, des coffrets, des bonbonnières, des drageoirs, des baguiers, des roulettes, des éventails, toutes sortes de brimborions, inventions illustres de la fin du siècle passé, contemporaines des ballons de Montgolfier et du magnétisme de Mesmer.
            Hermann passa derrière le paravent, ce dernier abritait un petit lit de fer. A droite était la porte du cabinet, à gauche celle du corridor. L'officier l'ouvrit et aperçut l'étroit escalier en colimaçon qui menait à la chambre de l'infortunée demoiselle de compagnie... Revenant sur ses pas, il pénétra dans le cabinet noir.
            Le temps s'écoulait lentement. Tout était silence. La pendule du salon sonna minuit, les autres pendules lui firent écho et, de nouveau, ce fut le silence. Hermann se tenait immobile adossé contre un poêle sans feu, maître de lui-même. Son coeur battait régulièrement comme celui de quelqu'un qui vient de prendre une décision hardie, mais nécessaire. Une heure sonna, puis deux heures et il perçut le roulement lointain d'un carrosse. Un trouble involontaire s'empara de lui. Le carrosse s'arrêta, Hermann entendit le bruit du marchepied rabattu. Toute la maisonnée s'anima subitement. Des gens allaient et venaient dans un bruit de voix, les lampes s'allumaient.
             Trois vieilles suivantes firent irruption dans la chambre à coucher. La comtesse, plus morte que vive, se laissa choir dans un grand fauteuil à la Voltaire. Hermann observait la scène par une fente. Lisavéta Ivanovna passa devant lui. Il entendit son pas rapide le long de l'escalier.
            Quelque chose qui ressemblait à un remord, le mordit au coeur et le relâcha. Il devint de pierre.
            La comtesse commença à se déshabiller devant la glace. On détacha sa coiffure ornée de roses, on ôta sa perruque poudrée de ses cheveux qu'elle avait blancs et coupés ras. Les épingles pleuvaient dru autour d'elle. Sa robe jaune, lamée d'argent, tomba à ses pieds enflés. Hermann dut assister à tout le hideux mystère de sa toilette. Finalement la comtesse demeura en peignoir et bonnet de nuit. Dans cet accoutrement plus approprié à son âge, elle paraissait moins effroyable et repoussante.
            Comme toutes les vieilles gens, la comtesse souffrait d'insomnie. Dévêtue elle s'installa dans son grand fauteuil à la Voltaire, à la fenêtre et renvoya ses suivantes. On emporta les bougies, et la chambre ne fut plus éclairée que par la veilleuse. La comtesse, toute jaune, remuait ses lèvres pendantes et se balançait de gauche à droite. Ses yeux troubles reflétaient une absence totale de pensée. En l'observant, on aurait pu croire que son balancement n'était pas l'effet d'une volonté consciente, mais d'un galvanisme secret.
            Ce visage de momie changea soudain prodigieusement : les lèvres cessèrent de remuer, les yeux s'animèrent, un homme, un inconnu, se dressa devant la comtesse.
            - N'ayez pas peur, madame, au nom du ciel, n'ayez pas peur, murmura Hermann à voix basse mais en détachant ses mots. Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal. C'est d'une grâce que je viens vous implorer.                                                                                                               pinterest.fr
Résultat de recherche d'images pour "cartes à jouer"            Silencieuse la vieille le dévisageait et semblait ne rien entendre. Hermann la crut sourde et, se penchant à son oreille, répéta ses paroles. La comtesse se taisait toujours.
            - Vous pouvez assurer mon bonheur jusqu'à la fin de mes jours, et il ne vous en coûtera rien... Vous avez le pouvoir, je le sais, de me désigner trois cartes...
            Il s'interrompit. La comtesse paraissait avoir compris ce qu'on exigeait d'elle et chercher ses mots pour répondre.
            - C'était une plaisanterie, dit-elle enfin. C'était une plaisanterie, je vous le jure.
            - Ce sont des choses avec lesquelles on ne plaisant pas, madame, répliqua Hermann, irrité. Souvenez-vous de Tchaplitzky que vous aidâtes à s'acquitter ?
            La comtesse était visiblement déconcertée. Ses traits reflétèrent un violent mouvement intérieur mais, presque aussitôt, reprirent leur impassibilité.
            - Pouvez-vous, oui ou non, me désigner vos trois cartes gagnantes ?
            La comtesse se taisait. Hermann poursuivit :
            - Pour qui garder votre secret ?... Pour vos petits-fils ?... Ils sont déjà suffisamment riches et ne savent même pas le prix de l'argent... Croyez-vous que vos trois cartes puissent servir à des prodigues ?... Le diable lui-même, dût-il s'en mêler, quiconque ne sait pas garder son patrimoine mourra dans l'indigence !... Je ne suis pas un prodigue, je connais bien le prix de l'argent : vos trois cartes ne seront pas perdues pour moi. Eh bien ! madame ?...
            Il s'arrêta, tremblant, guettant une réponse. La comtesse ne disait mot. Hermann se jeta à ses genoux.
            - Si jamais votre coeur a connu l'amour, s'il vous reste le moindre souvenir de ses extases, si vous avez souri en entendant les pleurs d'un fils nouveau-né, si quelque chose d'humain a brûlé dans votre poitrine, je vous supplie, madame, je vous conjure par l'amour d'une épouse, d'une amante, d'une mère, de tout ce qu'il y a de plus sacré, de ne pas rejeter ma prière, de me révéler votre secret ! Que vous sert-il ?... Peut-être est-il lié à quelque affreux péché, à une damnation éternelle, à un pacte diabolique... Songez, madame, vous êtes vieille, il ne vous reste plus longtemps à vivre, je suis prêt à prendre votre péché sur mon âme ! Livrez-moi votre secret !... Dîtes-vous bien que la félicité d'un homme est entre vos mains, que moi-même, mes enfants, mes petits-enfants, nous bénirons tous votre mémoire et vous vénérerons à l'égal d'une sainte...
            La vieille se taisait toujours.
            Hemann se releva
            - Vieille sorcière ! proféra-t-il en grinçant des dents. Va, je saurai bien te faire parler !
            Et il tira un pistolet de sa poche.
            Pour la seconde fois...........


                                                             à suivre....... 2 suite et fin

                                                                                 Pouchkine

         
           


         

      

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