7 juin 1912
Chez Madame Germain, on a parlé du mauvais effet moral produit par ces ventes de tableaux
qui atteignent des prix fous. Empêchez donc, après cela, l'impôt sur le revenu.
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20 juin 1914
Cocteau par Marie Laurencin
Vu Jean Cocteau qui m'a fait des confidences. Il aimait une jeune fille de vingt ans qui vient de mourir
Elle avait essayer en venant à lui d'oublier une autre affection. Et il s'est trouvé que cette dernière
s'est réveillée plus forte. Elle était Américaine. Il ne peut pas l'oublier. Il porte en lui son visage.
Il a donc
éprouvé ce premier chagrin. Il en a éprouvé un second. Un ami sur lequel il comptait pour le soutenir
dans cette épreuve a invoqué des excuses pour ne pas venir, au moment même où l'on avait besoin
de lui. Et Cocteau de citer le mot de Michelet sur la paonne qui appelle le paon et celui-ci arrive du
bout du monde.
Cocteau ne peut pas pleurer. Il boit ses larmes. Cette jeune fille ne voulait pas qu'on pleurât.
Il a pris d'elle cette habitude qui lui pèse maintenant. Il me parlait de la solitude où il se trouve. On
vient à lui et on ne reste pas. Il m'a dit des mots charmants. Je cite : " On voudrait s'ouvrir aux
êtres, comme une grenade." Et moi je lui disais l'impossibilité de la chose. " Il n'y a que le désir,
ajoutai-je, parce que dans le désir, il n'y a que soi tandis que dans la possession, on est deux.
C'est le pluriel qui est l'obstacle.
Abbé Mugnier
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