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Lettre à Madeleine
( dans une courte lettre du 16 août le poète admet que le nom de Madeleine apparaît dans ' Case d'armons ' et lui appartient )
18 août 1915
Madeleine chérie, on peut refermer ses lettres. Quel bonheur ! je n'ai pu écrire hier. Mais oui ai eu la jolie photo sur la terrasse. Vous en ai parlé. C'est la plus charmante, là où ma fée est la plus fine et peut-être la plus délicieuse. Je la regarde tous les jours. Vous adore.
Je suis maçon et bûcheron. Beaucoup d'araignées charmantes dans le joli bois. couleuvres mouches araignées la curieuse ménagerie, ici ni couleuvres ni mouches mais des milliers d'araignées. Ma chérie je suis content que vous ayez compris combien Case d'Armons vous appartient. Mais quel rare livre, qu'importe votre nom, il n'est pas galvaudé à cette place. 25 exemplaires, un à moi, un à vous, reste 23 à travers l'univers. C'est peu allez et plus tard quand on sera marié, ça ne vous fera rien que ça reparaisse dans un livre comme Alcools. Nos souvenirs nous charmeront, nous les aimerons.
Je vous écris sur l'herbe très pressé de continuer à construire ma cagnat en gazon.
Car je couche sur le sol humide depuis deux nuits et comme je me porte bien inutile de risquer des rhumatismes nouveaux.
Ce bois est délicieux. Quel changement ! vous ne pouvez vous figurer et on ne peut expliquer !!! Mais je vous aime ma chérie à l'infini. Ces cheveux noirs quand j'y pense, me sont un paradis inouï, quelque chose d'inexplicable tellement c'est rare et troublant, mais pas immatériel du tout par exemple, ah mais non ! J'écris couché sur l'herbe, en toute hâte. Pas de lettre aujourd'hui de vous. Pr ma permission, je dis octobre ou fin septembre bien qu'en réalité, je ne sache rien à ce sujet et moins que tout autre, puisque c'est moi qui vais au rapport et que je ne peux pas demander pour moi.
Je suppose, mais peut-être sera-ce plus tôt en ce cas, Nice, peut-être plus tard, et votre chère maman ? A-t-elle reçu ma lettre.
Je vous adore petite fée aux cheveux noirs. Avez-vous votre frère avec vous en ce moment ?
Baisers sur la charmante bouche si gentiment donnée.
Gui
Je rajoute ceci, ma chérie, nous nous aimons trop pour nous faire la moindre peine, même grâce à une plaisanterie tirée de mes oeuvres. Nous avons en nous une confiance complète. Donc faut pas même par hâte à écrire, me faire de la peine à moi qui suis si loin de toi. Moi qui ne songe qu'à câliner Madeleine et à la voir heureuse. Car tu ne peux imaginer à quel point je t'aime, mais non, tu ne l'imagines point encore et il faut l'imaginer, ce clair, ce pur bonheur que je veux pour nous sans aucun nuage, sans bassesse, sans équivoque aucune. tu es la seule femme de ce bonheur-là. Je veux que tu le veuilles autant que moi. De manière à ce qu'il se réalise et qu'un couple modèle inaugure le grand bonheur humain. Nous y avons droit, il est réalisable, il suffit qu'on le veuille et nous le voulons l'un et l'autre. Mais faut pas plaisanter d'une chose aussi charmante, aussi exquise, et possible. Veux-tu cela, ma Madeleine, laisse la coquetterie, laisse les trucs et toute ruse de côté - volontairement. Et sois à moi en toute ton âme, comme je le suis sans restriction, sans regret, avec la joie la plus grande, car je t'adore ma Madeleine de toutes mes forces, si tu savais. Nous sommes dignes l'un de l'autre, soyons-le. Moi je te promets que jamais en rien, je ne serai indigne de toi. Je t'adore.
Gui
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